Un pilote dans les limbes

[Khrys]

message pour Djal :
Nous faisons une virée avec le Lilith pour un vol d'essai avec Sémirande et un sombre inconnu qu'elle a ramené, nous revenons dans peu de temps...

[Gurv Hemmedeji]

Djal ne remarqua pas le message de Khrys, qui atterrit dans la file d'attente de son persoc, pas plus qu'il ne remarqua l'arrivée de Virik.

Ljubia DeTern avait accompagné l'hatani au chevet de Manchu tout en lui expliquant le diagnostic auquel l'équipe médicale avait abouti. Ser Kiikti aperçut Monsieur Gorda dans le local attenant à la salle de soins, assis devant une console dont les moniteurs bidim affichaient des colonnes de symboles cryptiques, ses globes oculaires bougeant frénétiquement derrière le rideau de ses paupières fermées. L'accorte médik lui expliqua de quoi il retournait.

[Virik Kiikti]

Virik était hélas insensible à la beauté de la femelle humaine. Tout au plus remarqua-t-il la symétrie de ses traits, les possibilités d’alimentation maternelles abondantes et une crinière luisante et soignée.

Lui-même était particulièrement sensible chez les fems de son espèce à l’hygiène, au soin apportée à sa fourrure et des petits détails émoustillants comme les touffes de poils entre les coussinets et la chair douce et nue à l’intérieur des oreilles, qui parfois se teintait de rose.

Mais de toute façon ce n’était pas le sujet du moment : il écouta les explications ou plutôt l’absence d’explication que lui donnait le médecin, gardant un oeil sur Djal, attendant que celui-ci sorte de sa transe numérique

Merci de ces explications docteur. Pouvez-vous me dire s’il y a la des éléments qui vous laissent à penser que la dégradation de l’implant neural de votre patient soit lié à une cause exogène ? Si oui pouvez vous me dire quand la dégradation a-t-elle commencée ou programmée ?

Il renifla … de toute façon elle n’avait pas la bonne odeur.

[Djal Gorda]

Djal s'extirpa de la fange de code mort dans laquelle il commençait à s'enfoncer...

Il s'éleva et pris du champ... D'un geste il réajusta la vision panoramique de la situation... Des pages de calcul translucides s’empilèrent sur le bord supérieur gauche, informant Zx01 des derniers relevés stochastiques... D'autres signaux étaient symbolisés par des icones et des compteurs, qui s'implémentaient par dessus...

Zx01 examina le Ver… Il se tortillait et convulsait... Son corps, couvert d'écailles noires violacées, était parcouru de spasme… Mais il résistait... De sa blessure sulfureuse coulait des fragments de code source...

Zx01, programma une flèche-sonde. Il ajusta son tir et atteignit le centre de la plaie... Le trait transperça les sous programmes moribonds de la bêtes et se fraya un parcours vers le "cœur" source...

Des pseudopodes de magma rouge sombre s'étirèrent soudain, certains étaient garnis de mâchoires, d'autres de flagelles gluantes... Ils tentèrent de happer la drille qui déchirait ses organes… Mais le programme de protection, dernier sursaut du Ver, était trop faible…Il n'arrivait pas à synchroniser sa vitesse avec celle de la sonde... les pseudopodes happèrent le vide, retombant mollement avant de disparaître dans la masse digitale...

La sonde atteignit le "cœur" et transmis le chemin d'accès à Zx01... "Sixuit... Chargement des anti virus..."

Zx01 se transforma instantanément... Un globe d’acier à la surface chromé… Des piques énergétiques et des lames coupantes, tranchantes, mordantes saillirent à sa surface…

Sphère-Zx01 prit de la vitesse et virevolta sur ses axes infinis de rotations … Elle percuta le Ver, agrandissant la plaie… Un flamboyant jaillissement de codes l’enveloppa, qui disparut en escarbilles de pixels… La sphère antivirale labourait impitoyablement l’intérieur du Dragon, lacérant ses programmes adaptatifs et ses piles de données variables… Elle remonta vers le cœur et amplifia sa vélocité…

« Hippa ! … »,
fut la seule phrase que Djal prononça à haute voix dans la salle de contrôle du laboratoire de cyberurgie…

Quelques secondes plus tard, Djal ouvrit les yeux et sourit…

« Vous pouvez débrancher l’implant, mademoiselle Ljubia … L’anomalie qui cryptait la douille neurale n’est plus … »

Djal s’épongea le front… Ses tempes luisant encore… Il vit Ser Virik…

« Ser Virik … »

[Sémirande]

/Eh bé !!! :clap:

[Gurv Hemmedeji]

/Eh bé !!!

[Terminé ?]

En effet, les flots de données incohérentes qui s'affichaient sur les moniteurs s'étaient organisées, on y voyait maintenant une grille de données matricielles classiques.

Djal fit un signe de tête à Virik, décocha un sourire à Ljubia DeTern, qui le lui retourna...

... Mais soudain ses traits se figèrent, ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'elle regardait l'écran 2D derrière l'infonaute. Celui-ci se retourna. La grille matérialisée sur le panneau d'affichage se tordait, se creusait, et finit par former une sorte d'entonnoir, semblant aspirer toutes les données dans un puits sans fond.

L'écran vira au blanc aveuglant, éclairant les visages stupéfaits de Djal, de Virik et de la médik, qui durent plisser les yeux. Des pixels sombres commencèrent à piqueter le moniteur, se mutiplièrent, s'étendirent à toute sa surface.

Et les mêmes colonnes et rangées de symboles incohérents reprirent leur défilement.

[Consternation]

Ljubia dévisagea l'hatani :

"Je n'ai pas de réponse à vos questions, Ser. Et ce qui vient de se passer à l'instant confirme la décision que nous avons prise de transférer Monsieur Le Fu à l'hôpital Alliance sur Viala. Quand à ces bandes mémorielles, et malgré toute la bonne volonté de Monsieur Gorda..."

Elle fut interrompue par l'arrivée inopinée d'un autre médik, un humain grand et maigre, à la coiffure improbable et au visage mal rasé. Il marchait en boîtant légèrement, et le léger bourdonnement qui accompagnait chacun de ses pas était le signe que sa prothèse de jambe nécessitait une remise en état et de nouveaux réglages.

"... Il va falloir une équipe de briseurs de barrages un peu plus calés, de l'équipement de pointe et quelques semaines de travail pour décrypter ce bordel..." termina le nouveau venu d'une voix bourrue.

"Mon supérieur, le Docteur Greygaouss, le meilleur diagnosticien de l'hôpital..." dit Ljubia DeTern.

"Bon, merci l'ami," continua l'autre en s'adressant à Djal, "mais apparemment, vous ne pouvez rien pour votre collègue. Alors si vous pouviez nous laisser faire notre travail... DeTern, ramenez ces messieurs dans le hall et passez ensuite me voir dans mon bureau."

[Sémirande]

"... DeTern, ramenez ces messieurs dans le hall et passez ensuite me voir dans mon bureau."

Houla, il va y avoir du sport !

[Virik Kiikti]

Virik salua comme à son habitude les médics et raccompagna Djal à la sortie de l’hôpital, certain qu’ils laissaient entre de bonnes mains leur pilote. Il connaissait bien les services médicaux de l’Alliance, leur compétence et leur … gratuité. Ce qui ne serait pas pour déplaire aux commissaires de bord songea-t-il avec une pointe acerbe, vite réprimée.

Je vous raccompagne monsieur Djal ? Fit il en désignant de la griffe son hélimob. Il poursuivit en avançant vers ce dernier : Avez-vous déterminé lors de votre visite au sein des systèmes défaillants l’origine des troubles dont souffre monsieur Manchu ?

[Djal Gorda]

Djal avait du mal à y croire… oO(M…). La stupéfiante vérité s’imposa d’elle même… Le Ver qu’il venait de terrasser n’était qu’un programme clone… Encore et encore...

Car quelque part, dans les sombres et profondes méandres du cerveau numérique de Manchu, il y avait une forteresse. LA forteresse du mal ! Dans laquelle survivait un Répliquant Raol’kr ? Du moins était-ce son intime conviction…

« Ser Virik, nous avons un problème… », Djal capta l’attention du félidé…

« Miss Ljubia, merci pour tout... Sachez que votre décision a été la bonne… Quoi que puisse vous dire le Docteur Greygaouss… Mais pour l’heure je dois vous quitter, et j’avoue que c’est pour moi un grand regret… » oO(Oh, oui… snif)

Djal fit un sourire et s’avança vers la jeune doctoresse... Il lui fit un délicat baisse main…
« Laissez-moi votre persoc… voici le mien… », lui chuchota-t-il.

[Quelques minutes plus tard…]

Djal accompagna Kiikti jusqu’à sa mob antigrav sans dire un mot… Il se saisit du casque passager et enfourcha l’engin derrière l’Hatani…

Par Casque-com (cryptage maison via Sixuit !) , il lui expliqua…

« Virik… Ce que je vais vous dire est, pour le moment, une simple hypothèse… Manchu est bien plus qu’infecté par un virus… Je pense qu’il est devenu la dernière tanière d’une race toute entière… Je n’en suis pas sûre, mais il se pourrait que les Raol’kr aient enkysté son matériel neural et peut être même son réseau cortical… Autrement dit : Manchu hébergerait un Raol'kr… Pour le moment, ce symbiote se protège avec acharnement mais n’a, semble-t-il, pas encore la capacité d’assimiler d’autres équipements… Mais par « Le Grand Magicien » ! Seul sait ce que va faire l’équipe médicale du Docteur Greygaouss !
Si ce que j’affirme est exact, le symbiote pourrait passer sur le réseau télématique de l’Empire, s’y cacher plusieurs années et, tel un cancer, proliféré sur des lignes de code abandonnés et progresser sourdement…»
Djal marqua une courte pose…

« …Doit-on prévenir l’Armée ? J’avoue ne pas savoir quoi faire ! Ce que j’ai vu me faire peur… »

[Virik Kiikti]

L’hélimob était en pilotage automatique, suivant les indications du contrôle aérien urbain, les ramenant doucement vers le Lilith.

Virik écouta attentivement les explications de monsieur Djal n’en comprenant pas tous les tenants et aboutissements.

Monsieur Djal, je ne sais rien de ces Raol’kr, mais à ce que je comprends de vos explications il s’agit d’une sorte de virus informatique particulièrement virulent et vous craignez que celui-ci se répande au sein du réseau de l’Alliance puis de l’Empire ?

J’ai confiance quant à vos capacités d’analyse dans ce domaine. Donc la question ne se pose pas : je vous ouvre un canal vers le centre des gestions de risque planétaire afin que vous fassiez votre demande de mettre monsieur Manchu en quarantaine.

Il ouvrit le canal et poursuivit … d’autres personnes à bord sont elles susceptibles d’avoir été infectées ? Si oui, il faut aussi que vous le signaliez afin de ne courir aucun risque.

La ligne était ouverte : C’est à vous monsieur Djal.