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En préparant la course
#40
Lorsque Djal appela le Lilith pour que les mécaniciens lui envoient l'un des logimecs de maintenance du vaisseau, Ser Skriblllz (à moins que ce fut Skrublllz ? Ou bien Skroblllz ?) lui répondit avec sa loquacité habituelle que "On le leur apportait en main propre. Au revoir".

Une vingtaine de minutes plus tard, tandis que Monsieur Gorda s'était plongé sous l'intrados de la Roquette afin de commencer quelques travaux préparatoires à l'installation des équipements spéciaux, une voix familière le fit sursauter et presque se cogner le crâne contre la carlingue de l'hoverjet :

"Tu as besoin d'un coup de main, Djal ?"

Quote:[Trois jour auparavant...]

Le Tabron atterrit avec la légèreté d'une plume sur l'unique plate-forme d'Ast Fyrinn.

Cela avait été un vieux caboteur intrasystème à la silhouette pataude, une antique barge à fusion froide modifiée des centaines d'années auparavant via l'installation de propulseurs Varlet et le remplacement de sa coque de trifibranne par une enveloppe en hyperfilament énergisé. L'astéroïde de bonne taille où il venait de se poser orbitait dans un amas troyen "en arrière" du couple gravitationnel formée par une naine rouge solitaire et son unique planète, une géante cryo-gazeuse bleu pâle. Le système était officiellement indépendant, mais officieusement rattaché aux Agrippines. Le Tabron venait y livrer une cargaison d'éléments organiques destinés au rechargement des alimenteurs de la station.

Tandis que le pilote panzanopède procédait aux vérifications d'usage et commandait le plein d'antimatière, le capitaine du Tabron jeta un bref regard perplexe vers l'autre extrémité de la plate-forme. Une estafette militaire y était posée, un Tracevide qui portait les marques discrètes de l'A12S. Il commanda la rétractation des panneaux de soute, puis ouvrit un canal de communication avec le responsable logistique de l'exploitation minière :

"Salut Syd. Tu m'envoies un formec pour décharger ? Je n'ai pas toute la journée... Tiens, vous avez de la visite ?"

Son interlocuteur répondit d'un ton sarcastique :

"Oui, mais c'est toi qu'ils veulent voir, mon pote... Enfin seulement l'un d'eux. J'espère que ta license astronav est en règle..."

Un holo apparut au même moment sur la console principale. Un individu se tenait devant le sas de coupée. Très grand, brun, il portait une tenue de vol navyborg, un blouson de cuir, une casquette à visière. Une cantine flottait sur ses suspenseurs antigrav à côté de lui.

"Allons bon... Ouvre-lui, Kry'" dit-il au panzanopède.

Le capitaine du Tabron se leva, quitta le poste principal, traversa la coursive centrale. Un Être de courte taille à la silhouette anthropoïde, un ballik à la peau épaisse, aux articulations osseuses hypertrophiées et aux poings comme des massues, le suivit jusqu'au sas. Les voyants étaient au vert. Le visiteur pénétra à bord en désactivant sa combinaison-champ. Deux doigts sur le front, il fit un pseudo-salut militaire et son visage arborant une légère moustache et une petite barbiche de mousquetaire se fendit d'un sourire.

"Bonjour ! On m'a dit que votre prochaine étape est Epsilon, et il faut justement que je m'y rende. 125.000 crédits, ça vous va ?"

Deux minutes plus tard, le Tracevide allié s'éleva à la verticale à distance de sécurité avant de se translater dans le Triche-Lumière. Quatre heures après, ses cuves à antimatière enfin remplies, le Tabron redécollait avec son seul et unique passager, s'éloignait de quelques kilomètres d'Ast Fyrinn, et créait à son tour son point de Vérité.

Quarante trois heures de vol et 526 AL plus loin, le petit navire de transport, qui répondait au doux nom d'Arsinoé, se retranslata dans l'Espace cislunaire d'Epsilon Agrippine. Il fut mis en orbite d'attente pendant de longues minutes, avant d'être enfin autorisé à se poser à Prias. L'emplacement de parquage qui lui avait été assigné se trouvait sur le tarmac. Cinquante mètres plus loin reposait un impressionnant Classe I, à la coque noire formant deux ailes démesurées. Le passager du Tabron prit congé du capitaine Jérémiah Bonker et de son équipage et, suivi de sa cantine antigrav, parcourut la distance à pied, admirant le grand navire tandis qu'il s'en approchait.

Il parvint au pied de la grande dérive inférieure de cinquante mètres. Pas de tube antigrav d'accès au salon d'embarquement, trente mètres plus haut... Cela ne le surprit pas outre-mesure, on lui avait parlé de la légendaire hospitalité des agrippins. Il contourna la dérive et se présenta devant le sas inférieur, qui n'était qu'à cinq mètres du sol. Il connecta son persoc au système de bord, dont il possédait les codes d'accès sécurisés :

"Ohé, du Lilith ! Permission de monter à bord ?"

[I'm back]

Gurvan Antillès se tenait à l'entrée de l'atelier de la Team Rocket, le logimec mécano se dandinant sur ses pattes articulées à hauteur de ses genoux. Un large sourire barrait le visage du navyborg d'une oreille à l'autre.

"Ca, c'est une idée de Sémirande, non ? Allez, dis-moi comment LAK-640 et moi pouvons te faciliter la tâche..."
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)


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