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La virée d'Esteban Calvert
#1
[FuseauJet]
C'était un engin automatique de quinze-cent places, qui effectuait la rotation entre Ellectra et Nicomède. Il était amusant de constater qu'après tous ces millénaires passés à peaufiner ce genre de technologie, les Etres n'avaient pas souhaité s'affranchir des ailes. Cet élégant fuseau brillant comme un sou neuf possédait deux ailes delta à mémoire de forme qui seraient presque intégralement rétractées quand ils seraient là haut. Pour le reste, il utilisait les antigravs, évidemment, pour orienter le vecteur de poussée vers l'avant.

Ce n'était pas la grande foule, mais il faut dire que la matinée était déjà bien avancée. Esteban Calvert s'installa au bar où une des ces demi-hôtesses très répandues lui servit un mento, une boisson fraiche et pétillante qui détendait et augmentait l'attention. Un mot sur ce robot. Ces engins faisaient hurler les mouvements féministes, naturalistes, techno-puristes et autres organisations ; certains présentant des arguments très défendables, d'autres sous des prétextes risibles voire inquiétants. Mais il existait d'autres courants, qui disaient que l'interdiction de robots totalement morphologiques devenait absurde avec le temps, et qu'il allait bien falloir un jour ou l'autre changer la loi. Ils étaient encore ultra minoritaires, mais on ne pouvait pas les empêcher de dire ce qu'ils pensaient ; d'ailleurs le système démocratique de l'Empire eut condamné les censeurs.

Mais rarissimes étaient ceux qui remettaient en cause la loi sur la semi-intelligence ; le traumatisme des robots neurasthénique ayant traversé les siècles...

L'engin décolla à la verticale et prit de la vitesse, affichant une trentaine de degrés d'assiette (que l'on ne ressentit évidemment pas à bord). A vingt-mille mètres, la rotondité de Tréfolia était visible. "Dire.." pensa M. Calvert / Antillès "... que certains des passagers de ce Jet ne verront jamais l'espace de plus près." Cette pensée pouvait effectivement être attristante pour un navyborg.

[Nicomède]
L'avantage du FuseauJet NT6 était qu'il pouvait laisser ses passagers au coeur même des villes. Le sien le déposa dans le quartier des affaires de Nicomède, tout près de la Hanse. Et là...

La Hanse sur Tréfolia, c'était les Chutes de Dieu sur Malvène, le Grand Islandis de Vonda, la ceinture d'or de Lodède : un monument ! Il se dit que mener une enquête ici ne servirait qu'à le faire repérer.

Il loua donc une bulle 4 places et se rendit à Desirius, lieu de villégiature de Griselda Loupèdrou. Au pied de l'immeuble de quatre étages, il se dit que c'était certes moins défendu que la Hanse, mais qu'on ne devait pas pouvoir y entrer comme cela quand même. Eh ! Il y avait même deux gardiens humains.

Une idée ?
#2
Monsieur Calvert n'était pas Navyborg pour rien : il aimait agir à distance. Avant de descendre de sa bulle de location, il commença par utiliser ses prothèses visuelles flambant neuves avec zoom macroscopique, options détecteur de vie et localisateur GPS pour scanner l'immeuble et les environs. Son but : confirmer ou infirmer la présence de ladite Griselda Loupédrou sur place et remarquer tout détail incongru. Il interrogea également le processeur de la résidence pour savoir si l'un des conapts était disponible à la location. L'idéal serait bien sûr qu'il soit le plus proche possible de celui de la dénommée Loupédrou.
"Par notre sainte patronne Rosalia, je jure d'assurer à travers toute la Galaxie la libre circulation des Etres, leur sécurité et leur confort et de les amener à bon astroport fût-ce au péril de mon vaisseau ou de ma vie."
Serment Navyborg
#3
[Bingo 1]
L'immeuble était brouillé, pour la petite histoire par un système posé par le compagnie "Bienheureuse Intimité". Mais le matériel fourni par l'A12S était vraiment très puissant. Il utilisait la corrélation de divers signaux pour créer une image exploitable malgré le rideau électronique. La qualité dépendait de la proximité du la cible par rapport à la défense. Concrètement, la vision qu'il pouvait avoir de la disposition des pièces était fragmentaire, et il ne vit un couple qui avait l'air de déjeuner que sous forme de deux tache de forme vaguement humaine. Un type qui travaillait dans un bureau à trois mètres du mur lui fut beaucoup plus visible : il put déterminer que c'était un humain mâle, et même discerner les traits de son visage.

Mais là où la chance lui sourit, ce fut quand il tomba sur une femme élancée qui se tenait derrière le vitrage qu'elle pensait opaque de son connapt, situé au quatrième étage. La définition était parfaite, M. Calvert arrivait même à voir qu'elle avait la peau claire, qu'elle était blonde, et qu'elle tirait la gueule. Point besoin de consulter les bases pour voir qu'il s'agissait bien de Griselda Loupédrou, Première BusinessWoman de la Hanse des Marchands sur Tréfolia, entre autre.

Puis elle s'éloigna de la vitre, et le signal se brouilla. Mais le Navyborg en savait assez.

[Bingo 2]
Sur Vonda, on aurait fait une enquête pour savoir qui il était réellement, on se serait assuré de sa situation, on aurait interrogé son employeur... Ici ? On avait interrogé le montant de son compte en banque (une "illumination" l'avait traversé, et par l'intermédiaire de son auricaisse il avait effectué un virement coquet à partir d'un compte que seule une analyse minutieuse aurait pu prouver qu'il n'était pas vraiment lié à la Guilde Navyborg) ; et du moment qu'il pouvait payer il prenait le logement.

Il eut un moment de déception quand une marchande Guildienne humaine à la gestuelle formatée (une vraie Khrys Edelman au féminin) lui fit prendre un tube qui manifestement n'était pas celui que devait emprunter Dame Griselda Loupédrou pour se rendre chez elle. Mais cette inquiétude fut vite balayée : bien que donnant sur la face opposée de l'immeuble, le connapt avait mur commun avec celui de sa cible. Après lui avoir débité les sornettes d'usage, montré à quel point ce lieu était semblable aux autres et enquis de ses projets dont elle n'avait manifestement rien à talquer, l'humaine qui aurait fait passer le corps robotique de mademoiselle Sémirande Chalmak pour un modèle de sensualité prit congé et repartit à son incessante chasse aux crédits.

[Bingo 3]
Le mur était en polypalisse. Il devait avoir 5 mm d'épaisseur, et 5 cm de vide technique plus loin un autre mur semblable fermait le connapt de le marchande. Les polypalisses avaient de nombreuses qualités mécaniques : ils étaient solides, isothermes, offraient une parfaite isolation accoustiques (on aurait pu jouer un concert de Nova-Rock karia dans une pièce sans rien entendre dans l'autre). Mais ils avaient un défaut : ils résistaient très mal aux sondage. Résoudre ce dernier point était du ressort de firmes comme Bienheureuse Intimité. Et ici : les brouilleurs étaient déréglés, certainement depuis un moment, et leurs autotest devait envoyer à Bienheureuse Intimité Ltd des rapports de parfait fonctionnement :mrgreen:

Action ?
#4
Monsieur Calvert commença par envoyer un texto via son persoc à ses trois compagnons pour leur faire part de ses investigations.

Il tapota ensuite sur la boucle de sa ceinture, et chuchota :
"Aragorn, j'ai besoin de toi..."

Son minuscule logimec pisteur, un disque de cinq centimètres de diamètre, se détacha de sa ceinture et se mit à flotter sur ces micro-répulseurs, attendant les ordres. Esteban les transmit par son plot vertébral, et sortit sur la terrasse du conapt à la suite du logimec.

Ce dernier s'éloigna en direction de l'appartement de Griselda Loupédrou. Esteban s'accouda nonchalamment sur le champ de force irisé de la balustrade, faisant mine d'admirer le paysage tout en suivant du coin de son oeil artificiel la progression de son logimec. Le petit espion robotique parvint discrètement en face de la baie vitrée par laquelle Monsieur Calvert avait aperçu la businesswoman tout à l'heure. Il s'accrocha à la façade de l'immeuble, morpha une couche de revêtement mimétique, et déploya ses champs de détection.

Avec l'aide de son logimec et de ses implants visuels, Esteban scanna alors de nouveau le conapt de la marchande, cette fois aussi profondément que possible, longeant la paroi contigue à l'appartement qu'il venait de louer.
"Par notre sainte patronne Rosalia, je jure d'assurer à travers toute la Galaxie la libre circulation des Etres, leur sécurité et leur confort et de les amener à bon astroport fût-ce au péril de mon vaisseau ou de ma vie."
Serment Navyborg
#5
[Idéal...]
Cette fois, plus de problème. Il voyait la donzelle en détail. C'était une bosseuse. Les holos apparaissaient et disparaissaient devant elle encore plus vite qu'il ne l'avait vu faire par l'opérateur du Classe I de l'A12S. Elle avait trois logimeks-secrétaire, au moins, ce qui pouvait donner une idée de sa puissance de travail. Aragorn de sa fenêtre et monsieur Calvert derrière son mur essayèrent bien de lire ces documents, mais outre le fait qu'ils défilaient vraiment très vite, ils étaient cryptés, et il était plus que probable que seuls les yeux de Grisèlda Loupédrou arriveraient à les déchiffrer sans un travail de décodage pharaonique.

Point inquiétant, il vit un quatrième logimek,à peine plus grand qu'Aragorn, et qui avait fort l'air d'être un chasseur d'espions.
Mais...
Tiens !?!
D'habitude, ce genre d'appareil fonctionnait constamment. Alors pourquoi l'avoir assigné sur un coin de mur d'où il ne pouvait guère détecter grand chose ? Il n'avait pourtant pas l'air en panne !!!

Cela dura, dura, dura...

Le beau (forcément beau) visage de la femme était soucieux. Une fois même, elle se laissa aller contre le dossier de sa gravichair pour pousser un "Pfffffff !" tourmenté.

Ainsi monsieur Calvert / Antillès découvrit-il, après tant d'autres avant lui, que le métier de détective pouvait être ch.... comme une balade Haécar.
#6
semirande chalmak Wrote:Aragorn de sa fenêtre et monsieur Calvert derrière son mur essayèrent bien de lire ces documents, mais outre le fait qu'ils défilaient vraiment très vite, ils étaient cryptés, et il était plus que probable que seuls les yeux de Grisèlda Loupédrou arriveraient à les déchiffrer sans un travail de décodage pharaonique.
A tout hasard, et au cas où il disposerait de plus de temps plus tard et de la puissance de calcul nécessaire au décryptage, monsieur Calvert déclencha l'enregistreur TriD de ses implants visuels.

semirande chalmak Wrote:D'habitude, ce genre d'appareil fonctionnait constamment. Alors pourquoi l'avoir assigné sur un coin de mur d'où il ne pouvait guère détecter grand chose ? Il n'avait pourtant pas l'air en panne !!!
Esteban eut soudain l'intuition que ce logimec-là devait probablement protéger quelque chose de sensible que la marchande conservait dans son conapt. Il envoya une commande à Aragorn pour qu'il effectue un sondage en profondeur de la paroi en question.

Pendant qu'il continuait ses observations, le navyborg alluma son ordinateur et lança sur l'infosphère planétaire une recherche d'informations concernant les relations que pouvaient entretenir Dame Loupédrou et le sieur Hultien, tel que tous les événements officiels à l'occasion desquels ils avaient conjointement été vus. Il contacta ses compagnons pour les tenir au courant, et leur suggérer d'en faire autant.

Il espérait que la pêche serait bonne.
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Serment Navyborg
#7
[Un oubli]
semirande chalmak Wrote:Le beau (forcément beau) visage de la femme était soucieux. Une fois même, elle se laissa aller contre le dossier de sa gravichair pour pousser un "Pfffffff !" tourmenté.
Lorsque cela se produisit, monsieur Calvert concentra son attention sur les affichages holos déployés devant la marchande, pour essayer de déterminer si la contrariété de Dame Loupédrou provenait des chiffres de la balance commerciale et de l'endettement tréfolien, ou bien d'autres difficultés d'ordre... extra-professionel.
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Serment Navyborg
#8
Esteban Calvert Wrote:... concentra son attention sur les affichages holos déployés devant la marchande, ...
Rappel : vachement bien crypté.
(à suivre)
#9
Bon tant pis. Mais l'enregistreur TriD d'Esteban n'en perd pas une miette, hein...
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Serment Navyborg
#10
[OK - pas une miette]
Esteban Calvert / Gurvan Antillès s'emmerdait ferme. La matinée s'achevait, et cette fichue nénette ne décollait pas de ses non moins fichues holos. C'était à désespérer : il avait réussi à s'approcher de sa cible comme un pro (en fait il était dans une position que bien des détectives lui eussent enviée) et n'arrivait pas à en tirer quelque chose d'exploitable.

L'autochef du connapt lui prépara un repas convenable. Bon, d'accord : plus que convenable. Mais l'après-midi s'avançait, et il fallait penser à son rendez-vous au jard...

C'est alors que tout se précipita.

Un des logimec secrétaire s'approcha de sa patronne et dit : "Très grâcieuse Dame, l'heure de votre réunion à la Guilde approche." L'autre commença à replier ses holos. Elle ne devait pas avoir de plot vertébral, mais elle était sacrément agile du regard et de l'ongle. Elle se leva, se dénuda, passa rapidement sous la douche à particules et l'auto coiffeur. Quand elle revint, un autre logimec lui avait préparé un tailleur rouge sang, une veste assortie qu'elle porterait à même la peau et un sac dans lequel avaient été transvasés divers objets, dont un petit étourdisseur de défense personnel pour lequel elle avait plus que certainement un permis. Elle posa d'un geste élégant un chapeau à large bords sur sa tête, projeta une image d'elle-même qu'elle fit pivoter sous tous les angles, et sembla satisfaite du résultat. Elle allait sortir quand...

"Scrambler, Très Grâcieuse Dame. Le Saint veut vous parler." La femme fit une moue, se dirigea vers un point de la pièce qui se colora de bleu et se mit à parler.

Le système de semi-intelligence d'Aragorn fit un zoom sur ses lèvres, et retranscrivit la demi-conversation que voici :
"Pourquoi maintenant, on doit se voir dans deux heures"
... / ...
"Mais enfin, pourquoi continuer puisque Edelman est mort ? "
... / ...
"Mais c'est stupide ! Lachez cette bonne femme, c'est un coup à se faire repérer"
... / ...
"COMMENT ! SOMBRE CRETIN ! Etouffez cela tout de suite, ou bien..."
... / ...
A cette dernière réplique, la femme blêmit. Malgré la coloration bleutée de la zone de confidentialité, on put voir que le sang s'était retiré de son beau visage.
... / ...
"Je vois. Un de mes agents vous recontactera pour vous faire quitter ce monde. Merci, Révérend Sage."

La communication fut coupée, mais Griselda Loupèdrou en établit une autre immédiatement.

"Numéro 2 ? Nous passons sur Oméga."
... / ...
"Oui, c'en est à ce point-là. J'en ai pour une heure, et nous nous retrouvons chez les Snakes."

Après cela, la femme se remit à sa table de travail et de nouveaux hologrammes, toujours aussi indéchiffrables, apparurent devant elle.

Elle travaillait comme si elle avait tous les démons de l'enfer à sa porte.


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