Le Gerfaut ne mit que quelques minutes à franchir la distance séparant l'orbite du Cortez d'Algol et la lune d'où provenait ce signal radio non identifié. Apparié au transcom du petit navire via son plot vertébral, Djal avait le regard vague, perdu dans le SimEspace où il tentait d'analyser l'émission hertzienne avec l'aide de Sixuit. Balise ? Appel de détresse ? Avertissement ? Là aussi, les hypothèses possibles étaient nombreuses.
Tandis que le Tracevide traversait l'espace cislunaire de la jovienne dont les bandes nuageuses couvraient toutes les teintes de vert, les senseurs commençèrent à fournir des données astrographiques sur le petit globe nimbé d'épaisses nébulosités ambrées qui grossissait à vue d'oeil derrière la verrière panoramique.
Quote:Paramètres orbitaux
- Rayon orbital : 1.825.000 kms
- Période de révolution : 18 jours et 23 heures TU
- Rotation synchrone
Taille : 2 / diamètre équatorial 5107 kms, diamètre polaire 4992 kms
Gravité : 0,31 g
Atmosphère
- Densité : 6 / dense (pression à la surface : 1,51 bars)
- Composition : CO2 41%, N2 30%, H2O 12%, O2 8%, CH4-NH3-gaz rares 9%
Hydrographie : 4 / 38% d'eau sous forme de glace d'eau et de pergélisol
Température : Froide à glacée / 0°C sur la face visible, -90°C sur la face cachée
Divers
- Activité géologique intense créé par les forces de marée, avec volcans actifs rejetant des composés sulfureux et des cryovolcans à l'origine de la teneur en méthane et en ammoniac de l'atmosphère.
- Présence de vie végétale
Le navire survola bientôt la mer de nuages orangés de l'atmosphère de la lune. Les coordonnées du point d'émission du signal radio, triangulées par les transcoms du Gerfaut et du Lilith, s'affichèrent au-dessus de la console de navigation : il s'agissait d'une région au relief peu marqué, relativement calme du point de vue géologique, située dans la bande crépusculaire de l'astre, à quelques centaines de kilomètres du terminateur entre les deux faces.
Eron lança une série de commandes mentales à l'infopilote, et le Tracevide se mit à décrire une longue spirale descendante au travers de la soupe atmosphérique ocre qui couvrait la surface de la lune. Il déboucha sous un plafond nuageux plombé qui diffusait une clarté ambrée. Surprise : le sol à quelques milliers de mètres sous eux était couvert de ce que les scruteurs révélèrent être de la végétation clairsemée à base de gymnospermes et de pseudo-fougères, mais dont les pigments couvraient toutes les teintes possibles de rouge. Le vaisseau perdit progressivement de l'altitude tout en prenant la direction de la source radio. Une ligne de crêtes fut bientôt visible à l'horizon, bordure d'un cratère météoritique ou peut-être caldeira d'un volcan éteint. On pouvait aussi apercevoir dans le lointain ce qui aurait pu passer pour un pic montagneux si cela n'avait eu une silhouette géométrique quasi parfaite.
Le Gerfaut s'en rapprocha, suivant toujours les coordonnées de géolocalisation du signal inconnu, qui le menèrent droit sur la formation géométrique...
... et il commença à décrire des cercles autour de la caldeira tandis que ses occupants en contemplaient le centre. La végétation s'arrêtait au sommet des versants du cratère, laissant le sol nu...
... jusqu'au milieu de la dépression, où s'élevait un monumental tétraèdre noir de deux milles mètres de hauteur, comme un titanesque éclat d'obsidienne pointant hors de la surface de sable, de poussière et de glace.
Une plate-forme ovale apparemment faite de la même matière sombre que la pyramide démesurée s'étendait au pied de l'un des faces triangulaires. S'il s'agissait d'une aire d'atterrissage, elle aurait pû accueillir un Classe V
Céphéïde sans aucune difficulté.
[hrp]Que faites-vous ?[/hrp]