En transit ...

[Gurvan]

Bon... Un mauvais pressentiment saisit Monsieur Antillès qui se ravisa et stoppa de nouveau la propulsion. Il consulta la carte astrographique du secteur, se livra à de rapides calculs. Il sélectionna la cabine de Jilm Baser sur le circuit intercom, en audio seul :

"Monsieur ? Nous venons de fausser compagnie à une escadre de cinq navires kiffish, mais il semblerait qu'ils se dirigent également vers Sima. Ils ont largué six chasseurs qui patrouillent actuellement dans le secteur. Si nous continuons dans la même direction, nous courons le risque de les rattraper ou de nous faire intercepter par les chasseurs. Je propose que nous fassions un détour par Krispen ou Walrus. Cela ne rallonge le vol que de quatre à sept heures par rapport à la Route directe, et compte-tenu de leur vitesse TL, je pense que nous arriverons tout de même avant eux."

// Je ne crois pas avoir merdé dans mes calculs, et j'imagine que l'allure de l'escadre est handicapée par ses deux "gros culs" qui ne doivent pas aller très vite... :?:

[Mayaul Jack]

// mp envoyé au Meneur.

Mayaul est maintenant à l'infirmerie plus pour éviter d'énerver le mercos que pour satisfaire un besoin de sommeil.

Il était confiant dans l'avenir. M.Edelmann lui avait promis de contacter Luz, tout allait pour le mieux. Et si des porte-flingue avaient été prévenus et sillonnaient la Frange, il n'y pouvait, pour l'instant, rien.

Se tournant vers //ceux qui sont là: Khaad et/ou Djal// son garde-chiourme, alors vous bossez pour Lucifer Transports? vous vous occupez de quoi exactement?

[MdJ]

"Monsieur ? Nous venons de fausser compagnie à une escadre de cinq navires kiffish, mais il semblerait qu'ils se dirigent également vers Sima. ... Je propose que nous fassions un détour par Krispen ou Walrus. ...

Il réveilla monsieur Baser. Celui-ci, après un bâillement l’écouta posément, sans l’interrompre.

Il y eut un long silence. Gurvan était sur le point de se fendre d’un « allo » interrogatif quand il entendit le long soupir de monsieur Baser.

Je monte vous rejoindre. Maintenez le point fixe pour l’instant.

Quelques minutes plus tard monsieur Baser faisait son apparition sur la passerelle, vétu d’une robe de chambre en soie rouge, de mules à pompons de la même couleur et le visage s’ornant de l’ombre grise d’une barbe naissante.

Il demanda à Gurvan de lui monter par où il comptait passer. Il lui fit remarquer qu’à moins qu’il connaisse la route, ce qui n’était pas le cas, il lui faudrait un peu plus de temps que cela …

Il chercha machinalement son paquet de cigarettes, mais visiblement il avait omis d’en garnir les poches de sa robe de chambre … Il finit par hausser les épaules :
Ce n’est pas comme si j’avais le choix. Faites au mieux. Il fixa un instant Gurvan dans les yeux. D’ailleurs … il saisit dans sa poche un objet. Un petit livre aux feuilles mono moléculaires à effet électromagnétique. Une bible de poche néo-catholique orange de plusieurs milliers de pages. C’est un ouvrage duquel je tire beaucoup de réconfort quand le chemin à venir me semble sombre et incertain. J’aimerai vous en faire cadeau. Acceptez.

Il le quitta ensuite et se retourna dans ses quartiers.

[Manchu, le Fu]

Dans la pénombre de la cabine, seul le voyant au vert de la couche antigrav nimbait le corps du pilote-en-second ensommeillé. Il flottait en mi-hauteur agité de mouvements nerveux trahissant de violents cauchemars.

Les souvenirs douloureux remontaient souvent à la surface pendant ces périodes supposées de repos. C'est la raison principale pour laquelle il avait peu à peu sombré dans la consommation de produits illicites sur de nombreux mondes et, par conséquent, cédé à des propositions d'employeurs plus que douteux pour financer ces dépenses.
Ses cauchemars le ramenèrent d'abord aux mois passés sur Estébois, à errer comme un damné après avoir été abandonné par les commanditaires pour qui il avait livré du matériel de contrebande technologique. Puis au fil des réminiscences anxieuses et angoissantes, il se rappela inconsciemment les batailles auxquelles il avait pris part en tant que mécanaute sur plusieurs mondes reculés. Et enfin, l'insoutenable souvenir, remontant à sa formation navyborg ... Aux côtés de son frère ...

A ce stade, l'agitation corporelle s'amplifia. Les mouvements des globes oculaires s'accélérèrent, de même que le rythme cardiaque et la transpiration. Soudain, dans un cri, Manchu se réveilla ! "NOoooN !" C'en était fini de sa pause.

Il se leva, passa dans la douche à particule, enfila son uniforme sobre de navyborg et rejoignit la passerelle. En chemin, il ouvrit son esprit aux psychosensations ... Tiens, le Méphisto était encore dans le Triche-Lumière, au milieu de débris de cathédrale salés et tintants, et semblait tourner en rond, en faisant du sur-place. Intrigué, Manchu accéléra le pas et arriva sur la passerelle où il découvrit M.Baser en peignoir de soie rouge et le commandant de bord affairé aux commandes.

"Gurvan, je n'arrivais plus à dormir. Je viens te seconder. Avons-nous un problème avec la Route ?"

[Khrys]

Khrys était retourné dans sa cabine depuis que le vaisseau faisait du "sur-place", il n'avait pas dormi depuis son départ et se sentait un peu inutile au milieu des considérations Navyborgs.

Pourquoi consommer de l'AM inutilement, attendons sagement en Espace normal, tout le temps qu'il nous faudra... Enfin, c'est l'avis du Comptable.

Puis il alla dormir... plus tard, il ferait le point sur les activités de la compagnie.

[Gurvan]

// Tu m'as enduit d'un doute, MdJ, j'ai refait les calculs avec Mon Astrogateur deux fois, je persiste et signe :mrgreen:

Gurvan tiqua lorsque Jilm Baser lui fit remarquer qu'il ne connaissait pas la Route. "Tu aurais oublié de compter les sorties de TL pour corrélation de navigation ?" se demanda-t-il à lui même. Il revérifia rapidement les calculs et confirma son estimation initiale au client : Le vol direct Estébois - Sima durait 34 heures. Le trajet par Krispen durait 31 heures pour la première étape, 7 heures pour la deuxième, soit 38 heures au total. Le trajet par Walrus durait 29 heures pour la première étape, 12 heures pour la seconde, soit 41 heures.

Monsieur Baser tendit à Gurvan sa bible néo-catholique orange. Le commandant du Méphisto resta interdit une poignée de secondes, puis prit l'objet. Manchu arriva sur ses entrefaites. Son officier supérieur lui fit un bref salut de la tête, un geste de la main lui demandant de patienter un instant, tandis qu'il posait le petit livre sur un coin de sa console. Il déclara sur un ton respectueux :

"Monsieur Baser... En toute franchise, je ne crois pas aux sornettes des doctes théologiens. Je ne pense pas que l'Univers ait été créé par un Noble Vieillard Barbu, ni par une Licorne Rose Invisible ou même un Monstre en Spaghetti Volant. Je n'évoque les noms de Jonas et de Rosalia que par tradition, pas par foi. Je ne "crois" qu'à la nature et au hasard. Et encore... Mais votre cadeau me va droit au coeur. Merci."

Lorsque le client eut quitté la passerelle, Gurvan se tourna vers son second :

"Etrange bonhomme...", dit-il d'une vois songeuse.

"Bon, à nous. Il n'y a pas vraiment de problème avec la Route. On avait un Classe II kiffish qui nous collait aux basques, je lui ai faussé compagnie, mais en fait c'est une petite escadre qui nous suivait à distance. Ils sont partis en direction de Sima. Comme ce sont de gros navires, ils sont moins rapides que nous et nous pouvons arriver sur place avant eux quoi qu'il arrive. Ceci dit, ils ont largué six chasseurs qui doivent patrouiller dans le coin. On va donc faire un détour par Krispen, c'est à 441 au Sud-Ouest. Puis on obliquera plein Sud vers Sima."

Le commandant du Méphisto lui montra la nouvelle route sur la carte holo qui flottait au-dessus du pupitre de l'ordinav. Puis il se leva, laissa le siège de la console no 1 à Manchu, et s'installa au no 2.

"Tu avais encore trois heures de repos. Tu aurais dû en profiter. Va savoir ce qui nous attend... Je vais rester un peu en double commandes avec toi, puis j'irais me reposer."

Une réminiscence de ses débuts aux commandes du Transistel dessina un bref sourire sur le visage de Gurvan :

"A toi, Manchu. Fais-lui bouffer du vide."

[MdJ]

Khrys regagna donc sa cabine. Il avait de la paperasse à faire. Outre les comptes de la compagnie, les divers papiers de connaissement, les certificats d’assurance, les factures des travaux, de ravitaillement, d’avitaillement, d’A.M attendaient sur sa console qu’on les classe.

Il tapota brièvement : un dossier concernant les pièces cannibalisées à bord avait été transmis par les mécanos: des entrées et des sorties à prévoir comptablement. Les pièces du navire étaient immobilisées comptablement pour une durée allant de 99 ans à 2 ans pour les pièces d’usure. Cette immobilisation permettait de faire des déductions fiscales intéressantes et donc à terme de payer moins d’impôts.

Il soupira : bon, il s’occuperait de tout ça après une bonne douche sonique. C’est vrai que ce voyage était somme toute barbant. On l’avait empêché de rentabiliser leurs déplacements erratiques en achetant des marchandises et à chaque fois qu’il commençait à parler de faire des « investissements » ses condisciples le regardaient d'un sale oeil, un peu comme si il parlait de manger son prochain. Bha ! les fous ! ils ne savaient pas ce qu’ils perdaient …

Il rentra dans sa douche. Quelques instants plus tard un long hululement outragé s’éleva de sa cabine.

Il écrasa le bouton d’arrêt. Quoi ? Qui ?! Il venait d’avoir droit à un peeling express. Un peu tard il vit le petit panneau écrit en patte de mouches qui était tombé au sol : « hors service – régulateur de pression a remplacer. Ne pas utiliser ».

Il devrait se servir de la cabine d’un de ses voisins …

Il en était là quand le communico interne sonna : Monsieur Baser.

Celui-ci avait trouvé le temps de s’habiller, de se raser et bien que ses traits soient tirés, fatigués, son élégant costume gansé gris était impécable. Sa douche sonique à lui devait fonctionner.

Monsieur Edelman ? Je vous dérange ? Il inclina le tête légèrement, visiblement intrigué par la teinte rosâtre de son correspondant.

Il poursuivit : quand vous aurez quelques minutes pourriez vous venir dans mes quartiers avec deux témoins de votre équipage et le journal de bord ?

[Gurvan]

Comme il l'avait promis, Gurvan resta sur la passerelle, son plot toujours connecté au système de bord, supervisant le pilotage de son second, les infimes corrections de trajectoire ou d'assiette accompagnées de subtils changements d'allure, toutes manoeuvres destinées à maintenir le navire sur la Route la plus efficace possible. Au bout d'un petit moment, il relâcha son attention : Manchu connaissait son affaire. Il jetta un nouveau coup d'oeil sur la liste des pièces détachées mobilisées par les mécaniciens pour consolider les réparations des avaries subies au départ de Jonction.

"Ah oui, tiens, il faudra que je prévienne Khrys, pour sa douche...", songea-t-il.

Au même moment, un son étrange s'éleva dans les quartiers de l'équipage, un subtil mélange entre le cri d'un loup de Koom en rut et les puissants arias de Plava Lagouna, la célèbre diva ET, mais bien sûr l'isolation phonique parfaite des différents compartiments du vaisseau l'empêcha d'entendre les vocalises du Commissaire de bord.

[Khrys]

Monsieur Edelman ? Je vous dérange ? Il inclina le tête légèrement, visiblement intrigué par la teinte rosâtre de son correspondant.

Il poursuivit : quand vous aurez quelques minutes pourriez vous venir dans mes quartiers avec deux témoins de votre équipage et le journal de bord ?

un peu irrité par ce contre-temps . Ses plaisirs hédoniste étant passablement contrariés.

Il est vrai que cela fait longtemps que nous nous sommes point arrêté sur un astroport digne de ce nom. Le Mephisto aurait besoin de pièces détachées, et d'un atelier à nanotechnologies. Ça vous répare vos pièces détachées en moins de deux, en se synchronisant avec les plans de la pièces stockés sur une puce mémoire intégrée à ladite pièce.

Mais vous me parlez de témoins, l'affaire est si grave?

[MdJ]

Grave ? Tout est relatif. Mais c’est important. Prenez donc avec vous Monsieur le Fu, et comment s’appelle notre nouveau passager ? Mayaul ? C’est ça ! Prenez donc Le Fu et Mayaul.Apprenant que Le Fu pilotait il corrigea : Djal et Mayaul alors ?

Monsieur Baser les accueillit dans sa « hutte ». Sa vaste cabine suite avait été réaménagée pour ressembler à un confortable cottage relais de chasse dont le confort NT6 avait été habilement dissimulé.

Il désigna le canapé couvert d’une couverture bariolée en tissus naturel. Sur la table basse en simili bois une bouteille avait été ouverte et mise à rafraîchir. Un précieux flacon de vin blanc « Hanibal Kasik – Cuvée Impériale – année de la roussette ».

Asseyez-vous, servez vous un verre et servez m’en un s’il vous plait, j’en ai presque terminé.

Il retourna à sa tache : il tapotait sur sa tablette, saisissant manuellement un texte. Il le relut pendant quelques minutes, corrigea quelques passages. S’absorba pendant quelques instants dans une ultime vérification et fit faire quatre copies sur aiguilles de données. Il éteignit la console et les rejoignit, s’asseyant dans un confortable fauteuil couvert d’une fourrure naturelle.

Il attrapa son verre. Il observa un instant le liquide jaune ambré avant de le sentir et le goûter.

Il reposa délicatement le verre de cristal.

Si je vous ai demandé de venir ici c’est pour deux choses : d’une part pour que nous puissions faire nos comptes, d’autre part pour que je puisse enregistrer mon testament.

Commençons par les comptes si vous le voulez bien. Monsieur Edelman ? Vous avez préparé ma note ? Où en sommes nous ?