2013-09-25, 01:54 PM
[Recherches]
Dans la salle des cartes et les deux bibliothèques de la cité-dirigeable, il y avait des piles de blocs mémoriels à cristaux, inaltérables et donc parfaitement encore lisibles, mais inutilisables par la population locale en raison de l'absence de lecteurs appropriés, depuis longtemps tombés en panne et mis au rebut par faute de savoir-faire. Des générations d'archivistes consciencieux les avaient conservés, à côté des disques à ferrite, des microfilms puis des dossiers-papier qui leurs avaient été substitués au long des siècles de régression technologique. Sémirande trouva d'autres documents du même type chez les maîtres de caste de Temuera, retraçant les quinze siècles d'adaptation des ophiusiens à leur étrange foyer.
[Cueillette]
Ce fut Fazil Lemuel, le planétologue, qui répondit à Eron :
"La Ronde se trouvait à proximité d'une boucle de pression, une zone de vents tourbillonnants relativement stable. Lorsqu'elle s'est résorbée, il s'est produit une pluie de pierre..."
"Ils appellent ça le tazcail", précisa Norj Pal'Kis, l'ethnologue azzari.
"Les cails sont des concrétions rocheuses", continua Monsieur Lemuel, "produites par agglutination de particules de poussière en provenance de l'anneau planétaire ou de la désintégration incomplète de météorites, au coeur de la boucle de pression. Elles ressemblent à un gravier de pierre ponce assez grossier, dont elles ont la faible densité. Les cails retombent en grêle -- le tazcail -- lorsque le vortex se dissipe, et sont récupérés à l'aide des voiles que vous voyez tendues sur les flancs de ces corvelles."
"Ils s'en servent principalement comme lest", reprit Norj Pal'Kis. "Mais une autre utilisation est la production d'huile de cail. De l'huile obtenue par pressage des nodules graisseux du gralichen, est filtrée dans un cail poreux, ce qui lui donne des vertus curatives. Une coutume semi-religieuse, dite du Partage de l'huile, veut que deux cités-dirigeables, lorsqu'elles commercent, échangent de l'huile de cail."
Le capitaine Ocano n'était hélàs pas disponible pour assouvir la curioisté de l'équipe, affairé à organiser la rencontre avec les corvelles de la Ronde. Le jeune Daïnil, cependant, était avec eux et répondit à la question de Djal :
"Il n'y a pas de dettes, parce qu'on ne fait pas crédit. Si on n'a pas de quoi commercer, on ne commerce pas. Pour les alliances, elles ne durent jamais très longtemps. Par exemple, quand plusieurs frègues chassent le zeplin ensemble, les capitaines se mettent d'accord avant sur le partage de la proie. Les attaquants ont droit à la meilleure part, naturellement. Les ballons qui font partie de l'assaut de renfort ont une part moindre, et les autres se contentent du dépeçage final. Ensuite les frègues se séparent. Les Rondes de corvelles, comme celle-ci, partagent leurs ressources pour le bien de la communauté. Elles peuvent ainsi récupérer plus de cails ensemble que ne le pourrait chacune d'elle individuellement."
[Commerce]
Pendant l'heure qui suivit, ils purent observer par les baies vitrées l'activité fébrile autour de l'aérostat des Pourvoyeurs. Temuera manoeuvra pour s'approcher à quelques dizaines de mètres de la plus grosse corvelle de la Ronde, que Daïnil leur désigna sous le nom d'Avestama. Puis les échanges commerciaux commençèrent : les plate-formes à frêt, suspendues sous des chapelets de ballons s'étendant verticalement sur une centaine de mètres, accomplissaient des allers et retours le long de câbles reliant les soutes des deux géants des airs, transbordant les marchandises sur lesquelles les capitaines s'étaient mis d'accord par radio.
Le visage de Daïnil se figea soudainement tandis qu'il plissait les yeux pour distinguer quelque chose à l'horizon, et ses traits prirent une expression alarmée comme il tendait le doigt vers un grouillement de petits points noirs s'approchant à grande vitesse. Avant qu'il n'ait pu dire un mot, de brefs coups de trifflets retentirent dans les hauts-parleurs de la cité, puis le signal tonitruant d'une corne d'alerte avertit tous les occupants du dirigeable qu'un danger approchait.
Daïnil quitta la salle d'observation au pas de course en lançant d'une voix où se mêlaient la crainte et l'excitation :
"Des planêles ! Elles seront là dans moins d'une minute !"
[hrp]Que faites-vous ?[/hrp]
Dans la salle des cartes et les deux bibliothèques de la cité-dirigeable, il y avait des piles de blocs mémoriels à cristaux, inaltérables et donc parfaitement encore lisibles, mais inutilisables par la population locale en raison de l'absence de lecteurs appropriés, depuis longtemps tombés en panne et mis au rebut par faute de savoir-faire. Des générations d'archivistes consciencieux les avaient conservés, à côté des disques à ferrite, des microfilms puis des dossiers-papier qui leurs avaient été substitués au long des siècles de régression technologique. Sémirande trouva d'autres documents du même type chez les maîtres de caste de Temuera, retraçant les quinze siècles d'adaptation des ophiusiens à leur étrange foyer.
[Cueillette]
Ce fut Fazil Lemuel, le planétologue, qui répondit à Eron :
"La Ronde se trouvait à proximité d'une boucle de pression, une zone de vents tourbillonnants relativement stable. Lorsqu'elle s'est résorbée, il s'est produit une pluie de pierre..."
"Ils appellent ça le tazcail", précisa Norj Pal'Kis, l'ethnologue azzari.
"Les cails sont des concrétions rocheuses", continua Monsieur Lemuel, "produites par agglutination de particules de poussière en provenance de l'anneau planétaire ou de la désintégration incomplète de météorites, au coeur de la boucle de pression. Elles ressemblent à un gravier de pierre ponce assez grossier, dont elles ont la faible densité. Les cails retombent en grêle -- le tazcail -- lorsque le vortex se dissipe, et sont récupérés à l'aide des voiles que vous voyez tendues sur les flancs de ces corvelles."
"Ils s'en servent principalement comme lest", reprit Norj Pal'Kis. "Mais une autre utilisation est la production d'huile de cail. De l'huile obtenue par pressage des nodules graisseux du gralichen, est filtrée dans un cail poreux, ce qui lui donne des vertus curatives. Une coutume semi-religieuse, dite du Partage de l'huile, veut que deux cités-dirigeables, lorsqu'elles commercent, échangent de l'huile de cail."
Le capitaine Ocano n'était hélàs pas disponible pour assouvir la curioisté de l'équipe, affairé à organiser la rencontre avec les corvelles de la Ronde. Le jeune Daïnil, cependant, était avec eux et répondit à la question de Djal :
"Il n'y a pas de dettes, parce qu'on ne fait pas crédit. Si on n'a pas de quoi commercer, on ne commerce pas. Pour les alliances, elles ne durent jamais très longtemps. Par exemple, quand plusieurs frègues chassent le zeplin ensemble, les capitaines se mettent d'accord avant sur le partage de la proie. Les attaquants ont droit à la meilleure part, naturellement. Les ballons qui font partie de l'assaut de renfort ont une part moindre, et les autres se contentent du dépeçage final. Ensuite les frègues se séparent. Les Rondes de corvelles, comme celle-ci, partagent leurs ressources pour le bien de la communauté. Elles peuvent ainsi récupérer plus de cails ensemble que ne le pourrait chacune d'elle individuellement."
[Commerce]
Pendant l'heure qui suivit, ils purent observer par les baies vitrées l'activité fébrile autour de l'aérostat des Pourvoyeurs. Temuera manoeuvra pour s'approcher à quelques dizaines de mètres de la plus grosse corvelle de la Ronde, que Daïnil leur désigna sous le nom d'Avestama. Puis les échanges commerciaux commençèrent : les plate-formes à frêt, suspendues sous des chapelets de ballons s'étendant verticalement sur une centaine de mètres, accomplissaient des allers et retours le long de câbles reliant les soutes des deux géants des airs, transbordant les marchandises sur lesquelles les capitaines s'étaient mis d'accord par radio.
Le visage de Daïnil se figea soudainement tandis qu'il plissait les yeux pour distinguer quelque chose à l'horizon, et ses traits prirent une expression alarmée comme il tendait le doigt vers un grouillement de petits points noirs s'approchant à grande vitesse. Avant qu'il n'ait pu dire un mot, de brefs coups de trifflets retentirent dans les hauts-parleurs de la cité, puis le signal tonitruant d'une corne d'alerte avertit tous les occupants du dirigeable qu'un danger approchait.
Daïnil quitta la salle d'observation au pas de course en lançant d'une voix où se mêlaient la crainte et l'excitation :
"Des planêles ! Elles seront là dans moins d'une minute !"
[hrp]Que faites-vous ?[/hrp]
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)