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De l'obscurité à la lumière
#61
[Fin d'une époque]
Un navire du peu honorable Capitaine Lorimon de la "Compagnie des Libres Faiseurs de Profits" rompit de la formation de combat et commença à s'approcher. C'était un parallélépipède trapu, dont les arêtes, les sommets étaient arrondis, d'où ne dépassait aucun mât, aucune parabole. Il y avait bien quelques ouvertures çà et là, qui piquetaient sa coque autrement d'un beau cuivre sombre, reflétant parfois avec éclat la lumière d'une étoile proche.
Il ne parvenait pas à être laid, cet objet, et il se déplaçait avec la grâce des Varlets, que rien ne pouvait altérer.

En tant que pirates, ils connaissaient leur boulot, et s'étaient équipés en conséquence. On avait beau connaitre les possibilités de la technologie, celle que déploya ce forban là était assez scotchante. Il s'approcha "en biais" par rapport au Méphisto, à mi-chemin entre la porte de la cale et celle du sas. En en clin d'oeil (3/10 èmes de secondes indiquèrent leurs instruments) deux sortes de filets/entonnoirs/tourbillons jaillirent de deux endroits distincts de la nef et se collèrent au Méphisto. Le premier, le plus petit, se colla au sas "personnel" tandis que qu'un second bien plus imposant adhérait à la porte de la cale, la recouvrant en totalité. Les tourbillons se mirent à prendre de la vitesse, jusque les yeux puis les instruments ne perçoivent plus de mouvement ; et pour cause. C'étaient deux sortes de chaussettes solides, couleur mercure et aussi réfléchissantes qui reliaient maintenant les deux navires...

Une forme se matérialisa, d'abord brouillée mais prenant très vite de la consistance, une petite silhouette humaine maigrelette, chétive, courbée, et au regard plus qu'intelligent. Il était vêtu, très simplement, d'une blouse aux nombreuses poches, d'un pantalon de toile, de chaussures "intelligentes" qui devaient avoir cent ans d'age et d'une stupéfiante paire de lunettes comme peu de citoyens des mondes NT4 et plus en avaient vus :

[Image: 51493.gif]

"Bonjour à tous... Je me nomme Piotr Alekseïevitch, mais tout le monde m'appelle Mimé." il avait mis accent tonique sur le "i", le "è" étant prononcé d'une voix douce. Il se tourna vers la colonelle du Guet, s'adressant à elle très poliment : "Il ne faut pas perdre de temps madame. Nos hommes vont monter à bord par le sas "personnel" dès que vous serez sortis par la soute, que vous devriez ouvrir dès maintenant d'ailleurs. Il serait bon que nos soldats respectifs évitent de se croiser, et ce dans l'intérêt commun, mais, suis-je bête, je ne vous apprends rien."

La colonelle avait fait un signe à tous alors que l'image de Mimé apparaissait. "Doucement avec celui-là". avait-elle transmis.

Elle s'adressa à cet homme d'un ton qui pour être courtois n'était point flagorneur. Elle lui parlait d'égal à égal.

"Bien sur, Mimé. Laissez nous quelques courtes minutes." Se tournant vers la Gurvan Antillès : "Commandant, commencez immédiatement l'évacuation, par la soute je vous prie."

[Sérieuse]
"Je pars maintenant." dit Sémirande. "Ma valeur ajoutée serait nulle."
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#62
Sémi Déhèmette Wrote:"Je pars maintenant." dit Sémirande. "Ma valeur ajoutée serait nulle."
[Mezzo Voce]
"Tout comme la nôtre..."

Gurvan émit une commande mentale, déclenchant l'escamotage des panneaux mobiles de la soute, qui coulissèrent sur les côtés tout en préservant l'étanchéité du manchon de liaison utilisé par les pirates.

[Doucement]

"Khrys, tu m'aides ?"

Madame Chalmak, portée avec délicatesse par Messieurs Antillès et Edelman, suivis de Messieurs Le Fu et Gorda qui tiraient et poussaient les bagages entassés sur des palettes à répulseurs ainsi qu'un Mayaul Jack hébété, quittèrent la passerelle du Méphisto et s'engouffrèrent dans le puits antigrav. Ils se retournèrent en franchissant le plan d'inversion de gravité, débouchèrent sur le pont passagers. Messieurs Skriblllz et Skrublllz les attendaient, et leurs emboitèrent le pas tandis qu'ils grimpaient à l'une des deux échelles surplombant la demi-rotonde de l'ingénierie. Ils débouchèrent dans la cale mansardée, où se trouvaient tous les commandos Nova, blessés et valides, et leur Lieutenante.

Monsieur Antillès s'adressa à l'ogresse de Holst :

"Kat'rin, on commence par évacuer les blessés."

L'immense humanoïde hocha sa tête massive, fit un signe bref à ses sous-officiers. En moins de deux minutes, ils s'étaient tous jetés dans le vide, se propulsant adroitement vers la nef pirate, aidés par le courant d'air pulsé produit par les parois du manchon de liaison. La Lieutenante Kat'rin ferma la marche, poussant devant elle un Mayaul inerte, perdu dans son monde intérieur.

"Manchu, Djal, à votre tour."

Le navyborg se lança dans le manchon suivi de l'infonaute, la masse de bagages flottant entre eux.

[Quasiment inaudible]

"A nous."

Gurvan échangea un long regard avec Sémirande et Khrys. Puis les trois Êtres qui s'étaient succédés au commandement du Méphisto quittèrent définitivement leur navire.
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
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#63
snif...
Tout à un prix, même les hommes ont le leur.
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#64
Djal sauta dans le tube... oO(snif aussi...)
"Yaouuu ! En ture pour de nouvelles avenroutes..."
"J’adorerais changer le monde, mais il ne veut pas me fournir son code source..."
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#65
[Amorçage]
Messieurs Skribllz et Skrubllz se recueillirent un instant. Ils n'étaient pas depuis bien longtemps sur ce vaisseau, mais à l'instar des humains avec lesquels ils travaillaient, ils avaient appris à aimer cette mécanique ancienne, capricieuse, mais terriblement efficace. Ils s'étaient investis corps et âme auprès de l'humaine dans sa refonte. Ils avaient ressenti comme elle dans leur chair les morsures du monstrueux adversaire. Comme elle, ils avaient refoulé cela, l'avaient mis entre parenthèses.

Il est curieux de constater que ce furent des Etres si différents de Sémirande qui comprirent le mieux son indifférence apparente, adoptant eux-mêmes cette attitude qu'ils étaient bien loin de ressentir.

Puis passèrent à l'action. Ils ouvrirent les vannes de l'antimatière faisant tourner les moteurs à vide. Une fois le processus bien lancé, chacun sur son Varlet modifia un réglage, puis un autre, puis un troisième, ajustant un champ de force ici, strappant deux circuits virtuels là. Cela prit exactement 45 secondes. Puis d'un commun accord les deux Etres firent une ultime "manip".

C'est alors que cela se produisit. Une voix s'éleva, une voix masculine mais très efféminée, parlant calmement dans une langue qui ne ressemblait ni à l'Univerlang ni au Galactique. Elle se mit à répéter la même phrase brève... La même ? Non, une infime variation des termes prononcés avait lieu à chaque répétition.

Les deux panzanopèdes firent ce que tout Etre sensé fait dans ce genre de situation : ils sortirent sans demander leur reste. Ils étaient attendus. La colonelle Banks se tenait à l'entrée de la renverse.
- "Combien de temps ?". demanda-t-elle.
- "Vingt-trois minutes. " répondit monsieur Skribllz.
- "Allons-y alors".
- "Un instant. Le lieutenant Chalmak nous a confié une dernière tâche. " Cette fois c'était monsieur Skrubllz qui avait parlé.
Un simple panneau technique à escamoter, un module à ôter, un code à entrer et la balise de la Connaissance Totale quitta son logement. Elle s'était mise en sécurité selon la procédure d'urgence définie par ses installateurs. Eux seuls sauraient dorénavant la refaire fonctionner.
Sans un mot de plus, les trois Etres grimpèrent dans la cale et sautèrent dans le tube de mercure.

[Pillage]
Il a déjà été dit que ces pirates connaissaient leur métier. Rien que la façon dont ils avaient manœuvré la flottille de Cochonou (Lilith ait son âme) montrait déjà leur savoir faire. D'ailleurs si le Capitaine Lorimon avait été sorti des prisons Impériales pour servir de mercenaire, c'est bien parce qu'il n'était pas un guignol.
Au moment où la colonelle et les deux panzanopèdes quittaient le Méphisto par le dessus, les équipes de cannibaliseurs arrivaient. Certains entraient par le sas, d'autres avaient sauté dans le vide. Ce fut impressionnant. En quatorze minutes, les bulles restantes, les lasers, les diverses malles entreposées en cale, les autocooks : tout ce qui pouvait s'enlever rapidement avait pris le chemin du vaisseau cuivré. Le polyperco faillit provoquer une rixe entre deux forbans, mais un sous-officier les remit immédiatement au pas.

Sept minutes avant l'instant fatidique, un signal retentit dans coms des pirates. Immédiatement, ils lâchèrent ce qu'ils faisaient et se dirigèrent vers leur vaisseau. Ils savaient ce qui les attendaient si ils traînaient. Pas un ne manquait à l'appel deux minutes plus tard quand la flottille pirate repartit en triche-lumière. Cependant, elle émergea à cinq minutes lumière de là, à la demande impérative de madame Banks.

[Divergence virtuelle]
L'énergie développée par les Varlets réglés si bizarrement s'était accumulée dans des replis mystérieux de ces thermocouples si particuliers. Il fallait maintenant qu'elle se libère.
  • A H moins quinze secondes, les deux moteurs se mirent à trembler légèrement, tandis que leur température s'élevait. Les détecteurs d'incendie déclenchèrent les extincteurs.
  • H moins dix secondes : le vaisseau entier se mit à chauffer, à tel point que les systèmes anti-intrusion posés par les techniciens impériaux sur le matériel secret qu'ils avaient installés crurent à une tentative d'effraction. L'auto-destruction fut activée et en divers points du Méphisto des charges de thermites s'allumèrent.
  • A H moins trois secondes une clameur infernale couvrit la voix de fausset qui égrenait imperturbablement sa litanie dans une langue inconnue. Pour un observateur extérieur, la silhouette du Transistel serait apparue rouge cerise, puis rouge clair, puis blanche.
  • H. Les cinq cent tonnes de matière composant le Transistel, antimatière comprise, tentèrent d'occuper le même espace au même instant.
Or cela ne se pouvait pas. Un micro trou noir ne pouvait pas se former, la masse critique n'étant pas atteinte. Donc les atomes rebondirent et une réaction nucléaire s'amorça, mais elle ne fut pas instantanée. Au lieu d'exploser, cette masse s'alluma à la façon d'un feu de bengale, et une micro étoile bleue naquit. Elle brûla en tout et pour tout douze minutes, puis le noir de l'espace reprit ses droits.
Cinq minutes après cette extinction, les pirates reprirent leur route, pressés de mettre le plus d'années-lumière possible entre eux et ces sacrés plaisantins de Kiffs.
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#66
[Voix blanche]
"Actum est"

Sémirande ne parla plus d'un long moment.
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#67
Gurvan avait contemplé la fin de leur navire jusqu'au dernier instant, comme hypnotisé. Une fraction de seconde avant l'allumage de la coque, les sécurités de ses prothèses visuelles avaient pris la main et polarisé ses iris artificiels, plongeant l'ex-commandant du Méphisto dans la pénombre. Il regarda l'astre miniature se consumer jusqu'au bout, et regarda encore le velours sombre de l'espace, et les étoiles indifférentes qui brillaient sans scintiller, et la clarté blafarde des nébuleuses lointaines. Il regarda le halo vibrant d'énergie dont se nimba la nef pirate en créant son point de Vérité, et le flash de lumière octarine de la translation. Puis il se détourna du panneau d'observation.

L'espace de vie qui avait été attribué aux occupants du Méphisto offrait un niveau de confort modéré, mais il avait l'avantage d'être à l'écart du reste des quartiers habitables du navire. En fait, il s'agissait d'un ancien hangar reconverti en un ensemble de cabines à deux places. Un espace central de plus vastes dimensions tenait lieu de salle commune, de réfectoire et d'infirmerie. Le capitaine Lorimon leur avait fort obligeamment laissé une caisse emplie de médiblocs, ainsi que trois civières et leur doc-en-boite intégré.

Taïa Banks s'approcha de Monsieur Antillès :

"Nous prenons un cap Nord-Est vers l'Alliance des Douze Soleils. Nous entrerons dans son espace dans deux jours et nous effectuerons un rendez-vous avec un vaisseau de l'Astromarine. En attendant, restez tous dans cette section, ne vous mêlez pas à l'équipage. Seuls Lorimon et les officiers supérieurs réalisent vraiment ce que vous représentez pour eux. Faites profil bas. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, il faut que je retourne à la passerelle."

Gurvan hocha la tête, et l'officier du Guet tourna les talons.

Des actions ou réflexions avant de passer à la suite ?
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
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#68
Khrys se crut vraiment repartir à zéro, quand il n'y a pas encore lointain de cela, il se retrouvait dans les salons passager à attendre que sa cargaison passe d'un système à un autre.Puis il rencontrais de nouveaux Etres, leur faire naître un désir qu'il n'avaient pas auparavant, et leur vendre de quoi l'assouvir.
Avant qu'il ne rencontre un équipage hétéroclite et un peu fou qui le fasse rêver lui, le faiseur de rêve.

Khrys respecta la consigne, pas pour lui-même qui aurait tenter de vendre un peu d'or à ces troublions, mais pour ne pas caser d'ennui aux autres, et respecter leur deuil du Mephisto...
Tout à un prix, même les hommes ont le leur.
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#69
//J'imagine Khrys Edelman se pointer près d'un forban et lui dire : "Vous savez, j'ai quelques lingots d'or à vous vendre. Vous êtes intéressé ?"
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#70
[Mélancolie - phase 1]
Sémirande avait demandé à ce qu'on la dépose dans sa cellule, demandant à l'Ogresse si elle ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'elle prenne la bannette du haut.
"Je peux avoir mes cigarettes de Marine Khrys ? La boîte en bois, il n'en reste que quelques unes. Merci."
Elle tira sur une de ses dernières euphorisantes achetées là-bas, et la drogue douce parvint à rapidement à son cerveau. Du coup, des bulles roses vinrent éclater dans la noirceur de ses pensées, et les douleurs épouvantables qui lui lançaient le bassin, les épaules, la main gauche, l'avant-bras droit et surtout - surtout - son ventre passèrent au second plan.
Eh ! De quoi se plaignait-elle ?
Ce n'était pas le premier vaisseau qu'elle perdait, mais le sixième. Et tous en combat (quoique sur Myrtil elle s'était bien faite avoir - passons). De plus, elle en avait moins bavé que ses collègues, elle qui avait été en catalepsie alors que les autres en Ch...ent sur Estebois puis Sima. Et leurs comptes avaient été débloqués, elle allait avoir de quoi se refaire une garde-robe, affin de ne pas arriver dans sa famille vêtue comme une pauvresse. Sans oublier Orkalys, pardon, MONSIEUR Orkalys qui avait enfin passé l'arme à gauche, tuant par là même la dernière de ses peurs.
Alors quoi ?
Pourquoi n'arrivait-elle pas à oublier ce tas de ferraille ? A cause des journées et des nuits qu'elle avait passé dessus à TF et ailleurs ? A cause du travail investi pour en faire quelque chose de correct, et qui était perdu ?
Ella alluma une deuxième cigarette sur la première, se défonçant du coup pour le compte. Le plafond à 60 cm au-dessus de sa tête s'éclaircit, disparut, laissant place aux arbres oranges de la forêt qui bordait la TSA, au ciel pur des Grâces, à la paix de la tombe solitaire près du pôle sud de Rubisse, aux neiges de Vonda, à la chaleur des habitants de Viala, au parfum de printemps du Trèfle, au bruit des automoteurs des Akims, à l'océan de Marine, au rire de sa fille Sorbier.
La petite Sorbier...
Sémirande Chalmak s'endormit, emportée par une douce mélancolie...
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