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Horizon de nuages
#91
Virik était resté en arrière comme à son habitude. Effectivement le malaise ne l’avait jamais complètement quitté depuis qu’il avait mis le pied sur la planète.

Mis le pied sur la planète ? Justement non et c’était bien le problème.

La tache lui avait complètement échappée et ce n’est que lorsque Eron et les capitaines donnèrent des signes d’agitation qu’il s’aperçu du danger. Du pouce il activa sa combinaison énergétique et suivit sans rechigner le mouvement, courant, mais restant en retrait afin de pouvoir rattraper un trainard … Fort heureusement ce ne fut pas nécessaire et le sas se referma juste à temps.

L’attente commença. Il profita de celle-ci et d’un moment où leur hôte semblait occupé pour communiquer leur situation au Lilith. Même si cela semblait peu probable ce genre d’incident pouvait être provoqué. Leur venue à bord était connue, leur passage par cette coursive pouvait être anticipée et l’usage d’un quelconque produit chimique aurait pût provoquer ceci avec une précision temporelle calculée. Paranoïaque ? peut être. Mais certains maitres Libre Gotha sur sa planète natale étaient allé bien plus loin pour provoquer accident, manipuler ou assassiner de manière discrète leur cible. Il songeait à cela alors que le temps s’écoulait.

Les humains pouvaient ils être aussi retord ou subtile ? Sans le moindre doute. Le Guet Impérial était lui aussi spécialiste de ce genre de mission impossible, de manipulations tordues …

Il en était là de ses réflexions lorsqu’ils furent libérés. C’est avec prudence qu’il suivit le groupe, sans éteindre pour l’instant sa combinaison. Il refusa toute boisson et toute nourriture.

Il écouta, consterné intérieurement, la proposition de chasse. Mais là ou les passagers et l’équipage iraient, il suivrait.
#92
L'incident qui venait de faire monter l'adrénaline de l'équipage n'était pas de nature à inquiéter Djal. Il avait confiance en la robustesse et en la fiabilité de la technologies des citées dirigeables.

"Je serais ravis de participer à une chasse, ou du moins à l'observer... "
"J’adorerais changer le monde, mais il ne veut pas me fournir son code source..."
#93
Eron avait regardé ses compagnons allumer leurs différents systèmes de protection et pour la deuxième fois en très peu de temps il se dit qu'une fois de plus il était parti la fleur au fusil et que ce n'était pas bien sérieux. Mais bon tout était bien qui finissait bien. Pour le moment.

Il sirotait sa vodka tout en écoutant la proposition du capitaine.

Humm ca promet d'être divertissant.
#94
[Chasse]

L'Honorable Jarid Moray et ses collaborateurs acceptèrent aussi l'offre du capitaine Baltagui, et tous gagnèrent la timonerie de Vohurima et la salle de navigation attenante, parfaits postes d'observation.

L'attente fut de courte durée.

Quelques heures à peine après être montés sur la frègue de chasse, le groupe sentit brusquement la tension monter tandis que les Manoeuvriers et les Navis de Vohurima se concentraient sur leurs instruments. Une rumeur naquit parmi les hommes et femmes de l'équipage. Signes du zeplin...

"Le voilà !", fit soudain une voix.

La tension se mua en effervescence, des coups de trifflets retentirent, des ordres furent lancés dans des micros. Le pont vibra. Les trois cités-dirigeables, qui volaient en formation assez rapprochée, s'écartaient maintenant les unes des autres. Temuera, la galliote du capitaine Ocano, prenait de l'altitude tandis que les frègues de chasse se déployaient au-dessus de l'océan de nuages moutonnants.

Les draperies evanescentes s'écartèrent, tremblant devant la majesté du zeplin. Elles ruisselèrent et se retirèrent de chaque côté de sa masse. Un dome recouvert d'un épiderme couleur chair, tavelé de taches brunâtres, émergea des nuages, montant avec une apparente lenteur vers la nuée de diaphes que les trois frègues suivaient depuis plusieurs jours au gré des courants atmosphériques. Il était gigantesque.

"Quatre kilomètres et demi de diamètre", souffla Naomi Oxane Lartig après avoir consulté un moniteur non loin.

Le zeplin apparaissait en entier, maintenant, avec ses bouquets de fouets-paratonnerre grouillant autour de lui comme des tentacules crépitants. Sur son pourtour, des évents à gaz cillés, béants comme des gueules voraces, vomissaient le trop plein de pression et accéléraient sa montée. Il atteignit le banc de diaphes comme les frègues manoeuvraient pour lancer l'assaut et son festin commença.

Sur les écrans de vision téléscopique, on pouvait voir les nacelles des plongeurs descendre au bout de leurs cables sous l'intrados des cités-dirigeables. Par dizaines, les minuscules capsules tissées en maille d'osier, juste assez grandes pour contenir un homme avec son harnachement isotherme et son harpon-seringue, pendaient dans l'ombre des aérostats qui les surplombaient. Dix, vingt traits fusèrent. Difficile de rater une telle cible. Ils ne parvenaient pas tous à percer le cuir épais de la créature, cependant.

Les minutes défilèrent. Le zeplin ne semblait pas affaibli et continuait à louvoyer dans la vaste nuée de diaphes. La pression environnante baissait, le banc d'animalcules se rapprochait du plancher nuageux, suivi par le léviathan des airs. Les plongeurs suspendus sous les ballons de chasse continuaient de tirer. La gigantesque créature délaissa soudain la manne de nourriture et s'enfonça dans la couche inférieure, disparaissant sous les volutes de gaz mordorées.

"Que fait-il, bon sang ?", s'exclama le capitaine Baltagui en regardant par les panneaux d'observation.

L'une des deux autres frègues, Haridassa, perdait rapidement de l'altitude, pourchassant le zeplin. Elle commença à raser la couche opaque de nuages, les nacelles de ses plongeurs survolant celle-ci à seulement quelques dizaines de mètres. La manoeuvre était risquée. Non pas que les zeplins soient capables de la moindre stratégie offensive : si ça avait été le cas, il y aurait longtemps que plus aucune corvelle, frègue ou galiotte ne naviguerait dans l'atmosphère d'Ophius. Mais on n'était pas à l'abri d'un brusque courant ascendant, et...

Le zeplin réapparut soudainement, encore plus rapide dans sa remontée que tout à l'heure. Tous les occupants de Vohurima surent instantanément que l'autre frègue n'aurait jamais le temps de dévier son cap ni de remonter, et à leurs cris étouffés et leurs visages alarmés, leurs hôtes le devinèrent aussi. Le temps parut ralentir, puis la collision se produisit.

D'abord les nacelles des plongeurs. Les cables de certaines d'entre elles se rompirent, elles roulèrent sur le dome carné du zeplin, et leurs occupants eurent plus de chance : ils allaient mourir d'hypoxie ou de la surpression lors de leur chute vers les couches inférieures de l'atmosphère, plutôt que d'être broyés, leurs capsules coincées entre la masse du léviathan des airs et celle de la cité-dirigeable.

Poussé par son inertie, le zeplin poursuivit son ascension, souleva la masse de l'aérostat comme si ce n'était qu'un jouet. Les étages inférieurs de Haridassa se disloquèrent, pulvérisés sous le choc. Une averse de débris et de corps tomba en un long sillage, tandis que des centaines d'occupants de la ville aérienne périssaient en quelques secondes, suffoqués par l'atmosphère irrespirable de la géante gazeuse. Sans hâte, le zeplin commença à redescendre. Encore quelques minutes, et il creva à nouveau la couverture vaporeuse en contrebas avant de disparaître. Quelques centaines de mètres plus haut, la cité-dirigeable blessée commençait à donner du gîte sur l'un de ses flancs.

L'effervescence à bord de Vohurima ne diminuait pas, au contraire. Les coups de trifflets et les ordres continuaient à s'échanger dans le poste de commandement. Le capitaine Baltagui quitta la timonerie sans un mot après avoir aboyé dans un micro, convoquant les Maîtres de Caste du bord. Près d'un quart d'heure s'écoula, avant qu'il ne revienne et ne s'adresse à ses hôtes :

"Nous constituons des équipes pour monter sur Haridassa. Vous pouvez en faire partie, si vous le souhaitez. Il n'y aura pas trop de bras."

[hrp]Que faites-vous ?[/hrp]
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#95
Eron regarda le massacre involontaire du leviathan avec horeur. Pendant de longues minutes il regarda le lent naufrage du Haridassa.

La proposition de sauvetage du capitaine Baltagui le sorti de sa contemplation morbide. que ce soit dans l'espace, sur mer ou dans l'air vicié d'une planète à l'autre bout de la galaxie, il était du devoir de tout navigateur de porter secours à un équipage en détresse.

"J'en suis.
#96
Virik avait suivi la catastrophe, un peu en retrait sur la passerelle, mains crochetées griffes sorties sur une rambarde. Oreilles plaquées et babine retroussées il assista à la lente collision, aux corps qui tournoyaient désespérément dans le vide, aux corps brisés, aux poumons qui se vidaient à la recherche d’un fluide vital absent.

Un immense gâchis. Vies perdues, avenirs gâchés, destins brisés.

La demande du capitaine Baltagui le força à se ressaisir. Il desserra les doigts, laissant de profondes traces de griffures dans le simili bois, refermant bouche et redressant à moitié les oreilles.

Aller sur l’épave ? Sur cette épave qui menaçait de plonger vers le centre de la planète à tout moment ?

Il redressa la tête, regardant le navire mourant. A travers les caissons disloqués il entraperçu un mouvement … Un homme tentait de venir en aide à une silhouette immobile recroquevillée sur un longeron branlant.

Il siffla entre ses dents : Comptez sur moi.

// Un peu de broderie, si ce n’est pas bon j’édite …
#97
A l'instant où ils répondaient au capitaine de Vohurima, Monsieur Azad et Ser Kiikti ressentirent une curieuse impression, et tournèrent machinalement la tête en direction de l'honorable Jarid Moray et ses collaborateurs. Norj Pal'Kis se tenait à l'écart, adossé à une paroi, les paupières baissées sur ses gros yeux globuleux.

Une voix douce, qu'ils identifièrent à celle de l'ethnologue azzari, chuchota dans leurs oreilles sans qu'ils ne voient ses lèvres bouger pour former des mots. Une idée se forma dans leur esprit :

oO( ... Ce n'est pas une mission de sauvetage que prépare Baltagui ... )
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#98
Sémirande, loin de soupçonner le petit coup de théâtre qui se préparait, se porta volontaire pour prêter mais forte aux secours.
#99
Voilà qui était fâcheux. Sans cesser de se préparer Virik établit un lien télépathique avec l’ethnologue. Quelles sont au juste les intentions du capitaine Baltagui ? Un acte de piraterie ? Piller l’épave ? Et si oui que deviendront les passagers et membres d’équipage ?

En même temps … A aucun moment le capitaine Baltagui n’avait prétendu vouloir porter assistance aux naufragés : Il avait parlé de monter à bord et avait dit avoir besoin de bras. Merveilleuse ambigüité de la langue galactique : « des bras » comme pour « prendre dans ses bras des victimes », des bras comme pour « jouer les gros bras » ? … Dans ce cas Virik serait sans doute tenté de faire un « bras d’honneur » au dit capitaine.

Attendant la réponse de l’ethnologue il se déplaça légèrement. C’était imperceptible, mais il essayait de se placer dans une situation centrale qui permettrait d’accéder en trois pas au capitaine Baltagui en cas de besoin.
Évidemment, dans un monde ou les matières premières etait si rares, il ne fallait sûrement pas s'attendre à de l'altruisme désintéressé. Mais tout de même ces gens n'avaient pas l'air de barbares. Si leur priorité n'était pas le sauvetage des hommes, Eron veillerait à rétablir l'équilibre.


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