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La Marche de Calypso
#1
Mon p'tit coin d'univers, voisin de certains que vous connaissez bien ...

Le Lander Calypso

Localisation

La zone (ou Lander) de Calypso est située entre :
- les longitudes 75000 et 76000.
- et les latitudes 32000 et 33000
en plein cœur du District XXX,
au sud-est de la Galaxie.

Mixité astropolitique

Elle contient :
- un fief impérial : la Marche de Calypso;
- est bordée par les Territoires Kiffish à l'ouest, dont la planète Hink (75065, 32624, 04392);
- l'Alliance des Douze Soleils au nord, dont les mondes les plus proches de la Zone sont Marine (75310, 33020, 04030) et Céramique (75640, 33020, 04107);
- les historiques planète Hija et Voie Lydienne, à l'est;
- et de nombreux mondes indépendants au sud.

Toutefois, la moitié ouest de la Zone est peu habitée car soumise à des perturbations gravitiques dues à l'énorme trou noir Charybde. Mais en contre-partie, cette région regorge de minéraux rares. Ils ont été produits par la collision de plusieurs étoiles à neutrons (des cœurs d'anciennes supernovæ !) qui elles-mêmes ont fusionné pour donner naissance à ce phénomène unique hors de la centralité galactique.

La Marche de Calypso

L'Histoire contemporaine de la Marche de Calypso commence par ... un mariage d'amour : celui d'un corsaire et d'une Aristo, l'héritière du Fief de Calypso. Ah, l'Amour ! Soupir !
Lorsqu'il fit sa demande en mariage auprès de la jeune et ambitieuse Dame Victoria de Calypso, le corsaire déposa à ses pieds une montagne d'inestimables cristaux précieux (prétendument) découverts à proximité du terrifiant trou noir Charybde (que la Confrérie des Corsaires préfére d'ailleurs surnommer "Mort D'Or").
Une fois le mariage consenti, le butin, pardon ... la dot, fut mise aux enchères sur les marchés de Feria et le produit (astronomique) de la vente fut directement investi dans la construction d'une ... flotte de guerre. Romantique, n'est-ce pas ?
A la tête de cette flotte des Tigres de Calypso, le consort (c'est-à-dire le Seigneur par alliance) se lança dans une vaste campagne militaire et annexa une demi-douzaine de systèmes répartis sur un bon tiers de la Zone. Il osa même mettre la main sur une Station intersystème propriété de la Guilde Navyborg ; ce qui ne manqua pas de déclencher un vif incident diplomatique et obligea même, en dernier ressort, le Conseil Suprême à trancher. La décision tout en compromis (c'est-à-dire qui ne satisfaisait personne) fut : une rétrocession dans 99 ans.
Possédant des vaisseaux de haute technologie, des officiers formés dans les écoles impériales, des troupes d'assaut recrutées sur un des mondes annexés (la bien-nommée planète Kombâ), des matières premières pour les industries, dont des vivres pour les industries agro-alimentaires, il ne manquait plus à cette flotte que des campagnes à mener.
Le désormais Marquis ne fut pas déçu. On peut même dire qu'il fut servi au-delà de ses espérances. Le passage de simple Fief impérial (au rôle peu valorisant de garde-frontière) à celui de Marche impériale (riche et respectée) fut suivi d'une Guerre de Trente Ans qui obligea le souverain à parcourir le cosmos pour pacifier ou sécuriser près d'une centaine de mondes dispersés sur environ cinq Zones !
Ses interventions furent bien entendu monnayées et la richesse de la Marche de Calypso s'en trouva décuplée. Désormais, les vassaux ou partenaires commerciaux se comptent par dizaines, réunis en une sorte de protectorat plus ou moins souple.
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#2
Planète Calypso I

Vagues successives du peuplement de Calypso.

Dans la société néo-féodale de l'Empire Galactique, le pouvoir politique est l'apanage de l'aristocratie, qu'elle soit héréditaire ou élective; un pouvoir toutefois contrebalancé par celui des guildes. Sur Calypso, la caste Aristo est composée de plusieurs grandes familles descendantes des quatre vagues historiques d'immigration.

Les Mels, de l'ethnie Lastre, dirigeaient la première vague de colonisation. Ils quittèrent leur monde d'origine à la chute de l'empereur-dieu Leto II d'Atréïdes (vers 10600, à la même époque que la fondation de la République du Cygne). D'abord agriculteurs, ils exploitèrent les plaines côtières de l'Atic, au sud du continent unique de Calypso I. Ils sont encore aujourd'hui de riches propriétaires fonciers sur le monde-capitale de la Marche tandis qu'une partie de leur peuple a émigré sur les planètes-colonies Venceslas (civils) et Kombâ (militaires).

Les Myens, de l'ethnie Sin, s'installèrent sur Calypso trois siècles plus tard (vers 10900) et jusque dans le Secteur Corporatiste, pour fuir les terribles conflits qui secouèrent la Galaxie à la triste époque du Krazilec. De cette époque dure où il fallait être fort pour survivre, ils conservèrent le culte d'Alcide (surnommé la "Gloire d'Héra" ou "Hercule"), personnification de la force. Sur leur monde d'adoption, Calypso I, ils exploitèrent les sous-sols : principalement dans les mines du nord, notamment de plomb, d'argent et de marbre. Lorsque la Marche de Calypso annexa la planète Sidoine, en direction du trou noir "Mort d'Or" (alias Charybde), les Sins grossirent les rangs des colons prospecteurs miniers.

La troisième vague de colonisation survint autour de l'an 1000 de "l’Ère Galactique" ou "Ère de la Guilde Spatiale", date de la ratification de la Grande Charte Œcuménique (11000). Les Moris furent des industriels avant de rejoindre, comme leurs plus fortunés prédécesseurs, la caste Aristo. Ils édifièrent des chantiers astronavals, des raffineries, des métallurgies et des cimenteries. Cadmo et Harmonia, premier couple de dirigeants de cette famille, régnèrent conjointement avec le titre de Noble Chevalier Impérial, sur la Bossie, la partie septentrionale du continent unique. Ino et Sémêla, leurs descendants, devenus hédonistes, instaurèrent le culte de Dionysos (religion reconnue par l'Eglise impériale de la "Lumière Intérieure"). Certains Moris, refusant ce qu'ils considéraient comme une décadence, choisirent de restaurer leurs valeurs ancestrales, oubliées par les familes de dirigeants, en s'exilant sur la planète-colonie Moana.

A la chute de la dynastie impériale des Trans-Bourbons de Planète d'Or (peu après 11400), une quatrième vague de colonisation amena les Zatens (ou Zats) sur Calypso. Inspirés par la "Sagesse armée", ces dirigeants forts s'implantèrent en Atic où ils dominèrent rapidement les "rustres" Mels, puis en Bossie, patrie des Moris décadents et des Myens asservis. Ce sont eux qui unifièrent ce monde. Ogygès fut ainsi le premier chef d’État planétaire : un Chevalier Commandeur (selon la nomenclature de la hiérarchie impériale). Ses successeurs se nommèrent Cré-Cop, Tripto et Tez (un stratège hors-pair, dernier homme fort de la dynastie). Son héritier Logust H. dit "le Chevalier noir" fut cruel et autoritaire. Il tua même tous ses fils légitimes, nés de bacchanales dont il était adepte, parce qu'une prophétie lui avait annoncé qu'il périrait des mains de l'un d'eux. Il n'eut qu'une fille légitime, Victoria, l'actuelle Marquise de Calypso. Et c'est en fait son gendre qui lui déroba le trône ...
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#3
L'un des mondes annexés à la Marche de Calypso fut la planète Kombâ.

Planète Kombâ

La planète Kombâ possède une faune et une flore extrêmement dangereuses. Sous de nombreux types de climats, on trouve des vers des marais carnivores, des lianes strangulantes, des arthropodes venimeux, d'énormes herbivores couverts de plaques chitineuses et/ou minérales, et de terribles carnivores munis de dents et de griffes métalliques.


Il existe aussi des créatures plus discrètes, plus intelligentes aussi, quoique primitives. Ce sont les fameux Komba (en langue locale) ou Lemures (d'après les croyances qui les entourent) : des humanoïdes très variés en taille et en nombre, vivant en tribus éparses, souvent hostiles. Certains de ces Komba sont diurnes (les plus gros) d'autres nocturnes. Ils semblent étrangers à ce monde (peut-être vestiges de lointaines guerres interstellaires, sorte de légion orquoïde perdue) tout en s'y étant remarquablement adaptés. Ils possèdent, entre autres qualités, une incroyable capacité de régénération des tissus. Certaines peuplades de la forêt équatoriale profonde ont élaboré des dialectes non encore répertoriés par l'Empire Galactique (au moment de l'annexion de la planète par la Marche de Calypso) qui constituent potentiellement à eux seuls des codes militaires secrets. Les plus forts sont sélectionnés lors de concours (agôn), des compétitions sportives violentes. Les vainqueurs constituent l'élite des troupes d'assaut et, personnifiant cette épreuve, prennent aussi le nom d'Agôn au sein de l'armée. Enfin, ces indigènes, on trouve des sortes de chamans possèdant d'incroyables pouvoirs de métamorphose. Une enquête génétique a mis à jour des fragments de leur génome qui ne sont ni originaires de la faune de Komba, ni propres à cette espèce d'humanoïdes-orquoïdes. Un culte rendu à un mythique Doyen de l'Univers fournirait une explication :

Du Grand Ciel, Tryco Slatterus est descendu.
Pour combattre tous les champions, il est venu.
Vainqueur de mille batailles, il s'est rendu.
Avec les plus belles femelles, il nous a conçus.


Pour en savoir plus : http://calypso1577.blogspot.com/2010/07/...alite.html
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#4
Planète Venceslas

Un autre monde annexé par la Marche de Calypso fut la forestière Venceslas.

Premiers habitants de Venceslas

Les Boïens (ou Boii), anciens nomades astropérégrins, étaient jadis qualifiés de « terribles ». Mais il leur vint à se sédentariser sur une planète végétale, Venceslas, où ils devinrent « paysans » ou plus exactement des cueilleurs.

Ce peuple, dont l'origine n'a pas clairement été établie, aurait donné son nom à l'actuelle Bohême, de « boio » et du proto-germanique haimaz, « domicile ». Le nom de la planète fut ensuite changé en Venceslas, du nom de leur premier roi sédentarisé.

Débarqués des trois principaux vaisseaux Taranis (Thunraz, maître du tonnerre), Toutatès (père de la tuath, la tribu), et Esus (bon, maître, puissant) ainsi que d'un grand nombre de navires de petites dimensions, ils s'enfoncèrent inexorablement dans l'immense et profonde forêt qui recouvre toute la planète. Le souvenir de leurs anciens cultes se mêla à la vénération rendue à leur Mère nourricière et à ses Arbres permettant d'entrer en contact avec elle.

Pour en voir plus : http://calypso1577.blogspot.com/2012/06/...eslas.html

Paysages stratifiés de Venceslas

Au plus profond de la planète : le socle rocheux et cristallin.

Au-dessus, la forêt pétrifiée :

Puis, presque toujours privée de lumière, la forêt basse, composée de champignons recycleurs de matière organique.

Au-dessus, avide de lumière stellaire : la forêt verte et parfumée, divinement parfumée !

Et au-dessus de la canopée, effleurant la cime des arbres : les "châteaux dans le ciel", merveilles de la technologie antigrav.

Pour en voir plus : http://calypso1577.blogspot.com/2015/07/...eslas.html
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#5
Court récit pour le monde Venceslas

"Bucolique"


Venceslas

étoile simple de type M5 (rouge) masse stellaire : 0,3
système à 4 planètes et 5 ceintures d'astéroïdes

Venceslas 1 (0,2 U.A.) monde terrestre habité (communautés NT5), diamètre 10500km, pas de lune, densité 1,7 (très bassement ferreux), gravité 0,85 , inclinaison axiale 29° (effets saisonniers analogues à la Terre), atmosphère azote-oxygène (16%), pression atmosphérique 1,2 b, climat frais (moyenne 5°C mais de -27 à 36°C selon les latitudes), étendues d’eau en surface 5%, taux d'humidité 73% , relief primaire : forêts, biosphère endémique : plantes évoluées (fougères, plantes florissantes).
Population : 730.000 habitants (au moment de l'annexion) dont 70% d'humains de type standard (majoritairement les autochtones, des nomades arboricoles), puis les immigrés : 12% d'humains de type mulâtre, 12% de méta-humains (de type Nain essentiellement), 6% de para-humains (néo-chiens et autres animaloïdes).

ceinture d'astéroïdes A (0,5 U.A.)
ceinture d'astéroïdes B (0,8 U.A.)
Venceslas 2 (1,4 U.A.) géante gazeuse
Venceslas 3 (2,6 U.A.) géante gazeuse
Venceslas 4 (5 U.A.) géante gazeuse
ceinture d'astéroïdes C (9,8 U.A.)
ceinture d'astéroïdes D (19,4 U.A.)
ceinture d'astéroïdes E (38,6 U.A.)

Rapport d’Alfred Elton van Vogt, célèbre pressyborg, exobiologiste et anthropologue, réputé pour ses documentaires sur la Faune de l’espace, Les Armureries d’Isher, les Fabricants d’Armes, Le monde des non-A, sans oublier son premier grand reportage : A la poursuite des Slans.



Baignant dans la lumière rougeâtre de son pâle -mais proche- soleil, la Forêt vivait et respirait. Elle avait capté la présence de ce vaste vaisseau antigrav qu’était le Palais Flottant. Il était apparu après avoir mollement traversé les brumes légères de la haute atmosphère. Cependant, l’appétit systématique de la Forêt envers cette chose étrangère, métallique, ne se réveilla pas immédiatement.

Sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés, ses racines s’entrelaçaient sous la surface et les cimes de ses innombrables arbres se balançaient nonchalamment sous les multiples caresses d’une brise paresseuse. Au-delà, s’étendant par les collines et les montagnes, et plus rarement autour de petites mers, se dressaient d’autres forêts, ses sœurs, conscientes elles-aussi.

Aussi loin que sa mémoire remontait, la Forêt se souvenait d’avoir reçu la visite de vaisseaux analogues à celui-ci, descendus du ciel. Elle ne parvenait pas à se remémorer clairement la façon dont, dans le passé, elle avait réussi à assurer sa défense, à se saisir de ces artefacts si attirants.

Au fur et à mesure qu’elle devenait plus consciente, la structure massive flottant au-dessus d’elle, à la lisière de la canopée, dans un ciel gris-rouge, ses feuilles se murmurèrent le récit sans âge de batailles livrées et remportées; de festins insolites de substances minérales et métalliques extraites de ces cadeaux du ciel.

Des pensées, dans leur course lente, se répandaient tout au long des canaux sensoriels et les branches maîtresses de milliers d’arbres se mirent à trembler imperceptiblement. L’étendue de ce frémissement, en affectant bientôt tous les arbres, créa graduellement un son, puis une sensation de tension. Le son se fit envahissant et la Forêt toute entière se dressa, vibrante, guettant la chute de cet engin du ciel.

Jadis, les vaisseaux s’étaient rapprochés du sol, planant, menaçants, insoucieux de la cime des arbres. Ils avaient enflammé des taillis, rompu des branches et balayé des arbres entiers comme s’ils n’étaient que des êtres insignifiants, sans poids ni vigueur. Les vaisseaux avaient continué leur descente, s’ouvrant un chemin au travers de la Forêt gémissante et hurlante sur leur passage. Ils s’étaient posés, s’enfonçant lourdement vers un hypothétique sol, vers les profondeurs obscures, des kilomètres après avoir frôlé les premières cimes. Derrière eux, la trouée d’arbres brisés frémissait et palpitait dans la lumière du soleil. Un long et droit chemin de destruction se dessinait. La Forêt se souvint brusquement que cela s’était produit plusieurs fois dans le passé … mais pas cette fois.

Dans le lointain passé, quand elle avait dû réagir à ces atterrissages brutaux, elle avait commencé par s’amputer des secteurs atteints. Elle avait fait refluer sa sève et stopper son frémissement dans l’aire affectée. Plus tard, elle avait envoyé de nouvelles pousses pour remplacer ce qui avait été détruit, acceptant cette mort partielle mais découvrant aussi une émotion. La peur. C’était une peur teintée de colère et de désir. Elle avait enduré ces vaisseaux gisant sur ses troncs écrasés, sur une partie d’elle-même qui n’était pas encore morte. Elle avait senti la dureté des parois d’acier mais aussi une abondance de minéraux rares et succulents à l’intérieur de cette coque épaisse.

Un chuchotis de pensée se propagea le long de ses canaux sensoriels. La sève alimenta ses organes mémoriels. Sa mémoire s’éclaircissait lentement.

Jadis, la Forêt s’était mise à croître autour des navires. Elle avait concentré son entière énergie contre chacun des vaisseaux envahisseurs[1]. Des arbres s’étaient érigés à raison d’un mètre par minute. Des plantes grimpantes avaient escaladé ces arbres et s’étaient jetées elles-mêmes par-dessus le haut des navires. Ce torrent végétal avait bientôt couru sur le métal pour aller se nouer aux arbres du côté opposé. Les racines des ces arbres avaient profondément pris assise dans les couches inférieures, dans des amas rocheux plus résistants qu’aucun vaisseau jamais construit. Les troncs s’étaient épaissis et les lianes avaient grossi jusqu’à devenir d’énormes câbles. Lorsque la lumière de ce premier jour avait fait place au crépuscule, le navire était enfoui sous des milliers de tonnes d’une végétation si dense que rien n’en était plus visible.
Le temps était venu, pour la Forêt, de passer à l’action d’absorption finale.

Presque immédiatement après la chute du jour, de minuscules racines avaient commencé à tâtonner sous le vaisseau. Elles étaient microscopiques, si petites dans cette phase initiale que leur diamètre ne dépassait pas celui de quelques douzaines d’atomes. Si fines se faisaient-elles que des parois métalliques apparemment solides s’avéraient pour ces radicules n’être que du vide. Elles avaient pénétré sans effort, tant elles étaient menues, l’acier trempé lui-même.

Ce fut à ce moment que les vaisseaux avaient réagi. Le métal était devenu brûlant, puis rouge vif. Presque toutes les minuscules racines s’étaient ratatinées et de nombreuses étaient mortes. Des racines plus importantes, implantées près de ce métal, s’étaient consumées lentement, au fur et à mesure que cette chaleur desséchante les avait atteintes.

Au-dessus du sol, une autre violence avait débuté. Des flammes avaient jailli d’une centaine d’orifices ouverts dans la paroi du vaisseau. D’abord des lianes puis des arbres s’étaient mis à brûler. Ce n’était pas l’explosion d’un feu incontrôlable ni l’incendie furieux sautant d’arbre en arbre avec une irrésistible ardeur. Depuis fort longtemps, la Forêt avait appris à maîtriser les feux engendrés par la foudre ou par une combustion spontanée. Il s’agissait simplement d’envoyer de la sève aux arbres frappés par l’incendie. Plus vert était l’arbre, plus la sève l’imbibait et plus le feu aurait alors à prendre de l’ampleur pour se maintenir.

La Forêt n’avait pu sur-le-champ se souvenir d’avoir affronté un feu qui pût ainsi tailler dans une rangée d’arbres, laissant chacun suinter un liquide visqueux par les crevasses de son écorce. Mais cette flamme l’avait pu; elle était différente. Elle n’était pas seulement flamme mais aussi énergie. Elle ne se nourrissait pas de bois mais vivait sur une force contenue en elle-même.

Finalement cette constatation avait rendu à la Forêt sa mémoire. C’était un souvenir aigu, sans méprise possible, de ce qui avait été maintes fois accompli dans le passé pour délivrer elle-même et sa planète de vaisseaux comme celui-là ... en les phagocytant.


Frénétiquement, la Forêt s’était mise en chantier. Des milliers de racines s’étaient enfoncées dans le vaisseau par les ouvertures mêmes d’où le feu destructeur avait jailli. Elles s’étaient dirigées vers ce qui ressemblait à de petites formations rocheuses, insinuées dans les réserves d’énergie. Pénétrer dans ces compartiments spécifiques du vaisseau, avait amené la Forêt à souffrir de brûlures à peines moins violentes que celles qu’avaient engendrées la machine. Pourtant, sans se souvenir exactement de la raison qui l’avait poussé à agir ainsi, à endurer cette souffrance, elle savait au plus profond d’elle-même que c’était sa solution pour arrêter définitivement les rayons de lumière, ce feu bizarre nourri de lui-même.

En dépit d‘une hâte nécessaire, le processus en lui-même avait été lent. De microscopiques racines, frémissantes d’impatience, s’étaient contraintes à s’enfouir dans ces presqu’inaccessibles poches de substances radioactives et, par un procédé osmotique complexe, en avaient tiré des grains de métal pur. Ces grains étaient presque aussi petits que les racines qui précédemment avaient pénétré les parois d’acier du navire. Ils étaient suffisamment menus pour être transportés, en suspension dans la sève, au travers du labyrinthe des grosses racines.

Bientôt, il y avait eu des milliers puis des millions de ces grains en mouvement tout au long des canaux de bois. Les canons-lasers, alimentés par les piles radioactives avaient commencé à perdre de leur puissance. Au moment où le petit soleil rouge de cette planète s’était élancé au-dessus de l’horizon, un reflet argenté large de plusieurs centaines de mètres entourait tout le vaisseau, parmi ce qui restait de flammes et de fumées de bois brûlant lentement. Bien que chacun des grains fût en lui-même imperceptible, ils avaient tous été retirés du vaisseau, le laissant sans source d’énergie, vidé de sa substance.

Une fois les vaisseaux sans force, ils étaient devenus des proie inertes, complètement paralysées. Les racines avaient repris leur charge de plus belle, les lianes recommencé à enserrer la coque entière. L‘attraction vers les tréfonds de la forêt s’était faite plus forte.

Au fur et à mesure que les navires s‘étaient enfoncés dans la masse végétale, d‘autres ouvertures avaient invariablement troué la coque du vaisseau mais cette fois, point d’armes destructrices et de flammes étranges. De curieux êtres sur deux jambes s’étaient mis à en sortir. Totalement inoffensifs pour la Forêt, ils s’étaient réfugiés vers la canopée, tandis que les branches engloutissaient complètement leur vaisseau et que les racines évidaient sa coque, se nourrissant de toutes les substances minérales rares utiles à la croissance de la Forêt.

Ainsi, cette bénédiction tombée du ciel était d’abord apparue comme une brûlante menace, mais le délice qui en avait suivi était resté gravé dans le bois de tous les arbres de la Forêt.
Chaque nouveau navire se posant sur cette planète avait été accueilli avec encore plus de gourmandise.

La Forêt avait besoin de temps pour se souvenir, mais elle améliorait à chaque fois sa tactique pour réduire les dommages des inévitables tentatives de destruction. Elle guettait l‘ouverture des sas d‘où sortaient les petits êtres à deux jambes. Parfois, elle avait rusé, ne dévoilant pas sa vivacité, simulant une inertie végétative qui semblait ne pas surprendre les petites créatures. Certaines sortaient de leur navire pour récupérer celles qui s’étaient jadis réfugiées à la cime des arbres … et c’était à ce moment précis que les minuscules racines s’insinuaient à l’intérieur de la coque d’acier; pour l’en délester de ses grains de métal radioactif puis pour se délecter de toutes les substances nourricières.

Au fil des captures, des mémorables festins, si raffinés, les facultés cognitives de la Forêt avaient augmenté. Elle avait accru son niveau de conscience et, désormais, elle pouvait communiquer avec les petites créatures qui lui avait involontairement amené ce nectar nutritif, bien plus appréciable que les débris rocheux et poussières stellaires qui pleuvaient quotidiennement vers la planète, depuis l’espace.

Pourtant, ce Palais Flottant restait inaccessible. Sa technologie était différente de celles des vaisseaux dont la Forêt s’était nourrie dans le passé. Nul besoin pour ce vaisseau de se poser lourdement sur l’enchevêtrement d’arbres et de plantes des sous-bois. Les répulseurs antigravs maintenaient cette structure en parfaite suspension. Les cimes des arbres les plus hauts avaient beau s’allonger, croître à vue d’œil, tendre vers la coque de métal et d’énergie, ce Palais restait toujours hors de portée. La Forêt se retrouvait dans la position des petits êtres à deux jambes qui essayaient de se saisir d’un fruit mûr sur une trop haute branche. Ce vaisseau aiguisait la convoitise de la Forêt, à portée de ses organes sensitifs, presqu’immobile, mais elle ne parvenait pas à s’en saisir.

Alors, la Forêt attendrait. Le temps n’avait pas d’importance. Elle était née il y a plusieurs milliers de rotations autour de l’étoile rouge[2], avait poussé sur les vestiges de forêts beaucoup plus anciennes, et elles-mêmes sur un insondable matelas de mousse et d’humus dont l’existence se mesurait en éons. Tôt ou tard, ce « fruit » tomberait … et la Forêt se délecterait de sa substance.

[1] Ceux des nomades stellaires Bohémiens.
[2] années de Venceslas
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#6
Symbiose orque-algue sur Kombâ et métamorphose plant'hommes sur Venceslas

L'espèce humaine a essaimé dans la Galaxie plus que toute autre espèce astropérégrine contemporaine. Son instabilité génétique s'est avérée un outil d'adaptation bien utile pour compenser les imperfections du long et difficile processus de terraformation.

De monde en monde, de colonisation en colonisation, de mutations en mutations, les humains se sont différenciés. On parle tantôt de races (différences morphologiques), tantôt de sous-espèces (quand on approche du seuil de non-interfécondation).

Quelques exemples de races ou sous-espèces. Les "homo sapiens" de la Terre ne possédaient pas de pouvoirs psychiques. Puis sont arrivés les premiers "mutants" de l'Âge de l'atome, les "homo superior" dotés d'une grande diversité de pouvoirs (télépathes, passe-murailles ...) qui se répandront grâce à leur admission au sein de la République Galactique. On notera aussi l'émergence de para-humains : "homo robustus" (d'apparence orcoïde), "homo pilosis" (d'apparence naine), "homo nobilis" (d'apparence elfique), etc.

Outre ces généralités, il est intéressant de connaître des particularités planétaires, pour certains groupes restés isolés, involontairement (comme les Âgons, descendants d'une armée perdue) ou volontairement (comme les Boii, des nomades interstellaires, sédentarisés sur une planète végétale).


Les Âgons : orcoïdes de la planète Kombâ.


Dans les mers et océans de l'Ancienne Terre, de nombreux coraux vivaient en symbiose avec des végétaux unicellulaires : les zooxanthelles dans les mers chaudes, ou d'autres espèces de phytoplancton dans les mers froides. Un large éventail de bactéries fixatrices d'azote, y compris des décomposeurs de chitine vivaient dans le mucus produit par les polypes et formaient une part importante de la nutrition des polypes. Le type d'association entre le corail et sa flore variait selon l'espèce. Différentes populations bactériennes étaient associées aux muqueuses, au squelette et aux tissus des coraux.
Ainsi en va-t-il des Âgons, ces para-humains de la planète Kombâ. Leur histoire commence lors du Krazilec, cette guere galactique qui suivit l'effondrement de l'Empire de Leto II. Pendant des siècles, les mondes humains se livrèrent une guerre colossale jusqu'à ce qu'un autre Empereur, Osiris, impose son autorité en réunissant les mondes saints et sains. Les Âgons formaient une légion orcoïde. Privée de commandement à la fin de la guerre galactique, cette légion se perdit sur un monde très éloigné de la Centralité et s'installa dans ses jungles.

Les Âgons tirent leur couleur verte ou brune de la zooxanthelle, ou plus simplement xanthelle, (algue du genre Symbiodinium). C'est une algue unicellulaire, pouvant vivre en symbiose leur porteur; jadis, sur l'Ancienne Terre, avec le corail, mais aussi avec les bénitiers, ainsi qu'avec de nombreuses espèces de méduses scyphozoaires, comme le genre Cassiopea ou Cotylorhiza par exemple, et chez d'autres animaux marins (Hydrozoaires, Limaces de mer, radiolaires, ciliées, porifères, actinies...). Dans les couches superficielles des mers chaudes, dépourvues de la base de la chaîne alimentaire marine qu'est le plancton, les zooxanthelles se développent en absorbant le dioxyde de carbone libéré par les coraux (ou un autre animal hôte) et fournissent en retour divers nutriments à leur hôte.
Chez les coraux durs batisseurs de récif (Scléractiniaires ou Madréporaires) et chez certains Actiniaires, Corallimorphaires, Zoanthaires et Octocoralliaires (Alcyonacea et Gorgonacea) l’endoderme des polypes renferme, sans exception, des algues unicellulaires.

Les Âgons se reconnaissent par tribu grâce à leur xanthelle symbiotique. Les xanthelles tirent bénéfice des porteurs accueillants que constituent les orcoïdes, dans le monde hostile possédant son propre écosystème, et fournissent aux Âgons des nutriments bien utiles quand on découvre quels dangers il faut surmonter pour se nourrir de prédation et de cueillette sur Kombâ.


Les Boii, hommes-plantes de la planète Venceslas


Les nomades boii n'ont pas survécu en résistant à la planète où ils se sont installés. Ils ont survécu en se fondant dans la planète, en l'absorbant jusque dans leurs gênes. Leur adaptation évoque celle d'une être vivant déjà connu depuis l'Ancienne Terre.

L’élysie émeraude (Elysia chlorotica) est une espèce de limace de mer, un gastéropode opisthobranche marin.
Cette limace de mer ressemble à un nudibranche, mais n'appartient pas à ce sous-ordre de gastéropodes. C'est en fait un membre d'un sous-ordre voisin, les sacoglosses.
L'élysie émeraude est le premier animal découvert capable de réaliser la photosynthèse dans des chloroplastes « volés » (kleptoplastie) à une algue dont elle se nourrit ; elle peut ainsi vivre jusqu'à dix mois grâce à la seule lumière du jour, sans autre apport nutritif.
Cette limace de mer littorale utilise des chloroplastes de l'algue hétéroconte Vaucheria litorea pour produire une grande partie de l'énergie dont elle a besoin. E. chlorotica acquiert les chloroplastes en mangeant cette algue et les stocke dans les cellules qui tapissent son intestin; ces chloroplastes fournissent à leur hôte les produits de la photosynthèse. Bien que les chloroplastes survivent pendant toute la durée de vie du mollusque (environ 10 mois), ils ne sont pas transférés à sa descendance.
Puisque l'ADN chloroplastique code seulement 10 % des protéines nécessaires à une photosynthèse fonctionnelle, les scientifiques ont recherché dans le génome de E. chlorotica des gènes permettant la photosynthèse et la survie des chloroplastes. Ils ont trouvé un gène d'algue, psbO (un gène nucléaire codant une protéine à manganèse stabilisatrice à l'intérieur du photosystème II5) dans l'ADN de la limace de mer, identique à la version algale. Ils en ont conclu que le gène avait probablement été acquis par un transfert horizontal de gènes, puisqu'il est déjà présent dans les œufs et dans les cellules germinales de E. chlorotica.

En absorbant, selon le même processus que ces élysies émeraudes, des gènes végétaux, les humains du peuple Boii sont devenus de véritables hommes-plantes (plant'hommes) capables de survivre par photosynthèse sur ce monde très particulier qu'est Venceslas :
- un noyau rocheux de petite taille : le socle,
- une forêt pétrifiée : les colonnes,
- une forêt basse composée d'une immense variété de champignons n'ayant pas besoin de lumière,
- et la forêt haute où vivent les plant'hommes et où circulent les fragrances qui font la renommée de ce monde.

Sources scientifiques : http://fr.wikipedia.org/wiki/Corail et http://fr.wikipedia.org/wiki/Zooxanthelle
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