Gurvan hocha la tête en écoutant les diverses suggestions et remarques de ces collègues. Il montra du doigt l'écran où s'affichait un modèle TriD de l'engin que les sondages radars et des analyses des imageurs multispectraux construisaient peu à peu :
"Apparemment il n'y a pas d'habitacle dans cet engin, aucun espace de vie. Entre le collecteur à l'avant, la génératrice et le réacteur à fusion dans le bloc arrière, il n'y a quasiment que ce petit local technique qui soit creux, à peu près au niveau des panneaux solaires. Il a approximativement le même volume que l'habitacle du Gerfaut. Virik, Axl, merci pour votre enthousiasme, mais il n'y aura pas grand chose à explorer. Bon... On envoie une Trapanelle en reconnaissance pour faire le tour de cette antiquité avec un LAK-640 pour entrer dans l'espace technique et y poser nos balises de propriétés."
Il donna les instructions nécessaires à la salle des machines puis se tourna vers Virik et Sémirande :
"Nous sommes les découvreurs de ce système puisqu'il n'avait fait l'objet que d'un relevé de position et d'une analyse spectrale mais d'aucune exploration rapprochée. Quant à savoir s'il y aura un jour un chantier astronaval ici, il faudra d'abord s'assurer que la combustion nucléaire de cette étoile présente la régularité requise pour l'équilibrage des moteurs Varlets. Par contre, son isolement au-dessus de l'écliptique galactique pourrait aussi en faire un bon candidat pour l'établissement d'un système interdit réservé à la Guilde Navyborg. Une académie... ou un arsenal Lehouine. Au fait, en tant que découvreurs, nous avons le droit de nommer cette étoile. Une idée ?"
Une poignée de minutes plus tard, un écran de vision extérieure montra la
trapanelle no 1 en train de franchir le rideau à champ de force du hangar. La silhouette trapue d'un logimec de maintenance
LAK-640 apparaissait comme soudée sur son extrados à l'aide de ses membres articulés à induction. Aussitôt, un large rectangle se polarisa à la surface de la baie d'observation de la passerelle, matérialisant un écran qui se mit à afficher les images et une foule d'autres données retransmises par la sonde-robot.
Celle-ci éjecta une traînée de vapeur luminescente par ses impulseurs ioniques et franchit les quelques centaines de mètres séparant le Lilith de ce qu'il convenait après tout d'appeler un mini mange-poussières. Le drone remonta le long du flanc faisant face au Lilith à partir de la tuyère de poupe, puis s'écarta et commença à décrire une courbe autour de l'engin inerte pour contourner le grand rateau à poussières parabolique. Il disparut à la vue directe par les baies d'observation, mais les images continuèrent de défiler à la surface de l'écran panoramique.
"Trapanelle 1 : delta-v 0.5..."
Le drone obéit et ralentit à la moitié de sa vitesse de déplacement en arrivant à peu près au niveau du mât d'antenne et du panneau solaire. Il y avait une écoutille de sas, et sur le côté, une plaque d'identification de couleur cuivrée où des marques sombres formaient une série de caractères presque effacés. Les logiciels d'analyse reconstituèrent l'écriture et retranscrivirent le pavillon en univerlang :
[ Nacelle #1 - Cortez d'Algol - Verdon - 7141 ]
La trapanelle ré-accéléra et termina son tour de l'engin. Celui-ci paraissait en bon état dans l'ensemble, mais n'émettait pas la moindre trace d'énergie, d'aucune sorte.
"Trapanelle 1 : retour au sas. LAK-640 : recherche d'un système d'ouverture manuelle."
La sonde-robot revint s'immobiliser au contact du panneau de l'écoutille, et le logimec de maintenance s'anima, passant sur la coque du mini mange-poussières. Il découvrit rapidement une trappe escamotable qu'il fit coulisser avec d'infinies précautions. Il y avait bien un volant d'ouverture manuelle.
[hrp]Et maintenant ?[/hrp]