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... d'étoiles lointaines
Gurvan avait échangé un regard amusé avec Virik, souriant sans découvrir ses dents. Puis à la suggestion d'Eron, il s'était exclamé, toujours souriant :

"Que les Etoiles m'en préservent... J'avais pensé à Thelma, pour continuer dans l'hommage commencé avec Constantine, le système où nous avons retrouvé la nacelle envoyée par le Cortez. Ce sont les prénoms d'une personne remarquable que certains d'entre nous ont cotoyé il y a deux ans, avant que son pérédène ne cesse d'agir."

La console du transcom où officiait Djal restait obstinément silencieuse.

Les senseurs du Lilith et leurs programmes d'analyse ne manquaient pas de travail, entre la recherche d'artefacts métalliques sollicitée par Virik et le sondage à longue portée demandé par Sémirande pour détecter une anomalie gravitationnelle ou une distorsion de la métrique espace-temps.

Les minutes s'écoulèrent, se transformèrent en heures. A l'excitation succéda l'ennui. Les scruteurs passifs avaient fourni leurs relevés dès la sortie du Triche-Lumière, mais les différents faisceaux de détection envoyés par les senseurs actifs devaient parcourir des distances astronomiques avant d'être éventuellement renvoyés aux récepteurs du navire.

A l'ennui succéda la déception, réelle celle-ci. Aucune masse métallique de la taille supposée d'un mange-poussières de commerce n'était perceptible sur une trajectoire libre ou sur une orbite circumstellaire. L'analyse d'éventuelles perturbations spatio-temporelles autour du système fut tout aussi infructueuse.

Aucun signal radio, aucune vibration hyperonde porteuse. Rien. Nada. Nib. Peau de balle.

Trois heures après la retranslation en Espace newtonien, les occupants du Lilith présents sur la passerelle commençèrent à afficher des mines déconvenues et à échanger des regards dépités. Gurvan essaya de remotiver les troupes :

"Allez, les enfants, j'aimerais voir un peu d'optimisme, ici. Les mémoires du système de navigation de la nacelle indiquaient qu'elle venait d'ici, le Cortez d'Algol doit y être aussi. En orbite autour de l'une des géantes gazeuses, écrasé à la surface d'une lune, mais il est là..."

Il consulta les relevés astrographiques. Le Lilith se trouvait entre la dernière orbite du système et son halo cométaire. Peu importaient les distances auxquelles gravitaient les différents membres du cortège planétaire, cependant. Il n'était pas question de s'y rendre en vol spatial conventionnel, cela aurait pris des heures et aurait consommé inutilement une grande quantité d'antimatière. Un micro-saut TL ne durait que quelques instants, rarement plus de trente secondes, le temps que le navigateur aux commandes repère l'infime ombre gravitationnelle de la planète cible.

"Sémirande, on replie l'interféromètre. Eron, on saute jusqu'à Déception ou Thelma VI. On lance des recherches et si on fait chou blanc, on sautera jusqu'à la suivante, et ainsi de suite en se rapprochant du centre du système."

Quelques minutes plus tard, l'habituel flash de lumière octarine du point de Vérité enveloppa le Lilith, qui, le temps de quelques battements de cils, se rematérialisa à une centaine d'unités astronomiques de son point de départ.

Les senseurs émirent presqu'immédiatement un signal d'alerte. Le navire démarra à sa vitesse Espace maximum et plongea en direction de la jovienne dans la banlieue de laquelle il avait surgi du Triche-Lumière. Les bandes nuageuses de la planète gazeuse couvraient toutes les teintes possibles de vert, de l'anis à l'émeraude en passant par le jade et le turquoise.

Soudain il fut là, petit objet grisâtre flottant dans l'espace à quelques milliers de kilomètres.

Les imageurs zoomèrent tandis que des données télémètriques se mettaient à voltiger devant les baies d'observation. Deux millions de tonnes d'après les relevés de masse, un collecteur de poussières incomplètement déployé mais qui devait faire plusieurs kilomètres de diamètre en pleine extension, un cylindre habitable d’un kilomètre de long sur un quart de diamètre, prolongé par huit réservoirs sphériques au centre de la couronne de propulsion avec ses évents orientables. La coque de trifibranne semblait en piteux état. Percée comme un gruyère d'impacts de micrométéorites, ternie par des millénaires d'exposition au vide et aux rayons cosmiques. Le mange-poussières décrivait son orbite autour de la géante gazeuse en basculant cul par-dessus tête : les mâts de spin des quartiers habitables avaient dû s'arrêter de tourner par friction après un laps de temps prolongé, et l'énergie résiduelle avait été transmise à l’ensemble de la structure du vaisseau.
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)


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