Thread Rating:
  • 0 Vote(s) - 0 Average
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
Horizon courbe
#15
"Ca se joue en apesanteur", précisa Gurvan qui arriva à son tour, suivi de l'honorable Jarid Moray et de la taciturne Sémirande Chalmak. "S'ils en ont un, c'est vers le moyeu de l'habitat" ajouta-t-il en pointant du doigt vers le haut.

Ils étaient à présent tous réunis dans le salon d'embarquement, aussi le commandant procéda-t-il à l'ouverture du sas. Les quatres fonctionnaires alliés passèrent les premiers, suivis des membres d'équipage du Lilith.

Englobée dans un champ de force, l'immense aire d'atterrissage semi-circulaire du débarcadère possédait une atmosphère respirable. La jeune femme qui les attendait fit également quelques pas vers eux, s'inclina vers Monsieur Moray qui fit les présentations au fur et à mesure que les visiteurs s'approchaient d'elle. Son visage avenant était au diapason du reste de son physique, mais sa caractéristique principale était sa haute taille. Si elle n'atteignait pas la stature de la belle Manoucka Qwolèk que certains d'entre eux avaient connu par le passé, elle était presqu'aussi grande que le commandant Antillès, qui mesurait 1m94. Elle déclara enfin d'une voix chantante où pointait un accent indéfinissable :

"Mesdames et messieurs, bienvenus sur Arago. Mon nom est Enide Liobbé de Sorel. Le docteur Lartig m'a envoyé vous chercher. Je vous servirai de guide pendant toute votre visite. Nous allons nous rendre à l'hôtel Téthys où des chambres ont été réservées pour vous. Vous êtes attendus demain comme prévu au Centre Médical d'Argyre. Si vous voulez bien me suivre..."

Elle leur fit signe de lui emboiter le pas, et s'éloigna en direction du Parapet. Au bout de quelques mètres, elle sauta lestement sur la bande de déplacement d'un trottoir roulant, suivie de la procession des visiteurs. Ils se rapprochèrent rapidement de la paroi extérieure du Parapet, y pénétrèrent par un tunnel, et après un parcours de dix minutes, se retrouvèrent de l'autre côté, dans ce qui ressemblait furieusement à une gare de maglev. Ils marchèrent jusqu'à la salle d'attente, une vaste pièce en surplomb du quai pressurisé, et purent contempler le spectacle pendant quelques minutes.

Le tube maglev courait au sommet de la paroi interne du mur de confinement atmosphérique, dont il devait probablement faire le tour. Vers le bas, les cinquante kilomètres de hauteur du Parapet jusqu'au plancher de l'orbitat, dont on ne voyait pas la surface, cachée par une couche de nuages blancs qui grumelaient en noyant le sommet de ce qui ressemblait à un massif montagneux. Si le regard se portait à gauche ou à droite, le Parapet se prolongeait vers l'infini avant de se confondre avec l'horizon qui se recourbait vers le haut. Des portions de la surface étaient visibles ça et là, en fonction du morcellement de la couverture nuageuse. Et il fallait avoir le coeur bien accroché pour lever la tête en direction du zénith : au-delà des cent cinquante kilomètres d'atmosphère ténue contenue par les champs de force prolongeant le Parapet, il y avait huit cents kilomètres de vide spatial, puis la boule de lumière indistincte du luminaire éclairant l'habitat, puis de nouveau huit cents kilomètres de vide, deux cents kilomètres de pellicule atmosphérique, et l'étendue bleue d'une mer dont la surface devait couvrir environ un tiers de la courbure d'Arago.

Le train maglev arriva à quai. Ils embarquèrent tous, et comme ils étaient les seuls passagers présents dans la gare, les systèmes automatiques refermèrent aussitôt le tube à champ de force et équilibrèrent les pressions. A l'altitude où se trouvait le tube, l'atmosphère de l'habitat était suffisamment ténue pour ne pas nécessiter une mise sous vide, et l'échauffement était minime. Le train accéléra dans sa gaine de confinement électromagnétique et parcourut quelques centaines de kilomètres en moins d'une demie-heure avant de s'arrêter à la station suivante.

Enide Liobbé de Sorel les fit descendre et les guida au travers de la gare pour gagner une capsule de descente. Une demie-douzaine de tubes verticaux sortaient du plancher de la station maglev, se précipitant vers le sol de l'habitat et disparaissant dans le lointain sous leurs pieds, bien avant d'atteindre la couche de nuages. Ils prirent place dans une capsule, qui déverrouilla ses ancres et entama sa descente. Ils se trouvaient dans ce qui n'était autre qu'un maglev vertical, et ne ressentirent aucune accélération tandis que la capsule chutait comme une pierre vers le sol d'Arago.

"Amortisseurs inertiels", murmura l'ingénieur Sven Corso après quelques minutes d'observation. "Nous tombons sous l'effet de la pseudo-gravité et le déplacement de la capsule dans le tube EM génère l'énergie électrique qui est ré-introduite dans le système pour alimenter les cabines montantes. Comme dans un ascenseur orbital. Très malin..."

La descente ne prit qu'une dizaine de minutes, à la fin desquelles la capsule activa ses freins magnétiques pour s'immobiliser au niveau de la station d'arrivée. Ils purent enfin fouler le sol de l'orbitat.

(A suivre)
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)


Messages In This Thread

Forum Jump:


Users browsing this thread: 3 Guest(s)