Le roncier

[Sémirande]

Au loin le grondement cristallin du roncier augmentait en intensité. Ils se dirigèrent droit sur lui, à un petit 5 EAL de l’heure, certains navires avaient visiblement du mal à garder leur place dans le dispositif.

[In Petto]
"Tssssss." Mais il n'était en rien méprisant. Des dizaines de petites colonies existaient devant, aux limites du bras du Sagitaire. Elles possédaient le plus souvent un seul vaisseau, celui qui les avait amené, parfois des siècles auparavant. Leur colonie stagnait, le monde magnifique qu'ils avaient convoité leur résistait et ils végétaient. Ce navire était leur seul lien avec l'extérieur.

Viendrait-il à disparaitre que c'en serait fini d'eux. Mais l'entretien coûtait cher, et décennie après décennie il se dégradait. Ces gens vivaient donc dans la hantise de se retrouver isolés à la merci de marchands sans scrupules, de pirates, de tarés tels que les kiffish ou, pire, carrément seuls. Et ce serait la lente disparition. Mademoiselle Chalmak n'en avait jamais vu, mais des amis à elle s'étaient posés sur de telles colonies mortes. Les récits qu'elle avait entendu étaient à pleurer. Des villes aux rues vides que la végétation locale ne pouvait reconquérir. Des adieux désespérés gravés dans le plastacier. Des suicides collectifs pour échapper à des maladies terrifiantes. Et cette une vieille femme sous pérédène III qui avait fondé un monde écolo idéal et qui avait vu tout ses compagnons mourir autour d'elle. Absolument tous. Elle était à devenue à moitié folle, de solitude et de remord. Et des histoires comme celle-là, il y en avait tant !!!

Tout le monde ne s'appelait pas Stella de Solaria.

Certains des vaisseaux traînards devaient être dans ce cas de figure. Mademoiselle Chalmak secoua la tête, de pitié et de compassion.

L’enseigne Detlef recevait sur sa console des messages flash, textuels ; il attira leur attention sur un classe II « l’Olivine » qui avait tendance à empiéter sur leur trajectoire : laissez-lui un peu d’espace, ils ont un petit problème technique à bord actuellement. Augmentez un peu votre vitesse et positionnez vous devant lui s’il vous plait.

"A vos ordres, Monsieur."

Les chasseurs, par paire, s’assuraient qu’une bulle de 36 EAL était vide de tout navire autour d’eux.

[In Petto]
"Elles en ont dans le sous-tif, et ils en ont dans le calbute" se dit la Navyborg.

Ils arrivèrent enfin à la barrière irrégulière que représentait le roncier … dans un fracas épouvantable les cathédrales avec une fausse lenteur s’écrasaient dans une poussière d’encens aux notes discordantes.

[In Petto]
"Si tu crois m'impressionner" se dit-elle, bravache.

Le navire de tête s’engouffra dans une brèche de deux EAL de large suivi par l’ensemble de la flotte …

Elle suivit, tenant sa formation comme elle l'avait fait tant et tant de fois de par le passé. Mais au bout d'un moment, la pilote demanda : "Monsieur l'Enseigne Detlef, il serait peut-être pertinent que le Commandant aille prendre un peu de repos ? Qu'en pensez-vous ?"