Un pilote dans les limbes

[Gurv Hemmedeji]

/Eh bé !!!

[Terminé ?]

En effet, les flots de données incohérentes qui s'affichaient sur les moniteurs s'étaient organisées, on y voyait maintenant une grille de données matricielles classiques.

Djal fit un signe de tête à Virik, décocha un sourire à Ljubia DeTern, qui le lui retourna...

... Mais soudain ses traits se figèrent, ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'elle regardait l'écran 2D derrière l'infonaute. Celui-ci se retourna. La grille matérialisée sur le panneau d'affichage se tordait, se creusait, et finit par former une sorte d'entonnoir, semblant aspirer toutes les données dans un puits sans fond.

L'écran vira au blanc aveuglant, éclairant les visages stupéfaits de Djal, de Virik et de la médik, qui durent plisser les yeux. Des pixels sombres commencèrent à piqueter le moniteur, se mutiplièrent, s'étendirent à toute sa surface.

Et les mêmes colonnes et rangées de symboles incohérents reprirent leur défilement.

[Consternation]

Ljubia dévisagea l'hatani :

"Je n'ai pas de réponse à vos questions, Ser. Et ce qui vient de se passer à l'instant confirme la décision que nous avons prise de transférer Monsieur Le Fu à l'hôpital Alliance sur Viala. Quand à ces bandes mémorielles, et malgré toute la bonne volonté de Monsieur Gorda..."

Elle fut interrompue par l'arrivée inopinée d'un autre médik, un humain grand et maigre, à la coiffure improbable et au visage mal rasé. Il marchait en boîtant légèrement, et le léger bourdonnement qui accompagnait chacun de ses pas était le signe que sa prothèse de jambe nécessitait une remise en état et de nouveaux réglages.

"... Il va falloir une équipe de briseurs de barrages un peu plus calés, de l'équipement de pointe et quelques semaines de travail pour décrypter ce bordel..." termina le nouveau venu d'une voix bourrue.

"Mon supérieur, le Docteur Greygaouss, le meilleur diagnosticien de l'hôpital..." dit Ljubia DeTern.

"Bon, merci l'ami," continua l'autre en s'adressant à Djal, "mais apparemment, vous ne pouvez rien pour votre collègue. Alors si vous pouviez nous laisser faire notre travail... DeTern, ramenez ces messieurs dans le hall et passez ensuite me voir dans mon bureau."