2013-08-25, 10:00 AM
[Derniers préparatifs]
Monsieur Antillès leva un sourcil surpris en voyant Madame Chalmak entrer dans la salle de conférence, après le discours qu'elle lui avait tenu au moment de débarquer sur Ast Ophii 94. Rowena Nordholm détailla la tenue de novice de l'ex-navyborg en déclarant :
"Sur Ophius, il n'y a pas de moyens de paiement ni de faux-monnayeurs, juste des ressources à échanger. Si vous trouvez des marchandises susceptibles d'intéresser l'extérieur et que vous pouvez les négocier, rien ne vous empêche de les exporter."
Elle décrocha du portant garni de tenues locales une longue et chaude pelisse à capuche aux épaules pourvues d'une épaisse pélerine et la tendit à Sémirande.
"Une cité-dirigeable n'a de commun avec un vaisseau Varlet que sa taille, leurs systèmes environnementaux sont plutôt succincts et la température ambiante n'est guère supérieure à une dizaine de celsius. Si vous ne voulez pas attirer l'attention, je vous conseille d'ajouter cette cape et de remplacer les sandales par des chaussures."
[En route !]
La navette antigrav du Lilith vint s'accoler à l'une des baies d'observation de la salle de conférence quelques minutes plus tard. La chef du département scientifique d'Ast Ophii 94 pianota sur une console, commandant aux champs de force de la verrière immatérielle de modifier leur forme pour englober le sas d'accès de la barge transorbitale.
Toute l'équipe embarqua. Rowena Nordholm resta sur le seuil de la baie, donnant les dernières recommandations :
"Le plan de vol et les coordonnées planétaires de rendez-vous sont chargés dans l'autonav de votre navette. Le capitaine de la galliote avec qui vous avez rendez-vous s'appelle Vraïm Ocano. Bon séjour et à bientôt."
Gurvan jeta un bref coup d'oeil aux trois cents kilos de plastacier chargés dans la soute, puis retraversa la cabine passagers, pénétra dans le poste de pilotage et s'assit dans le siège de navigation. Il se tourna vers Eron et lui fit un clin d'oeil :
"Prends les commandes. Après tout, c'est toi le respectable piloteur..."
Après une courte mais complète check-list, la barge antigrav se désarrima du relais orbital. Le navimec mit à feu les propulseurs ioniques, et la navette du Lilith commença sa descente vers la géante gazeuse en laissant derrière elle un long sillage de particules émettant une faible lueur pourpre. Sa trajectoire la fit survoler pendant un long moment l'anneau planétaire, ruban de débris gelés ceignant l'équateur de l'énorme planète comme une ceinture de soie incrustée de diamants. Les bandes nuageuses aux couleurs chaudes dont l'engin s'approchait tandis que son orbite se raccourcissait progressivement diffusaient une lumière mordorée dans la cabine passagers. De nouvelles impulsions de ses propulseurs firent accélérer la navette sur sa trajectoire, et la surface apparemment lisse du complexe système d'anneaux prit une apparence granuleuse comme elle descendait vers la bande équatoriale de la géante gazeuse. Elle finit par franchir la limite intérieure de la ceinture de débris, passa sous son plan quelques minutes plus tard tout en continuant son approche des hautes couches de l'atmosphère.
Les manoeuvres de freinage commencèrent, et les bourdonnements graves et modulés des motivateurs antigrav lancés à pleine puissance se conjugurèrent aux chuintements des boosters ioniques. Une gangue de plasma se forma autour des boucliers énergétiques de la navette, occultant le spectacle de plus en plus écrasant de l'immense orbe de la géante gazeuse. Les projecteurs TriD de la cabine montrèrent la courbe de la barge antigrav tendue en direction d'une bande nuageuse parallèle à la principale bande équatoriale.
"Notre destination est l'Oeil", déclara Ser Norj Pal'Kis. "C'est ainsi que les ophiusiens désignent cet immense anticyclone stable de la première bande-fille."
Plusieurs longues minutes s'écoulèrent tandis que la barge antigrav accomplissait sa manoeuvre de freinage, telle un météore brillant prolongé d'une traînée éblouissante de plasma qui traversait la haute atmosphère ophiusienne. Bientôt, les flammes qui enveloppaient l'engin protégé par ses champs de force pâlirent, puis disparurent. La panorama qui s'inscrivait maintenant derrière les panneaux d'observation était celui d'une mer de nuées s'étendant à l'infini de tous les côtés, jusqu'à un horizon de nuages tout aussi infini. La sensation était quelque peu écrasante.
Les holos de navigation indiquaient qu'ils se trouvaient à présent à l'intérieur de l'Oeil et faisaient route vers le centre de la formation atmosphérique elliptique. Les senseurs à longue-portée signalèrent la présence d'une masse métallique en avant de la navette une vingtaine de minutes plus tard. Encore la moitié de cette durée, et ils parvirent à leur objectif.
Les six Classes V qui avaient amené la population d'Ophius sur son nouveau monde d'accueil étaient là. La navette entama une longue courbe autour d'eux. Longs d'environ un kilomètre chacun, ils étaient arrimés les uns aux autres, et étaient suspendus sous d'imposantes grappes de ballonnets cylindriques, des réseaux captifs s'étendant sur des centaines de mètres de largeur et de hauteur et qui les maintenaient en sustentation. Les imageurs zoomèrent : les coques des vieux Varlet montraient de multiples brèches, de larges ouvertures qui évoquaient quelques gigantesques créatures dépecées et laissaient entrevoir les squelettes grisâtres de leurs armatures internes. Ils avaient apparemment été démantelés mais semblaient aussi avoir subi d'autres attaques. Leurs extrados fragilisés par le temps présentaient de curieuses balafres. La corrosion due aux sulfures et aux traces d'oxygène dessinait des motifs compliqués sur leurs enveloppes décrépites.
De longues rampes d'appontage semblaient avoir été manuellement rajoutées à chaque navire. Une énorme galliote flottait le long du flanc d'un Classe V. La cité-dirigeable était presque aussi volumineuse que le vaisseau Varlet auquel elle était amarrée. Le navimec fit pénétrer la barge antigrav dans un vaste hangar dont les champs de force et la pressurisation fonctionnaient toujours, probablement entretenus par l'équipe scientifique d'Ast Ophii 94. L'engin se posa à quelques mètres d'une silhouette humaine trapue, vêtue d'une soumane traditionnelle.
(A suivre)
Monsieur Antillès leva un sourcil surpris en voyant Madame Chalmak entrer dans la salle de conférence, après le discours qu'elle lui avait tenu au moment de débarquer sur Ast Ophii 94. Rowena Nordholm détailla la tenue de novice de l'ex-navyborg en déclarant :
"Sur Ophius, il n'y a pas de moyens de paiement ni de faux-monnayeurs, juste des ressources à échanger. Si vous trouvez des marchandises susceptibles d'intéresser l'extérieur et que vous pouvez les négocier, rien ne vous empêche de les exporter."
Elle décrocha du portant garni de tenues locales une longue et chaude pelisse à capuche aux épaules pourvues d'une épaisse pélerine et la tendit à Sémirande.
"Une cité-dirigeable n'a de commun avec un vaisseau Varlet que sa taille, leurs systèmes environnementaux sont plutôt succincts et la température ambiante n'est guère supérieure à une dizaine de celsius. Si vous ne voulez pas attirer l'attention, je vous conseille d'ajouter cette cape et de remplacer les sandales par des chaussures."
[En route !]
La navette antigrav du Lilith vint s'accoler à l'une des baies d'observation de la salle de conférence quelques minutes plus tard. La chef du département scientifique d'Ast Ophii 94 pianota sur une console, commandant aux champs de force de la verrière immatérielle de modifier leur forme pour englober le sas d'accès de la barge transorbitale.
Toute l'équipe embarqua. Rowena Nordholm resta sur le seuil de la baie, donnant les dernières recommandations :
"Le plan de vol et les coordonnées planétaires de rendez-vous sont chargés dans l'autonav de votre navette. Le capitaine de la galliote avec qui vous avez rendez-vous s'appelle Vraïm Ocano. Bon séjour et à bientôt."
Gurvan jeta un bref coup d'oeil aux trois cents kilos de plastacier chargés dans la soute, puis retraversa la cabine passagers, pénétra dans le poste de pilotage et s'assit dans le siège de navigation. Il se tourna vers Eron et lui fit un clin d'oeil :
"Prends les commandes. Après tout, c'est toi le respectable piloteur..."
Après une courte mais complète check-list, la barge antigrav se désarrima du relais orbital. Le navimec mit à feu les propulseurs ioniques, et la navette du Lilith commença sa descente vers la géante gazeuse en laissant derrière elle un long sillage de particules émettant une faible lueur pourpre. Sa trajectoire la fit survoler pendant un long moment l'anneau planétaire, ruban de débris gelés ceignant l'équateur de l'énorme planète comme une ceinture de soie incrustée de diamants. Les bandes nuageuses aux couleurs chaudes dont l'engin s'approchait tandis que son orbite se raccourcissait progressivement diffusaient une lumière mordorée dans la cabine passagers. De nouvelles impulsions de ses propulseurs firent accélérer la navette sur sa trajectoire, et la surface apparemment lisse du complexe système d'anneaux prit une apparence granuleuse comme elle descendait vers la bande équatoriale de la géante gazeuse. Elle finit par franchir la limite intérieure de la ceinture de débris, passa sous son plan quelques minutes plus tard tout en continuant son approche des hautes couches de l'atmosphère.
Les manoeuvres de freinage commencèrent, et les bourdonnements graves et modulés des motivateurs antigrav lancés à pleine puissance se conjugurèrent aux chuintements des boosters ioniques. Une gangue de plasma se forma autour des boucliers énergétiques de la navette, occultant le spectacle de plus en plus écrasant de l'immense orbe de la géante gazeuse. Les projecteurs TriD de la cabine montrèrent la courbe de la barge antigrav tendue en direction d'une bande nuageuse parallèle à la principale bande équatoriale.
"Notre destination est l'Oeil", déclara Ser Norj Pal'Kis. "C'est ainsi que les ophiusiens désignent cet immense anticyclone stable de la première bande-fille."
Plusieurs longues minutes s'écoulèrent tandis que la barge antigrav accomplissait sa manoeuvre de freinage, telle un météore brillant prolongé d'une traînée éblouissante de plasma qui traversait la haute atmosphère ophiusienne. Bientôt, les flammes qui enveloppaient l'engin protégé par ses champs de force pâlirent, puis disparurent. La panorama qui s'inscrivait maintenant derrière les panneaux d'observation était celui d'une mer de nuées s'étendant à l'infini de tous les côtés, jusqu'à un horizon de nuages tout aussi infini. La sensation était quelque peu écrasante.
Les holos de navigation indiquaient qu'ils se trouvaient à présent à l'intérieur de l'Oeil et faisaient route vers le centre de la formation atmosphérique elliptique. Les senseurs à longue-portée signalèrent la présence d'une masse métallique en avant de la navette une vingtaine de minutes plus tard. Encore la moitié de cette durée, et ils parvirent à leur objectif.
Les six Classes V qui avaient amené la population d'Ophius sur son nouveau monde d'accueil étaient là. La navette entama une longue courbe autour d'eux. Longs d'environ un kilomètre chacun, ils étaient arrimés les uns aux autres, et étaient suspendus sous d'imposantes grappes de ballonnets cylindriques, des réseaux captifs s'étendant sur des centaines de mètres de largeur et de hauteur et qui les maintenaient en sustentation. Les imageurs zoomèrent : les coques des vieux Varlet montraient de multiples brèches, de larges ouvertures qui évoquaient quelques gigantesques créatures dépecées et laissaient entrevoir les squelettes grisâtres de leurs armatures internes. Ils avaient apparemment été démantelés mais semblaient aussi avoir subi d'autres attaques. Leurs extrados fragilisés par le temps présentaient de curieuses balafres. La corrosion due aux sulfures et aux traces d'oxygène dessinait des motifs compliqués sur leurs enveloppes décrépites.
De longues rampes d'appontage semblaient avoir été manuellement rajoutées à chaque navire. Une énorme galliote flottait le long du flanc d'un Classe V. La cité-dirigeable était presque aussi volumineuse que le vaisseau Varlet auquel elle était amarrée. Le navimec fit pénétrer la barge antigrav dans un vaste hangar dont les champs de force et la pressurisation fonctionnaient toujours, probablement entretenus par l'équipe scientifique d'Ast Ophii 94. L'engin se posa à quelques mètres d'une silhouette humaine trapue, vêtue d'une soumane traditionnelle.
(A suivre)
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)