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Horizon courbe
#72
Virik avait accepté la proposition de madame Axl, se joignant avec plaisir à la partie frizbi, dont la forme n’était pas sans lui rappeler les antiques chakrams qu’il avait appris à manier en d’autres circonstances.

Après cette séance de sport vivifiante, après s’être douché, il prit une petite heure pour organiser une rapide vidéo conférence sécurisée avec les services de police de la station, assurant sa mission légale d’officier de liaison. Il transmit la liste des personnes recherchées par l’Empire pour information, celle des personnes recherchées par l’Alliance localisées au sein de l’Empire, celles faisant l’objet de part et d’autre de mandat d’arrêt commun et s’assura qu’aucune de ces personnes n’étaient présent à bord de la station. Il discuta ensuite des spécificités de la sécurité à bord avant de remercier ses interlocuteurs et d’aller prendre un repos bien mérité.



Le lendemain, pendant la visite des installations agricoles à laquelle madame Milla avait accepté de l’accompagner, il avait évoqué la possibilité de rencontrer des zhous. Elle lui avait alors proposé d’organiser une rencontre à un bar de plage que fréquentaient les communautés de l’Alliance sans distinction d’espèce.

Le maglev les emmena jusqu’à une crique isolée dont l’anse enserrée de granit rose offrait en son centre une grande plage de sable fin occupée par des bungalows et quelques libellules aux ailes repliées. Des catamarans légers avaient été hissés sur le sable, attendant leurs passagers.

Ils quittèrent leurs chaussures et marchèrent sur le sable fin, laissant la chaleur pénétrer leurs voutes plantaires.
Il y avait là une buvette, un restaurant de plage et un petit local prêtant des équipements de sport.

L’on trouvait ici presque toutes les espèces qui composaient la communauté des êtres de l’Alliance, se détendant en bonne intelligence, s’amusant ensemble, échangeant après leur journée de travail.

Virik resta avec madame Mila et ils se dirigèrent de concert vers le cabanon qui louait équipement de sport, laserball et jeux divers.

La personne qui tenait la boutique était une femme à la peau noire, aux yeux d’azur et aux mains étrangement longues … mutation naturelle ? Provoquée ? Une branche rapportée de l’humanité d’un monde dont il ignorait le nom ? Choix cosmétique ? Inutile de se poser la question, la simple politesse lui interdisait de l’interroger pour combler son ignorance.
La voix de la femme était curieusement grave et mélodieuse, son phrasé donnant l’impression d’être mi parlé, mi chanté.

Virik expliqua son projet : nager avec les zhous et essayer d’échanger avec eux. La femme leur confirmait bien que certains ouvriers de la centrale de retraitement des fosses de la mer intérieurs, humains et zhous, venaient ici pour se détendre. Au pied du tombant au large de la plage des installations sous marines permettaient aux mammifères marins de trouver des loisirs adaptés à leur milieu et de rencontrer des habitants « du dessus ».

Elle pouvait leur louer deux types d’équipements … Madame Mila l’interrompit à ce stade annonçant qu’elle ne participerait pas à cette aventure sous marine : elle entendait bien rester à la surface. Elle sortit de sa pochette un élégant fume cigarette en onyx, y vissa une cigarette qu’elle alluma avec un briquet laser. Elle exhala un nuage de fumée épicée laissant la vendeuse reprendre son explication.

Il y avait donc deux types d’équipements, des masques faciaux qui tiraient de l’eau de mer l’oxygène et recyclait l’azote, de petites capsules fournissant le volume complémentaire de gaz respiratoire. C’était un équipement standard, mais qui ne permettait pas de manger de boire … L’autre équipement consistait en un petit boitier alimenté par une pile antimatière qui se collait à la peau au creux du cou. Le boitier se connectait directement sur le flux sanguin et enrichissait celui-ci en oxygène tiré du milieu aquatique. Des nanites étaient injectés en continu, tapissant les alvéoles pulmonaires, les protégeant et absorbant la saturation en azote des tissus, permettant d’émuler en absence de gaz un simulacre de voix … En théorie l’autonomie n’était limité que par la source d’énergie.

Virik choisit cette solution qui lui permettait de ne faire qu’un avec l’océan. Il y ajouta une paire de lentilles qui protègeraient ses yeux et corrigeraient sa vision. Sur les conseils de la femme il compléta son équipement par un logimec traducteur qui se fixait à la ceinture.

Madame Mila l’aida à s’équiper, vérifiant que le boitier était bien en place, sa queue s’enroulant brièvement autour d’un des mollets de l’hatani … Le temps qu’il baisse les yeux madame Mila s’était déjà reculée, tirant sur son fume cigarette et projetant un nuage de brouillard nicotiné.

Elle l’accompagna jusqu’au bord de la plage, s’asseyant sur un rocher rose arrondit par le ressac, l’observant disparaître dans les flots. Les eaux se refermèrent sur Virik, il se laissa couler … Les nanites faisaient leur boulot … Il emplit ses poumons d’eau avec circonspection. Le liquide était difficile à inspirer, tout aussi dur à rejeter.

Il coula lentement, se posant sur le sable ondulé à deux mètres de profondeur. Il s’arrêta là, testant expérimentant … Il pouvait parler. Difficilement, lentement, sa voix était déformée et croassante, mais il pouvait parler. Il marcha, nagea sur le fond, se dirigeant vers la falaise sous marine. Il s’arrêta sur l’arête, observant la paroi qui plongeait sans les profondeurs gris bleues : en contrebas il devinait à une trentaine de mètres des constructions : bulle de force contenant des bancs de poissons, dôme contenant de l’air où allaient et venaient zhous, humains et autres.

Il se laissa tomber le long de la falaise, frôlant algues, gorgones, chassant la nuée de petits poissons qui folâtraient dans le corail.

L’heure qui suivit fût passionnante. Les zhous qui se trouvaient à bord de la station avaient choisi de faire le voyage pour les plus vieux et pour les plus jeunes étaient nés sur celle-ci. Ils s’occupaient de la mer intérieure, de son équilibre, de l’évacuation des déchets, de toute sorte de taches allant de cultivateur d’algues à ingénieur environnemental. Tous étaient équipés de plots vertébraux. Cela leur permettait d’utiliser engins sous marins et harnais dotés de pseudopodes articulés dont les surfaces adhésives remplaçaient avantageusement mains et doigts en milieu aquatique.

Il écoutaient les clics et grondements natifs, lisant les haikus que son logimec traduisait, devinant le sens des paroles au détour de la poésie :

Mer agitée
l'espace dans le cercle de la corde à sauter
est entièrement vide


Il rencontra un jeune zhou que ses anciens brocardaient, allant et venant autour de lui, l’effleurant de leur queue, le taquinant de leur bec … C’était un jeune pilote il venait d’être accepté à l’académie astronavale. Virik essaya de suivre les échanges … visiblement c’était un pilote doué, instinctif, mais un peu distrait.

C’est avec regret qu’il remonta à la surface. Madame Mila avait quitté son rocher depuis belle lurette.

Virik se sécha avec soin, retira en appuyant sur les boutons ad-hoc le petit boitier qui rétracta ses tubes en douceur, fermant les tissus par un gel cicatrisant et injectant le neutraliseur de nanites. Ces dernières seraient totalement dissoutes dans l’heure qui suivrait.

Après avoir rendu le matériel à la boutique, s'être rabillé et réquipé, il rejoignit le reste de l’équipe et madame Mila qui dévorait avec délice des brochettes de fruits de mer allongée félinement dans un hamac semi énergétique.

//edit : plein de fautes grossières corrigées (ce qui ne veut pas dire qu'il n'en reste pas)


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