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Retour à Viala
#18
Virik avait comme à son habitude rempli le temps dont il disposait.

Deux semaines. C’était à la fois long et court.

Virik, comme le prévoyait son contrat avec le Lilith n’avait reçu que 25 crédits, somme qu’il avait intégralement reversée par quart à la représentation de l’Eglise de la Glorieuse Volonté, aux orphelins du guet, à la commission psi contre les abus moraux et au fond d’entraide des citoyens de l’Alliance. Il garda un crédit en poche, qu’il destinait à la première personne qui le réclamerait. La chose était peu probable à Viala qui ne connaissait pas la mendicité, mais ses vibrisses lui disaient qu’ils n’allaient pas rester ici.

De même il se dessaisit de l’essentiel de sa solde du Guet et de son salaire de détective. Une fois les impôts déduits il ne conserva pour lui qu’une somme lui permettant un pot de vin modeste, d’offrir une consommation ou un repas. Le reste fut versé à l’église de la Glorieuse Volonté avec instruction de reverser celle-ci à l’ordre Hatani.

Lors de la visite à la représentation il eut la surprise d’y trouver un colis qui l’y attendait. Une boite de bois sculpté de motifs végétaux et zoomorphes d’une soixantaine de centimètre de longueur pour moitié moins de hauteur et de largeur. Le tout était fermé par des cordelettes de soie tressées, aux nœuds complexes et raffinés.

Il savait pertinemment de quoi il s’agissait mais attendit de revenir à bord du Lilith pour l’ouvrir.

Enfermé dans sa cabine, il lissa soigneusement le sable au sol, plia son manteau et ne gardant que son kilt s’agenouilla au sol, posant la boite devant lui.

Après avoir soigneusement compté les nœuds et la distance les séparant, il ouvrit avec soin le paquet. Dans leur papier de soie reposaient capes et vêtements pour l’année à venir et une missive rédigée à la main, roulée et fermée par un ruban noué. Il en prit connaissance, lisant à travers les lignes et les mots simples de ses frères, ses instructions. Il y avait là quelques nouvelles de sa planète natale, hélas trop parcellaires, déformées par le prisme politique de l’ordre. Le parfum du tissus neuf, des pigments naturels que le drapier utilisait lui monta au nez. Il sentit brièvement une pointe de nostalgie lui percer le cœur. Il posa les feuilles de papier, ferma les yeux et attendit. Il laissa le moment passer, la tristesse refluer. Il déplia ensuite les vêtements neufs, les déplia et les lissa, les essayant les uns après les autres. Le frère drapier avait ses mesures exactes et les fentes aménagées lui permettaient de se saisir de ses armes sans effort. Parfait.

Il replia avec soin ses anciens vêtements, passant le doigt sur un accro soigneusement reprisé qu’avait produit une vibrodague, sur les taches de sang presque effacées provenant de sa blessure lorsqu’il s’était fait trancher le doigt par un monofil. Il se changea intégralement, ses vieux vêtements prenant la place des nouveaux. Il y remit aussi la missive avant de refermer la boite avec les cordelettes.

Il consulta ensuite la météo … Viala était une belle planète, vaste, assez peu peuplée sur laquelle de vastes parcs naturels pouvait accueillir sa petite cérémonie. Il trouva ce qu’il cherchait : le parc de Lamaruel, à moins d’une demi-heure de bulle de la capitale. Le temps pour le lendemain matin était clément. Il demanda à l’organisme de gestion du parc l’autorisation d’y conduire une petite cérémonie, précisant l’heure et le lieu et le déroulement de celle-ci. Après quelques échanges, des recommandations diverses, il obtint un blanc-seing.

Il envoya à tous les membres d’équipage du Méphisto, présents, passés, à ses collègues détectives, à ses contacts au sein de l’église de la Glorieuse volonté, une invitation à le rejoindre pour une cérémonie de « l’adieu à l’année » leur indiquant les coordonnées géographiques d’un lieu dit : le pic de Dante. Il précisa que cette invitation n’était nullement une obligation, ni morale, ni légale et que la cérémonie ne durerait pas plus de deux heures.

Ceux qui s’y rendirent découvrir le pic en question, le point le plus haut d’un volcan désormais éteint que l’usure des millénaires avait arasé en un plateau basaltique d’où l’on pouvait embrasser d’un seul regard le parc naturel de Lamaruel. Virik était déjà présent. Il avait garé sa bulle de location à l’abri des arbres, non loin du véhicule des gardes forestiers. Ces derniers assis sur le capot de leur véhicule observaient poliment la scène à distance, saluant les arrivants de la main ou de la tête. Un extincteur à champ de force était posé non loin d’eux au le sol.

Virik se tenait dans un lieu dégagé, au sol rocheux à deux doigts de la falaise qui plongeait vers la futaie en contrebas. Il avait assemblé sur un braséro à plasma emprunté à la Glorieuse Volonté la boite, des copeaux de bois odoriférants, des holoclichés et quelques touffes de poils tirés de sa crinière.

Il attendit l’heure fixée pour le rendez-vous pour commencer la cérémonie.

Je vous ai assemblé ici pour la cérémonie de « l’adieu à l’année ». Mon ordre pratique celle-ci quand nous changeons traditionnellement de vêtement, brulant les anciens et avec eux toutes les erreurs, les regrets, les espoirs que nous n’avons put réaliser. C’est une renaissance et un renouveau, un nouveau départ vers l’avenir.

Nous invitons ceux qui le souhaitent à se joindre à nous, à pardonner et à souhaiter le pardon, à faire le deuil des disparus et à accueillir les joies que promet l’avenir.


Il désigna de la main le bucher encore éteint.

Si vous souhaitez joindre vos offrandes symboliques aux miennes, vous pouvez le faire. Si vous souhaitez le faire mais que vous ne souhaitez pas vous séparer d’un objet, une mèche de cheveux peut suffire. Mais il n’y a aucune obligation.

Il attendit que ceux qui le souhaitent fassent leur offrande symbolique avant d’allumer le braséro. Le système lança l’ignition à l’aide de son allumeur à plasma avant de contenir les flammes et escarbilles enflammées par un déflecteur de force.

Virik croisa les mains devant lui, les yeux plongés dans les flammes. Le feu dévora tout, bois, vêtements, holos, cheveux. A la fin un système de soufflerie se mit en marche achevant de transformer les dernières braises en une matière grise pulvérulente. Cela avait duré moins de trente minutes au total. Virik s’approcha du braséro et s’être assuré que les témoins de température étaient au vert l’éteignit. Il laissa s’approcher les gardes forestiers qui après avoir vérifié l’innocuité des cendres lui donnèrent l’autorisation de les répandre … C’en était fini. Virik remercia chacun de sa présence et après avoir replié le braséro il regagna la capitale.

Les jours suivants s’étaient écoulés avec régularité, si ce n’est routine. Il partageait son temps entre sa fonction de détective, celle d’officier de liaison, donnant quelques cours d’arts martiaux au sein de la salle d’arme. Il en profita pour fréquenter assidument le stand de tir … Ses compétences dans ce domaine étaient limité. Trop peut être eu égard à la tache qu’il avait accepté d’assumer à bord du Lilith. Le reste de son temps se passa en entrainement sportif et lecture.



C’est un Virik reposé, vétu de neuf, qui rejoignit ses compagnons à l’invitation du commandant. Après avoir salué l’ensemble des convives d’une courte révérence et d’une inclinaison d’oreille, il s’assit et demanda un verre d’eau gazeuse agrémenté de cubes de glace au jus de jairelle. Il observa un instant l’homme inconnu avant de reporter son attention sur la carte. Ses oreilles restaient dressées, tournant doucement au gré des bruits et de paroles échangées.


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