2013-02-09, 10:50 PM
[Sif & snif snif]
Sémirande écoutait avec avec intérêt les propos ses amis, avec politesse ceux dont elle n'avait rien à faire, et avec mépris les vaticinations des dangers publics.
Elle fut distraite par l'orage qui montait. Elle vit du coin de l'œil les nuages s'amonceler, devenir rose puis violacés, et avancer comme poussés par quelque monstrueuse cavalcade. Et puis il y eut le vent.
D'un coup, elle ne fut "plus là". Elle était revenue des années en arrière, dans une autre jungle, sous un autre soleil, auprès d'autres Etres.
Elle avait vécu plusieurs tempêtes. Et à chaque fois...
Elle se leva d'un coup, repoussant sa chaise très moyennement "intelligente" et se précipita au dehors. Le vent souleva d'un coup sa chevelure maintenant longue. La température avait chuté d'une dizaine de degrés. L'air sentait l'humidité, la pourriture végétale et l'ozone.
Sémirande se mit à courir vers la bordure, là où le plateau chutait vers la jungle. Elle avait tout d'abord pensé se tenir au bord, à l'abris du champ parafoudre et regarder le spectacle. Mais quand elle eût atteint son but, elle ne "pensait plus". Elle commença à dévaler vers le ravin, sautant d'une pierre moussue à l'autre, bientôt giflée par les feuilles de la végétation qui s'épaississait.
Elle déboucha sur un tout petit plateau qui résonnait curieusement sous ses pas. Elle réalisa vaguement qu'elle était sur une surface artificielle, d'où des appendices érodés n'émergeaient plus, recouverts qu'ils étaient par la végétation.
La surface plane se terminait à trois mètres au-dessus du sol. Sémi sauta. Et le traceur se servit de son corps pour descendre du ciel. Elle posait à peine les pieds quand cent soixante millions de volts l'entourèrent, la baignèrent et montèrent vers les nuages. Ses vêtements "ignifugés" avaient pris feu, mais cela n'avait plus aucune importance.
La quantité de flotte qui s'abattit d'un coup aurait calmé les ardeurs d'un incendie de forêt géant.
Elle recommença à courir vers la jungle dont la cime des arbres s'agitait dans tous les sens au grès des tourbillons. Elle était descendue d'une centaine de mètres, battue, lessivée, et aurait même été hors d'haleine si elle en havait eu une.
Elle s'arrêta, soucieuse quand même de ne pas quitter la protection des canons automatiques de la base.
Il faisait maintenant noir comme dans un four, mais il y avait tant de flash que l'on avait aucun mal à voir alentours.
Et puis, l'obscurité, ses yeux de n'en avaient que faire.
Elle était à mi-pente. L'endroit n'était pas aussi sauvage qu'on aurait pu le penser, en fait. La jungle commençait plus bas. Elle était au milieu d'une sorte de potager, grand comme trois mouchoirs. De grands arbres portant de gros fruits visiblement très légers se balançaient de ci de là. Un des fruits en forme de vessie se détacha et s'en fut, porté par le vent.
L'endroit était habité. Des silhouettes géométriques étaient soigneusement posées à distance régulière à flanc de colline. Des barges à fusion, des navettes, même un Tracevide. Ils avaient été reconvertis en habitation, et ma foi c'était réussi.
"Eh, vous là ?"
"Qui, moi ?" ne put s'empêcher de galéjer Sémi. Les dieux la punirent sur le champ. Un deuxième éclair la toucha. Elle sentit la vapeur d'eau se sublimer, et n'aurait pas été surprise d'apprendre qu'elle avait été transformée en H et O² avant de se recombiner sur le champ.
"... !!! Vous êtes vivante ? Venez, venez vite !!!"
La voix provenait d'une barge fort coquette située tellement près d'elle qu'elle ne l'avait pas vue.
Sémi y courut. Un homme s'était prestement effacé pour la laisser entrer. La porte claqua derrière elle.
C'étaient deux jeunes humains mâles, vêtus de façon plutôt "relax". Ils la regardaient avec des yeux ronds, qu'elle attribua d'abord à son "exploit" récent. Mais elle fut vite détrompée :
"Vous voulez quelque chose pour vous couvrir ?"
Ses vêtements n'avaient pas tenu le choc.
Cinq minutes plus tard, séchée, couverte d'un peignoir léger mais totalement opaque, une tasse d'un liquide chaud et odorant en main, elle devisait avec les deux hommes. Oui ils travaillaient ici. Non, ils n'habitaient pas seuls ; en fait cet endroit hébergeait des célibataires. Leurs colocataires étaient "au taff". Et elle, que faisait-elle ?
"Je courais après des chimères, des souvenirs. Cette jungle, cette tempête. J'avais déjà vécu cela autrefois. J'ai voulu y goûter une fois encore. Cela dit, les éclairs étaient moins percutants."
La conversation dériva sur ce sujet. Ils lui confirmèrent que le taux d'O², en plus de permettre le gigantisme des insectes, avait pour effet de créer des météores assez impressionnants.
Ils étaient d'un commerce agréable, courtois et cultivés. Sémirande regarda autour d'elle. C'était un mélange de b...el et de raffinement. Il y avait une sculpture molle en cours de réalisation, une cascade inversée, des instruments de musique posés un peu partout (dont un moreau de bois qu'elle finit par identifier comme étant une flûte à nez).
Elle reconnaissait bien là l'effet de la culture des Alliés, fruit des bienfaits de leur éducation. Intelligence, respect, allergie à l'autorité imposée, responsabilité individuelle, culture, sens du devoir. Ces deux là étaient capables de donner leur vie pour leur société tendant vers l'idéal. Mais ils n'en faisaient pas réclame à grand coup de tirades ou l'arrogance le disputait au mépris.
Sémirande passait un bon moment.
Sémirande écoutait avec avec intérêt les propos ses amis, avec politesse ceux dont elle n'avait rien à faire, et avec mépris les vaticinations des dangers publics.
Elle fut distraite par l'orage qui montait. Elle vit du coin de l'œil les nuages s'amonceler, devenir rose puis violacés, et avancer comme poussés par quelque monstrueuse cavalcade. Et puis il y eut le vent.
D'un coup, elle ne fut "plus là". Elle était revenue des années en arrière, dans une autre jungle, sous un autre soleil, auprès d'autres Etres.
Elle avait vécu plusieurs tempêtes. Et à chaque fois...
Elle se leva d'un coup, repoussant sa chaise très moyennement "intelligente" et se précipita au dehors. Le vent souleva d'un coup sa chevelure maintenant longue. La température avait chuté d'une dizaine de degrés. L'air sentait l'humidité, la pourriture végétale et l'ozone.
Sémirande se mit à courir vers la bordure, là où le plateau chutait vers la jungle. Elle avait tout d'abord pensé se tenir au bord, à l'abris du champ parafoudre et regarder le spectacle. Mais quand elle eût atteint son but, elle ne "pensait plus". Elle commença à dévaler vers le ravin, sautant d'une pierre moussue à l'autre, bientôt giflée par les feuilles de la végétation qui s'épaississait.
Elle déboucha sur un tout petit plateau qui résonnait curieusement sous ses pas. Elle réalisa vaguement qu'elle était sur une surface artificielle, d'où des appendices érodés n'émergeaient plus, recouverts qu'ils étaient par la végétation.
La surface plane se terminait à trois mètres au-dessus du sol. Sémi sauta. Et le traceur se servit de son corps pour descendre du ciel. Elle posait à peine les pieds quand cent soixante millions de volts l'entourèrent, la baignèrent et montèrent vers les nuages. Ses vêtements "ignifugés" avaient pris feu, mais cela n'avait plus aucune importance.
La quantité de flotte qui s'abattit d'un coup aurait calmé les ardeurs d'un incendie de forêt géant.
Elle recommença à courir vers la jungle dont la cime des arbres s'agitait dans tous les sens au grès des tourbillons. Elle était descendue d'une centaine de mètres, battue, lessivée, et aurait même été hors d'haleine si elle en havait eu une.
Elle s'arrêta, soucieuse quand même de ne pas quitter la protection des canons automatiques de la base.
Il faisait maintenant noir comme dans un four, mais il y avait tant de flash que l'on avait aucun mal à voir alentours.
Et puis, l'obscurité, ses yeux de n'en avaient que faire.
Elle était à mi-pente. L'endroit n'était pas aussi sauvage qu'on aurait pu le penser, en fait. La jungle commençait plus bas. Elle était au milieu d'une sorte de potager, grand comme trois mouchoirs. De grands arbres portant de gros fruits visiblement très légers se balançaient de ci de là. Un des fruits en forme de vessie se détacha et s'en fut, porté par le vent.
L'endroit était habité. Des silhouettes géométriques étaient soigneusement posées à distance régulière à flanc de colline. Des barges à fusion, des navettes, même un Tracevide. Ils avaient été reconvertis en habitation, et ma foi c'était réussi.
"Eh, vous là ?"
"Qui, moi ?" ne put s'empêcher de galéjer Sémi. Les dieux la punirent sur le champ. Un deuxième éclair la toucha. Elle sentit la vapeur d'eau se sublimer, et n'aurait pas été surprise d'apprendre qu'elle avait été transformée en H et O² avant de se recombiner sur le champ.
"... !!! Vous êtes vivante ? Venez, venez vite !!!"
La voix provenait d'une barge fort coquette située tellement près d'elle qu'elle ne l'avait pas vue.
Sémi y courut. Un homme s'était prestement effacé pour la laisser entrer. La porte claqua derrière elle.
C'étaient deux jeunes humains mâles, vêtus de façon plutôt "relax". Ils la regardaient avec des yeux ronds, qu'elle attribua d'abord à son "exploit" récent. Mais elle fut vite détrompée :
"Vous voulez quelque chose pour vous couvrir ?"
Ses vêtements n'avaient pas tenu le choc.
Cinq minutes plus tard, séchée, couverte d'un peignoir léger mais totalement opaque, une tasse d'un liquide chaud et odorant en main, elle devisait avec les deux hommes. Oui ils travaillaient ici. Non, ils n'habitaient pas seuls ; en fait cet endroit hébergeait des célibataires. Leurs colocataires étaient "au taff". Et elle, que faisait-elle ?
"Je courais après des chimères, des souvenirs. Cette jungle, cette tempête. J'avais déjà vécu cela autrefois. J'ai voulu y goûter une fois encore. Cela dit, les éclairs étaient moins percutants."
La conversation dériva sur ce sujet. Ils lui confirmèrent que le taux d'O², en plus de permettre le gigantisme des insectes, avait pour effet de créer des météores assez impressionnants.
Ils étaient d'un commerce agréable, courtois et cultivés. Sémirande regarda autour d'elle. C'était un mélange de b...el et de raffinement. Il y avait une sculpture molle en cours de réalisation, une cascade inversée, des instruments de musique posés un peu partout (dont un moreau de bois qu'elle finit par identifier comme étant une flûte à nez).
Elle reconnaissait bien là l'effet de la culture des Alliés, fruit des bienfaits de leur éducation. Intelligence, respect, allergie à l'autorité imposée, responsabilité individuelle, culture, sens du devoir. Ces deux là étaient capables de donner leur vie pour leur société tendant vers l'idéal. Mais ils n'en faisaient pas réclame à grand coup de tirades ou l'arrogance le disputait au mépris.
Sémirande passait un bon moment.