Dans le Pick-Up

[Sémirande]

[On commence après les derniers adieux]
A peine décollé
"J'ai tort ?"

[MdJ]

Il regardait le paysage qui défilait ... ils seraient dans quelques poignées de secondes à son varlet : "l'orgueil de Chanur" un classe V mixte.

A la question il se retourna, visiblement surpris, mais ses yeux étaient légèrement moqueurs.

Tort pour quoi ? de manière générale ou sur un point particulier ? Vous devriez faire attention à ce genre de question : des fois on obtient des réponses.

Il se cala dans le fauteuil qui se moula à sa forme corporelle avec un soupir presque organique.

Il aurait donné un ... doigt (faut pas exagérer) pour boire un verre de whisky 20 ans d'âge. Mais il savait comment s'était.

Un verre pas assez. Deux verres : un de trop.

Je vais vous citer un auteur antique : Jocho Yamamoto
"le poisson ne vit pas dans l'eau claire" . C'est le goémon qui lui permet de se cacher en un lieu isolé et de se développer pleinement jusqu'à sa maturité. C'est quand on sait passer sur les détails et ne pas prêter l'oreille aux plaintes mineures que l'on est capable de procurer la sérénité aux être qui nous servent.

Il soupira ... le vieux était un maître de guerre ou un truc comme ça.

Tout ça pour dire que Khrys est ... un petit poisson, qui est en cours de développement. Il est manifestement incapable aujourd'hui de s'intéresser à autre chose, sauf circonstances exceptionnelles, que son nombril.

Et c'est normal à ce stade de son développement.

Le rudoyer sert-il à quelque-chose ? non, je ne crois pas : peut-on le forcer à changer ? Non, il déciderait simplement de se planquer mieux et de faire ses magouilles .

Faut-il l'accepter ? Pas pour autant. Mais vous n'êtes pas seule Sémirande : vos compagnons de bord semblent avoir la tête sur les épaules et ce sont des gens respectables. Ils vous appuieront si vous choisissez d'être ... comment dire ... moins abrupte.

Ces gens sont vos collaborateur, des membres d'équipage, comme vous.

Et en menaçant, en tempêtant comme vous l'avez fait, vous ne réglez pas le problème somme toute mineur, l'antenne n'aurait pas fonctionné dans ces conditions, il ne serait pas le premier à avoir essayé, mais vous créez un problème : un problème de personnes. Non seulement vous ne réglez pas le problème, mais vous en devenez un en laissant Khrys prendre le rôle de l'agressé ... alors qu'il aurait suffit de lui laisser prendre assez de corde pour se pendre.

J'ai mis longtemps à le comprendre moi même : on ne peut forcer les gens. Impossible. On peut simplement les convaincre, parfois à contre coeur, mais les convaincre, encore et toujours, par l'amour, la culpabilité, leur devoir familiale, la raison, l'appât du gain. Il existe de multiples leviers. Mais les forcer ? Jamais.

Ils étaient arrivé. La rampe éclairée du Varlet l'attendait au dehors, mais il ne fit pas mine de descendre. Il avait tout son temps.

Mon conseil, dont comme d'habitude vous ferez ce que vous voulez : quand vous êtes dans un simple duel de môts, prenez le temps de sept respirations avant de contre-attaquer, de vous fendre pour terrasser votre adversaire d'une réplique assassine ou qui vous exposerait à une phrase définitive de sa part.

Qu'auriez vous fait ce soir si Khrys vous avez dit : "c'est bon, barrez-vous si vous êtes incapable de discuter". Vous vous seriez sans doute retiré, poussée par votre maudit orgueil. Alors que j'en suis intimement persuadé, ce n'est pas ce que vous désirez profondément.

Encore un autre sujet de réflexion pour vous : un seul de vos compagnons, sauf moi, mais je vous votre image dans un miroir déformant. Donc un seul de vos compagnons s'est-il jamais amusé à vous traiter comme vous avez traité Khrys ce soir ?

Peut être pensez-vous que contrairement à Khrys vous n'avez jamais rien fait pour cela ? En êtes vous bien certaine ?

[Sémirande]

[Amusée]
"Le dernier sermon, hein ? Je svais bien que j'y aurais droit.
Vous exagérez un peu. Je ne l'ai pas "rudoyé" et pour ce qui est d'avoir été traitée comme un détritus par certains, eh bien vous avez la mémoire courte, mon Père. Mais bon... Je n'aurais pas du m'emporter.

L'ancienne Sémi la Bouchère a refait surface. C'est d'ailleurs le pourquoi de ma retraite dans une université de la Connaissance Totale, et surtout la raison pour laquelle j'ai renoncé à ce commandement auquel je tenais tant.

Non, ce qui m'a irritée, c'est que..." Un gros soupir. "Khrys Edelman ne comprend rien à rien. Voyez-vous, à part Rubisse, nous ne sommes jusqu'à présent passés par aucun monde dur. La peine de mort ou les très longues peines de prison n'existent pas sur Nan-Chay, Akim aux Grâces et en A12S. Elles ont été abolies sur Vonda et le Trèfle ; et il faut être la dernière des ordures pour se retrouver sur Cerbère. Bon, maintenant, imaginons que Khrys Edelman tente une de ses embrouilles minables aux Agrippines, dans l'Amas de Gion ou bien en République du Cygne ?"

Elle montra le vaisseau éclairé.

"Je vous accompagne jusqu'à votre cabine. Ils me laisseront monter, soyez tranquille. Je veux vous aider à vous installer."

[MdJ]

[Amusée]
"Le dernier sermon, hein ? Je svais bien que j'y aurais droit.
Vous exagérez un peu. Je ne l'ai pas "rudoyé" et pour ce qui est d'avoir été traitée comme un détritus par certains, eh bien vous avez la mémoire courte, mon Père.

... je suis votre double maléfique, craché par le miroir, Madame. Il souriait lui aussi.

l'Orgueil de Chanur, était un classe V un peu ancien au confort de classe III dans la seconde classe dans laquelle il voyageait. A ce prix là il avait néanmoins une petite cabine, environ deux fois plus petite que celle à bord du méphisto, mais ce ne serait pas pour longtemps. Il mit son sac et son banjo sous le lit et se retourna vers Sémirande. Un café ? il y a une petite cafèt par laquelle on est passé.

[Sémirande]

[Café ? ]
"Yops."
Toutefois, avant cela, Sémirande lui rangea son sac dans un compartiment ad hoc, mit toutefois sa bannette en position "nuit", dut se connecter sur les systèmes publics du bord car une musique douce et tonique à la fois, de celles qu'il aimait, sortit des haut-parleurs.

Par cet acte assez singulier, elle mettait enfin, à la dernière heure, leur relation sur un plan amical affectif. Ils allèrent à la cafète, discutèrent un peu.
"On fait un sale boulot, quand même. Prenez Mandarina, par exemple. J'aurais tellement aimé avoir une relation suivie avec elle. Et la petite instit, elle aussi, je me serais bien attardée dans ses bras. Mais on part toujours. Certains d'entre nous redeviennent Guildiens et demandent des mutations dans des Lehouines uniquement à cause de ça : pouvoir simplement fonder une famille. D'autres, et c'est un problème récurrent dans notre Guilde, font autour de la soixantaine une déprime de solitude. Ils ne supportent ni de vivre en couple, ni de vivre seuls. Ils sont déphasés. C'est assez grave d'ailleurs. Quand aux mariages collectifs : voyez le mien avec le Cercle de l'Olive. Quel avenir a-t-il ?
C'est parfois déprimant."

[MdJ]

Ne me parlez pas de mariage collectif ... Il y a quelques années je pensais que c'était une solution idéale. Il goûta le café et fit la grimace. Celui qui avait programmé l'autocook devait avoir une copie de vieux jus de chaussette dans ses mémoires. Bof, ça serait que pour quelques jours de toute façon.

Mais, ce n'est jamais qu'un groupe comme un autre avec ce que ça comporte comme comportement d'exclusion ...

Il but une autre gorgée ... et parvint à ne pas grimacer.

Et vous, comment allez-vous après votre séjour au sein de votre église ? Avez-vous trouvé des réponses ?

[Sémirande]

[Petite moue indécise]
"Des réponses : non. Mais je crois qu'il n'y a pas de réponse à certains problèmes ; juste des pis-aller.
Mais je vais continuer. Je veux devenir Mentat."

[MdJ]

Un mentat ? Il hésita ... et laissa tomber.

Vous voulez changer de carrière à terme ?

Et zut ! Il ne pouvait pas ... il était sincèrement préoccupé et ça se voyait.

J'ai peur que ce soit une voie bien solitaire ... le détachement des émotions humaines, l'absolu contrôle de ses pensées parasites. J'ai peur pour vous. Que restera-t-il d'humanité en vous si vous continuez sur cette voie ?

La vie vous a blessée, je le sais. Mais est-ce une solution ?

[Sémirande]

[Sourire]
"Vous vous méprenez sur les voies que je choisis. Je ne m'éloigne pas de mon humanité, je m'en rapproche chaque jour un peu plus. Vous redoutez que je m'enferme dans l'abstraction ? Alors que pour regoûter aux plaisirs de la chair, j'ai choisi une belle sauvage (très douée d'ailleurs) ? Allons, Mon Père...
N'ayez pas peurs des machines. Ce ne sont que des outils. Ils sont ce que l'on en fait. Tiens : Dorée vous a-t-elle parue inhumaine ?
Et vous ? La communauté u Brave Sammy Lutriens ? La belle Evengélina ?"

[MdJ]

"On ne peut comprendre un processus en l'interrompant. La comprehension doit rejoindre le cheminement du processus et cheminer avec lui" c'est pas ce que disent les mentats ? Il souriait lui aussi, le café refroidissant entre ses mains; comme ça il avait une utilité.

Donc ... laissons donc le temps faire et je prions pour que vous trouviez en chemin l'humanité que vous avez oublié.

Moi ? Oui, je vais rejoindre Sammy. Un brave gars. Des gens simples sur Akim. Je les aimes bien. Et c'est la première fois que l'on me demande en mariage.

Je parle d'Evengélina là.

Nous verrons bien. J'ai des projets ... on va fonder une université là bas. Mobile sans doute, à la manière de l'endroit. Et on fera des échanges ensuite : histoire de recevoir des étudiants galactiques et de permettre aux jeunes d'Akim de faire leur voyage initiatique.

Je pense que je vais rester un bon moment sur Akim si ça se passe bien. Peut être quelques allez retour vers Viala. Si à l'occasion vous passez dans le coin, arretez-vous histoire de savoir ce que je deviens. Ca me fera plaisir.