2013-09-13, 02:34 PM
[Extérieur]
La dénommée Luz montra à ses apprentis comment manipuler leur outil avec doigté, couper les filaments de mycelium sans qu'ils viennent fouetter soi-même ou un compagnon, extraire la racine du parasite sans abimer la couche végétale du lichen. Puis ils se répartirent le long du bord de fuite de l'aileron, et travaillèrent plusieurs heures d'affilée sous la supervision attentive de la calfateuse de Temuera.
Celle-ci, à l'extrême bord de l'aileron, traitait la zone la plus étendue et la plus périlleuse tout en surveillant du coin de l'oeil Naomi Lartig et Sven Corso. Les deux collaborateurs de l'honorable Jarid Moray s'acquittaient de leur tâche avec application, faisant preuve d'une dextérité acceptable dans la manipulation de la gousotte, et s'aidant mutuellement lorsqu'il fallait se déplacer le long de la structure portante.
Messieurs Azad et Antillès s'en sortaient correctement, eux aussi. Le second duo formé par Luz taillait la barbe fongeuse et se mouvait avec aisance à la surface de l'aileron malgré la brise soutenue engendrée par le déplacement à faible vitesse de la ville flottante. Quant à Sémirande et Djal, si leurs déplacements étaient un peu plus hésitants, leur solidarité était sans faille. Madame Chalmak faillit glisser sur une tâche d'une sorte d'humeur visqueuse produite par le verlichen, mais son ami infonaute parvint à lui attrapper le bras sans lâcher son outil avant qu'elle ne bascule sur le bord de l'aileron. Un peu plus tard, c'est elle qui se saisit de la corde de sécurité de Monsieur Gorda et lui intima d'un geste l'ordre de s'immobiliser, s'approcha de lui et resserra une boucle de son baudrier donnant d'imperceptibles signes de faiblesse qui n'avaient pas échappé à ses yeux de cyborg.
Ils terminèrent leur tâche et Luz leur fit signe de remonter sur la passerelle. Elle parcourut la structure portante en un temps record, examinant la taille effectuée par ses apprentis. Sa gousotte resta glissée dans sa ceinture tout le temps que dura son auscultation minutieuse. Puis elle remonta à son tour sur la passerelle, récupéra et rangea le matériel avant d'inviter le groupe à franchir le sas. Elle en sortit la première après avoir retiré son respi, une esquisse de sourire sur son visage sévère, hochant la tête à chaque membre du groupe sortant à son tour du sas. Elle remonta avec eux dans les ponts supérieurs de Temuera.
[Intérieur]
Le capitaine adjoignit à Ser Kiikti un guide pour sa visite de la cité-dirigeable. L'adolescent s'appelait Daïnil et c'était un apprenti appartenant à la caste des Manoeuvriers. S'il était impressionné par les hôtes du capitaine Ocano, il n'en montrait rien, et restait de marbre devant le manège de l'hatani qui décidément n'appréciait pas d'avoir des milliers de kilomètres de vide sous lui, même à bord d'un monstre des airs comme un galliote appartenant aux Pourvoyeurs.
Car Temuera était vaste. Très vaste. Pour l'explorer de fond en comble et en connaître les moindres recoins, Virik aurait dû rester à son bord pendant de longues semaines. Aussi son guide se contenta-t-il de lui montrer quelques endroits stratégiques. Ils passèrent ainsi par les grands entrepôts de stockage, chargés de rouleaux et de poutrelles métalliques, ainsi que d'un capharnaüm indescriptible d'objets divers, de NT3 à NT5.
Ils visitèrent aussi le Clos de l'aérostat. C'était le plus vaste espace non compartimenté de la cité-dirigeable, situé en son centre et dévolu aux ballonets d'hydrogène principaux, grands cylindres de plastométal alignés sur cent mètres de long et autant de large, avec des brûleurs à gellad à leur base, qui réchauffaient le gaz et assuraient la sustentation. Virik en estima la hauteur à environ le tiers de l'aérostat, et dût baisser précipitamment les yeux, en proie à une nouvelle nausée, en voyant les minuscules silhouettes des techniciens de la caste des Eoliens évoluer avec aisance dans les entretoises du plafond.
Puis Daïnil l'emmena dans un autre compartiment, en périphérie de l'enveloppe, et lui montra avec un air de conspirateur ce qu'il désigna sous le vocable de module-flotteur, précisant que Temuera en possédait cinq autres, et qu'il s'agissait de dispositifs permettant d'annuler une partie du poids de la cité-dirigeable. Grâce à son bourdonnement grave, Virik n'eut aucun mal à reconnaître un massif motivateur antigrav et sa chambre à fusion intégrée. Il vit aussi le premier exotique qu'il ait croisé depuis le début de son séjour sur Temuera, un haecar chargé de la maintenance qui le salua d'un oscillement de son long museau ovin.
Ils terminèrent par un local exigu, dans lequel ils aboutirent après avoir descendu un escalier métallique entouré d'un boyau de toile tendu sur une armature de nacrel. L'endroit était surchauffé, bruyant et une odeur âcre y règnait. Il fallut que Daïnil crie pour expliquer à son hôte qu'ils étaient dans la salle des machines du réacteur no 4. Virik s'avisa alors que l'escalier qu'ils venaient d'emprunter les avait fait sortir de l'enveloppe (relativement) rassurante de Temuera et qu'ils se trouvaient dans l'une des nacelles abritant les turbines de propulsion et de manoeuvre, suspendues le long du flanc ou sous l'intrados de la cité-dirigeable. Il demanda alors à ne pas s'éterniser et à remonter rapidement vers les ponts supérieurs de la ville flottante.
Il retrouva ses compagnons apprentis-calfateurs et le reste du groupe pour le déjeuner, dans la salle commune, où le capitaine Ocano leur demanda s'ils avaient apprécié leur matinée.
La dénommée Luz montra à ses apprentis comment manipuler leur outil avec doigté, couper les filaments de mycelium sans qu'ils viennent fouetter soi-même ou un compagnon, extraire la racine du parasite sans abimer la couche végétale du lichen. Puis ils se répartirent le long du bord de fuite de l'aileron, et travaillèrent plusieurs heures d'affilée sous la supervision attentive de la calfateuse de Temuera.
Celle-ci, à l'extrême bord de l'aileron, traitait la zone la plus étendue et la plus périlleuse tout en surveillant du coin de l'oeil Naomi Lartig et Sven Corso. Les deux collaborateurs de l'honorable Jarid Moray s'acquittaient de leur tâche avec application, faisant preuve d'une dextérité acceptable dans la manipulation de la gousotte, et s'aidant mutuellement lorsqu'il fallait se déplacer le long de la structure portante.
Messieurs Azad et Antillès s'en sortaient correctement, eux aussi. Le second duo formé par Luz taillait la barbe fongeuse et se mouvait avec aisance à la surface de l'aileron malgré la brise soutenue engendrée par le déplacement à faible vitesse de la ville flottante. Quant à Sémirande et Djal, si leurs déplacements étaient un peu plus hésitants, leur solidarité était sans faille. Madame Chalmak faillit glisser sur une tâche d'une sorte d'humeur visqueuse produite par le verlichen, mais son ami infonaute parvint à lui attrapper le bras sans lâcher son outil avant qu'elle ne bascule sur le bord de l'aileron. Un peu plus tard, c'est elle qui se saisit de la corde de sécurité de Monsieur Gorda et lui intima d'un geste l'ordre de s'immobiliser, s'approcha de lui et resserra une boucle de son baudrier donnant d'imperceptibles signes de faiblesse qui n'avaient pas échappé à ses yeux de cyborg.
Ils terminèrent leur tâche et Luz leur fit signe de remonter sur la passerelle. Elle parcourut la structure portante en un temps record, examinant la taille effectuée par ses apprentis. Sa gousotte resta glissée dans sa ceinture tout le temps que dura son auscultation minutieuse. Puis elle remonta à son tour sur la passerelle, récupéra et rangea le matériel avant d'inviter le groupe à franchir le sas. Elle en sortit la première après avoir retiré son respi, une esquisse de sourire sur son visage sévère, hochant la tête à chaque membre du groupe sortant à son tour du sas. Elle remonta avec eux dans les ponts supérieurs de Temuera.
[Intérieur]
Le capitaine adjoignit à Ser Kiikti un guide pour sa visite de la cité-dirigeable. L'adolescent s'appelait Daïnil et c'était un apprenti appartenant à la caste des Manoeuvriers. S'il était impressionné par les hôtes du capitaine Ocano, il n'en montrait rien, et restait de marbre devant le manège de l'hatani qui décidément n'appréciait pas d'avoir des milliers de kilomètres de vide sous lui, même à bord d'un monstre des airs comme un galliote appartenant aux Pourvoyeurs.
Car Temuera était vaste. Très vaste. Pour l'explorer de fond en comble et en connaître les moindres recoins, Virik aurait dû rester à son bord pendant de longues semaines. Aussi son guide se contenta-t-il de lui montrer quelques endroits stratégiques. Ils passèrent ainsi par les grands entrepôts de stockage, chargés de rouleaux et de poutrelles métalliques, ainsi que d'un capharnaüm indescriptible d'objets divers, de NT3 à NT5.
Ils visitèrent aussi le Clos de l'aérostat. C'était le plus vaste espace non compartimenté de la cité-dirigeable, situé en son centre et dévolu aux ballonets d'hydrogène principaux, grands cylindres de plastométal alignés sur cent mètres de long et autant de large, avec des brûleurs à gellad à leur base, qui réchauffaient le gaz et assuraient la sustentation. Virik en estima la hauteur à environ le tiers de l'aérostat, et dût baisser précipitamment les yeux, en proie à une nouvelle nausée, en voyant les minuscules silhouettes des techniciens de la caste des Eoliens évoluer avec aisance dans les entretoises du plafond.
Puis Daïnil l'emmena dans un autre compartiment, en périphérie de l'enveloppe, et lui montra avec un air de conspirateur ce qu'il désigna sous le vocable de module-flotteur, précisant que Temuera en possédait cinq autres, et qu'il s'agissait de dispositifs permettant d'annuler une partie du poids de la cité-dirigeable. Grâce à son bourdonnement grave, Virik n'eut aucun mal à reconnaître un massif motivateur antigrav et sa chambre à fusion intégrée. Il vit aussi le premier exotique qu'il ait croisé depuis le début de son séjour sur Temuera, un haecar chargé de la maintenance qui le salua d'un oscillement de son long museau ovin.
Ils terminèrent par un local exigu, dans lequel ils aboutirent après avoir descendu un escalier métallique entouré d'un boyau de toile tendu sur une armature de nacrel. L'endroit était surchauffé, bruyant et une odeur âcre y règnait. Il fallut que Daïnil crie pour expliquer à son hôte qu'ils étaient dans la salle des machines du réacteur no 4. Virik s'avisa alors que l'escalier qu'ils venaient d'emprunter les avait fait sortir de l'enveloppe (relativement) rassurante de Temuera et qu'ils se trouvaient dans l'une des nacelles abritant les turbines de propulsion et de manoeuvre, suspendues le long du flanc ou sous l'intrados de la cité-dirigeable. Il demanda alors à ne pas s'éterniser et à remonter rapidement vers les ponts supérieurs de la ville flottante.
Il retrouva ses compagnons apprentis-calfateurs et le reste du groupe pour le déjeuner, dans la salle commune, où le capitaine Ocano leur demanda s'ils avaient apprécié leur matinée.
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)