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Arrivée sur Triple Grâce
#1
Message de Sémirande

Le Méphisto appliqua la vitesse que le contrôle de vol lui assigna : c'est-à-dire que son allure devint – très – modérée. Cela dit, on eut grâce à ça l’avantage de pouvoir profiter du spectacle.

Au lieu de voir un point orangé laisser instantanément place à une nuée d’astéroïdes, ils regardèrent ledit point orangé se muer en une minuscule ellipse, qui prit à son tour une forme allongée pour se muer enfin en un haricot de points dont on devinait qu’ils étaient des rochers dérivants. Nul scintillement comme pour la majorité des astéroïdes ; et on devinait pourquoi … En revanche, le fait que l’erre de ces objets obéisse à des forces elles-mêmes régies par des algorithmes fort complexes ne sautait pas aux yeux.

Mais une chose surprenait l’observateur même le moins averti : l’atmosphère de Triple Grâce, une des plus étendues si ce n’était LA plus étendue de tout l’univers connu ; la voir devant soi, comme un ciel multicolore dont on pouvait appréhender parfois les limites, ne laissait pas indifférent. Des écharpes nuageuses furent bientôt visibles, de même que des bandes d’espèces volatiles se déplaçant en formations aussi diverses que curieuses.

Le navire, piloté par Monsieur Lohnsöme, se présenta devant un des « tunnels de vide » créés afin que les astronefs ne mettent pas trop de temps à atteindre leur destination, parfois encore lointaine.

On avisa le vaisseau de la TSA que les douanes passeraient les voir « plus tard » (sic !). Cela dit, ce n’était pas plus surprenant que cela. Mais il y eut une formalité dont ils apprirent après coup qu’elle datait des débuts même de l’histoire des Grâces. Ils embarquèrent un Pilote ; en l’occurrence une belle femme entre deux âges, discrète et compétente. Elle examina les caractéristiques du Transistel, et dut les trouver acceptables car elle en prit les commandes en double avec monsieur Lohnsöme. Reprenant de la vitesse, le Méphisto se rua dans le tunnel dont leur guide avait affirmé à Ikaar qu’il était libre. Cela dit, on pouvait éprouver une certaine appréhension. Et si un Classe I se pointait en face : comment les Infopilotes réagiraient-ils ?

Ils volèrent une heure dans cet étrange environnement, les astéroïdes défilant autour d’eux à une vitesse folle. Puis ils ralentirent derechef, et leur guide indiqua un endroit où ils touchèrent enfin l’atmosphère de Triple-Grâce. Sur un ordre de sa guide, monsieur Lohnsöme activa la transparence de 75% de la coque. Ce fut comme de s’immerger dans ... dans … Non ! Rien ne pouvait décrire la sensation qu’éprouvait l’observateur qui voyait au dessus de lui une chevelure de céréales dériver alors qu’une petite cité passait sous ses pieds. Ils croisèrent aussi de curieux engins volants, mus par des turbines envoyant des jets d’air exempts du moindre résidu de combustion. La plupart d’entre eux étaient découverts. Ikaar Lohnsöme regarda la vitesse : plus de 700 km/heure. C’était encore beaucoup trop ! Le Méphisto s’engagea entre deux roches couvertes de végétation (apparemment très présente même sur les astéroïdes « urbains ») et fit tomber sa vitesse. Sa destination apparut enfin. Leur patronne – nommons-la ainsi – leur patronne donc vivait sur deux roches orbitant l’une autour de l’autre, reliées par deux câbles. Là aussi, mais c’était moins surprenant, la végétation semblait omniprésente.

Le navire ralentit encore, passant bientôt sous les 100 kilomètres / heure. Une grappe d’une vingtaine de sortes de surfs multicolores ; montés par des adolescents majoritairement humains, entoura le Méphisto. Manifestement, c’était un jeu, et la guide eut un geste agacé. Le navire ralentit encore : « 60, 55, 50, 45 ». Une idée traversa l’esprit de monsieur Lohnsöme ! « Et puis après tous, pourquoi pas ? ». Il annula le champ qui servait de pare-brise au poste de pilotage. Un vent frais, piquant et fort agréable balaya instantanément l’atmosphère confinée de la passerelle. On se mit à entendre le feulement de l’air sur la coque, les exclamations des jeunes gens qui volaient avec insouciance au milieu d’un vide qui aurait terrorisé plus d’un courageux dur à cuire.

Sur le pont passagers, c’était du élire. Les enfants, heureux comme ils ne l’avaient sans doute jamais été, s’étaient répartis le long de la « vitre » de la salle commune. Ils échangeaient de grands signes avec les surfeurs, ravis de n’être point snobés. C’était ma foi fort sympathique. Les micros extérieurs transmettaient les conversations, très basiques : « D’où ils viennent ? » « Terra Formata ». « C’est où ce bled ? » « Ignare » « Tiens, il y en a un sur le toit, v’nez voir » « Coool ! Il a pas l’vertige, pour un E.T. ? » « Laisse béton, y’a une souris dans le salon. Oh la bêcheuse, elle veut pas dire bonjour ». Puis le Méphisto arriva près, tout près de l’un des l’astéroïdes, et les surfs disparurent du champ de vision des passagers, pour se rendre à une « javouille ».

5 km/h - 2 km/h – ½ Km/h – La roche noire qui les surplombait se déforma, une langue composée d’une matière noire, et assez large pour accueillir un navire quatre fois comme le Méphisto, se déploya bizarrement, dans un mouvement animal vaguement inquiétant. Mais le Transistel ne fut pas crouté par la chose. La Pilote Trégratienne posa simplement le navire de la TSA. Quand ce fut fait, elle s’inclina brièvement vers monsieur Lohnsöme, et sortit par l'emplacement maintenant ouvert de la "vitre" avant. Elle embarqua dans un de ces curieux engins à réaction qu’ils avaient abondamment croisé, et disparut.

Ils étaient à l'heure.

Le Méphisto était posé sur une langue noire, dominé par la masse énorme d’un astéroïde pas très standard …

C'est monsieur Fénilara qui s'aperçut que divers capteurs réagissaient successivement comme s'ils étaient sollicités tour à tour, ou en fonction de leur implantation. Il étudia le phénomène, et se renversa dans son fauteuil.

Pas de doute. On était en train de sonder le vaisseau.


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