Alors que le navire quitte Vonda

[Epstar Jdryk'll]

Par contre, elle avait eu un important contrat de l'A12S au début de sa carrière, sur Marine. Elle l'avait accompli, mais curieusement avait brusquement quitté le secteur après cela, et entamé le long voyage qui avait bâti sa fortune. Mais ce faisant, elle avait renoncé à plusieurs opportunités intéressantes. TRES curieux.

Des détails sur ce contrat ? Quel était la nature du travail effectué ?

"Quel age avez-vous ? 38 ans ? Mes dieux ! 38 ans..." Elle hocha la tête avec un sourire à la fois moqueur et gentil. "Mon Père ! Vous n'avez pas encore compris comment marche le système ? Nous savons faire n'importe quoi par synthèse. Les raisons qui nous retiennent de tout produire de cette manière sont de trois ordres :
- économiques : le matériau naturel est souvent moins cher
- sociologique : on empêche l'avènement de l'age de l'abondance totale de peur que la société ne s'écroule
Mais ces deux premières raisons ne sont rien à côté de la troisième. Ce qui fait que l'on se pratique encore ce type de barbarie est que les gens demandent ce genre "matière naturelle". Certains Etres ne se fichent qu'en apparence que leurs gants en peau de zébulon aient nécessité l'écorchage à vif 800 de ces zébulons : en fait ils accordent de l'importance au fait qu'ils aient coûté tant de souffrance. Non pas parce qu'ils sont méchants, mais parce que cela donne à leur babiole une valeur qu'un zébulon de synthèse n'apportera jamais. C'est barbare. C'est idiot. Mais c'est comme ça. Bon. " Elle réfléchit. "Vous ferez ce que vous voudrez, mais je pense que votre plan est voué à l'échec. Le mieux pour vos protégés, ce serait de ruiner les trafiquants en inondant le marché de vrais/faux tissus de Rubisse. Cela prendrait du temps mais serait infiniment plus efficace. Cela dit, je le répète, vous ferez comme vous voudrez. Il y a un Gigacom près de Myrtil. Je vais rédiger un ordre aux deux femelles infernales(1) et vous irez les trouver quand c'en sera fait de moi."

Je sais, je suis très jeune selon vos critères et … comment dire, je cultive ma capacité à m’indigner et à rêver d’utopies comme d’autres leur forme physique.

Parce que je suis persuadé que lorsque je perdrais ça … il ne restera plus grand-chose de moi : une coquille vide se demandant s’il y a un dieu dans tout cet infini.

Merci de votre aide, vous avez sans doute raison : quand le bien perdra son aspect « exclusif » il deviendra quelconque, indigne de se porter et le tissus « naturel » perdra alors tout intérêt.

Je ne manquerais pas de contacter vos amies, j’emploie le terme à dessin, car je sais que Makzinéro vous est très attachée. Une personne et une histoire fascinante que la sienne d’ailleurs. Croyez-vous en la rédemption madame ? A la possibilité par ses actes présents à se pardonner ses erreurs et ses crimes d’autrefois, même involontaires ou accidentels ? Au rachat, tant à ses yeux qu’accessoirement au regard des autres ?

Regard franc :

Moi j’y crois.

Je vous remercie de votre confiance Madame et de votre aide. De votre patience aussi envers mes fredaines, mes passions. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à faire appel à moi, dans la mesure où je pourrais vous apporter ma modeste aide.

Il claqua des doigts : En fait, j’avais bien pensé à quelque chose. Je sais que vous n’êtes plus en mesure de sentir, ni de gouter vos aliments ou vos boissons. Si vous le souhaitez, dans la mesure ou mes sens peuvent parfois être assez affutés et que je suis par ailleurs télépathe, vous transmettre en gouteur le sens de ce que vous mangez ou buvez dans la mesure ou nous partageons le même repas. Ne craignez rien : je m’en tiendrais à émettre et ne chercherais nullement à vous écouter. Je suis à votre disposition si vous souhaitez tenter l’expérience.

Après avoir écouté sa réponse il se leva, la salua et se rendit dans sa cabine où il récupéra le vin de Marine que madame lui avait offert. Il se dirigea vers la petite cafêt de la salle des machines où il savait que personne ne le trouverait à cette heure, d’autant plus que les pazanopèdes n’étaient pas du genre à la fréquenter habituellement.

Il ouvrit la bouteille, se versa un verre et utilisant le papier et le fusain qu’il avait fait fabriquer pour la chasse commença à dessiner : il aurait put utiliser un pad graphique et un stylet, mais recommencer à dessiner le ramenait en arrière, loin dans le passé …

… dans une salle commune troglodyte aux étroites fenêtres en meurtrière, qui laissaient passer par bouffées le vent sec et chaud du désert. A ces condisciples, penchés sur leur lutrin tenant fusain entre leurs doigts malhabiles et tentant de dessiner le camarade leur faisant face. A la voix de leur professeur, comment s’appelait-il déjà ? Père Kaladis ; qui leur martelait : un morceau de craie, de fusain, votre capacité à tirer un portrait, une caricature, voilà qui vous remplira le ventre à peu de frais …

Il sourit pour lui-même tout en commençant à esquisser les yeux en amande qui ne cessaient de le, de « les » poursuivre. Il dessina longuement, retouchant, froissant ce dont il n’était pas content jusqu’à arriver à quelque-chose le plus approchant de la vérité, ou de ce qu’il avait perçu de celle-ci.

Il but un dernier verre et observa la bouteille notant l’année … et se demandant si s’était l’année où Madame avait quitté Marine.

Il mémorisa dans la mémoire de l’ordinateur son dessin, puis appela la base de données de la faune et de la flore de l’université de Viala qui devait encore être à portée.

Il lança une recherche comparative sur la faune et la flore de … Marine : Une intuition le poussait à penser que c’était sur Marine que la réponse se trouvait. La fuite de Madame peut-être ? Il recherchait une créature, ou un être pensant qui pouvait avoir ces yeux, une créature marine. Il attendit les résultats de sa recherche …