Virik avait donc repris son poste, non sans maintenir les précautions individuelles qu’il avait mis en place : verrouillage de son accès aux armes et double contrôle par le commandant de ses actions et de ses décisions.
Il n’était pas certain de ce qui lui était arrivé, mais ses défenses mentales avaient été percées.
Il ne lèverait ces précautions qu’une fois une visite psy effectuée.
Cela ne l’empêcha pas d’accomplir ses taches courantes, continuant sa remise en forme amorcée pendant le temps d’isolement. Il profita néanmoins de la levée de la quarantaine pour partager le repas de madame Axl et de ceux de ses compagnons de bord qui le voulaient bien. Partager la même table n’engageait à rien et permettait de faire un peu tomber la tension, d’en apprendre un peu plus.
Néanmoins, avant de revenir à portée de transmission par hyperonde, il insista pour que
l’option de la confidentialité sur l’antenne de la connaissance totale soit activée. Motif de la demande ? Exploitation commerciale. Il espérait bien qu’ils pourraient revendiquer au nom de la compagnie le système de Thelma, de Méranvil, ce qui s’y trouvait et d’exploiter les informations qu’ils avaient collecté. Une confidentialité demandée pour une durée limitée, juste le temps de faire reconnaître leurs droits et de faire les enregistrements légaux nécessaires.
…
L’arrivée sur l’astroport d’Amarzèle marqua la fin de leur premier voyage. Un vol d’essai qui s’était transformé en véritable aventure. Un coup de dés, devenu un coup de maitre ? L’avenir le dirait.
D’un point de vue personnel le départ de monsieur Cuperno et de son compagnon félin le toucha. Pourquoi ? Parce qu’il était comme lui un éternel voyageur peut être. Et … Il était vain de trouver des raisons objectives à ce regret. Il échangea avec leur ex commissaire des coordonnées qui permettraient, si le conseil d'administration de la compagnie suivait ses recommandations, de lui faire parvenir une éventuelle prime.
Il écouta les adieux de monsieur Khrys. Ses rapports avec ce dernier n’avaient pas toujours été faciles. Monsieur Khrys vivait pour un dieu que Virik ne priait pas, leurs points de vue sur bien des sujets étaient fort éloignés. Mais … dans l’absolu il n’avait pas été un trop mauvais compagnon. Il lui souhaitait de trouver le bonheur dans sa quête. Et ils resteraient en contact : ne lui avait-il pas confié, sous son contrôle bien entendu, la charge de l’exploitation transgalactique du reportage qu’il avait réalisé pour le compte de la compagnie ?
Il s’inclina imperceptiblement, couchant les oreilles en un salut formel.
J’entends vos conseils monsieur Khrys et pour citer un de vos antiques poètes : Un peu de chagrin prouve beaucoup d’amour, mais beaucoup de chagrin montre trop peu d’esprit.