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Horizon de nuages
#90
La petite troupe se mit en route à la suite des capitaines Baltagui et Ocano, parcourant les coursives de Vohurima en direction de la cabine du maître des lieux. Ils croisaient peu d'habitants de la frègue de chasse, et comprirent au bout de quelques minutes que leur guide les faisait passer par des galeries secondaires. Lui et Vraïm Ocano étaient en grande discussion, négociant les termes de l'échange commercial entre leurs deux aérostats.

Virik déploya ses antennes PSI, plissant machinalement le nez comme sa psychée suivait la piste des événements futurs en essayant de démêler l'échevau des possibles. Il ressentait un certain malaise, mais il n'arrivait pas à déterminer si c'était celui qu'il avait ressenti depuis qu'il avait mis le pied sur ces cités-dirigeables ophiusiennes, ou bien si c'était quelque chose de plus menaçant et immédiat.

Ils parcouraient une coursive déserte longeant l'enveloppe lorsque l'oeil d'Eron Azad fut attiré par un détail incongru dans la paroi externe de la galerie. Il avança de quelques mètres, puis revint sur ses pas pour examiner de plus près de quoi il s'agissait. Une tâche sombre marquait l'enveloppe, à peu près de la taille de deux mains. Elle se prolongeait vers le haut et vers le bas, suivant une ancienne ligne de pliure de la toile, et suintait une sorte d'humeur translucide qui dégageait une odeur acide, lui piquant les narines. Eron regarda vers le bas, et constata qu'une des traverses du plancher en contact avec l'étrange liqueur semblait être rongée. Il posa un genou au sol et allait approcher sa main de la tâche lorsqu'une poigne solide lui attrapa l'avant-bras et le retint.

"Signes de brèche ! Vos respirateurs, vite !" tonna le capitaine Baltagui à la cantonnade.

Des bruits de pas martelèrent le sol : Vraïm Ocano courait vers l'extrémité de la galerie d'où ils étaient venus tout en mettant son masque, tandis que leur hôte faisait de même en direction de l'autre extrémité et leur ordonnait de le suivre sur un ton qui n'admettait pas de réplique.

Ils parvirent au bout de la coursive et virent leur guide manipuler des valves et un lourd volant pour fermer l'accès et isoler la galerie menacée. Il y eut un léger froufroutement, et soudain la toile se déchira d'un seul coup à l'endroit où Eron avait repéré la tâche suintante. Les gaz atmosphériques d'Ophius s'engouffrèrent, se mélangèrent à l'air. Une diode écarlate se mit à clignoter sur le poignet du capitaine Baltagui et tous remarquèrent qu'il portait le même analyseur d'atmosphère que Vraïm Ocano.

"Le vilgaz a absorbé tout l'oxygène ambiant", déclara le capitaine de Vohurima d'une voix rendue chuintante par son masque. "Ne vous inquiétez pas, on va venir nous chercher", ajouta-t-il.

Plusieurs longues minutes s'écoulèrent dans un silence pesant. Puis au bout d'un bon quart d'heure, une certaine agitation devint perceptible de l'autre côté du panneau étanche que le capitaine Baltagui avait verrouillé. Un durée identique s'écoula encore avant que ledit panneau ne pivote sur ses gonds, révélant un individu muni d'un respirateur. Le capitaine fit signe à Eron de passer le premier avec un hochement de tête. Quelques minutes plus tard, tout le groupe se trouvait en sécurité dans la coursive de l'autre côté du sas temporaire mis en place à une vitesse record, en compagnie du capitaine Ocano qui avait réussi à verrouiller l'autre accès de la galerie condamnée et à donner l'alerte.

"Une tache d'humeur de verlichen", expliqua ce dernier au groupe. "Ca arrive parfois, lorsque de l'humidité s'accumule et fait proliférer un parasite spongiaire. L'équilibre symbiotique est rompu, le champignon du verlichen se met à phagocyter l'algue qu'il contient et à produire cette liqueur corrosive. Le Maître Calfateur va passer un sale quart d'heure..."

Ils parvirent enfin dans les quartiers du capitaine Baltagui. Il désigna diverses chaises, bancs, coffres à ses hôtes, les invitant à s'asseoir, puis servit à tous ceux qui le voulaient thérouge, infusion, voire vodka de bulbe de chivre. Sur sa table de travail reposait une fleur de cail, un cail incomplètement formé qui présentait une structure déchiquetée évoquant les roses des sables que l'on rencontrait sur certains mondes désertiques chauds.

Il échangea quelques mots avec le capitaine Ocano puis s'adressa à eux :

"Vous souhaitez observer une chasse, je crois. Les vigies de nos trois frègues confirment toutes que le volume du banc de diaphes se contracte, et que l'augmentation de pression est propice. L'arrivée d'un zeplin est imminente. Voulez-vous rester à bord de Vohurima pendant les deux prochains jours ?"
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)


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