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Pendant ce temps (à Veracruz)...
#11
L'ogre se leva et Cuperno aurait pu jurer avoir entendu la caisse de plastex sur laquelle il était assis émettre un soupir.

"Viens avec moi, fils."

Gorm Redian entraîna Monsieur d'Eol en direction d'un immense hangar situé à plusieurs centaines de mètres de là. Le bâtiment avait véritablement des dimensions de cathédrales -- pas celles qui abritaient les lieux de culte de très anciennes religions, mais celles qui se dressaient sur les Routes interstellaires en occupant de vastes portions de Triche-Lumière. Il fallait véritablement se dévisser le cou et observer longuement le sommet de l'édifice pour distinguer la dentelle de poutres métalliques qui soutenaient le toit, et il s'étendait sur plusieurs kilomètres carrés.

L'intérieur abritait un grand marché au travers duquel l'ogre se déplaçait avec aisance. Vu sa taille, chacune de ses enjambées équivalait à trois de celles de Cuperno, si bien que ce dernier devait trottiner derrière la montagne bipède qui le guidait. Ils parvinrent enfin dans un espace dégagé où reposaient une vingtaine de grandes bulles argentées. Une malachite se tenait au milieu. Sa salopette jaune vif formait un contraste saisissant avec sa peau d'un noir profond qui la rattachait sans doute possible à l'ethnie spatienne des Long-Traces.

"Voilà ma vendeuse de doudounes préférée." dit Gorm Redian. "Ah oui au fait, dans notre argot, une doudoune, c'est une capsule d'astro-stop. C'est parce que dedans, on est bien au chaud..."

"Salut Din, ça boume ? Je t'amène un client potentiel, ma gazelle. Que je vous présente : Gédéon Pourvousservir, Din-Ki-Po."
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#12
"Bonjour à vous Din-Ki-Po."

Appréciant la vendeuse suivant les critères de sa race, et tentant quelques mots en malachite :

"Je comprends que Gorm aime venir ici..."

Continuant dans la langue universelle :

"Gorm m'a bien vendu vos doudounes, et c'est visiblement un expert. Bien que je ne sois pas très fortuné, il m'a presque convaincu de rejoindre le club des stoppeurs. Qu'est-ce que vous avez à me proposer ?"

Tout en parlant, Cuperno essayait déjà de jauger la qualité du matériel visible, histoire de s'assurer qu'il n'était pas tombé dans une casse tentant de faire passer des épaves pour des engins de luxe.
#13
Gorm s'était penché pour glisser quelques mots à l'oreille de la vendeuse malachite tandis que Cuperno effectuait les travaux d'approche.

L'examen discret des capsules auquel se livra Monsieur d'Eol ne lui permit pas de détecter à première vue d'entourloupe. Toutes étaient de grands ovoïdes d'hyperfilament chromés, de cinq à sept mètres de grand axe sur trois à quatre de petit axe. Leurs enveloppes externes semblaient en bon état. Elles reposaient sur leurs répulseurs antigrav en veille, ce qui signifiait que leurs circuits d'alimentation énergétique fonctionnaient correctement.

L'ogre et la malachite terminèrent leur conciliabule, et Din-Ki-Po s'inclina légèrement :

"Enchantée de vous connaître, Gédéon. Et encore plus de peut-être pouvoir faire affaire avec vous. Gorm me disait à l'instant que vous seriez intéressé par un modèle d'occasion. Suivez-moi."

Elle entraîna Cuperno en direction de l'une des amibes argentées flottant aux alentours, une des plus petites. On pouvait supposer que les plus grandes étaient destinées aux Êtres de forte corpulence tels que Gorm Redian.

"Voilà. Je suis certaine que cette doudoune vous conviendrait tout à fait. Elle est dotée d'un mini-ordinav hébergeant un infopilote de niveau 1 qui assure l'ensemble des opérations de navigation. Idéale pour un débutant."

Elle manipula une télécommande et la capsule d'astrostop s'ouvrit comme une huitre. L'habitacle était assez vaste et la couche était vraisemblablement doublée de champs de force au sein desquels l'occupant reposait comme un foetus dans un utérus chromé.

"Approchez-vous... Voulez-vous grimper à bord ?"
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#14
Cuperno, invité à monter dans la capsule, ne pût s'empêcher de jeter un regard circulaire, comme pour vérifier que la configuration des lieux ne permettait pas à la "doudoune" de l'envoyer directement sur orbite. Un petit instant de paranoïa vite réprimé, sa disparition ne valait sans doute pas le prix de l'engin...

Avant de monter, Cuperno fit consciencieusement le tour de la capsule pour une inspection dictée uniquement par un fond de méfiance, nourri tout autant par la situation que par un penchant naturel.

"Je pense effectivement que pour ce genre d'expérience il vaut mieux s'assurer du confort de l'engin."

Après être monté à bord, d'un mouvement le plus décontracté possible :

"D'occasion dites-vous ? Est-ce qu'il a déjà servi souvent ? Est-ce que son autonomie est réellement de deux mois ? Est-ce qu'on peut y emporter quelques affaires personnelles ? Un animal de compagnie ? Est-il prévu de revenir à son point de départ si les réserves devaient venir à manquer ? Y'a-t'il un mode de pilotage manuel ?"

Après avoir assailli la vendeuse de toutes sortes de questions dictées par son instinct de survie, Cuperno en ajouta une dernière, en guise de conclusion :

"Et combien ça coûte ?"

Tout en parlant, Cuperno observait attentivement les réactions de la vendeuse et de son rabatteur. Leur petit conciliabule l'avait un peu mis sur la défensive. Gorm avait l'air d'un honnête ogre, du moins dans son activité, mais tout cela était un peu précipité...
#15
Cuperno Wrote:"Je pense effectivement que pour ce genre d'expérience il vaut mieux s'assurer du confort de l'engin."
Ce n'était pas le cauchemar de claustrophobe que Monsieur d'Eol aurait pû craindre. Dès qu'il s'installa sur la couche ergonomique, un champ de suspension similaire à celui d'une couche antigrav s'activa, le soulevant de quelques centimètres. L'ordinav afficha l'interface de contrôle et de commande tout autour de lui, sous la forme d’icones immatériels projetés par la console TriD.

Cuperno Wrote:"D'occasion dites-vous ? Est-ce qu'il a déjà servi souvent ? Est-ce que son autonomie est réellement de deux mois ? Est-ce qu'on peut y emporter quelques affaires personnelles ? Un animal de compagnie ? Est-il prévu de revenir à son point de départ si les réserves devaient venir à manquer ? Y'a-t'il un mode de pilotage manuel ?"

"C'est une première main. Elle est sortie une seule fois. Un débutant, comme vous. Il n'a pas supporté..." répondit évasiment Din-Ki-Po.

La large tête de Gorm Redian se matérialisa au-dessus de Cuperno toujours allongé dans la capsule.

"L'autonomie dépend de toi : si tu économises ton énergie, tu peux rester là-haut jusqu'à douze semaines. En plus, avec ton petit gabarit, tu peux peut-être gagner une semaine supplémentaire. Tu peux embarquer jusqu'à trente kilos de matériel sur un modèle comme celui-ci. Mais plus tu en prends, plus ça brûle ton combustible, et moins tu peux changer d'orbite. Amener un animal avec toi ? C'est toi qui vois, mais primo, tu as intérêt à le mettre sous calmants, ou mieux, à lui injecter du slow, et deuzio, il va te bouffer l'autonomie de ton système de survie. Quant à revenir au point de départ ... S'il te reste du combustible pour réduire ton orbite, et de l'énergie pour freiner ta descente aux antigravs, c'est possible. Pas bien vu dans la communauté des astro-stoppeurs, mais possible..."

La voix de Din-Ki-Po ajouta :

"Vous pouvez laisser l'infopilote s'occuper de la navigation ou prendre la main sur l'ordinav. Il est à commande optique, vocale, ou par neuro-dérivation si vous avez un plot vertébral."

Une pause.

"Ce modèle est à vendre pour 12000 crédits."
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#16
Douze mille crédits !!! Ce sacré Gorm avait raison... C'était plus que raisonnable, et si ce n'était l'aspect dangereusement hasardeux de l'aventure, sans aucun doute la meilleur opportunité de quitter rapidement les lieux qu'il puisse trouver.

Il restait à récupérer ses affaires, se constituer un petit paquetage pour tenir plusieurs semaines enfermé dans cette bulle, et conclure l'affaire avec Miss Doudoune.
Et puis quelques semaines d'isolement, voilà bien se qu'il fallait à Cuperno pour réfléchir à son avenir...

Et Gédéon ? Ce n'était sans doute pas le genre d'animal qu'on souhaiterait emmener pour ce genre d'excursion. Le mettre sous slow... Voilà qui allait considérablement relever le prix du voyage...

Mais avant tout, Cuperno devait montrer à Din-ki-po qu'un futur stoppeur pouvait également être un excellent marchand.

"La valeur des choses dépend autant de ce quelles coutent que de ce que l'acheteur peut y consacrer. J'ai peur que ce soit un peu cher pour quelqu'un dans ma situation. D'autant que si j'apprécie sincèrement cette rencontre imprévue, je ne pense pas que vous puissiez m'offrir une assurance à la hauteur du risque.

Quel est le meilleur prix que vous puissiez faire à un aventurier peu fortuné mais qui s'est se rappeler de ses heureuses rencontres..."


Ce n'est pas la pègre locale qui allait le priver d'une bonne petite tranche de négociation, quel qu’en soit la durée...
#17
Gorm Redian et Din-Ki-Po échangèrent un long regard, les traits de leurs visages se déformèrent imperceptiblement. De toute évidence, une forme de communication non verbale était à l'oeuvre entre les deux compères.

"Je vous entends, Monsieur Gédéon. Je peux descendre à 9999 crédits, mais pas en-dessous..."
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(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#18
9.999 crédits !!! Cette histoire devenait franchement trop belle pour être vraie...

Cuperno redoublait d'effort pour détecter une entourloupe, sur la capsule, ou dans l'attitude de ses interlocuteurs. Ce pouvait-il qu'il ait été repéré et que toute cette histoire fut le moyen envisagé pour se débarrasser de lui ? Son égo lui disait que c'était possible, mais sa raison lui disait que c'était tout de même un peu compliqué, surtout si on considérait le style de ses anciens associés...

Pour le moment, quoiqu'il en soit, la meilleur solution semblait de jouer le jeu le plus longtemps possible.

"Ça me semble un bon prix, et je dois pouvoir payer cela. Quelle est la suite des opérations si je souhaite faire mon baptème d'astro-stoppeur ?"
#19
Din-Ki-Po sortit une auricaisse portable d'une des multiples poches de sa salopette jaune :

"Soit vous mettez votre petit doigt ici, soit vous me fournissez une monécarte prépayée avec la somme, voire des espèces si vous le souhaitez, et vous repartez avec votre doudoune, Monsieur Gédéon..."

Gorm Redian continua :

"... Et pour ce qui est du baptême, fils, fais-moi confiance... Je te ramène au carré des stoppeurs ; mes potes et moi, on te montre comment ce petit bijou fonctionne ; et on va organiser une petite fiesta pour t'accueillir dans la communauté... T'as rien à faire, ce soir, de toutes façons, je me trompe ?"
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#20
"Pas grand chose, ami Gorm, mais deux ou trois petites choses tout de même... Il me faudrait une heure ou deux avant de pouvoir conclure cette affaire, si vous n'y voyez pas d'inconvénient."

Prenant rapidement congé, Cuperno s'éclipsa, en laissant bien comprendre qu'il allait revenir dans quelques instants.

Plus concentré que lors de sa rencontre fortuite avec l'ogre, Cuperno se rendit vers le motel miteux où il avait laissé ses quelques affaires. Il faisait attention à ne pas "rencontrer" un obstacle éventuel, mais il veillait aussi à ne pas être suivi ou observé.

Arrivé dans sa "planque", Cuperno réunit ses biens et s'en alla rendre les clés au propriétaire à l'aspect tout aussi douteux que son palace. Fouillant le fond de ses poches pour régler la chambre en espèces sonnantes et trébuchantes, Cuperno reparti avec une mallette allongée et un sac à dos. Un passant attentif pouvait percevoir quelques grognements et sifflements étranges en provenance du vieux sac légèrement entreouvert.

Se dirigeant à nouveau vers la vendeuse de doudounes, mais par un chemin légèrement différent, Cuperno fit deux poses supplémentaires.
Une pour vider son compte en échange d'une monécarte d'une valeur de 9999 crédits, et d'une somme à peine plus importante en liquide.
La deuxième pour dépenser la quasi totalité de cette somme en liquide pour acheter une dose de slow.

Il lui restait tout juste de quoi parer à quelques imprévus, au cas où les fournitures livrées avec la capsule lui semblerait insuffisantes.

Il pouvait enfin retourner vers la vendeuse malachite, prêt à affronter son destin, et surtout à quitter les lieux le plus rapidement possible.


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