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Retour à Viala
#11
[Messages]
Depuis son taxi, Sémirande envoya deux messages.
Le premier était destiné à Khrys Edelman :
"Désolée de partir comme cela, mais les adieux ne sont pas mon fort. Je retiendrai de toi les choses telles que ton incroyable courage sur LulaB, et la façon dont tu as envoyé promener Jelrn Sedar Hultien.
Bonne chance, crapule. Si tu te fais pincer, appelle-moi. Je passerai t'évacuer."

Le second fut pour mademoiselle Brison.
"Je vous sais gré de la confiance dont vous m'honorez, mais malheureusement je ne puis pas vous être d'un grand secours pour l'instant. Je dois partir très vite" (le verbe utilisé par Sémirande incluait des notions de prière et d'urgence) et donc vous refuser mon aide. J'en ai bien honte. Cela dit, le seul contact qui aurait pu avoir quelque utilité est une sorte de bandit de grand chemin vivant bien loin d'ici, et que de toute façon j'ai perdu de vue. Mais dès mon retour dans deux bonnes semaines, peut-être un peu plus, je serai toute à vous, promis.
Le taxi l'emmenait vers le bureau de la Confrérie des Corsaires.
(... à suivre)
#12
[Dans l'ordre...]

Sémirande Louise Motoko Rosa Chalmak veuve Simblo, du Cercle de l'Olive de Vonda, se permit donc de mettre un vent magistral à l'ensemble de ses amis, collègues ou ennemis au sein de l'équipage du Lilith en débarquant moins d'une heure après l'atterrissage. Elle avait quand même échangé quelques mots d'adieu avec l'honorable Khrys Edelman, par message texte sur leurs comsets.

Cuperno d'Eol, ex-marchand, ex-navyborg, ex-commissaire de bord du Lilith, avait ensuite pris congé et s'en était retourné à l'existence d'astro-stoppeur à laquelle il avait brièvement goûté avant d'être recueilli par l'équipe de Lucifer Transport, une activité en principe illégale mais tolérée sur la plupart des mondes de la Bordure, y compris et surtout ceux de la libérale (politiquement parlant) Alliance des Douze Soleils.

Le soir de leur retour à Amarzèle, Virik avait organisé ce repas informel dans le jardin d'agrément du Classe I, auquel assistaient Axl, Eron, Djal, Gurvan et Khrys.

Le commandant Antillès répondit de son mieux aux différentes interrogations émises par ses compagnons.

A Virik :

"A priori, non, Sémirande fait toujours partie de l'équipage du Lilith en tant qu'artilleur (j'ai retiré le terme d’officier à sa demande) et pilote du Gerfaut. Je crois savoir qu'elle envisage de se rendre sur Vonda auprès de sa famille pour les deux prochaines semaines. Ensuite, je ne sais pas. Peut-être recevrai-je sa démission... Ces derniers temps, on n'est sûr de rien avec elle..."

Gurvan versa sur ses tranches de viande quelques gouttes de la sauce épicée concoctée par l'hatani et commença à mâcher avec circonspection :

"Quartier libre pour une semaine. J'ignore quand les autorités alliées nous convoqueront pour nous confier cette fameuse opération dont on m'a parlé avant que je ne vous rejoigne sur Epsilon Agrippine."

Ses joues s'empourprèrent, il enfourna avidement plusieurs morceaux de pain, but une longue gorgée de weissbier, essuya quelques larmes et se racla la gorge avant de continuer :

"En ce qui concerne les bénéfices tirés de cette opération d'exploration qui nous est tombée dessus un peu par hasard, je me suis renseigné depuis que nous sommes revenus à portée de la Toile.

"Premièrement, les primes pour les pirates capturés et la revente des épaves de leurs Tracevides devraient apporter environ onze millions de crédits dans les caisses de Lucifer Transports.

"Deuxièmement, nous allons soumettre le système de Constantine à la Loge Tekno comme candidat possible à l'installation d'un chantier astronaval. Je ne suis pas sûr qu'il réunisse toutes les conditions requises, et en particulier, son éloignement des routes interstellaires pourrait être un inconvénient. Mais pas pour la Guilde Navyborg, à qui le dossier pourrait être transmis et qui pourrait en faire un arsenal pour vaisseau Lehouine. Dans un cas comme dans l'autre, Lucifer Transports devrait toucher des royalties, 1% des ventes de navires réalisées si c'est un chantier Varlet qui s'y installe, ou une rente forfaitaire de dix millions de crédits par mois dans le cas d'un arsenal Lehouine.

"Troisièmement, nous n'avons pas découvert des revenants gris, mais nous avons élucidé le mystère de la disparition corps et biens d'un mange-poussière marchand du 72ème siècle, ainsi que des reliques archéologiques datant de la Confédération, et les traces d'une civilisation extra-impériale disparue, ces fameux Vangks et leurs tunnels de transduction astrale. Tous nos frais vont nous être remboursés, et en première évaluation, nous devrions toucher une prime substantielle qui permettra à la Lucifer Transports de rembourser les prêts de trésorerie que lui ont accordé ses actionnaires-fondateurs.

"Quant au documentaire TriD de nos découvertes dans le système de Méranvil, gageons que Khrys saura en tirer le meilleur parti..."

"Ton idée d'accord gagnant-gagnant pour échanger les balises hypercom que nous avons récupérées sur la nacelle du Cortez d'Algol contre un complément d'équipement est très bonne. Des sondes atmosphériques, nous en avons déjà, ce sont les deux trapanelles qui sont en fait des drones de reconnaissance. Mais une navette antigrav multi-milieux, avec réacteurs Mhyd pour les déplacements aériens, adaptée aux opérations subaquatiques et dotée de propulseurs ioniques de manoeuvres orbitales pourrait en effet se révéler très utile."

A Eron :

"Comme je viens de le dire à Virik, nous étions en effet supposés rentrer directement à Viala, et non partir dans l'Inconnu. J'ai prévenu les autorités alliées de notre arrivée. Je ne sais quand nous serons convoqués pour prendre connaissance de cette mission que la Commission d'Expansion Coloniale souhaite nous confier..."
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#13
Virik gonfla sa crinière de frustration. Il était difficile de se faire comprendre et il flirtait dangereusement avec la ligne blanche. De plus il pouvait comprendre que madame Axl n’envisage pas de fuir éternellement et affronte un procès qui pourrait la disculper.

Voilà ce que je vous propose madame Axl : je vais me rendre dans les locaux du corps de la sécurité intérieure de l’Alliance. Il y a là bas une antenne spécialisée dépendant de la commission Psi, un peu l’équivalent de la psipol impériale, qui me permettra dans un premier temps de m’assurer de mon état mental et que mon jugement n’est pas altéré par une influence extérieure.

Il but une gorgée de thé vert avant de continuer …

Ensuite, je pourrai vérifier qu’il n’y a pas de mandat d’arrêt vous concernant en cours de validation auprès des autorités de l’Alliance. S’il n’y en a pas, je me rendrai à l’Ambassade Impériale où une antenne du Guet me renseignera sur l’état des poursuites vous concernant.

Je vous tiendrai au courant à ce moment là.

...

Il écouta le rapport financier informel du commandant. Bien. Ils avaient assuré un peu d’aisance financière à la compagnie et des perspectives d’avenir intéressantes. Le fait que les frais de réparation et de maintenance du navire soient pris en charge intégralement était aussi très positif.

Bien commandant.

Si les opérations de maintenance le permettent je souhaiterais conserver ma cabine à bord. Vous avez tous mon numéro de comlink en cas de besoin, même si je suis officiellement en repos.
Il ébouriffa sa crinière en un haussement d’épaule.

Puis il courba les oreilles en fixant le commandant.

Pensez-vous pouvoir payer les salaires rapidement ? Je propose par ailleurs que la compagnie distribue, une fois le bénéfice net de cette expédition établi, une prime aux membres d’équipage non actionnaires.

Je ne sais pas si le quorum est atteint avec les personnes présentes ici, mais peut être pouvons nous avoir un accord de principe ?


Il attendit que chacun réponde et s’il n’y avait rien d’autre, après avoir remis en état le jardin, mis en veille la console de sécurité, quitta le bord. Il promit à madame Axl de l’informer rapidement du résultat de ses investigations.

...

24 heures plus tard Virik remit les pieds à bord. Il était visiblement fatigué, mais prit le temps de prendre une douche sonique, de se changer, de se peigner avant de demander à madame Axl de le rejoindre dans la cafet équipage.

C’est devant un verre d’eau pétillante dans lequel flottaient quelques quartiers de fruits que madame Axl le retrouva.

Il s’enquit de ce qu’elle souhaitait boire ou manger, faisant le service à l’autocook avant de s’asseoir à son tour. Il posa les mains l’une sur l’autre, à plat sur la table, fixant les yeux mi-clos et les oreilles dressées la femme.

Madame Axl, les nouvelles sont bonnes. Vous ne faites l’objet d’aucune poursuite au sein de l’Alliance. Par ailleurs les charges retenues contre vous par la justice impériale ont été abandonnées. Le Grand Prêtre Hector Bonnifacio a été arrêté il y a dix jours sur Nazareth par la psipol. Il est tombé suite à une banale affaire de fraude fiscale, qui a débouché sur un délit de viol de conscience des contrôleurs fiscaux. L’opération était montée en collaboration avec le guet impérial qui surveillait depuis un certain temps ce grand prêtre. Il a été inculpé il y a trois jours outre de viol de confiance, de trafic d’influence mais aussi … d’assassinat sur la personne de Neiss Saluza.

Vous avez été rétabli dans vos droits et prérogatives par notre hiérarchie religieuse et en tant que membre du guet l’on m’a demandé de recueillir votre témoignage sur cette dernière affaire et de le transmettre à la cours de justice Impériale de Nazareth. Si vous le souhaitez vous pouvez être assisté par un fidèle légiste.


Il frétilla des moustaches.

Mais pour l’heure, ceci ne presse pas. Ce que vous devez retenir c’est que vous êtes libre. Libre de votre destin, de rester à bord ou de partir. Pour ma part, si mon avis compte, je vous invite à rester.

Il froissa le gobelet vide et tenta de jeter celui-ci depuis sa place dans la porte du recycleur (raté !). Il se leva, ramassa le gobelet et le glissa dans le portique.

Si vous le permettez je vais maintenant aller dormir un peu. Nous organiserons votre témoignage quand vous les souhaiterez. Il lissa une de ses moustaches, pensif … Néanmoins il serait préférable que vous vous fassiez examiner préalablement par la commission psi de l’Alliance : ils n’ont trouvé aucune trace de conditionnement chez moi, je suis certain qu’il en sera de même pour vous, mais je ne voudrais pas que la défense de monsieur Bonnifacio puisse dire que votre témoignage a été fait sous influence.

A mon réveil je vous accompagne si cela vous convient et vous en aurez ainsi fini avec ce pénible épisode ?


Il bailla, attendant une réponse avant de rejoindre sa cabine. De celle-ci il transmettrait le rapport de la commission psi lui permettant de reprendre ses fonctions au commandant, annulerait les précautions qu’il avait prises pour accéder à ses armes et à la console de sécurité. Ensuite seulement il pourrait dormir.

[hrp]L'enquête concernant madame Axl a été rédigée sur les indications factuelles du Hémmedéji[/hrp]
#14
Super, le mauvais sort est rétablit.
Avant de me rendre en ville je laisse un mot au chef de la sécurité ainsi qu'au commandant
Ser Virik, pendant votre repos je me rends en ville pour
-faire valider ma présence ici par ma hiérarchie
-faire examiner mon intégrité psi (avec récépissé en bonne et du due forme)
-remettre mes rapports d'activité officiels en tant qu’aumônier sur le Lilith avec une option (en attente) pour le département recherche & découverte s'ils acceptent ma demande de poste à ce niveau (simple formalité) car cet artefact psi n'est tout de même pas anodin.
-demander l'assistance d'un légiste quant à ma déposition future concernant mon affaire
-demander mon affectation officielle dans l'équipage du Lilith si notre commandant et ma hiérarchie sont d'accord en proposant de continuer en tant qu’aumônier pour ma fonction d'équipage et d'archéologue (ou fonction équivalente) pour servir mon ordre. Le vide juridique à ce niveau serait comblé.
Je demanderai à accéder à une formation intensive en archéologie si cela existe à ce niveau
Je garde mon comm si vous avez besoin de me joindre"

Je pris donc mon sac avec mon ordinateur puis débarqua sur le sol de Viala.
Le temps était correct, je héla un véhicule taxi et disparu dans la ville
#15
Ces deux semaines de pause passèrent dans l'ensemble assez rapidement.

Mademoiselle Brison passa devant la même commission de télépathes de haut niveau que Ser Kiikti, commission qui après un examen approfondi, la déclara toute aussi exempte de conditionnement psi que son coreligionnaire. Elle put accomplir l'ensemble des démarches qu'elle avait planifiées, et reçut un avis favorable de ses supérieurs de la Glorieuse Volonté quant à son intégration dans l'équipage du Lilith, qui fut donc validée par le commandant Antillès au nom de la société Lucifer Transports.

Ce dernier s'absenta à plusieurs reprises.

La première fois, il se rendit à l'Amirauté pour valider l'immatriculation alliée du navire, au comptoir des Guildes dans les locaux de l'ambassade impériale pour effectuer les diverses démarches administratives nécessaires concernant l'enregistrement en bonne et due forme de leurs prises et de leurs découvertes et les changements dans le rôle d'équipage. Il en profita également pour déposer une offre d'embauche pour un commissaire de bord qualifié Classe I. Puis il passa à la taverne à l'enseigne du Gentleman de Fortune pour rencontrer une commission de Corsaires chargée de confirmer l'adhésion de Lucifer Transports à la Confrérie, comme cela avait été le cas deux ans plus tôt.

Cette réunion de travail fut suivie quelques jours plus tard d'une visite du Lilith, qui impressionna fort l'équipe d'homologation, composée de la capitaine haecar Grohom Tladouk du Transistel Liutprand, la capitaine Marie-Anne Rosa Sanchos et sa canonnière Sybille Gimescot du Transistel Kaliméra, des humaines, et le capitaine humain Yannick Rosa Costé du Tabron Eternelle Sagesse.

Le montant des primes pour la capture des trois pirates (1.200.000, 1.700.000 et 2.400.000 crédits) ainsi que celui de la revente des épaves de leurs Tracevides (5.870.865 crédits pour le premier abordé par Virik et Axl, et 533.715 pour le second presque complètement détruit par Sémirande aux commandes de Pikachu) fut crédité sur le compte de la compagnie. Les salaires de chacun furent transférés sur leurs auricaisses, calculés selon les barèmes de la Guilde Navyborg, soit pour un mois standard de 25 jours de 12 heures de travail, 45.000 crédits pour les membres d'équipage de grade 3 et 60.000 pour ceux de grade 4.

Gurvan reversa immédiatement ses émoluments au compte de trésorerie de l'entreprise. Il n'indiqua à personne où il se rendait lorsqu'il quitta le bord la deuxième fois, ni ne parla de ce qu'il avait fait pendant les six heures que durèrent son absence.

Eron, Axl, Djal, Virik et Sémirande reçurent une invitation à déjeuner pour le lendemain du retour de cette dernière sur Viala. Le lieu était le 360, un restaurant plutôt huppé disposé sur plate-forme rotative au sommet d'une spire d'Amarzèle. L'établissement faisait un tour sur lui-même en 90 minutes, montrant alternativement l'astroport, la forêt de tours-champignons et de flèches du centre-ville, et les ondulations de verdure du quartier résidentiel des Collines du Belvédère.

Un louffiat en livrée mena les invités au fur et à mesure de leur arrivée à la table réservée par le commandant Antillès. Ce dernier n'était pas seul. Un humain d'une cinquantaine d'années apparentes était assis à côté de lui, un homme de taille moyenne par comparaison avec la haute stature du commandant, à la carrure sportive, au visage avenant où brillaient des yeux bleus clair, aux cheveux gris et à la barbe de trois jours soigneusement entretenue.

Gurvan fit les présentations lorsque tous ses compagnons se furent attablés :

"Mes amis, je vous présente l'honorable Jarid Moray, de la Commission d'Expansion Coloniale de l'Alliance des Douze Soleils."

(A suivre...)
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#16
2 semaines d'aller et retours dans les différents bâtiments pour tel ou tel document, réunion, renseignement ou test.
2 semaines chargées pour tout remettre en ordre administrativement. Tout le stress à l'arrivée allait en diminuant à mesure que tout se mettait en place.
Je fus soulagée lorsque la vérité désigna mon accusateur
Soulagée une fois encore lorsque officiellement je fus intégrée à l'équipage du Lilith. Ce qui me promettait de belles perspectives d'aventures telles que je n'en avais pas idée avant d'y être confrontée directement. Mes ambitions d'autrefois en tant que préceptrice pour les enfants dont les parents étaient souvent absents s'étaient peu à peu effacées par l'aventure spaciale.

Ce matin alors que je demandais via le commlink par voie hiérarchique une demande de mise à ma disposition d'un enseignement accéléré en archéologie, je reçus cette invitation à déjeuner dans un restaurant de bonne réputation.
Je me dis à moi même
Ah ! tient ! un petit repas en famille ! super sympa le commandant

Le lendemain je me préparais en habits de sortie simple et élégants.
A mon arrivée, 2 personnes étaient attablées. Je pris place en saluant les 2 hommes
Bonjour Commandant,... Monsieur
#17
Eron occupa bien ses 2 semaines. A la demande de Gurvan il entreprit de "briquer" de fond en comble le Lilith en vue de l'inspection programmée de la confrérie.

Une fois qu'il eu quartier libre il se rendit à la hanse des marchands, pour consulter les comptes de son entreprise familiale et y transférer les 2/3 de sa solde. Il laissa un message à son petit frère pour lui demander ou en était les préparatifs du grand rush et pour savoir s'ils avaient des contrats en cours qui leurs permettraient d'atteindre leur objectif. L'évènement était pour dans quelques mois et il n'était pas sur d'avoir suffisamment d'argent disponible pour obtenir les 3 tickets d'entrée.

Il laissa ensuite passé le reste du temps profitant des distractions que pouvait offrir Viala de nuit comme de jour en attendant la fin des vacances.

Il se présenta au 360 sur l'invitation de Gurvan et s'attabla une fois les présentations effectuées.
#18
Virik avait comme à son habitude rempli le temps dont il disposait.

Deux semaines. C’était à la fois long et court.

Virik, comme le prévoyait son contrat avec le Lilith n’avait reçu que 25 crédits, somme qu’il avait intégralement reversée par quart à la représentation de l’Eglise de la Glorieuse Volonté, aux orphelins du guet, à la commission psi contre les abus moraux et au fond d’entraide des citoyens de l’Alliance. Il garda un crédit en poche, qu’il destinait à la première personne qui le réclamerait. La chose était peu probable à Viala qui ne connaissait pas la mendicité, mais ses vibrisses lui disaient qu’ils n’allaient pas rester ici.

De même il se dessaisit de l’essentiel de sa solde du Guet et de son salaire de détective. Une fois les impôts déduits il ne conserva pour lui qu’une somme lui permettant un pot de vin modeste, d’offrir une consommation ou un repas. Le reste fut versé à l’église de la Glorieuse Volonté avec instruction de reverser celle-ci à l’ordre Hatani.

Lors de la visite à la représentation il eut la surprise d’y trouver un colis qui l’y attendait. Une boite de bois sculpté de motifs végétaux et zoomorphes d’une soixantaine de centimètre de longueur pour moitié moins de hauteur et de largeur. Le tout était fermé par des cordelettes de soie tressées, aux nœuds complexes et raffinés.

Il savait pertinemment de quoi il s’agissait mais attendit de revenir à bord du Lilith pour l’ouvrir.

Enfermé dans sa cabine, il lissa soigneusement le sable au sol, plia son manteau et ne gardant que son kilt s’agenouilla au sol, posant la boite devant lui.

Après avoir soigneusement compté les nœuds et la distance les séparant, il ouvrit avec soin le paquet. Dans leur papier de soie reposaient capes et vêtements pour l’année à venir et une missive rédigée à la main, roulée et fermée par un ruban noué. Il en prit connaissance, lisant à travers les lignes et les mots simples de ses frères, ses instructions. Il y avait là quelques nouvelles de sa planète natale, hélas trop parcellaires, déformées par le prisme politique de l’ordre. Le parfum du tissus neuf, des pigments naturels que le drapier utilisait lui monta au nez. Il sentit brièvement une pointe de nostalgie lui percer le cœur. Il posa les feuilles de papier, ferma les yeux et attendit. Il laissa le moment passer, la tristesse refluer. Il déplia ensuite les vêtements neufs, les déplia et les lissa, les essayant les uns après les autres. Le frère drapier avait ses mesures exactes et les fentes aménagées lui permettaient de se saisir de ses armes sans effort. Parfait.

Il replia avec soin ses anciens vêtements, passant le doigt sur un accro soigneusement reprisé qu’avait produit une vibrodague, sur les taches de sang presque effacées provenant de sa blessure lorsqu’il s’était fait trancher le doigt par un monofil. Il se changea intégralement, ses vieux vêtements prenant la place des nouveaux. Il y remit aussi la missive avant de refermer la boite avec les cordelettes.

Il consulta ensuite la météo … Viala était une belle planète, vaste, assez peu peuplée sur laquelle de vastes parcs naturels pouvait accueillir sa petite cérémonie. Il trouva ce qu’il cherchait : le parc de Lamaruel, à moins d’une demi-heure de bulle de la capitale. Le temps pour le lendemain matin était clément. Il demanda à l’organisme de gestion du parc l’autorisation d’y conduire une petite cérémonie, précisant l’heure et le lieu et le déroulement de celle-ci. Après quelques échanges, des recommandations diverses, il obtint un blanc-seing.

Il envoya à tous les membres d’équipage du Méphisto, présents, passés, à ses collègues détectives, à ses contacts au sein de l’église de la Glorieuse volonté, une invitation à le rejoindre pour une cérémonie de « l’adieu à l’année » leur indiquant les coordonnées géographiques d’un lieu dit : le pic de Dante. Il précisa que cette invitation n’était nullement une obligation, ni morale, ni légale et que la cérémonie ne durerait pas plus de deux heures.

Ceux qui s’y rendirent découvrir le pic en question, le point le plus haut d’un volcan désormais éteint que l’usure des millénaires avait arasé en un plateau basaltique d’où l’on pouvait embrasser d’un seul regard le parc naturel de Lamaruel. Virik était déjà présent. Il avait garé sa bulle de location à l’abri des arbres, non loin du véhicule des gardes forestiers. Ces derniers assis sur le capot de leur véhicule observaient poliment la scène à distance, saluant les arrivants de la main ou de la tête. Un extincteur à champ de force était posé non loin d’eux au le sol.

Virik se tenait dans un lieu dégagé, au sol rocheux à deux doigts de la falaise qui plongeait vers la futaie en contrebas. Il avait assemblé sur un braséro à plasma emprunté à la Glorieuse Volonté la boite, des copeaux de bois odoriférants, des holoclichés et quelques touffes de poils tirés de sa crinière.

Il attendit l’heure fixée pour le rendez-vous pour commencer la cérémonie.

Je vous ai assemblé ici pour la cérémonie de « l’adieu à l’année ». Mon ordre pratique celle-ci quand nous changeons traditionnellement de vêtement, brulant les anciens et avec eux toutes les erreurs, les regrets, les espoirs que nous n’avons put réaliser. C’est une renaissance et un renouveau, un nouveau départ vers l’avenir.

Nous invitons ceux qui le souhaitent à se joindre à nous, à pardonner et à souhaiter le pardon, à faire le deuil des disparus et à accueillir les joies que promet l’avenir.


Il désigna de la main le bucher encore éteint.

Si vous souhaitez joindre vos offrandes symboliques aux miennes, vous pouvez le faire. Si vous souhaitez le faire mais que vous ne souhaitez pas vous séparer d’un objet, une mèche de cheveux peut suffire. Mais il n’y a aucune obligation.

Il attendit que ceux qui le souhaitent fassent leur offrande symbolique avant d’allumer le braséro. Le système lança l’ignition à l’aide de son allumeur à plasma avant de contenir les flammes et escarbilles enflammées par un déflecteur de force.

Virik croisa les mains devant lui, les yeux plongés dans les flammes. Le feu dévora tout, bois, vêtements, holos, cheveux. A la fin un système de soufflerie se mit en marche achevant de transformer les dernières braises en une matière grise pulvérulente. Cela avait duré moins de trente minutes au total. Virik s’approcha du braséro et s’être assuré que les témoins de température étaient au vert l’éteignit. Il laissa s’approcher les gardes forestiers qui après avoir vérifié l’innocuité des cendres lui donnèrent l’autorisation de les répandre … C’en était fini. Virik remercia chacun de sa présence et après avoir replié le braséro il regagna la capitale.

Les jours suivants s’étaient écoulés avec régularité, si ce n’est routine. Il partageait son temps entre sa fonction de détective, celle d’officier de liaison, donnant quelques cours d’arts martiaux au sein de la salle d’arme. Il en profita pour fréquenter assidument le stand de tir … Ses compétences dans ce domaine étaient limité. Trop peut être eu égard à la tache qu’il avait accepté d’assumer à bord du Lilith. Le reste de son temps se passa en entrainement sportif et lecture.



C’est un Virik reposé, vétu de neuf, qui rejoignit ses compagnons à l’invitation du commandant. Après avoir salué l’ensemble des convives d’une courte révérence et d’une inclinaison d’oreille, il s’assit et demanda un verre d’eau gazeuse agrémenté de cubes de glace au jus de jairelle. Il observa un instant l’homme inconnu avant de reporter son attention sur la carte. Ses oreilles restaient dressées, tournant doucement au gré des bruits et de paroles échangées.
#19
[Flashback]

En aperçevant Virik, Monsieur Antillès se revit quelques jours plus tôt, lors de la cérémonie que l'hatani avait célébrée au Pic de Dante. En arrivant sur place, il avait salué Ser Kiikti d'une inclinaison de tête, s'était approché de la falaise pour contempler l'à-pic pendant quelques secondes, puis avait rejoint le groupe autour du brasero à fusion froide. Lorsqu'était venu le moment de l'offrande, il avait sorti une vieille casquette à visière d'une poche de sa veste. Le couvre-chef logoté Lucifer Transports portait encore l'immatriculation du Méphisto. Il l'avait déposé dans le creuset à plasma, avait encore incliné la tête en échangeant un regard avec Virik, puis avait reculé pour reprendre sa place dans l'assemblée.

[Retour au présent]

Il ne manquait plus que Sémirande et Djal.

Gurvan jeta un regard circulaire dans la salle du restaurant, vérifiant s'il apercevait ses deux derniers compagnons. Il avala une gorgée de thé priman -- parfaitement exécuté, avec juste ce qu'il fallait d'acide de fourmi ailée de Mandrake -- et reporta son attention à la carte, pianotant sur la table pour faire défiler les feuillets holographiques.

"Il y en a tant, on ne sait que choisir..."

Il arrêta le défilement sur la page des grillades. La description de la moins compliquée s'étalait sur douze lignes, la marinade devait être composée d'au moins vingt épices et ingrédients différents et il y avait un choix d'accompagnements à peu près aussi nombreux. Ca promettait...
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#20
Virik choisit un steak de poisson de Marine cuit au jus d’oranges sauvages de Holts, saupoudré d’épices d’Estébois. Mais pour l’heure il garda son choix pour lui. Il restait des chaises vides, tout les invités n’étaient pas encore arrivés … Il bu une gorgée de son verre d’eau tout en observant l’humain inconnu.


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