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Petite visite au guet sur Vonda
#21
Les portraits se mirent à défiler sur l'écran de la tablette, soigneusement sélectionnés par les agents de recherche robotisés explorant les banques de données de la police de Loiselle. Le visage émacié d'Eibonn Mac Hammel était attentif, ses yeux fixant chaque visage rébarbatif qui restait affiché plusieurs secondes, cédant la place à un autre tout aussi peu engageant.

La sélection effectuée par les systèmes experts de la police défila au complet une fois. Le toxicomane pressa l'icône commandant un nouvel affichage. Il l'arrêta sur le vingt-septième portrait : un visage rond, au front large, aux cheveux coiffés en brosse et d'un blond péroxydé.

"Je crois que c'est lui..."

Virik Kiikti consulta le profil de l'individu : Téo Ghetz. C'était ce qu'on appelait un convoyeur. Il avait été arrêté à plusieurs reprises pour recel de marchandises volées, commerce clandestin, contrebande, ainsi que pour contrefaçon et diverses autres escroqueries et malversations financières.
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#22
Virik récupéra la tablette, l’éteignit et la rangea avec soin. Il fixa l’homme aux traits ravinés. Je rendrai compte de votre collaboration volontaire pleine et complète. Il inclina les oreilles en signe de salutation et se leva, cognant contre la porte close.

Alors qu’on ramenait le prisonnier dans sa cellule, après avoir demandé une copie de l’audition, il sollicita à ce qu’on le ramène à sa bulle.

La Lieutenante Zorin le raccompagna … Elle tenta d’engager la conversation alors que la chenillette traçait son chemin à grand renfort de geyser de neige projeté vers le ciel gris et bas … Votre visite a été fructueuse ? Virik observait le morne paysage, observant la zone de l’horizon la plus claire qui s’illuminait d’une couleur rose sale. Il tourna une oreille vers elle à la question. Oui lieutenante. … le silence s’éternisa. La lieutenante Zorin n’insista pas se contentant d’accélérer un peu. Virik arrivé à bon port salua la lieutenante, la remerciant de sa collaboration. Le grommellement qui lui répondit était vaguement poli … elle attendit néanmoins qu’il ait fait le tour de son véhicule et que la bulle ait redécollée pour remonter à bord de son véhicule et repartir en direction des installations carcérales.

Dans sa bulle Virik se débarrassa de sa cape et monta la température … Toute cette neige, ce froid … Endurer, ne pas se plaindre, ne pas lutter contre ce que l’on ne pouvait changer, tel était la voie de l’hatani. Il commença par taper un rapport destiné au juge en charge du procès de monsieur Eibonn, l’informant que ce dernier avait collaboré pleinement lors de son enquête. Il étudia ensuite les rapports concernant Téo Ghetz. Il recherchait des éléments sur ses complices, son appartenance à tel ou tel gang, sur des détails sur sa vie personnelle. Une fois lu et mémorisé il lui restait encore trois quart d’heures avant d’arriver à destination : une station de location où il pourrait louer en espèce une bulle anonyme qui l’amènerait au Club Albedo.39, sa nouvelle destination.
#23
Les rapports de police sur Téo Ghetz défilaient devant l'hatani, projetés par sa tablette de données connectée à l'infosphère privée de la prévôté de Vonda. Peu de détails sur sa vie personnelle : une quarantaine d'années, célibataire et sans enfants, comme la plupart des individus naviguant dans les eaux troubles de l'illégalité. C'était un "indépendant", pas formellement rattaché à un gang connu. Cependant, un nom connu des services de police apparaissait régulièrement dans les fichiers le concernant : Luponi.

Ser Kiikti approfondit ses recherches, sautant de liens en liens dans les banques de données des autorités judiciaires. Raul et Paul Luponi étaient des frères jumeaux, l'un courtier viré de la Hanse, et l'autre expert juridique radié de l'Ordre des Fidèles Légistes. Ils étaient co-propriétaires et co-gestionnaires d'une entreprise familiale d'import-export et de transport de frêt, Luponi Logistique. Au cours des dernières années, le nom de cette société était apparu dans plusieurs affaires de recel, de contrebande et de contrefaçon, mais à chaque fois, la police baronniale n'avait pas pu réunir de preuves suffisantes pour inculper les Luponi, pour lesquels les affaires en question s'étaient terminées par des non-lieux. Ce qui n'avait pas été le cas en ce qui concernait Téo Ghetz. Apparemment, deux individus plutôt rusés...

La bulle de location de Virik était un modèle extrêmement répandu, celui qu'on trouvait sur toutes les planètes NT6, des Mondes de la Centralité aux franges les plus éloignées de la Bordure : deux places, un champ de force quasi-sphérique à opacité variable en guise de coque, et une grappe de plaques antigrav orientables pour la locomotion.

Il demanda au navimec de rechercher l'adresse du Club Albedo.39 et de l'y mener. L'engin décolla et prit la direction des faubourgs de Loiselle, à la périphérie de l'astroport. Il survola bientôt des quartiers peu plaisants : des blocs d'entrepôts à perte de vue, alternant avec des immeubles d'habitation plutôt délabrés, et pour la plupart sans doute inoccupés, ou bien squattés.

La bulle se posa sur un parking pratiquement désert : deux vieilles bulles NT5 aux réacteurs Mhyd rapiécés, et un glisseur dont la soufflerie ne semblait guère en meilleur état. A quelques dizaines de mètres de là brillait l'holo-enseigne du Club Albedo.39. Elle était sensée représenter le globe bleu zébré de nuages blancs de Notre Sainte Mère la Terre -- Ser Kiikti se rappella qu'une valeur d'albedo de 0,39 correspondait à l'indice de réflectivité de l'énergie solaire du mythique monde d'origine des humains -- mais le projecteur TriD était vraisemblablement déréglé, et la surface planétaire était d'un vert profond qui aurait rappelé celle d'Estébois à certains des membres d'équipage du Méphisto.

Des actions particulières avant d'entrer dans le bar ?
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#24
Virik avait récupéré sa malle sécurisée qui lui servait à transporter ses armes et son matériel sensible. C’était une mallette renforcée, un coffre fort portable, pouvant se verrouiller par conduction magnétique à une surface comme celle d’un pont ou d’un coffre de véhicule.

Suprême raffinement un discret bouton de commande permettait d’activer un programme caméléon, modifiant l’apparence de celle-ci et de la rendre quasiement indétectable.

Avant de se poser sur le parking du bar il avait verrouillé la malle dans le coffre de la bulle de location, y laissant l’essentiel de ses armes, ne conservant sur lui que ses karatapoignes, son absesto, et une simple combinaison énergétique.

Il ignorait si le bar disposait d’un scan de sécurité à l’entrée, inutile d’alerter son gibier par un déploiement de force prématuré. Et … de toute façon il pouvait s’en passer.

Il avait pris une ultime précaution. Il avait enregistré un rapport intermédiaire à destination du capitaine Lakryma : s’il échouait, s’il était tué, celui-ci lui parviendrait automatiquement le lendemain à 11h00.

Il sortit du véhicule, installant par routine « ses pièges » sur la bulle de location avant de se rendre à l’entrée du bar. Avant de rentrer il se concentra, étendant ses sens à 360°, étendant ses perceptions … Il était prêt.
#25
Le Club Albedo.39 était quasiment aussi désert que son parking.

Aucune alarme ni sirène ne hurla à l'entrée de l'hatani. Ses perceptions étendues lui permirent de saisir d'un seul regard l'intérieur de la salle.

Sombre. Enfumée. Un comptoir qui n'avait pas vu d'aspimec depuis des lustres. Des tables et des chaises du même plastex de médiocre qualité que celles de la prison de Thulé, autrefois flashy, mais aux couleurs maintenant passées, et guère mieux entretenues que le bar. Le long des murs, des renfoncements garnis de banquettes de plasticuir parsemées de taches sombres. Une musique à la mode une décennie plus tôt, crachée par des hauts-parleurs hors d'âge. Dans un coin, un mur TriD qui retransmettait des rencontres sportives : un match de hussade, une partie de varle, une course d'hoverjets et la finale de la coupe universitaire de kwiditche.

Quelques silhouettes, humaines et ET, étaient assises aux tables ou sur les banquettes. Le barman humain se tenait à un angle du comptoir, devant son auricaisse. Une bouteille presque vide était posée devant lui. Le liquide sombre qui reposait au fond de son verre n'était guère engageant.
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(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#26
Virik se dirigea vers le barman. Il tira un tabouret dont le simili skai usé jusqu’à la corde laissait apparaître la couleur beige de la matière brute.

Il étudia la carte holographique qui trônait derrière le tenancier … le projecteur devait être défaillant, brouillant une partie des lettres. Un tcha sur glace. Fit-il en pointant d’une griffe le panneau. Il ajouta : dans un verre propre.

Il était étonné que ce soit là le repaire habituel de ses suspects. Il aurait imaginé un lieu un peu plus huppé au vu de ce qu’ils devaient détourner.

Pourquoi était-il là ? Pour avoir une chance de voir sa proie, de l’observer avant que la chasse ne commence pour de bon. Il devait savoir à qui il avait affaire. Savoir jusqu’où il pourrait aller sans les tuer, comment obtenir leur réédition quand le moment serait venu.
#27
Virik Kiikti Wrote:Il étudia la carte holographique qui trônait derrière le tenancier … le projecteur devait être défaillant, brouillant une partie des lettres. Un tcha sur glace. Fit-il en pointant d’une griffe le panneau. Il ajouta : dans un verre propre.
Le barman pianota sur le clavier de l'autocook et posa un verre empli d'un liquide bleuté devant Virik. Il fit un signe de tête en direction de l'auricaisse. Apparemment, au Club Albedo.39, on payait à livraison...

Virik Kiikti Wrote:Il était étonné que ce soit là le repaire habituel de ses suspects. Il aurait imaginé un lieu un peu plus huppé au vu de ce qu’ils devaient détourner.
Restait à savoir si ce boui-boui était le repaire habituel de ses suspects. Pour l'instant, ce qu'il savait, c'est qu'un toxicomane y avait vu et entendu un employé d'astroport véreux, bourré et shooté, parler d'une affaire louche à un individu qui l'était non moins...

Virik Kiikti Wrote:Pourquoi était-il là ? Pour avoir une chance de voir sa proie, de l’observer avant que la chasse ne commence pour de bon. Il devait savoir à qui il avait affaire. Savoir jusqu’où il pourrait aller sans les tuer, comment obtenir leur réédition quand le moment serait venu.
Ser Kiikti vida lentement son tcha sur glace, les sens aux aguets. Il en commanda un autre, puis un troisième. Il passa au slurm, puis à l'hypocras marinae. Des boissons peu ou pas alcoolisées (Je suppose ?). Certains consommateurs quittèrent le rade. D'autres entrèrent. Une heure après son arrivée, l'hatani n'avait toujours pas aperçu ni Carvet, ni Ghetz.

Le barman finit par s'adresser à Virik autrement que par un grommellement inarticulé :

"Vous attendez quelqu'un ?"
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#28
Hemmedéji Wrote:Apparemment, au Club Albedo.39, on payait à livraison...

Virik paya, mais il paya avec d'antiques coupures papier qui avaient cours dans cette zone frontière ... Inutile d'utiliser son auricaisse qui aurait permis, avec un peu de savoir faire et pas mal d'entorses aux lois, de remonter jusqu'à son identité.

Hemmedéji Wrote:Ser Kiikti vida lentement son tcha sur glace, les sens aux aguets. Il en commanda un autre, puis un troisième. Il passa au slurm, puis à l'hypocras marinae. Des boissons peu ou pas alcoolisées (Je suppose ?). Certains consommateurs quittèrent le rade. D'autres entrèrent. Une heure après son arrivée, l'hatani n'avait toujours pas aperçu ni Carvet, ni Ghetz.

Oui, sens aux aguets, mais mine de rien. Il percevait pleinement son environnement, sans pour autant sortir son museau de son verre.

Il ne buvait pas d'alcool : c'était un poison biologique qui le rendait violement malade. Il se contentait de siroter des boissons neutres, des jus de fruits ...

Hemmedéji Wrote:Le barman finit par s'adresser à Virik autrement que par un grommellement inarticulé :
"Vous attendez quelqu'un ?"

Virik releva un œil de son verre qui semblait le fasciner depuis le début de la soirée. Oui.

... Il coupa court à la tentative de discussion du patron. Il récupéra son verre et se dirigea vers une des alcôves qui était libre. Il ne s'était déroulé qu'une heure. Il avait jusqu'au bout de la nuit. Il chassait posté. Il attendait sa proie.
#29
[Planque]

Deux heures supplémentaires s'écoulèrent. Les cannettes de slurm s'entassaient sur la table de Virik. A plusieurs reprises, l'Exo-Tique avait dû aller purger sa poche vésicale.

On approchait de la vingt-troisième heure lorsque l'entrée d'un client attira l'attention de l'hatani. Un humain de grande taille, mince, vêtu d'un blouson et d'une casquette logotés : un employé de l'astroport. Il alla s'installer au comptoir, échangea quelques mots avec le barman. Ce dernier bougea la tête de droite à gauche, puis posa un verre sur le (plasto-) zinc. Sa main plongea rapidement sous le bar, remonta tout aussi vivement et versa le contenu d'une petite ampoule dans le liquide ambré. Le client mit son petit doigt dans l'auricaisse, et seul sa perception affûtée par ses antennes PSI permit à Virik d'apercevoir simultanément plusieurs billets changer de main.

Une heure et demie et plusieurs verres, presque tous assaisonnés, plus tard, l'employé de l'astroport descendit de son tabouret, et d'un pas hésitant, tourna les talons et se dirigea vers la sortie.

Que fait Virik ?
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#30
… Rien de plus. C’était une enquête de longue haleine ou il devait positionner ses pions avant de commencer à jouer.

Il était probable que c’était le lieu où le dénommé Jonathan Carvet venait se fournir en drogue. Le lieu où il donnait parfois rendez-vous à Téo Ghetz, receleur de son état pour planifier leurs opérations.

La routine, tant pour les proies que pour les chasseurs, était un piège mortel.

Il avait identifié un point d’eau. Bien. Il ne lui restait plus qu’à faire partie du paysage maintenant. S’intégrer dans le décor de ce bar pourri jusqu’à ressembler à un de ces piliers de bar qui attendaient on ne sait quoi ou on ne sait qui, levant le coude avec l’espoir qu’il n’y aurait pas de lendemain.

Il reviendrait. Régulièrement … observant, se sachant observer. Jusqu’à devenir un élément familier.

Il attendit encore une bonne quarantaine de minutes, laissant d’autres clients entrer et sortir, avant de se lever et de quitter le bar. Il rejoignit sa bulle. Il observa un long moment les alentours, attendant de voir si on le surveillait, puis en fit le tour pour repérer un éventuel mouchard.

Il s’installa aux commandes.

Et maintenant ? Le jour allait se lever dans quatre petites heures, les bureaux ouvriraient dans six. Il avait le temps de dormir un peu, de rédiger un rapport intermédiaire qu’il ne transmettrait pas, avant de se présenter aux bureaux de l’assureur qui avait remboursé la cargaison volée.

Il se dirigea en direction de la mission de la glorieuse volonté. Il était hors de question de retourner au Guet maintenant qu’il s’était rapproché de la proie : il était en autonomie complète.


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