2009-03-11, 08:27 PM
[Décollage...]
Il y avait 806 AL entre Vonda et Myrtil. Madame, qui avait vraiment l'air d'apprécier son séjour depuis qu'elle avait enfin tué son TeddyJaw, se retira dans son camp de l'age de pierre, avec Kolène Espéréro, Sorbier et Yggdrasil. Le reste de l'équipage, moins monsieur Lohnsöme qui n'était guère intéressé par tout cela, se retrouva dans la cafète de l'équipage. On aurait pu voir flotter les points d'interrogation. Devant les regards des quatre hommes, Melle Chalmak eut un sourire. Elle fit le geste de prendre une giffrette, se souvint de quelque chose, sourit de nouveau et prit la parole.
"Je vous avais fait une promesse, n'est-ce pas ? Je vais la tenir." C'était énervant de ne pouvoir se donne une contenance, avec une cigarette, un café ou un raktagino. Même le fait de se gratter la tête ne lui semblait plus du tout naturel. Ce serait tout un apprentissage, lui avait-on dit. "Il y a tout juste deux lustres, une jeune sotte tirait grande gloire d'être particulièrement douée pour piloter les vaisseaux de chasse..."
Le "507", mais son véritable matricule était beaucoup plus alambiqué, quitta l'Isabelle pour une mission banale. On avait tout fait pour qu'elle le soit, d'ailleurs ! L'Impératrice Isabelle n'avait pas dévié d'un pouce de sa trajectoire déclarée partant d'Ylysse (où elle avait ravitaillé sous l'oeil inquisiteur de l'Alliance) vers delta d'Agrippine, en route pour accomplir une mission de "maintien de la paix" comme on dit. Le "507", un jabo tout ce qu'il y avait de plus classique, sortait pour un de ces vols de reconnaissance habituels même quand le vaisseau mère n'était pas chez lui ; ce qui était le cas ici. Une heure d'autonomie signifiait une mission de cinquante minutes : un long cercle autour du vaisseau mère et retour. Cela permettait de repérer les indiscrets. Il est vrai que l'on utilisait d'habitude plutôt des chasseurs purs, mais qu'un Jabo fasse cela ne choquait personne. En fait, la jeune Sémirande Chalmak, qui venait d'allumer sa vingt-deuxième étoile, n'était pas peu fière de s'être vue confier cette tâche. Parce que au lieu d'entamer sa boucle au travers des draperies dorées et pétillantes qu'ils traversaient, elle fila tout droit vers un lieu que nous ne nommerons pas.
Il faut savoir que les carte officielles de secteur ne montrent que les systèmes principaux, les lieux d'importance. Des étoiles, des systèmes planétaires : il y en a beaucoup. Dans notre histoire, l'un d'entre eux appartenant à l'A12S intéressait l'Empire. Il faut dire que, à l'inverse, il y avait de systèmes Impériaux qui intéressaient autant l'Alliance. Chacun aimait savoir ce que l'autre y fabriquait. Et cela n'a pas changé.
Au bout de 50 minutes de vol, le "507" sortit du TL en espace profond. La navigation avait été bonne : les sphères étaient bien au rendez-vous. Les petits génies de la division Nova avaient mis plusieurs mois pour les mettre en place sans attirer l'attention. La Navyborg chassa l'air et dématérialisa la verrière. Elle fit le plein de son engin et remonta, sans même prendre le temps de repressuriser. Elle répéta l'opération cinq fois, couvrant presque 200 années lumière. Elle se reposa puis relança son engin pour la partie la plus dangereuse de sa mission. Quelle était-elle exactement ? Mystère. Mais elle ne put l'accomplir. Alors qu'elle se glissait vers sa destination, elle se fit bêtement repérer par deux chasseurs de l'Alliance dont on apprit plus tard qu'ils s'étaient perdus et venaient juste de retrouver leur chemin. La rencontre s'était produite dans l'espace, fort près d'un corps céleste au volcanisme débordant. Les deux chasseurs poursuivirent notre surdouée, qui pour une raison quelconque tenta de filer vers le sol. Ils étaient malhabiles, ces deux chasseurs ; pilotés qu'ils étaient par des enseignes inexpérimentés. Sémirande Chalmak n'eut aucun mal à les assassiner. Par d'inconnaissable pour eux : ils s'écrasèrent au sol.
C'était fichu. Elle passa en TL pour rentrer. Seulement, elle eut rapidement des poursuivants autrement plus habiles que les deux gamins. Ils furent vite sur elle, et ne dut son salut qu'au fait que le TL était particulièrement en verve, ce jour-là. En traversant des chatouillis qui la firent presque rire aux éclats malgré la peur qui maintenant la tenaillait, joua un moment à cache-cache dans un baldaquin de pourpre et d'étoiles scintillantes qui chantaient presque, et dut se décider à larguer sa mystérieuse cargaison, qui fut évidemment détruite.
Que faire ? Myrtil était très proche. L'A12S était fort discrète sur ce monde NT3 qui avait une ville NT3+++ voire carrément NT4-, et en même temps de vastes (euphémisme) zones tribales NT1. Cependant, une fondation Impériale (semblable à la Fondation Maestrovitch de LulaB à la différence qu'elle n'était pas autorisée à faire du tourisme) exerçait son ministère dans une jungle reculée, accessible uniquement par moyens de transport pédestre. A court d'idée, Sémirande Chalmak choisit d'aller y demander de l'aide. Certes, elle se ferait certainement extrader, serait prise et jugée ; mais zut ! Elle n'avait pas envie de jouer les kamikazé pour la gloire de l'Empereur et le bien être de l'Empire ; à moins que ce ne fut le contraire.
Elle réussit son coup à 90%. Mamadou al Champroni était un pilote de l'A12S connu pour son habileté aux jeux combinant le bluff et la réflexion, et ces qualités profitaient grandement à sa "profession citoyenne". Ecoutant les conversations hyperondes, il apprit que la fuyarde venait vers Myrtil, supposa justement qu'elle ne se poserait pas à Olympia et devina où elle tenterait sa chance : en pleine zone tribale. Pour cet anthropologue (dont c'était le métier "de passion") une telle chose était inacceptable. Il n'était plus maintenant qu'un pilote réserviste, mais quand il réclama un chasseur, on le lui accorda volontiers. Il décolla, survola la zone interdite dans les nuages, plongea dans un lac boueux et attendit, sachant pertinemment que s'il ratait son coup, elle le flamberait d'une seule salve de sa batterie de lasers quintuple. Quand l'Impériale passa à proximité il bondit et fondit sur elle, qui ne le vit pas venir. Le timing de Mamadou était bon, mais pas assez. Il avait compté qu'elle tombe dans un petit bras de mer ; tira trop tôt et vit le "507" plonger vers le sol 50 kilomètres avant ce qu'il avait espéré.
Sémirande Chalmak entendit le "Kloum" de l'antimatière qui se reconvertissait, constata que les antigravs étaient morts sauf un vecteur directionnel, visa un des arbres gigantesque qui émergeaient çà et là de la canopée et plongea dessus. Elle se paya le tronc, que le fuselage traversa de part en part (ses deux modules additionnels s'étaient faits la malle depuis longtemps).
"Mamadou n'était pas un assassin, il aurait pu m'expédier d'un coup du blaster lourd dont son "T-30" était équipé, mais ne le fit pas. Moi, j'étais sonnée. Je finis par sortir, fis quelques pas, et me tombai nez à truffe avec mon premier Smark."
Mlle Sémirande Chalmak interrompit son récit, attendant manifestement un premier commentaire des quatre hommes qui lui faisaient face.
Il y avait 806 AL entre Vonda et Myrtil. Madame, qui avait vraiment l'air d'apprécier son séjour depuis qu'elle avait enfin tué son TeddyJaw, se retira dans son camp de l'age de pierre, avec Kolène Espéréro, Sorbier et Yggdrasil. Le reste de l'équipage, moins monsieur Lohnsöme qui n'était guère intéressé par tout cela, se retrouva dans la cafète de l'équipage. On aurait pu voir flotter les points d'interrogation. Devant les regards des quatre hommes, Melle Chalmak eut un sourire. Elle fit le geste de prendre une giffrette, se souvint de quelque chose, sourit de nouveau et prit la parole.
"Je vous avais fait une promesse, n'est-ce pas ? Je vais la tenir." C'était énervant de ne pouvoir se donne une contenance, avec une cigarette, un café ou un raktagino. Même le fait de se gratter la tête ne lui semblait plus du tout naturel. Ce serait tout un apprentissage, lui avait-on dit. "Il y a tout juste deux lustres, une jeune sotte tirait grande gloire d'être particulièrement douée pour piloter les vaisseaux de chasse..."
Le "507", mais son véritable matricule était beaucoup plus alambiqué, quitta l'Isabelle pour une mission banale. On avait tout fait pour qu'elle le soit, d'ailleurs ! L'Impératrice Isabelle n'avait pas dévié d'un pouce de sa trajectoire déclarée partant d'Ylysse (où elle avait ravitaillé sous l'oeil inquisiteur de l'Alliance) vers delta d'Agrippine, en route pour accomplir une mission de "maintien de la paix" comme on dit. Le "507", un jabo tout ce qu'il y avait de plus classique, sortait pour un de ces vols de reconnaissance habituels même quand le vaisseau mère n'était pas chez lui ; ce qui était le cas ici. Une heure d'autonomie signifiait une mission de cinquante minutes : un long cercle autour du vaisseau mère et retour. Cela permettait de repérer les indiscrets. Il est vrai que l'on utilisait d'habitude plutôt des chasseurs purs, mais qu'un Jabo fasse cela ne choquait personne. En fait, la jeune Sémirande Chalmak, qui venait d'allumer sa vingt-deuxième étoile, n'était pas peu fière de s'être vue confier cette tâche. Parce que au lieu d'entamer sa boucle au travers des draperies dorées et pétillantes qu'ils traversaient, elle fila tout droit vers un lieu que nous ne nommerons pas.
Il faut savoir que les carte officielles de secteur ne montrent que les systèmes principaux, les lieux d'importance. Des étoiles, des systèmes planétaires : il y en a beaucoup. Dans notre histoire, l'un d'entre eux appartenant à l'A12S intéressait l'Empire. Il faut dire que, à l'inverse, il y avait de systèmes Impériaux qui intéressaient autant l'Alliance. Chacun aimait savoir ce que l'autre y fabriquait. Et cela n'a pas changé.
Au bout de 50 minutes de vol, le "507" sortit du TL en espace profond. La navigation avait été bonne : les sphères étaient bien au rendez-vous. Les petits génies de la division Nova avaient mis plusieurs mois pour les mettre en place sans attirer l'attention. La Navyborg chassa l'air et dématérialisa la verrière. Elle fit le plein de son engin et remonta, sans même prendre le temps de repressuriser. Elle répéta l'opération cinq fois, couvrant presque 200 années lumière. Elle se reposa puis relança son engin pour la partie la plus dangereuse de sa mission. Quelle était-elle exactement ? Mystère. Mais elle ne put l'accomplir. Alors qu'elle se glissait vers sa destination, elle se fit bêtement repérer par deux chasseurs de l'Alliance dont on apprit plus tard qu'ils s'étaient perdus et venaient juste de retrouver leur chemin. La rencontre s'était produite dans l'espace, fort près d'un corps céleste au volcanisme débordant. Les deux chasseurs poursuivirent notre surdouée, qui pour une raison quelconque tenta de filer vers le sol. Ils étaient malhabiles, ces deux chasseurs ; pilotés qu'ils étaient par des enseignes inexpérimentés. Sémirande Chalmak n'eut aucun mal à les assassiner. Par d'inconnaissable pour eux : ils s'écrasèrent au sol.
C'était fichu. Elle passa en TL pour rentrer. Seulement, elle eut rapidement des poursuivants autrement plus habiles que les deux gamins. Ils furent vite sur elle, et ne dut son salut qu'au fait que le TL était particulièrement en verve, ce jour-là. En traversant des chatouillis qui la firent presque rire aux éclats malgré la peur qui maintenant la tenaillait, joua un moment à cache-cache dans un baldaquin de pourpre et d'étoiles scintillantes qui chantaient presque, et dut se décider à larguer sa mystérieuse cargaison, qui fut évidemment détruite.
Que faire ? Myrtil était très proche. L'A12S était fort discrète sur ce monde NT3 qui avait une ville NT3+++ voire carrément NT4-, et en même temps de vastes (euphémisme) zones tribales NT1. Cependant, une fondation Impériale (semblable à la Fondation Maestrovitch de LulaB à la différence qu'elle n'était pas autorisée à faire du tourisme) exerçait son ministère dans une jungle reculée, accessible uniquement par moyens de transport pédestre. A court d'idée, Sémirande Chalmak choisit d'aller y demander de l'aide. Certes, elle se ferait certainement extrader, serait prise et jugée ; mais zut ! Elle n'avait pas envie de jouer les kamikazé pour la gloire de l'Empereur et le bien être de l'Empire ; à moins que ce ne fut le contraire.
Elle réussit son coup à 90%. Mamadou al Champroni était un pilote de l'A12S connu pour son habileté aux jeux combinant le bluff et la réflexion, et ces qualités profitaient grandement à sa "profession citoyenne". Ecoutant les conversations hyperondes, il apprit que la fuyarde venait vers Myrtil, supposa justement qu'elle ne se poserait pas à Olympia et devina où elle tenterait sa chance : en pleine zone tribale. Pour cet anthropologue (dont c'était le métier "de passion") une telle chose était inacceptable. Il n'était plus maintenant qu'un pilote réserviste, mais quand il réclama un chasseur, on le lui accorda volontiers. Il décolla, survola la zone interdite dans les nuages, plongea dans un lac boueux et attendit, sachant pertinemment que s'il ratait son coup, elle le flamberait d'une seule salve de sa batterie de lasers quintuple. Quand l'Impériale passa à proximité il bondit et fondit sur elle, qui ne le vit pas venir. Le timing de Mamadou était bon, mais pas assez. Il avait compté qu'elle tombe dans un petit bras de mer ; tira trop tôt et vit le "507" plonger vers le sol 50 kilomètres avant ce qu'il avait espéré.
Sémirande Chalmak entendit le "Kloum" de l'antimatière qui se reconvertissait, constata que les antigravs étaient morts sauf un vecteur directionnel, visa un des arbres gigantesque qui émergeaient çà et là de la canopée et plongea dessus. Elle se paya le tronc, que le fuselage traversa de part en part (ses deux modules additionnels s'étaient faits la malle depuis longtemps).
"Mamadou n'était pas un assassin, il aurait pu m'expédier d'un coup du blaster lourd dont son "T-30" était équipé, mais ne le fit pas. Moi, j'étais sonnée. Je finis par sortir, fis quelques pas, et me tombai nez à truffe avec mon premier Smark."
Mlle Sémirande Chalmak interrompit son récit, attendant manifestement un premier commentaire des quatre hommes qui lui faisaient face.