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Un vin : le Citadelle Kashik
#1
Extrait de la Revue Œnologique Transgalactique
Numéro 11845



Citadelle Kashik, cette célébrité inconnue
par Stumpus Maximus

Il existe peu de grands crus dont le nom est aussi connu que celui de Citadelle Kashik.
Il existe peu de grands crus aussi méconnu dans leur histoire et dans leur dégustation que celui de Citadelle Kashik.

Tout le monde se souvient des livres d’histoire, des récits de la guerre des trois principautés et du Skymarechal Alexander Griss dégustant un verre de Citadelle Kashik sur la colline de Jalone pendant qu’Aperk brulait en contrebas.
Tout le monde se souvient du goût immodéré de l’Empereur Mashipa VII pour ce vin qui lui coûta une partie, dit-on, de sa santé mentale.

Mais peu de monde a eu l’occasion de déguster un verre de ce précieux breuvage, que certains n’ont pas hésité à qualifier de l’expression galvaudée de breuvage des Dieux.

Combien injuste est une telle appellation ; à n’en pas douté les Dieux auraient renoncés à leur immortalité pour une gorgée de ce nectar.

Votre aimable serviteur a eu l’occasion et le privilège de visiter ces installations vinicoles. Ce fût un privilège rare et pour moi d’obtenir une autorisation d’accès à cette planète encore considérée comme zone militaire et sous la vigilante surveillance des scorpionautes.

Au cours des trois jours qu’a durée ma visite j’ai eu l’occasion de visiter cet Olympe de ma profession, de me familiariser avec les installations mêlant traditions et matériel ultra-moderne et de rencontrer les hommes en qui en sont l’origine.

Laissez-moi vous guider à la découverte de ce cher inconnu.

Kashik est une petite planète située non loin de Prima, à environ 120 années lumière.

C’était à l’origine une planète inhospitalière, rocheuse, balayée par des vents violents et tournant autour d’une géante rouge ; elle servit dans un premier temps à l’entrainement de scorpionautes.
La citadelle n’était au départ qu’un simple bunker de béton à haute densité moléculaire, sous lequel s’étendait un réseau complexe de galeries fortifiées pouvant accueillir une garnison de 20.000 hommes.

D’années en années la citadelle connue de nombreuses modifications et extensions, dont des fortins secondaire aujourd’hui abandonnés; ils offrent des occasions de promenades champêtres tout à fait intéressantes pour peu que l’on soit passionné, comme moi, par l’architecture militaire classique.

Il y a 1800 ans la citadelle fût officiellement retirée de la liste des installations militaires opérationnelles. Parallèlement il fut décider de construire sur cette planète une résidence servant aux invités de l’empereur ou de résidence officielle lors de négociations; la construction de ce palais isolé dans un contrefort montagneux s’accompagna d’une terraformation complète qui dura 90 ans.

L’architecte terraformateur en chef, un certain Korisnki, choisit de modeler cette planète en un patchwork de climats, de lieux variés et la peupla de créatures dont aucune ne présente de dangers pour lun être humain adulte.

La citadelle éloignée d'à peine 200 km de la résidence des invités bénéficie quant à elle d’un climat continental doux.

C’est au 18ième gouverneur militaire de citadelle que l’on doit l’implantation de la vigne dans cette région.
Le général Séréna Laïsker était une femme dont les goûts en matière culinaire et œnologiques étaient très surs.
Après accord de l’écologiste planétaire, elle introduisit des plants de vigne de variété Ilsa et merlot arcturien et commença à planter une parcelle pour sa consommation personnelle. Elle obtint assez rapidement un vin liquoreux jaune de qualité très correcte pour un produit amateur.
Les rares holovids de l’époque montrent que l’essentiel de la récolte se faisait via des logimecs et des formecs qu’elle avait fait venir à ses frais.

Les gouverneurs successifs conservèrent et agrandir au cours des années cette parcelle, qui permettait d’offrir aux personnalités de passage un produit local et d’agrémenter leur table d’un produit exclusif.

Les soubresauts de l’histoire cependant marquèrent la citadelle, qui fut tour à tour transformée en prison sous le règne de Yuri de Fou, en centre de stockage d’archives administratives et enfin en centre de stockage d’armes et de produits biologiques et biochimiques.

C’est lorsqu’elle remplissait ce dernier rôle, que la forteresse connue un évènement qui allait mener au vin que nous connaissons aujourd’hui.

A cette époque la citadelle remplissait un double rôle : celui que nous avons décrit ci-dessus et celui de garnison.
En effet la résidence d’invités s’était transformée à cette époque en résidence d’invités « forcés », en raison des tentatives de déstabilisation du gouvernement par des membres de l’oligarchie impériale.

Les scorpionautes présents sur la planète jouaient alors le rôle de gardes chiourmes pour des personnalités embarrassantes pour l’administration.

Il y a 1200 ans 9 navires appartenant à la faction du Renouveau Impériale firent une tentative pour libérer leur leader, dont le procès devait se tenir quelques semaines plus tard. Leur tentative de raid éclair s’accompagna d'une tentative de destruction de la citadelle et de ses installations au moyen de 6 missiles à plasma à vélocité C.

Les défenses automatiques de la vieille forteresse réagirent de manière plus que surprenante pour des installations aussi vieilles : les tourelles furtives pré positionnées dans l’espace se réveillèrent de leur sommeil centenaire et parvinrent à intercepter 5 des 6 missiles.

Le dernier se heurta au champ de force d’urgence qui ne fit que le ralentir. Il pénétra le béton à surdensité moléculaire avant d’exploser, dévastant les niveaux 11 à 28.
Les portes anti-explosions, les champs de force redondants limitèrent sérieusement les effets de cette déflagration, qui ne tua "que" deux-cents scorpionautes et éventra une seule réserve de produits sensibles, heureusement une des moins dangereuse. Il s’agissait en effet d’échantillons biologiques collectés par des biologistes impériaux lors de campagnes d’exploration aux confins et stockés là en attendant leur analyse ultérieure.

Si la sécurité interne de la citadelle parvint à éviter que les autres niveaux soient contaminés, les niveaux touchés par l’explosion virent se répandre cette contamination biologique, qui s’étendit aussi au dehors.

La bataille qui suivit cette tentative de forcer la vigilance des scorpionautes, vit la destruction de six des neufs navires et l’oblitération de la résidence des invités, accompagnée de la mort de l’ensemble des prisonniers.
Le navire chargé de la récupération au sol fut touché lors de son approche finale par une batterie de lasers lourds, s’écrasa sur la résidence, ce qui eut pour effet de déclencher le missile tactique nucléaire de contrebande qu’il transportait.

Les suites de cette attaque fût, de tout point de vue, lourde de conséquences.

Outre une commission d’enquête spéciale, Kashik vit le passage pendant les 5 années suivantes d’architectes militaires, de techniciens environnementaux et d’écologistes impériaux.

Il fût à ce terme décidé de ne plus donner aucun rôle militaire à cette planète, qu’on ne reconstruirait pas la résidence impériale, que la garnison serait déplacée, que les armes lourdes démontées pour être renvoyées à l’arsenal et que la citadelle serait mise en sommeil après des réparations sommaires.

Alors que le site de la résidence était décontaminé de sa radioactivité, les écologistes impériaux évaluèrent les dommages subis par la citadelle.
Ils jugèrent la contamination du site par les agents biologique bénigne, posèrent des scellés de quarantaines sur les niveaux les plus touchés quittèrent la vieille installation militaire.

Tel un château de conte de fée cette construction austère au sommet de sa colline tomba doucement dans l’oubli.

Les années passèrent, les logimecs de régulation et d’autoréparation luttant contre le lent travail de sape du temps, seulement dérangés dans leurs taches quotidiennes par le passage d’un inspecteur militaire tous les dix ans.

Il y a 800 ans à la suite de la campagne de Oberlive IV et l’utilisation de gaz neurotoxiques et d’armes psycho-actives par la faction Lambert, les hôpitaux pour vétérans furent rapidement surchargés.
Un médecin militaire, le colonel Bashir rattaché aux scorpionautes, féru d’histoire se souvint alors de Kashik et de ses installations.

Tout jeune lieutenant, il avait étéchargé d’une de ces interminables tournée d’inspection.
Il se souvenait avec émotion de la sérénité un peu triste de ce lieu et de la beauté romanesque de cette ancienne forteresse, sur laquelle la nature reprenait lentement ses droits.

Il demanda et obtint d’ouvrir en ce lieu un hôpital militaire, destiné aux soldats les plus touchés et souvent incurables.

En quelque mois les sapeurs des scorpionautes remirent la citadelle en état, renonçant à maintenir les fortifications secondaires.
Ils ne purent cependant faire de même avec les niveaux 11 à 28 : un des agents biologique libéré avait littéralement rongé le béton pourtant réputé invulnérable. Ils se contentèrent de consolider la structure et de maintenir fermer ce niveau.

Le colonel Bashir, premier médecin en chef de cet hôpital, eut une idée lorsqu’on lui rapporta l’existence des pieds de vigne revenus à l’état sauvage. Depuis plusieurs mois ses subordonnés réclamaient pour leurs patients un programme d’activité physique valorisant, afin d’aider aux soins et au moral.

Bashir, inspiré par les documents historiques qu’il avait retrouvés, décida de relancer l’exploitation de la vigne afin de produire de nouveau le vin qui avait fait en son temps la célébrité de la table des gouverneurs militaires de la forteresse.

Il parvint à faire venir des éco-tech afin de lui prodiguer les premiers conseils et au bout de quelques années il parvint à obtenir une première récolte. Dans son projet il avait bâti tout un processus de production à l’ancienne ; non seulement le raisin était récolté à la main, mais l’on avait aussi monté une scierie qui produisait des foudres dans un bois local qui avait été jugé adéquate. Les éco-tech avaient aussi jugés les niveaux fermés idéaux pour la conservation ainsi que pour le vieillissement et avaient réaménagés les anciens tunnels, salles comme lieu de stockage pour les tonneaux.

C’est au bout de 8 ans de vieillissement que le miracle s’accomplit.

Alors qu’il dégustait une des premières récoltes avec un invité de passage le colonel Bashir fût plongé dans un rêve éveillé qui le ramena avec un réalisme exacerbé à une période particulièrement heureuse de sa vie. Il partagea son expérience avec son invité qui avait éprouvé exactement la même chose. Ils consultèrent leur chrono et ne purent que constater que si le rêve avait semblé durer plusieurs heures, il ne s’était écoulé que le temps d’un battement de cil.

Il mit l’ensemble de la production sous scellés et se livra ensuite à diverses expérimentations, in vitro, mais aussi in vivo sur sa propre personne.

Il s’avéra que ce vin ne présentait pas de risque de manière divers pour la santé, pas d’accoutumance si ce n’est psychologique, pas de toxicité particulière, pas de risque de mutation … seulement cet effet hallucinogène très particulier.

Si le produit était connu, ce n’est que des années plus tard que l’on parvint à percer quelque peu le mystère qui conduisait à la création de ce vin merveilleux.

La vigne, la terre et les souterrains avaient été contaminés par des organismes étrangers.

Si beaucoup d’entre eux ne s’étaient pas adaptés et avaient disparus, au moins trois dont une bactérie symbiotique avaient survécus et s’étaient adaptés. C’est la conjonction de la modification à un niveau génétique de la vigne, de la symbiose entre le béton à surdensité moléculaire et le vieillissement pendant plusieurs années qui permettait de produire ce vin particulier. Le bois des foudres ne semblait pas quant à lui avoir d’importance si ce n’est dans les échanges entre le liquide et l’atmosphère particulière des niveaux fermés.

Cela fit couler beaucoup d’encre dans les milieux scientifiques et vinicoles de toute la galaxie. L’on rechercha le principe actif, on tenta d’isoler le mécanisme précis et à le reproduire, sans succès jusqu’à aujourd’hui.

Il faut dire que depuis presque 500 ans plus aucune mission scientifique n’est plus autorisée à se livrer à des investigations sur Kashik.

Officiellement il s’agit de préserver la tranquillité des patients, qui finissaient par souffrir des hordes de visiteurs qui se déversaient quasiment quotidiennement sur le petit astroport de Beltane. Officieusement l’on dit que les scorpionautes, dont dépend toujours la planète, souhaitent en conserver le secret et l’exclusivité.

Peut-on les en blâmer ? Je réponds sans hésiter : non !

Aujourd’hui la citadelle est un lieu qui conserve intacte sa tradition hospitalière et qui dispose de plus d’installations vinicoles de première catégorie.

La plupart des processus qui sont ailleurs faits par des logimecs spécialisés sont ici fait par des hommes ou des êtres sensibles. Je dis avec force, même si cela déplait à certains de mes collègues, que quelque soit le perfectionnement de leurs machines, la main, la pince ou le tentacule, qui cueille le raisin est doté d’une empathie pour le vivant que n’aura jamais un cœur de silicium.

Au cours des années le vin, si on fait abstraction de ses particularités hallucinogènes, s’est hissé sur mon échelle personnelle à la huitième place des vins blancs liquoreux de la galaxie connue.

Naturellement doux et sucré après son passage obligatoire pendant 8 ans dans les caves de la citadelle, il vieillit ensuite en flacon numérotés et estampillés des caves impériales pendant 10 à 20 ans avant d’arriver à son optimum de dégustation. C’est seulement à ce moment là qu’il est mis en champ de stase et offert dans sa totalité à l’Empereur qui verse en échange une obole rituelle à l’hôpital.

Certains s’interrogent sur le montant de ces transactions, ce qui est de mon point de vue d’une vulgarité sans nom.

Boire n’importe quel vin est un acte de reconnaissance envers ceux qui l’on élaboré. Dans ce cas précis boire ce vin est un acte de générosité. Il suffit de savoir que cette prime permet largement à la citadelle d’être autonome d’un point de vue financier, de verser des bourses à des étudiants de médecine méritants, et des pensions à des mutilés de guerre.

Toujours est-il que l’Empereur organise chaque année une vente d’une partie de sa cave privée et que les fonds récoltés sont reversés dans leur intégralité à des œuvres sociales des diverses religions. En fonction des années entre 160.000 et 200.000 flacons sont mis en vente, l’Empereur en rachetant toujours environ 10.000 sur sa cassette personnelle ; ces derniers sont offerts, à titre personnels et selon son envie, à ses proches et à des personnes s’étant distinguées au cours de l’année écoulée.

Les enchères sont publiques et les prix atteignent parfois des sommes que certains estimeront ridicules.

Certes l’effet secondaire de ce vin est aujourd’hui reproductible de manière artificielle : la pharmacopée moderne offre toute sorte de possibilités.

Certes le vin en lui-même s’il est exceptionnel, ne vaut pas la complexité et la richesse incomparable d’un Amazio vert, tout aussi rare, mais pourtant deux à trois fois moins cher.

Mais que diable : déguster un verre de Citadelle Kashik ou même disposer d’une bouteille, c’est avoir en main un morceau de notre histoire, faire un voyage dans les meilleurs moments de sa vie, c’est boire un vin d’exception et faire preuve envers nos soldats tombés au combat d’un acte de reconnaissance.

Et tout cela n’a pas de prix.


Notes de dégustation :
Couleur : vieil or un peu trouble
Cépage : Ilsa de Kashik 58 %, Merlot acturien : 42 %
Alcool : 16 %
Nez : Nez énorme, madérisé, très complexe, puissant et pur, noix, caramel, orange amère, pamplemousse confit, avec des notes iodées.
Bouche : Grande amplitude, mais belle structure et concentration, confite et dotée d'un magnifique équilibre acidité/sucrosité. Grande fraîcheur dans la finale, très longue avec les fabuleuses notes confites d'agrumes, de citron confit et de botrytis en rétro-olfaction
Meilleurs années : traditionnellement chaque millésime se voit associer une bataille, le nom d’un soldat célèbre ou tombé au champ d’honneur. Les meilleurs années que l’on peut encore trouver sur le marché sont la cuvée « Commandant Luia Persephone », « Barkaral », « Amiral Jalisnao » et « Korën Lo ».
Conservation : illimité si on les conserve dans leur champ de stase. se vent uniquement à maturation optimale.
Prix : de 1.200.000 crédit à 8.000.000 de crédit la bouteille, certains flacons ayant été vendu à des secondes enchères pour un prix bien supérieur.

Je tiens à remercier le colonel Kurtz de son accueil, de son attention et de son intérêt de tous les instants sans lequel cet article n’aurait put voir le jour.
Où je serai appelé, je n'entrerai que pour le bien des êtres. Je m'interdirai d'être une cause de blessure ou d'atteinte aux personnes, ainsi que tout entreprise contraire à l'éthique à l'égard des hommes, femmes et tout être doué de raison.
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#2
Je n'écrirai qu'un mot : HIPS !!!
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#3
Mais ça te plait ?
Où je serai appelé, je n'entrerai que pour le bien des êtres. Je m'interdirai d'être une cause de blessure ou d'atteinte aux personnes, ainsi que tout entreprise contraire à l'éthique à l'égard des hommes, femmes et tout être doué de raison.
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#4
Si tu n'avais pas bu la bouteille, je l'aurais bien revendue, avec une bonne plue-value Big Grin
Tout à un prix, même les hommes ont le leur.
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#5
Comment dire ... j'ai envisagé une seconde de boire mon verre de vin, de le reposer et de dire à Khrys en le regardant dans les yeux :

Hé ! Khrys, je viens d'en boire pour 100.000 crédit ...
Tongue
J'imagine son teint virant au vert (ou alors réfléchissant pour voir si un lavage d'estomac était encore possible) :lol:
Où je serai appelé, je n'entrerai que pour le bien des êtres. Je m'interdirai d'être une cause de blessure ou d'atteinte aux personnes, ainsi que tout entreprise contraire à l'éthique à l'égard des hommes, femmes et tout être doué de raison.
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#6
:o argh...

:mrgreen:
Tout à un prix, même les hommes ont le leur.
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