Quelques mois bien remplis

[Virik Kiikti]

"Sois rassuré : Sémirande est le meilleur officier navyborg que j'ai jamais cotoyé, et une amie très chère pour laquelle je serais prêt à risquer ma vie, mais je ne suis pas d'accord non plus avec le jusqu'au-boutisme dont elle a fait preuve à ton égard et à celui de ton sacerdoce. J'espère que vous trouverez un terrain d'entente et que vous réussirez à cohabiter après mon départ de l'équipe. J'en suis même certain."

Diomède Dranson esquissa un sourire, hocha la tête mais ne dit rien.

Virik inclina les oreilles en une brève acceptation des paroles de monsieur Gurvan.

Je vous entends et je vous vois monsieur Gurvan. Il promena son regard sur la foule qui profitait du buffet, des bouteilles de spumante gris d’Estébois et de curieuses brochettes qui donnaient l’impression qu’un petit lézard avait été empalé au bout d’un bâtonnet avant d’être grillé et arrosé d’une sauce bleuté. Le volume des conversations s’amplifiait au fur et à mesure que les bouteilles se vidaient.

Me feriez-vous l’honneur de m’accompagner pendant quelques pas dehors, messieurs. Il y a trop de bruit ici et tenir une conversation nous obligerait à hurler, ce qui ne serait ni agréable et surtout pas discret.

Ils se glissèrent à travers la foule dans une lente valse de corps évités et de pieds a moitié écrasés.

Le sas menant à une terrasse extérieur renfermait des manteaux semi-énergétiques. De petites merveilles technologiques dont le tissu arachnide se doublait d’un champ de force climatique. Cape enfilé, capuchon rabattu ils purent fouler la neige rosée qui crissa sous leur pas alors qu’ils s’éloignaient du cocon des bâtiments.

Ils marchèrent quelques minutes en silence. Le paysage était d’une beauté froide et rude, les montagnes brillaient dans l’éclat du soleil rouge comme de monstrueuses pâtisseries abandonnées là par des titans distraits.

Il s’arrêta enfin, se tournant vers les deux hommes.

Monsieur Gurvan, monsieur Diomède, Il est nécessaire que vous explique ma démarche, néanmoins je vous prie de conserver ce qui va suivre pour vous.

Lorsque j’ai rencontré monsieur Epstar il m’a longuement parlé de ses amis, de ceux pour qui il s’inquiétait et qui lui tenaient à cœur au-delà de l’infini des distances. Il m’a dressé pour chacun de vous, à l’exception de monsieur Djal et Manchu, un portrait fidèle.

Il m’a longuement parlé de madame Sémirande, dans des termes qui n’étaient pas si éloignés de ceux de monsieur Khrys, à l’exception de l’aspect financier, ce qui somme toute était amusant.

Comme vous monsieur Gurvan il a une confiance absolue dans ses compétences de pilote, sur sa capacité à faire des choix, à se rappeler juste à temps qu’elle était une créature sensible et capable de faire des choix juste quand il le fallait.

Il m’a aussi longuement parlé de son caractère autoritaire, de son refus des autres opinions que la sienne de son absolutisme frisant parfois le fanatisme.

Il l’aime et la déteste.

Quant à moi à la seconde où j’ai posé les pattes chez vous elle m’a détesté avec une constance flirtant à l’aveuglement. Elle m’a insulté, rabaissé, moqué … Ce faisant, en insultant l’image qu’elle se faisait de moi, elle s’insultait elle-même.

Avec constance, dans une attitude autodestructrice inquiétante.

Inquiétante pour un être normal. Mortellement dangereuse pour quelqu’un destiné au commandement d’une mission astro-explo. Mortellement dangereuse pour un équipage sous les ordres d’une telle personne.

J’étais bien décidé jusqu’à hier à empêcher par tous les moyens cette expédition jusqu’à rapporter à la commission délivrant les autorisations de prospection nos échauffourées verbales, ses promesses de contrevenir à la loi et à ma mission légale.

Puis j’ai reçu un message de monsieur Esptar.

Il me donnait ses instructions de vote et me demandait de veiller sur elle et sur tous ses amis.

J’ai une dette envers monsieur Esptar. Une dette curieuse pour deux personnes aussi éloignées que nous dans notre vision de l’univers et des êtres pensants qui le peuple.

Il leva la main, saisissant un fragile flocon de neige qui voltigeait devant son nez. Il l’observa un instant jusqu'à ce que le fragile cristal disparaisse, poursuivant d’une voix songeuse :

J’ai donc choisi la voie de l’affrontement dans l’espoir qu’elle se brise et qu’elle se reconstruise, qu’elle réalise ses faiblesses et qu’elle les combles, qu’elle surmonte ses ambivalences …

Il souffla doucement sur sa main, en chassant l’humidité

… ou qu’elle échoue ici et maintenant. Avant son départ. Afin que cela ne coute pas la vie à son équipage et à ceux qui la suivront aveuglément par amour ou par fidélité.

Ne vous y trompez pas messieurs : ma propre mort importe peu. C’est une évidence quotidienne pour nous autres. Nous avons choisi la voie de la mort : « la vie est un rêve dont la mort nous réveillera ». Mais c’est une voie solitaire, que nous empruntons en toute conscience pour éviter que d’autres n’y passent.

Alors quoiqu’il arrive je sortirai de l’équation que représente pour elle la gestion d’un équipage au sein d’un espace inconnu et potentiellement hostile. Je ne dois pas être sa préoccupation, pas être son ami, ni d’elle ni d’aucun membre de l’équipage. Parce qu’en dernière analyse elle sera seule. Infiniment seule.

Et ma mission légale ne doit en aucun cas interférer avec ses obligations. Alors si elle doit m’abandonner, elle doit le faire sans hésiter. Je vais donc continuer à marquer la plus grande distance envers elle. Et pour lui donner une chance de se planter, de casser ce qui peut se réparer avant de départ, je continuerai à la tester …

Il leva les yeux en direction des étoiles qui montaient à l’horizon, chassant le jour dans leur manteau de nuit.

Avez-vous des questions ou des remarques messieurs ?

[Gurv Hemmedeji]

Avez-vous des questions ou des remarques messieurs ?

Diomède Dranson fixa longuement l'hatani, puis se tourna vers Gurvan. Les deux hommes échangèrent un regard.

"Les raisons de votre comportement vis-à-vis de Sémirande ne regardent que vous." déclara le premier des égaux du Cercle de l'Olive. "J'ai une communauté à faire tourner, une entreprise en bonne santé qui vient de se lier commercialement, financièrement et moralement à une jeune compagnie ambitieuse et qui va se lancer par son entremise dans une activité à risques mais qui peut être très lucrative. Quoi que vous fassiez, tâchez de ne pas être une contrainte pour les personnes, ni une entrave aux affaires."

Monsieur Antillès fronça les sourcils et répondit, toujours aussi neutre :

"Il n'y a pas de meneur -- en l'occurence de meneuse -- à la dangereuse attitude auto-destructrice, ni de meute de suiveurs aveuglés par la loyauté. Il y a une association d'Êtres adultes et en pleine possession de leur libre arbitre qui vont se lancer dans une aventure au-delà des frontières et qui se placent en toute connaissance de cause sous la nécessaire autorité de l'individu le plus qualifié pour remplir la fonction de commandement du navire. Tu fais fausse route, et tu dois t'affranchir des différences culturelles qui altèrent en partie ton jugement. De même que le reste de l'équipe doit s'ouvrir à ton mode de pensée, pour votre enrichissement réciproque. Je pense que vous y parviendrez en vous côtoyant au quotidien dans le feu de l'action. Quant à nouer des relations, ou plutôt ne pas en nouer avec l'équipe, libre à toi. Mais cette croisière solitaire va te paraître bien longue..."

[Virik Kiikti]

" Quoi que vous fassiez, tâchez de ne pas être une contrainte pour les personnes, ni une entrave aux affaires."

Tant que les êtres ou les conditions mercantiles ne contreviennent ni à la loi ou n’entravent ma mission, j’obéirai à votre demande monsieur Diomède.

"... Je pense que vous y parviendrez en vous côtoyant au quotidien dans le feu de l'action. Quant à nouer des relations, ou plutôt ne pas en nouer avec l'équipe, libre à toi. Mais cette croisière solitaire va te paraître bien longue..."

Prétendriez-vous que madame Sémirande est équilibrée ? Qu’elle a témoigné à mon endroit d’une agressivité légitime ? Que son comportement est raisonnable et cohérent ?

Il les raccompagna en direction de l’entrée du complexe, fuyant la nuit glaciale qui envahissait la vaste terrasse. Tout en marchant il continua de deviser calmement d’une voix grave bien que curieusement sifflante sur certaines intonations.

Je ne prends pas ma charge à la légère monsieur Gurvan, ni mes dettes et ni les promesses que je fais. J’ai promis à monsieur Epstar de veiller sur elle et sur le reste de l’équipage et c’est ce que je ferai. Par tous les moyens necessaires.

Mais je ne me fais aucune illusion sur ce qui va se passer.

Elle l’a annoncé sous le coup de la colère, vous étiez là, et par orgueil elle est incapable de se dédire, de renoncer ou de composer. C’est ainsi.

Et moi-même je dois suivre la voie. Je n’ai dans ce domaine aucune liberté, seulement des obligations.

Parviendrons-nous dans ces conditions à trouver une direction commune dans laquelle pourront s’exprimer sans s’affronter notre même envie d’absolu ? Au vu de ce qui s’est passé aujourd’hui la réponse est non. Mais demain est un autre jour. Et il m’arrive parfois de me tromper.

[Djal Gorda]

"Salut Man ! tu es en veine ce soir..."

Djal s'avanca et lui tendit la main...

"Moi c'est Djal... tu fais quoi dans cette coque de noix ? de la méditation..."

[Gurv Hemmedeji]

Parviendrons-nous dans ces conditions à trouver une direction commune dans laquelle pourront s’exprimer sans s’affronter notre même envie d’absolu ? Au vu de ce qui s’est passé aujourd’hui la réponse est non. Mais demain est un autre jour. Et il m’arrive parfois de me tromper.

"Puisse Ifni t'entendre..." conclut Gurvan à voix basse.

Il prit congé de Diomède et de Virik et alla faire honneur au buffet.

[Khrys]

Khrys avait coupé la communication une fois les derniers votes terminés, par soucis d'économies.

Il était soucieux pour le devenir de l'équipage. Une triangulaire d'opposition s'amorçait dans le groupe.
Viriik-Sémirande-Khrys
Chacun des trois avait un point de vu radicalement opposé à l'autre, chacun pouvant basculer d'une alliance à l'autre selon le thème. Un germe de chaos qu'il faudrait maîtriser ou du moins domestiquer. Cependant, il ne fallait affaiblir ni l'un, ni l'autre au risque de voir s'écrouler l'équilibre des forces.
Pour le reste, Gurvan sortait de l'équation puisqu'il ne serait pas présent, et les nouveaux n'avaient qu'une vue partielle des forces en présence.

L'entrée au capital du Cercle de l'Olive était plus délicate. Elle apportait certes des avantages, mais elle apportait aussi son lot d'inconvénients; 2 voix dans le conseil d'administration. Khrys savait Sémirande très proche du cercle de l'Olive, d'une part sa part était "diluée" dans la gestion communautaire du Cercle, mais elle avait beaucoup à perdre, si son vote risquait de déplaire au cercle. Elle était donc sous influence du cercle, même inconsciemment.

Pour ce qui était du commandement assuré par Sémirande, au final, c'était ce qui lui posait le moins de problème. Il savait qu'elle assumerait avec brio son rôle, quitte à y laisser des boulons.

Khrys passa une partie de la nuit à ruminer tout cela. Puis au matin, il préféra ne plus y penser jusqu'à ce que sa formation touche à sa fin. Il lui fallait toutes ses capacités mentales pour étudier avec sérieux.

[Gurv Hemmedeji]

[hrp]En attendant la réaction de Cuperno suite à son ramassage par le Gerfaut...[/hrp]
[CRAG]

Tous les participants de l'Assemblée Générale de Lucifer Transports reçurent trois jours plus tard un compte-rendu de la réunion.

Celui-ci faisait état des différentes décisions prises :

• Le Cercle de l'Olive entrait au conseil d'administration de Lucifer Transports en tant qu'actionnaire associé à la place de Khaadaric Orkalys dont il rachetait les parts. Une modification mineure était intervenue : le Cercle paierait l'ensemble de la somme en espèces, afin de simplifier le reste des opérations commerciales.
  
• Le Cercle fournissait à Lucifer Transports les équipements robotiques suivants : un formec d'exploration, deux drones-sondes de reconnaissance (ou trapanelles), et six logimecs de maintenance LAK-640. Des devis à tarif préférentiel étaient joints, avec les compliments de Max Tucraihain.
  
• Djal Gorda et Manchu Le Fu portaient chacun la somme de 200.000 crédits au capital de la société. Ces sommes permettaient de créer 4 nouvelles parts pour chacun d'eux, et ainsi de mettre l'ensemble des actionnaires associés à égalité.
  
• Le compte de trésorerie de la société était à présent crédité de 49 millions de crédits (8 millions avaient été versés par le Cercle de l'Olive, Djal, Manchu, Gurvan, Skriblllz et Skrublllz, et 1 million par Epstar Jdryk'll). Ces sommes étaient des prêts à taux zéro accordés par les actionnaires à l'entreprise, et remboursables sur les bénéfices de l'exercice suivant.
  
• Le changement d'activité était adopté à l'unanimité. Lucifer Transports devenait une compagnie privée d'exploration, toujours rattachée à la Confrérie des Corsaires. Un Contrat d'Exploration, de Partage et de Production type ainsi qu'un business plan étaient joints. Il était prévu de continuer l'activité de transports interstellaires mixtes afin de compléter les revenus si besoin était.
  
• Sémirande Chalmak était nommée au poste de commandante du Lilith. Le rôle d'équipage incluait deux postes à compléter : un nouvel ingénieur mécanicien, que Ser Skriblllz et Skrublllz étaient chargés de recruter, et un nouveau gestionnaire de bord.
  
• Ser Virik Kiikti embarquait en tant que mandataire d'Epstar Jdryk'll mais avec le statut de passager. Il pourrait être amené à remplir sa mission légale de juge itinérant en cas de requête des autorités locales au cours des escales. Il pourrait également assister l'équipage en cas de problème de sécurité à bord, contre une dîme de 1 crédit par jour et le remboursement de ses frais médicaux et d'équipement. L'utilisation des hibernateurs de bord comme espace de cryo-détention de criminels ne lui serait cependant pas autorisée. Un contrat de transport était joint.

[hrp]Fiches de formec, de logimec et de drone dans le dossier #matos#[/hrp]

[Cuperno]

Scrutant chaque personne présente en face de lui, Cuperno se releva doucement de sa doudoune. Se faisant, il ne put s’empêcher un petit geste pour vérifier l'odeur qu'il dégageait, mais il avait manifestement trop longtemps baigné dedans pour bien se rendre compte.

L'homme était grand, et abstraction faite d'une certaine négligence de circonstance, plutôt bel homme.
Equipé pour le voyage extra-planétaire, son look ne laissait par transparaitre une fonction particulière. Les plus observateurs auront toutefois noté qu'une fiche s'était détachée de sa nuque en sortant de sa capsule.
Sa longue chevelure châtain claire, son regard brun et sa barbe mal rasée semblaient des affirmations un peu trop ostensibles de son humanité. Sans doute un de ces Sapiens nostalgiques.

"Bonjour à tous. Excusez ma tenue. J'accepte volontiers un nettoyage complet."

Masquant un sourire gêné :

"Je m'appelle Cuperno d'Eol."

Il serra franchement la main que Djal lui tendait :

"Je crois effectivement que je vous dois un grand merci. L'atmosphère ici à l'air bien plus accueillante que ce vers quoi je me dirigeais."

Alors que Cuperno dépliait ses presque 2 mètres sclérosés, quelque chose remua au fond de la capsule.
Une oreille... Des poils... Une autre oreille... L'animal qui s'extrayait péniblement d'un sac en toile épais, semblait de la taille d'un petit chien. Une tête presque aussi grosse que le reste du corps, deux oreilles démesurées, quatre petites pattes griffues, seul un spécialiste aurait pu déterminer son origine.
Il n'était manifestement pas plus frais que son maître, et à peine éveillé.

"Ah oui, je ne suis pas seul. Je vous présente Gédéon!"

La seule réaction du Gédéon en question fut de retourner tranquillement au fond de son sac.

"Quant à savoir ce que je faisais dans ce cocon de l'espace, monsieur Djal, je n'ai cessé de me poser la question depuis plusieurs jours, et je crois que je n'ai toujours pas trouvé la réponse..."

Manifestement déjà à l'aise, Cuperno arborait un large sourire naturel.

"En toute franchise, on m'a conseillé ce moyen pour quitter Vonda, et il m'a paru suffisamment extravagant pour être expérimenté. Je crois que c'est une sorte de sport local... Bref, j'étais en perdition, et je vous suis infiniment reconnaissant de m'avoir porté assistance, surtout dans ces circonstances. Je suis à votre entière disposition pour vous payer ma dette, comme bon vous semblera."

Cuperno fit un petit signe de tête un peu cérémonieux, mais élégant, pour appuyer ses propos et marquer son respect.

[Khrys]

"[...] Je suis à votre entière disposition pour vous payer ma dette, comme bon vous semblera."

// tu as de la chance que Khrys n'est pas entendu cela... vous récupérerez ce prince des cupides sur Tréfolia

[Sémirande]

"[...] Je suis à votre entière disposition pour vous payer ma dette, comme bon vous semblera."

// tu as de la chance que Khrys n'est pas entendu cela... vous récupérerez ce prince des cupides sur Tréfolia

//Dommage que la TAV ait été poubellisée ]