Le repas se termina doucement, sans plus de d'éclats. Monsieur Baser écoutait les uns et les autres, relançait parfois la conversation tout en demeurant discret, tant sur lui même que sur les autres.
Il accepta tacitement les frais énoncés par le commissaire de bord, la proposition de Sémirande et promit de payer d'avance mais demanda un avenant au contrat.
La clairière au cours du repas avait été plongée doucement dans l'obscurité, suivant le cycle de nuit de son modèle original. On alluma sur la table des veilleuses dont la chaude lumière dessinaient dans le manteau de l'obscurité qui les entourait leur visage, leurs yeux qui brillaient, les dents qui se découvraient à l'occasion d'un sourire. On chanta, on joua de la sensoviel. On rit.
Après un dernier raktagino noir comme une nuit sans étoile il les pria de l'excuser, salua chacun, baisa la main de Sémirande, gardant peut être une fraction de seconde de trop sa main dans la sienne, puis il regagna sa cabine.
Il ne fallut pas longtemps pour réaménager la clairière et lui rendre son aspect original. Ils purent ensuite abandonner le lieu.
Khaadaric se retourna une dernière fois avant de quitter le pont passager ... Une nuit calme et fraîche, au loin on entendait les cris des kralos, les buissons bruissaient de l'activité de la faune qui pratiquaient le jeu de la reproduction et de la survie quotidienne. Ça le ramena en arrière, loin d'ici, dans le dédale de ses souvenirs ... c'était bien imité.
Chacun retourna à son poste ou à son lit ...
Les senseurs n'indiquaient aucune activité suspecte. L'on rappela les petits drônes et le voyage reprit.
Les quarts se succédèrent ensuite avec régularité. Monsieur Baser restait tranquille dans son coin, mangeant seul le cas échéant, mais acceptant volontiers la compagnie d'un ou d'une convive. Il lisait beaucoup, écoutait de la musique, faisant preuve dans ce domaine de goûts assez hétéroclites et s'astreignait pendant une petite heure tous les quarts à une activité physique. Il proposa d'ailleurs à monsieur Khaadaric à pratiquer avec lui l'escrime ... Il avait apporté avec lui des épées à l'ancienne : des lames à double tranchant, effilées, équilibrées et légères ... heureusement que les champs de force et l'abesto obligatoire rendait l'exercice presque sans danger. Il était bon.
Le plan de vol de Sémirande les amena à l'intérieur des frontières de la république du Cygne, à l'abris des pilleurs kiffishs. Au cours des heures qui suivirent ils croisèrent plusieurs navires, des marchands pour la plupart et de loin un destroyer, un classe II de la République nommé l'Orage. Ce dernier s'enquis par radio de leur destination, de leurs intentions, de leur cargaison et les laissa passer.
A la quarantième heure de vol ils approchaient enfin de leur but, le trafic se fit plus dense, ils croisaient de lourds classe V chargés à la gueule de métaux rafinés, des navires de transport de passager et pas mal de navires de guerre. Beaucoup de ces derniers. Trop.
Ils finirent par recevoir la visite de deux chasseurs qui les guidèrent en direction du point d'émergence qui leur avait été affecté.
Ils regagnèrent l'espace dans un déchirement de lumière octarine ... Devant eux la sphère rouge orangée de Redwone flottait. Les capteurs à hyperonde dessinaient l'espace les entourant. Il y avait beaucoup de navires et visiblement une flotte complète de navires de guerre, plusieurs portes chasseurs, des navires ravitailleurs.
Monsieur Baser avait demandé la permission d'assister sur la passerelle à la sortie, ou tout du moins de bénéficier d'une retransmission en temps réel. Il siffla entre ses dents et demanda sur la projection holographique sphérique quelques agrandissement, notant des noms ...
huitième et troisième flotte d'intervention rapide ... Il ne fit pas plus de commentaire.
Ils n'eurent pas le temps d'épiloguer : le contrôle de vol les pris en charge les guidant en direction de la surface. Ils passèrent à proximité d'une grande station orbitale dont les câbles des ascenseurs orbitaux plongeaient vers le sol.
Le Méphisto pénétra l'atmosphère ténue de la planète. Les nuages de poussière rouge masquaient le sol, crissant sur le champ de force ... ils passèrent enfin au dessous et eurent une vision fugitive de la cité de Rempart avant de se poser dans l'abri creusé au flanc d'une falaise qui leur avait été réservé sur l'astroport.
Une cité étendue, aux grands bâtiments industriels, aux dômes d'habitation couverts de champs de force, aux couloirs de liaison semi-noyés dans la poussière rouge qui recouvrait tout.
Le Méphisto pénétra dans une des centaines de grottes découpées par des lasers industriels qui s'alignaient dans une falaise à l'abri des vents. L'astroport de Rempart ... des patins antigrav se calèrent sous le ventre du navire, un champ de force en rideau obstrua l'ouverture et l'on pressurisa le dock. Les lignes d'énergie, d'eau, d'évacuation, se connectèrent depuis le plafond sur les prises du Méphisto et l'on put couper les moteurs : Ils étaient arrivé.
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