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Petite visite au guet sur Vonda
#31
[La DeltAssur, elle assure]

Les bureaux de l'assureur de Vulture Industries étaient à Tonka City. Un petit local en fait, composé d'un accueil servant aussi de salle d'attente et d'un box équipé d'un cône d'intimité pour les visites de clients. En plus de l'entrée, une seule et unique autre porte, qui donnait certainement sur le bureau du représentant de la DeltAssur sur Vonda. L'hôtesse-robot, répondant à sa programmation standard, sourit au visiteur et demanda :

"Bienvenue, Ser. Aviez-vous pris rendez-vous ?"
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#32
Virik répondit avec politesse à cette machine.

Non ma'am, je n'ai pas rdv. Il sortit son badge qu'il avait récupéré pour l'occasion du coffre où il l'avait laissé un peu plus tôt. Les yeux du logimec se posèrent sur celui-ci, décryptant le logo, la couche mono cristalline fractale incrusté dans le simili or de l'œil impérial.

Il laissa la logimec scanner celui-ci, se connecter aux bases de la police qui en retour confirma la validité de celle-ci et la correspondance des informations biométriques avec celle du porteur.

Je sollicite une entrevue dans les plus brefs délais avec votre directeur dans le cadre d'une enquête légale. Il n'avait aucun doute que l'information serait aussitôt transmise à celui-ci ...
#33
"Je préviens Monsieur Inazaki immédiatement, Ser." déclara l'hôtesse-robot.

Moins d'une minute plus tard, la porte s'ouvrit sur un homme de petite taille vêtu d'un costume gris, au teint bistre et aux cheveux de jais plaqués en arrière, qui s'inclina devant l'hatani.

"Vito Inazaki. Soyez le bienvenu, officier. Si vous voulez bien me suivre."

Il invita Virik à prendre un siège et s'assit derrière son bureau.

"Que puis-je pour vous ?"
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#34
Virik entra dans le bureau, saluant d’une inclinaison d’oreille son interlocuteur. Ses yeux se promenèrent sur la décoration et les objets posés ça et là. Ce genre de lieu était une piste pour savoir à qui il avait à faire. Le bureau était ordonné, un espace de travail neutre, ou peu de touches personnelles étaient présente, mais néanmoins confortable.

Son œil s’arrêta sur l’inévitable hologramme familial s’affichant sur la surface du bureau d’acier brossé soutenu par un champ antigrav. Une femme et deux enfants.

Il s’assit dans le fauteuil que lui avait désigné l’humain. Monsieur Vito, je souhaite vous entretenir du vol d’un chargement militaire survenue à l’astroport de Loiselle pour laquelle votre compagnie a été appelée en garantie.

L’essentiel de cette marchandise a été retrouvée et est pour l’heure sous scellés le temps que je termine mon enquête, ce qui n’empêche pas que vous avez été sollicité pour rembourser celle-ci devenant propriétaire de la dite marchandise.

Mais avant d’aller plus loin j’aimerai avoir votre sentiment sur cette affaire. Plusieurs points me semblent …
il ouvrit la paume et sortit ses griffes … suspects. Votre avis et votre analyse monsieur Vito ?
#35
Vito Inazaki hocha la tête.

"Vous faites référence à la cargaison de matériel expédiée par Vulture Industries pour la Garde Territoriale de Vonda..."

Ce n'était apparemment pas une question, car l'humain continua.

"Il y a en effet certains faits assez troublants. Dont le moindre n'est pas que la demande de remboursement de la marchandise nous a été transmise très tôt. En fait, les services comptables de Vulture Industries ont fait cette demande à notre siège à peu près au moment où la cargaison a été débarquée à Loiselle. La demande d'indemnisation m'a été transférée par Delta à peine quelques heures après la disparition du matériel de la zone franche de l'astroport. A titre personnel, je dirais que Vulture Industries s'attendait à ce que la marchandise disparaisse. Je vous laisse le soin d'en tirer les conclusions qui s'imposent."

Une courte pause pour avaler sa salive.

"Pour l'instant, cette demande d'indemnisation a été bloquée. Les déclarations de sinistres de Vulture Industries se sont multipliées ces derniers mois, dont environ 40% ont donné lieu à des litiges. Parallèlement, le paiement des primes a fait l'objet de retards répétés. Pour tout vous dire, notre siège envisage de rompre unilatéralement le contrat avec cette société."
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#36
Virik se pencha en avant. Je partage vos doutes monsieur. Mais des doutes ne sont pas des preuves et pour les obtenir je vais avoir besoin de votre aide.

Je souhaite dans un premier temps expertiser la cargaison actuellement sous scellé dans les entrepôts de la police astroportuaire de Loiselle. Cependant la police de l’astroport a prouvé à minima son incompétence et j’ai des doutes quant à sa corruptibilité.

Il désigna le logo de la compagnie un triangle dans lequel était inséré un A ornemental. Je souhaiterai que vous me fournissiez une couverture afin que je puisse aller inspecter la marchandise. M’y rendre en tant qu’officier de police risque d’attirer leur attention et provoquer leur fuite.

Si vous me fournissiez le mandat d’expert de votre compagnie, je pourrai espérer passer incognito et si vos soupçons sont exact être … approché … par les individus qui ont intérêt à ce détournement. Pour m’acheter ou me faire disparaître.

Seriez-vous susceptible de me fournir ce que je demande ?
#37
Les coudes sur son bureau, Vito Inazaki croisa les mains devant son visage.

"Je pense pouvoir vous fournir les accréditations nécessaires. En principe, je devrais demander l'accord du siège de DeltAssur, mais je vais m'arranger pour que mon message reste en file d'attente un certain temps avant de parvenir à mes responsables. Il faut que Vulture Industries apprenne la subtile différence entre les mots "compagnie d'assurance" et "pigeon". Si vous voulez bien patienter..."

Il se pencha au-dessus de son bureau, fit apparaître une holo-console et pianota de manière soutenue sur le clavier virtuel pendant quelques minutes. Il finit par poser une aiguille de données sur la plaque d'enregistrement, valida quelques commandes, et tendit le petit stick de mémoire moléculaire à l'hatani.

"Voilà les documents nécessaires, officier Kiikti. Si je puis faire autre chose pour vous, n'hésitez pas. En attendant, permettez-moi de vous souhaiter bonne chasse."
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#38
Virik pris l’aiguille de donnée et en échange tapota sur sa console le numéro de la ligne directe du capitaine Lakryma. Ce numéro vous permettra de joindre mon supérieur. Au cas ou vous seriez approché par quelqu’un tentant de vous acheter, de vous menacer ou si vous avez le moindre doute quant au fait que vous ou votre famille soyez suivi : contactez le sans tarder et rapportez lui notre conversation.

Il se leva, inclina cérémonieusement les oreilles et recula de deux pas avant de quitter la pièce, comme il seyait face à une personne que l’on respectait.

Il rejoignit son véhicule et fit un saut de puce jusqu’au temple de la Glorieuse Volonté. Il ne s’y arrêta que le temps de décharger son caisson coffre qu’il confia au frère maréchal après y avoir mis son badge d’identification du guet et ses karatapoignes : c’était des accessoires inutiles et dangereux pour un paisible expert mandaté par une compagnie d’assurances.

La bulle de location l’amena ensuite à l’astroport d’où il prendrait la navette sub-orbitale pour Loiselle. Il renvoya la bulle à son arrivée. Elle rentrerait seule chez le loueur.

Pendant qu’il patientait il avertit la police locale de sa venue et de sa mission d’expertise. Un simple message écrit, estampillé du logo de la compagnie d’assurances.

Quarante trois minutes plus tard il atterrissait sur le tarmac de l’astroport de Loiselle. Il se rendit par les tubes de transports sous-terrain dans la zone des entrepôts de la police. Ces derniers, adjacents du centre de la police astroportuaire étaient sous surveillance permanente et renfermaient les scellés légaux, marchandises saisies et autres pièces à convictions.

Le trottoir magnétique finit par le déposer à un sas de sécurité dont la guérite blindée était occupé par un policier. Un homme roux portant le grade de sergent, légèrement bedonnant, qui dégustait une barquette autochauffante tout en regardant sur un poste non réglementaire une course de voiliers solaire. L’homme quitta des yeux son émission sportive pour les poser sur le nouvel arrivant …
#39
Le factionnaire récupéra les identifiants de Virik sur sa tablette. Il y jeta un bref coup d'oeil avant de marmonner :

"Ah oui, DeltAssur... On nous a signalé votre visite. Ce que vous cherchez se trouve en zone F, allée 12."

Il indiqua une vague direction aux tréfonds de l'entrepôt, et retourna à sa barquette et à sa course de nefs arachnéennes se hâtant avec lenteur dans le vent solaire d'une étoile lointaine.

Virik tourna dans l'entrepôt pendant quelques minutes avant de trouver la grande palette antigrav sur laquelle reposait la cargaison de matériel volée puis récupérée quelques jours plus tôt. Les caisses portaient le logo de Vulture Industries et leurs fermetures à clamp moléculaire semblaient toujours en place.
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
#40
… a son entrée un petit logimec bleu et blanc s’était détaché de la paroi du hangar, suivant les faits et gestes de Virik, veillant à ce qu’il ne touche pas aux autres marchandises stockées.

Virik ignora le bourdonnant espion et se pencha sur les palettes et les caissons encore fermés.

Il porta la main à son revers allumant l’enregistreur légal. L’accessoire était tout aussi bien utilisé par les policiers que par les experts.

Il récupéra sa tablette et appela le manifeste de la cargaison. Il commença par vérifier les numéros de lots, de colis … Tout était là. C’était un peu étrange d’ailleurs. Il y avait là des communicos codés sur des fréquences militaires, des abestos de classe II, des illuminateurs … du matériel sensible dont bien des malfrats auraient facilement l’usage. Dans des bandes peu organisées le premier réflexe des hommes de main était de se servir à titre individuel. Il garda ces réflexions pour lui, se contentant d’égrener à haute voix les numéros des caisses pour l’enregistreur légal.

Il ouvrit ensuite les caissons, brisant les sceaux afin de vérifier les contenus … dans un premier temps il compta les pièces d’équipement. Il vérifia les caisses une par une, comptant les couches, vérifiant toutes les pièces, vérifiant les numéros de série.

Tout était là. Il se lissa les moustaches de perplexité.

Il sortit avec soin le contenu des caisses et vérifia les caissons. Non. Pas de double fond, la matière était homogène, pas de soucis de ce coté là.

Son regard tomba sur un des abestos de classe II. Il se saisit du vêtement encore enveloppé dans son étui. Il sortit une griffe et déchira la protection … le plastique épais se déchira en zigzag, sa griffe accrochant au passage la matière noir et soyeuse du tissus. Il n’alla pas plus loin, levant sa griffe à hauteur des yeux : un minuscule fragment de peluche noire y était resté attaché.

CA ce n’était pas normal.

Il termina d’ouvrir le paquet et sortit la combinaison moulante dont le tissu noir moiré luisait dans la lumière blanche de l’entrepôt. Il passa la main par l’encolure faisant glisser sa main à l’intérieur de la tunique. Il sorti les griffes et vit celles-ci traverser la soie. De la vraie soie enduite d’un revêtement brillant. Elle pouvait faire illusion, mais offrait autant de protection qu’une brise d’été.

Il replia le tissus et le remis dans son emballage. Par acquis de conscience il vérifia tout le reste de la cargaison. Le tout était à l’avenant : des radios civiles maquillées, des illuminateurs sont la cellule était défaillantes … Cette cargaison n’était qu’une vaste fraude.

Il consulta son chrono. Il avait passé de longues heures ici.

Il rangea avec soin les colis renfermant les caissons, les scellant avec le sceau qui lui avait été confié par le représentant de la compagnie d’assurances.

Cette dernière tache accomplie il ne lui restait plus qu’à regagner la sortie et a prendre un vol pour retourner à la capitale. Il se demanda maintenant qu’il s’était mis en position d’appât si un poisson tenterait de le gober …


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