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Horizon courbe
[Flash-back]

Alors qu’ils étaient sur le chemin de l’hôpital, Virik avait tenté de toucher l’esprit d'Axl pour la rassurer, la réconforter. Il avait plongé dans un monde étrange, avait été bousculé par les flux et reflux de la conscience de la jeune femme alors qu’il s’efforçait de maintenir le lien. Il avait fini par trouver une bulle, un souvenir, une lecture … intacte avec laquelle il pouvait interagir.

Quote:Axl se réveilla.

Elle se trouvait sur une plage de sable blanc battue par le ressac, lointain écho d’une impressionnante barre d’écume qui barrait l’horizon. Elle se redressa et lissa sa … robe.

Etrange. Il s’agissait d’une robe comme elle en avait vu dans les représentations bi-dim du Monde du Berceau. Une robe bleue plissée, tout en couches de jupons, à la ceinture de tissusfermée par un nœud de soie. Incroyablement ancienne et archaïque.

Mais son attention fut bientôt attirée par tout autre chose.

Au loin, au-delà du grondement sourd des vagues, elle crut entendre des éclats de voix. Avec prudence, faisant bien attention de ne pas déchirer sa jolie robe, elle se glissa vers le centre de l’île d’où semblaient provenir ce tumulte. Elle se glissa entre les cocotiers, les buissons épineux, les fleurs tropicales jusqu’à parvenir à une clairière.

Là l’attendait un spectacle des plus étranges.

Une grande table couverte de vaisselle sale était dressée, la nappe blanche était tâchée des reliefs d’un faillevoklokti (l'expression lui était venue en vieux franglique) qui semblait durer depuis une petite éternité.

Au bout de la table se tenait un jeune homme sanglé dans une redingote aux couleurs criardes. Ses cheveux roux dépassaient d’un haut de forme baroque piqué d’aiguilles à chapeaux et de rubans. Ses yeux couverts par des verres miroir renvoyèrent son reflet à Axl. Elle se rendit compte à cette occasion qu’elle portait une queue de cheval et un ruban dans les cheveux. Il eut un petit sourire en coin et l’invita à s’assoir d’un geste de la main.

A sa gauche un loir barbu, taciturne et taiseux sommeillait sur sa chaise. Il ouvrit un œil chassieux dévisageant la nouvelle venue et se rendormit. Devant lui, une immense théière au couvercle ôté menaçait de le noyer, son museau plongeant vers la table doucement mais surement au fur et à mesure que le sommeil l’envahissait.

A la droite de l’homme au chapeau se tenait assise sur une pile de d’ordinateurs une chenille argentée. Elle tirait sur son narghilé tout en écrivant de ses autres pattes à l’aide de grandes plumes colorées, remplissant la nappe de symboles mathématiques complexes.

Sur la table, zigzaguant entre les tasses en équilibre instables, se dandinait un lapin blanc, au gilet brodé, sur le crâne duquel reposait une casquette aux galons dorés ornée d'un dessin où s'alanguissait une ravissante diablesse. Et il n’était pas content le lapin. Il sortit de sa poche une grosse montre oignon et l’après l’avoir contemplée, se lamenta :

"Pas le temps, pas le temps, il nous faut partir. La reine de cœur nous attend, son navire doit accoster à 18 heures, nous partons à 19 heures. Terminé le temps du thé, des gâteaux et des douceurs ! Il faut y aller !"

La chenille ne releva pas. Elle fumait tranquillement sa longue pipe turque sans prêter la moindre attention à Axl ni à quoi que ce fût, continuant ses calculs, lançant de temps à autre des nuages de fumée vers la cime des arbres.

Un toussotement répondit d’ailleurs à la dernière volute de fumée.

Elle leva les yeux et aperçut lové sur la large feuille d’un palmier... un chat. Pas n’importe quel chat. Un chat fauve rayé de noir, dont le sourire semblait s’élargir de secondes en secondes et dont la queue disparaissait dans le même temps, comme absorbée par le néant.

"J’ai peu de temps, madame Axl. C’est moi, Virik. Vous avez été grièvement blessée, mais vous êtes maintenant entre de bonnes mains. Nous sommes en route vers l’hôpital et votre état est stable. Vous êtes un peu délirante, mais c’est normal, ne vous inquiétez pas. Dormez, reposez-vous. Nous veillons sur vous."

Le sourire allait s’élargissant, le corps disparaissant. Bientôt il ne resta plus qu’un souvenir de sourire qui se perdit dans les nuages alors qu'Axl plongeait dans un sommeil apaisé.

[hrp]Auteur : Fabrice -- Corrections et remise en forme : Mézigue[/hrp]
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)


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