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Avant la course
#24
// Rédigé avec l’aimable autorisation de notre bien aimé Hémmedéji

Virik attendit que Cuperno le rejoigne pour démarrer son hélimob. Il avait choisi une peinture mimétique blanche, passe partout, prenant soin de ne pas faire apparaître les marquages de police.

Il sortit à petit vitesse du hangar, mis au point mort et attendit que le fauteuil présicommandentiel* le rejoigne. L’iris tissé dans la coque noire se referma, laissant la coque aussi lisse et noir que le jais poli.

Ils n’avaient pas loin à aller : la plateforme des services de police et de douane des Agrippines était située à une petite centaine de mètres.

La plateforme en forme de croissant était presque déserte si on omettait une bulle antigrav hors d’âge, aux couleurs de la sécurité du territoire, dont la peinture s’écaillait par endroit laissant apparaître les matériaux composites de sa coque.

Ils garèrent leurs véhicules et entrèrent à pied ainsi que leur enjoignait le panneau holographique décliné dans les quatre principales langues des Aggripines.

Les portes en matériaux semi-transparents s’effacèrent. A l’intérieur ce n’était pas mieux. Les aspibots avaient fait de leur mieux, mais la moquette usée jusqu’à la corde, les éclairages non remplacés, les filtres environnementaux saturés, achevaient de faire du lieu une grotte technologique.

Un puits de lumière attirait l’attention : sous les projecteurs d’un logimec de surveillance réformé dont l’œil à facette avait été démonté, quatre hommes disputaient une partie de pazak dans une guérite de verre blindé, laissant les volutes de leurs cigarettes dessiner un cône de lumière bleuté.

Ils étaient en uniformes de la police des frontières, qu'ils portaient de façon plus ou moins débraillée. L'un d’entre eux se retourna à leur entrée. Il jeta un dernier coup d’œil à ses cartes avant de les coucher sur la table. Il récupéra son ceinturon sur le dossier de sa chaise, le passa à son épaule et après quelques mots qui provoquèrent l’hilarité de ses compagnons, sortit du local de sécurité.

Il leur fit signe de l’index et du majeur de s’approcher en leur désignant un box non loin. Il les y précéda, passant derrière un comptoir. Dans un coin, un antique logimec palpeur de NT4 semblait prendre la poussière … Il commença par exiger de voir leurs papiers, entrant les informations dans une petite console portable avec lenteur, demanda le but de leur visite, où ils se rendraient, s’ils voyaient une objection à être fouillé … C’était volontairement désagréable, à la limite de l’illégalité sans jamais en franchir les bornes. Et cela durait, les secondes se faisaient minutes, les minutes heures, ce qui les obligeait à subir les relents d’alcool et de mauvais tabac de leur interlocuteur.

N’y tenant plus, même si cela heurtait ses convictions profondes, Virik fit mine de fouiller dans ses poches à la recherche des certificats de vol de son hélimob et ce faisant posa sur la table trois billets de cent crédits qui tombèrent malencontreusement de l’autre coté du comptoir. La botte du policier bougea à peine. Trente secondes plus tard, ils étaient dehors, carte de circulation dument enregistrés et hologrammes des services douaniers apposés.

Enfin affranchis de ces contraintes, libres, ils se rendirent en direction du secteur III de l’astroport. Ils survolèrent les rues à faible vitesse … Partout le constat était le même : les infrastructures urbaines publiques étaient dans un état pitoyables, rafistolées quand elles n’étaient pas simplement hors service, abandonnées faute de moyens, moyens qui étaient détournées par la corruption rampante et systématique. Les installations privées quant à elle étaient par contraste d’un luxe presque insolent, tape à l’œil, attirant le chaland à grand renfort de couleurs vives, d’holoprojections aguichantes, d’images subliminales … Ils se dirigèrent vers un grand bâtiment en plastibéton gris noir lissé, dont le toit piste s’ornait du slogan « GUNS ! GUNS ! GUNS ! Lepape vous rend égaux depuis trois générations »

Virik et Cuperno descendirent de leur véhicule le laissant à la garde d’un cerbère karia qui portait la peinture de carapace des Fils de Fenrir, un groupe de mercenaires réputé.

Le tube de descente les mena dans un vaste hall sur le pourtour duquel, protégés par des murs de force militaires, des vendeurs humains, malachites, pouzdoum, karia, échangeaient avec quelques clients. Les murs étaient littéralement couverts d’armes et d’armures, sur cinq niveaux, ce qui obligeait les vendeurs, lorsqu’un client le demandait, à se servir de leur ceinture de vol pour présenter l’article demandé.

Enfin une place se libéra, un vendeur malachite, en salopette militaire camouflée, leur demanda d’une voix flutée d’approcher : Honorables clients, venez, approchez, venez dire à votre ami Panazol l’objet de votre venue dans notre modeste boutique.

// et maintenant je laisse la place aux autres …

* qui rappelons-le possède l’aérodynamisme et la grâce d’un cracoucas qui a raté une marche ;-) .


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