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... d'étoiles lointaines
Lorsque le Lilith avait été escorté par les « rorquals » Virik avait croisé les bras et fermé à demi les yeux. Il avait senti, gouté, observé le manège de ces créatures. Guides ? Anges ? Simples créatures que le sillage de leur varlet fascinait ?

Peu importait au final : c’était simplement beau. Un moment de poésie auquel il n’était pas insensible.



L’arrivée dans le système ne répondit pas à ses attentes, si tenté qu’il attendait quelque chose. Aucune planète ne semblait susceptible d’accueillir une colonie, pas d’émission radio. Qu’allaient-ils chercher maintenant ? Une épave morte, vidée de toute vie ? Une colonie spatiale réfugiée dans une ceinture d’astéroïde ? Des petits cailloux menant à l’étape suivante du Cortez D’Algol ?

Il lança une procédure automatisée à partir de la console de sécurité pour repérer au sein du système des artéfacts métalliques ou composite dont la masse était comprise entre celle d’une balise hypercom et l’épave d’un mange poussière. Si ça ne donnait rien il abaisserait la discrimination pour repérer d’éventuels débris.

Il laissa la console à son analyse.

Hemmedéji Wrote:"Au fait, comment baptisons-nous ce système ?"

Déception ? il frétillait des moustaches et le ton n'était nullement sérieux.

// édit pour préciser l'intonation de la proposition de Virik.
[Action]
L'échec du scan traditionnel ne surprit pas Sémirande ; non pas qu'elle eût fait preuve d'une prescience particulière, mais il était arrivé à ces gens quelque chose de très particulier, et elle aurait été surprise de trouver leurs dépouilles ou leurs descendants dans ce système perdu. Oh certes, il faudrait bien examiner les satellites des Joviennes, par acquis de conscience, mais elle avait le sentiment que cela ne servirait pas à grand chose dans le cas qui les intéressait.
Sans bouger le petit doigt, elle lança la série de scans qu'elle avait eu trois jours pour préparer. Elle réclama tout d'abord une série de ressources aux systèmes, et lança ses procédures correctement cryptées (elle détestait que l'on regardât par dessus son épaule). Elle commanda une série de recherches sur d'éventuelles anomalies spatiotemporelles situées dans un rayon de dix-mille UA autour du barycentre de l'étoile double.
Son raisonnement était simple.
  • La Cortes se trouvait en un endroit du cosmos qu'aucun Mange-Poussières n'aurait eu le temps d'atteindre depuis leurs lancements.
  • Donc elle avait voyagé plus vite que la lumière, et elle n'était pas équipée pour, loin de là.
  • Un phénomène extérieur les avait conduit ici, sur la nature exacte duquel on ne pouvait qu'émettre des conjectures.
  • Une de ces conjectures était un Ouormôle, que les Gris auraient traversé sans se faire aplatir. Belle performance.
Aussi, au lieu de chercher un objet minuscule qui pouvait aussi bien être perdu dans un nuage cométaire (Oort pour ne pas le nommer), la femme qui n'était plus rien à bord se mettait en quête d'une déformation de l'espace qui, elle, aurait beaucoup plus de mal à passer inaperçue.
Après avoir émergé du Triche-Lumière, Eron avait naturellement mis route vers la planète la plus proche en quête de satellites qui aurait pu accueillir un vaisseau en perdition.
La remarque du félidé le fit sourire.

"Effectivement le taux de criminalité doit être assez bas ici, vous voila au chômage technique"

Hemmedéji Wrote:"Au fait, comment baptisons-nous ce système ?"
"Tu es le capitaine, c'est ton système. Donc Gurvan."
Eron Azad Wrote:"Effectivement le taux de criminalité doit être assez bas ici, vous voila au chômage technique"

La moustache toujours frétillante : ... Je ne manque pas de travail à bord monsieur Eron.
Gurvan avait échangé un regard amusé avec Virik, souriant sans découvrir ses dents. Puis à la suggestion d'Eron, il s'était exclamé, toujours souriant :

"Que les Etoiles m'en préservent... J'avais pensé à Thelma, pour continuer dans l'hommage commencé avec Constantine, le système où nous avons retrouvé la nacelle envoyée par le Cortez. Ce sont les prénoms d'une personne remarquable que certains d'entre nous ont cotoyé il y a deux ans, avant que son pérédène ne cesse d'agir."

La console du transcom où officiait Djal restait obstinément silencieuse.

Les senseurs du Lilith et leurs programmes d'analyse ne manquaient pas de travail, entre la recherche d'artefacts métalliques sollicitée par Virik et le sondage à longue portée demandé par Sémirande pour détecter une anomalie gravitationnelle ou une distorsion de la métrique espace-temps.

Les minutes s'écoulèrent, se transformèrent en heures. A l'excitation succéda l'ennui. Les scruteurs passifs avaient fourni leurs relevés dès la sortie du Triche-Lumière, mais les différents faisceaux de détection envoyés par les senseurs actifs devaient parcourir des distances astronomiques avant d'être éventuellement renvoyés aux récepteurs du navire.

A l'ennui succéda la déception, réelle celle-ci. Aucune masse métallique de la taille supposée d'un mange-poussières de commerce n'était perceptible sur une trajectoire libre ou sur une orbite circumstellaire. L'analyse d'éventuelles perturbations spatio-temporelles autour du système fut tout aussi infructueuse.

Aucun signal radio, aucune vibration hyperonde porteuse. Rien. Nada. Nib. Peau de balle.

Trois heures après la retranslation en Espace newtonien, les occupants du Lilith présents sur la passerelle commençèrent à afficher des mines déconvenues et à échanger des regards dépités. Gurvan essaya de remotiver les troupes :

"Allez, les enfants, j'aimerais voir un peu d'optimisme, ici. Les mémoires du système de navigation de la nacelle indiquaient qu'elle venait d'ici, le Cortez d'Algol doit y être aussi. En orbite autour de l'une des géantes gazeuses, écrasé à la surface d'une lune, mais il est là..."

Il consulta les relevés astrographiques. Le Lilith se trouvait entre la dernière orbite du système et son halo cométaire. Peu importaient les distances auxquelles gravitaient les différents membres du cortège planétaire, cependant. Il n'était pas question de s'y rendre en vol spatial conventionnel, cela aurait pris des heures et aurait consommé inutilement une grande quantité d'antimatière. Un micro-saut TL ne durait que quelques instants, rarement plus de trente secondes, le temps que le navigateur aux commandes repère l'infime ombre gravitationnelle de la planète cible.

"Sémirande, on replie l'interféromètre. Eron, on saute jusqu'à Déception ou Thelma VI. On lance des recherches et si on fait chou blanc, on sautera jusqu'à la suivante, et ainsi de suite en se rapprochant du centre du système."

Quelques minutes plus tard, l'habituel flash de lumière octarine du point de Vérité enveloppa le Lilith, qui, le temps de quelques battements de cils, se rematérialisa à une centaine d'unités astronomiques de son point de départ.

Les senseurs émirent presqu'immédiatement un signal d'alerte. Le navire démarra à sa vitesse Espace maximum et plongea en direction de la jovienne dans la banlieue de laquelle il avait surgi du Triche-Lumière. Les bandes nuageuses de la planète gazeuse couvraient toutes les teintes possibles de vert, de l'anis à l'émeraude en passant par le jade et le turquoise.

Soudain il fut là, petit objet grisâtre flottant dans l'espace à quelques milliers de kilomètres.

Les imageurs zoomèrent tandis que des données télémètriques se mettaient à voltiger devant les baies d'observation. Deux millions de tonnes d'après les relevés de masse, un collecteur de poussières incomplètement déployé mais qui devait faire plusieurs kilomètres de diamètre en pleine extension, un cylindre habitable d’un kilomètre de long sur un quart de diamètre, prolongé par huit réservoirs sphériques au centre de la couronne de propulsion avec ses évents orientables. La coque de trifibranne semblait en piteux état. Percée comme un gruyère d'impacts de micrométéorites, ternie par des millénaires d'exposition au vide et aux rayons cosmiques. Le mange-poussières décrivait son orbite autour de la géante gazeuse en basculant cul par-dessus tête : les mâts de spin des quartiers habitables avaient dû s'arrêter de tourner par friction après un laps de temps prolongé, et l'énergie résiduelle avait été transmise à l’ensemble de la structure du vaisseau.
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)
Virik observa l’objet cyclopéen surgit du passé qui tournoyait lentement. Une épave. Etait-il possible que quelque chose ait survécu à bord, ou regardaient-ils sur les panneaux Tri-vi un cimetière spatial lancé dans une danse macabre éternelle ?

Il attendit que les scanners du bord ait rendu leur verdict tout en demandant quelques gros plans de la structure externe, appelant de la mémoire de l’ordinateur de bord les plans théoriques du Cortez d’Algol … il demanda une comparaison entre ces derniers et ce qu’ils avaient sous les yeux.

Il recherchait un signe, une possibilité pour que les survivants du Cortez aient cannibalisé leur navire afin de construire une colonie quelque part dans le système ou continué leur route sur un ultime radeau de sauvetage.

Il s’éclaircit la voix, ses moustaches étaient maintenant d’une rigidité absolue et ses oreilles légèrement inclinées vers l’arrière.

Pourquoi ne pas nommer ce système Cortez d’Algol, puisque c’est l’ultime demeure de ce navire ?

Il tourna les yeux vers l’épave. Je suis volontaire pour une mission d’exploration, commandant.
Virik Kiikti Wrote:Il tourna les yeux vers l’épave. Je suis volontaire pour une mission d’exploration, commandant.
[ :o :fubar: ]
"Ah mais bien sur voyons. Vous êtes spacio-archéologue en plus ? Non ? Alors pourquoi prétendez-vous entrer dans cette épave, qui de plus est vraisemblablement une tombe ?
Vous resterez ici. Nous tous resterons ici. Tout au plus enverrez-vous vos sondes afin qu'elles inspectent l'extérieur et l'intérieur, et qu'elles posent vos balises de propriété. On en saura autant, et nous ne commettrons aucun sacrilège."
Je ne savais pas que vous aviez repris vos fonctions de commandante madame Sémirande. Je n’ai pas reçu le « mémo ».

Virik frétilla des moustaches, visiblement il s’amusait beaucoup.

Je trouve votre haine constante rafraichissante, car ridicule et par conséquence amusante.

Il s’était retourné vers elle, les résultats des analyses tardant à venir.

Néanmoins je vous répondrai que :

D’une part vous semblez avoir le sens du sacrilège à géométrie variable en fonction des épaves et du bénéfice que vous pouvez en tirer.

D’autre part que si je ne suis pas archéologue personne n’a cette qualification à bord. Bien entendu nous prendrons toutes précautions nécessaires, utiliserons des drones, mais si nous devons a un moment ou un autre monter à bord de cette épave, je demeure volontaire pour ce faire.

Enfin en ce qui concerne les tombes, si tenté que cette épave en soit une, puis-je vous rappeler que l’histoire de votre humanité a bien souvent été écrite par le décryptage de celles-ci.

Maintenant je rajouterai que le jeu des provocations que vous menez me semble mettre mal à l’aise le reste de l’équipage et nuire à l’ambiance à bord. Peut être serait-il nécessaire une bonne fois pour toute que nous en débattions tous ensemble autour d’une table, que les choses soient dites à cœur ouvert aux uns et aux autres sans fuir le débat ou ses responsabilités.
[Indifférente]
"Je me contrefiche de vos raisonnements foireux, laisse vos supputations au sujet de mes éventuels sentiments pour ce qu'elles sont et n'ai rien à faire de vos conseils." Elle montra l'épave du doigt, un rictus méprisant aux lèvres. "Mettez un pied à bord de ce vaisseau, monsieur, et vous promets un clou de plus dans le cercueil de vos ambitions. J'ai dit ce que j'avais à dire."
Virik gonfla sa crinière en un haussement d'épaules maison.

Il retourna à son résultat d'analyses bien plus intéressant que ces échanges qui décidément ne menaient à rien.


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