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Petite visite au guet sur Vonda
#1
Le tube de monté l’amena sur le toit de la station d’arrivée de l’ascenseur orbital.

La colonne de force herculéenne par laquelle transitaient les passagers depuis l’astroport orbital luisait dans le soleil couchant rubis, tube de lumière vermillon qui se dressait vers le ciel, dominant la plateforme. Bien qu’une barrière climatique ait dressé entre les moins quinze degrés et le parking protection efficace il activa sa combinaison NT6, s’enveloppant plus étroitement dans son manteau. La glace des montagnes lointaines luisaient de couleurs roses et corail. Il frissonna imperceptiblement, faisant bouffer sa fourrure involontairement.

Il prit quelques minutes pour faire le tour de la bulle avant de la déverrouiller. Il lança un diagnostique interne de premier niveau avant de décoller. Il programma la destination : direction le bureau du guet impérial dont l’antenne planétaire était situé au QG de la police de la baronnie.

Il attendit que le programme obtienne un créneau de vol. Le véhicule officiel pouvait bénéficier d’une priorité d’attribution et enfreindre en cas de besoin les limitations de vitesse urbaine. Il n’utilisa pas ce passe droit. Il n’y avait aucune nécessité.

La bulle décolla avec la grâce d’une bulle de savon avant de s’insérer dans le flux continu de véhicules de tout genre qui se rendaient à la capitale. Pendant le vol il contacta son officier référent, le capitaine Lakryma … celui-ci n’était pas disponible pour l’heure. Il lui laissa un message indiquant que comme prévu il était arrivé et qu’il venait lui faire son rapport. Il sollicita un entretien dés que possible et avertit de sa venue.

Une quinzaine de minutes plus tard la bulle se posait dans l’abri souterrain du siège de la police. L’installation, une ancienne installation militaire reconvertie, était surmontée par une tour champignon plus récente.

Les bureaux du guet occupaient les trois derniers étages et une partie du sous sol.

Après avoir montré son badge de police à plusieurs reprises, d’abord à des policiers de la baronnie, puis à des soldats du guet, il fut enfin autorisé à pénétrer dans les locaux. Ceux-ci étaient moderne, simple, dépouillés, occupés par de nombreux officiers en civile qui travaillaient dans des leur boxe sur du recoupement de données …

On le conduisit en direction d’une salle d’attente, une salle de réunion pour l’heure vide où on le pria d’attendre. La porte était restée ouverte et il y avait un synthétiseur disponible sur un des murs.

Il resta un long moment debout devant la baie de force à contempler le paysage de neige rosée recouvrant les tours de la capitale.
#2
"Virik Kiikti ?"

La voix était sèche. En se retournant, l'hatani vit un humain de courte taille se tenant sur le seuil de la salle de réunion. Sa peau était d'un noir d'ébène et ses cheveux coupés en brosse d'une blancheur de neige. Le tissu de son uniforme se tendait sur une épaisse charpente et une impressionnante musculature. L'Être était très probablement originaire d'un monde à forte gravité. Il s'approcha de l'Exo-Tique, inclina légèrement le buste.

"Capitaine Lakryma. Enchanté. Avez-vous fait bon voyage ?"
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#3
Virik se retourna, inclina les oreilles et se pencha légèrement.

Mon capitaine. Le voyage fût excellent et instructif. Il se dirigea vers la table, attendant que le capitaine s'assoit pour faire de même.

Ils sortit de sa ceinture quelques aiguilles de données de couleur différentes.

Il fit glisser la première, rouge rubis, en direction de l'homme à la peau d'obsidienne.

Vous trouverez ici le relevé de mes dépenses et les justificatifs de celles-ci pour votre service comptable. Merci de me les rembourser dés que possible.

La seconde, d'un vert émeraude, suivit sur le plastibois laqué.

Dans celle-ci il y a les dossiers de personnes signalées et recherchées dans les territoires de l'Alliance mais ne faisant pas encore l'objet de demande d'extradition officielle.

La troisième d'un vert olivine fut la dernière.

Vous trouverez ici mon rapport quant à la traversée et sur mon escale sur la station Elikale. Je n'ai repéré aucun fugitif et procédé à aucune arrestation ou jugement.

Il attendit pour voir si le capitaine étudiait les documents et s'il avait des questions complémentaires.

J'aimerai accéder à vos consoles afin de pouvoir effectuer des recherches sur les personnes que je recherche. Pouvez vous me confier un poste de travail ? Par ailleurs si vous recherchez des personnes dont vous avez des raisons de croire qu'elles se trouvent hors des frontières de l'Empire, au sein de L'Alliance ou ailleurs dans des secteurs proches, n'hésitez pas à me solliciter.

... Que devait-il faire encore ? Ha oui : être poli et faire preuve d'ouverture, demander l'aide de son interlocuteur afin de bénéficier de son attention et qu'il ne le croit pas arrogant. Mais ça le répugnait. Ces voies indirectes, détournées, indignes d'un hatani mais dont faisaient grand cas les humains lui faisaient honte. Une forme de mensonge inutile entre être intelligents. La honte lui fait baisser les oreilles lorsqu'il demanda.

Je suis bien entendu à votre disposition pour toute question ou requête. Si par ailleurs vous pouviez m'assister en me faisant un petit topo quant à la situation locale vous me seriez d'une grande aide. Merci.

Ce dernier mot avait une résonnance étrange qui sonnait à ces oreilles comme une demande de grâce ... °oO(tu demandes grâce vairon ? Crois-tu que tes ennemis te feront grâce ? Si tu as encore la force de demander pitié c'est que tu peux encore te battre. Relève-toi ou meure !)
#4
Le capitaine Lakryma conserva son expression neutre tout au long du rapport de l'hatani.

Il tourna la tête vers un coin de la salle de réunion. Un minilogimec sortit d'une niche et s'approcha de l'officier. L'aiguille de donnée rouge atterrit dans un réceptacle du coursier-robot.

"Admin..." prononça-t-il toujours aussi sèchement.

Il saisit les deux autres aiguilles, puis s'adressa à Virik :

"Merci, Ser Kiikti. Je vais étudier vos rapports avec attention."

Il lui tendit un petit badge argenté muni d'une attache aimantée :

"Cet insigne vous identifie comme officier de sûreté publique affilié à la prévôté planétaire. Il vous permet d'accéder à toutes les facilités des services de police locaux. Vous pourrez accéder à n'importe quel poste de travail pour y effectuer vos recherches, et vous aurez accès à toutes les banques de données de la Gendarmerie Galactique."

Il ébaucha enfin un sourire :

"En ce qui concerne la situation générale ici... Nous n'avons pas de gros problèmes d'insécurité à signaler dans le district de Tonka City. Le taux de criminalité dans la province de Thulé est acceptable. Par contre, le spatiodrome de Loiselle nous donne du travail. C'est une ville-frontière, en quelque sorte, avec pas mal de trafic et de contrebande. Par exemple, nous avons réalisé un beau coup de filet il n'y a pas une semaine. Une cargaison de matériel militaire détournée qui devait être livrée à la pègre locale. Nous avons raté les livreurs qui ont pris la tangente et disparu dans la nature, et pour l'instant je n'ai pas d'officier disponible pour remonter la piste jusqu'aux commanditaires..."
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#5
Virik releva les oreilles, intéressé.

Un trafic de matériel militaire ? Des armes peut être ? Intéressant.

Il récupéra avec soin le badge, l’accrocha à son manteau. J’accepte cette mission. Je résiderai au monastère de Tryl de la glorieuse Volonté si vous avez besoin de me joindre. Néanmoins je pense que je serai le plus souvent sur le terrain.

Je sais votre temps précieux capitaine. Je me mets immédiatement chasse.
Il se releva … Il salua d’une inclinaison de la tête et de oreille l’humain et, s’il n’y avait rien de plus, se mit à la recherche d’une console libre.

Il en trouva une, un petit bijou de technologie hautement sécurisé. Il inclina une oreille en direction de sa voisine, une femelle malachite qui empilait visiblement depuis un certain temps les tasses recyclables vides sur son bureau. Elle hocha la tête imperceptiblement avant de se remettre au travaille. Un travail mystérieux : sorti du strict axe de vision, impossible de voir les images tridi de sa console.

Il posa son badge sur la console, attendit que son identité soit dument vérifiée et demanda le rapport de l’affaire en question.

C’est à ce moment qu’il reçut l’invitation de Djal. Il tapota sa réponse et continua sa lecture …
#6
Le capitaine Lakryma remercia Virik Kiikti d'un hochement de tête et lui désigna un poste de travail libre.

Les informations disponibles étaient relativement parcellaires, car ainsi que l'officier lui avait indiqué, il n'avait pas été possible de pousser l'enquête. L'hatani comprit pourquoi en parcourant le dossier : il ne s'agissait pas d'une investigation de longue haleine, mais l'une de ces affaires qui étaient parfois servies sur un plateau par des criminels bavards qui espéraient ainsi alléger leur condamnation.

L'affaire concernait une livraison de matériel destiné à renouveler l'équipement des brigades d'intervention de la Garde Territoriale. Il ne s'agissait pas d'armes, mais d'abestos de classe militaire, de senseurs de visée et de communicateurs à neutrinos. La cargaison avait été détournée à son arrivée à Loiselle par un employé véreux de l'astroport. Elle était probablement destinée à l'une des nombreuses organisations criminelles qui se partageaient l'économie souterraine de la ville, mais les prémisses de l'enquête n'avaient pas permis de déterminer laquelle. La Gendarmerie Galactique avait été prévenue par un indicateur, arrêté pour une autre affaire de trafic de stupéfiants, et qui avait échangé l'information contre une remise de peine. Il était actuellement en détention provisoire, en attente de son jugement.
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#7
// on continue en parallèle de la pizzeria ?
#8
[hrp]
Virik Kiikti Wrote:// on continue en parallèle de la pizzeria ?
C'est comme tu veux. L'hatani mène l'enquête comme il le sent et le Hemmedéji suit... Wink[/hrp]
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#9
Bien. Il enregistra quelques éléments sur sa tablette, prit quelques notes et se plongea plus avant dans l’analyse des données.

Il lui fallait avant tout identifier l’employé véreux qui avait permis le détournement de l’expédition. Se concentrer sur la liste des employés qui par leur fonction étaient au courant de la nature de la cargaison ? Insuffisant.

Les gens parlaient, se confiaient, ne protégeaient pas leur mot de passe, laissaient s’échapper une information. Et il pouvait s’agir de plusieurs complices et non d’une seule et même personne. Il savait d’expérience que la corruption était cancer, s’étendant petit à petit, faisant perdre aux individus tout repère de ce qu’était la règle et la loi. Des services entiers pouvaient être gangrénés.

Mais … c’était un point de départ. Il demanda la liste, puis la recoupa avec les personnes susceptibles de faciliter l’accès physique à la zone de stockage des marchandises.

Il appela aussi les dossiers des vols sur les deux dernières années qui s’étaient produits dans les entrepôts de l’astroport et compléta avec les dossiers d’assurances. Parfois l’on ne pouvait déterminer avec précision où le vol s’était produit, mais les assurances remboursaient, gardant trace des pertes.

Hummmm … captivant. Les entrepôts de l’astroport de Loiselle enregistraient depuis 8 mois une hausse significative des plaintes pour vol, une hausse qui corrigée des variations statistiques représentaient presque 120 % … Il appela les rapports de la police baronniale locale. Des rapports bien minces, qui semblaient presque uniquement destinées aux déclarations d’assurances, sans réelle investigation.

Il tapota de la griffe sur la console. Tic, tic, tic … Etrange.

Il chercha et trouva une réponse. Le sheriff dont c’était la juridiction était à trois mois de la retraite et semblait pantoufler en attendant celle-ci. Etait-ce la seule raison ? Il verrait …

Huit mois ? Il n’y avait eut aucune embauche à cette date ou a une date proche … Il appela les dossiers des personnes qui figuraient sur sa liste et demanda une vérification de leur situation bancaire … recoupa celle-ci après avoir demandé un accès au registre des immatriculations puis des impôts locaux : il cherchait une anomalie, une situation financière qui dénotait. Rien. Pas de luxueuse bulle, pas d’achat immobilier dispendieux. Saisi d’une inspiration il contrôla la situation des conjoints ascendants et descendants …

Bingo !

La mère d’un des employés, un humain du nom de Johnatan Carvet du service des expéditions terrestre, s’était offert une magnifique bulle de course. Un engin de luxe dont le prix excédait de loin ce que lui permettait sa retraite de biothech de classe II.

Il saurait où commencer demain.

Demain ? Il nota l’heure dans un coin de sa console … le petit jour commençait à se lever dehors. Les autres policiers avaient éteint leur console et étaient rentrés chez eux. Il avait vu en passant une salle de repos, un local où des cercueils de relaxation empilés permettaient à ses collègues de prendre quelques heures de sommeil. Il s’y rendit et dormit un peu avant de se rendre au rendez vous de Djal.
#10
Jours après jours son enquête se poursuivait.

Les impériaux parlaient d’enquête, lui assimilait ça à une chasse. Une chasse faite de pistes, de sentiers, de branches cassées, de touffes de poils abandonnées, de fientes, de traces de pas à moitié effacés …

Mais pour gibier il avait des êtres pensants, rusés, intelligents potentiellement sans scrupule qui n’hésiteraient pas à tuer s’ils se savaient traqués. Et quand bien même ils garderaient quelque respect pour la vie d’autrui ils s’enfuiraient a la seconde même où ils le sauraient sur leurs talons.

Pour l’instant son investigation se faisait à distance. Il veillait à ne pas leur donner l’alerte, les laissant se persuader qu’ils pouvaient profiter en toute impunité de leur crime.

Certaines pistes s’étaient avérées des culs de sac, des impasses … Le sheriff n’avait rien à se reprocher. Malade, assisté par des adjoints tout frais sortis de l’école de la police baronniale, les lacunes de leurs investigations étaient compréhensibles. Ce manque de professionnalisme agaçait Virik, mais était toléré par sa hiérarchie prompte à excuser les défaillances humaines.

D’autres étaient plus prometteuses. Celle du responsable des expéditions et de sa bulle de course offerte par sa mère par exemple. Un contrôle des liasses fiscales avait fournit une explication rationnelle à ces revenus. La vieille dame avait tiré un billet gagnant de second rang à la loterie planétaire … Une longue journée de tractation dans les locaux de autorité de la hanse chargée des jeux d’argent lui avait néanmoins fourni un complément d’information : le billet avait été vendu dans une ville située à trois mille kilomètres de la résidence de la vieille dame. Et une ultime vérification confirma ses soupçons : elle n’avait visiblement jamais mis les pieds là bas.

Une entrevu avec un inspecteur des jeux apporta le complément d’information qui éclaira cette anomalie : La mafia locale rachetait parfois au dessus de la valeur des gains des billets gagnants, blanchissant ainsi des fonds suspects en toute légalité … un véritable trafic s’était développé au cours des années. Mais l’inspecteur ne voulu pas être plus spécifique : ils étaient sur ce dossier depuis de nombreux mois et on lui fit comprendre que ses investigations risquaient de « foutre le bordel ».

L’hypothèse était séduisante, mais ce n’était pas une preuve. Un faisceau de présomptions, mais pas de quoi les condamner de manière définitive. De plus l’affaire allait sans doute plus loin, avec de multiples complices. L’affaire impliquait des receleurs, des contacts dans le réseau de la pègre pour écouler la marchandise, la stocker, organiser les transferts d’argent. Ca allait plus loin.

Un élément le préoccupait … pourquoi diable ce chargement sensible avait-il été déchargé dans cet astroport de seconde zone ?

La chasse n’était pas terminée.

… (à suivre)


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