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Quelques mois bien remplis
#90
[...]
Sémi, pas mécontente du tout, se leva et se rendit au centre de l'arène. Elle sourit à l'assemblée, et demanda le silence de la main. Elle se tourna d'abord vers Diomède Dranson :
"Monsieur, il n'y a pas de questions/réponses ? Bien..." Elle prit une pose quasi militaire. "Tout d'abord merci à tous. Je suis très sensible à l'honneur que vous me faites. Me retrouver commandante d'un Classe I tout neuf à 32 ans à peine sonnés est... disons une lourde tâche, et très gratifiante.
Et cette tâche implique un certain nombre de choses. Des choses agréables, et d'autres qui le seront moins.
Je commencerai par faire grincer quelques dents."
  • "A bord du Méphisto, nous étions une petite famille, et bien que l'on ne puisse pas dire que chacun faisait ce qu'il voulait, il y avait un peu une atmosphère de joyeuse anarchie. Seuls messieurs Skribllz et Skrubllz gardaient une attitude extrêmement rigoureuse ; que je leur ai toujours enviée d'ailleurs, mais bon : ne digressons pas." court silence "Sur Lilith, nous allons changer d'échelle. La masse est deux fois plus importante que celle d'un Transistel, l'équipage plus nombreux, le pilotage plus contraignant de bien des manières. Nous allons devoir - pardonnez-moi messieurs - envisager des rapports un brin plus hiérarchiques. Je ne trouve pas de meilleur terme." Elle leva la main derechef "CA NE me plait pas plus qu'à vous."
  • Ensuite, les activités personnelles seront extrêmement contraintes. Je ne parle pas évidemment de l'établis de macramé(1) que tel ou tel installera dans sa cabine. Je parle des affaires personnelles commerciales, sociales, culturelles que d'aucuns aimeraient pratiquer aux escales et qui pourraient engager Lucifer Transports, un de nos actionnaires, le Cercle ou que sais-je ? Oui, Ser Kiikti, ce faisant je pense à vous. Vous désirez, et vous ne vous en êtes jamais caché, ce à quoi je rends hommage, vous désirez donc mener vos activité de Shérif itinérant au-delà des frontières, profitant de nos escales. Vous comprenez bien que, sauf ces particulier tel qu'une demande expresse des autorités locales et approuvé par moi, je ne puis pas l'autoriser ; à commencer parce que c'est infaisable. Imaginez que nous fassions une escale de trois jours, et que vous soyez sur une piste : nous voyez-vous vous attendre si votre enquête s'avère plus longue que prévue ? Il y a aussi la question du transport des personnes que vous appréhendez, transport que je refuse sur mon navire, même sous hibernation, pour des raisons évidentes pour la plupart des Etres présents ici. Il y a également les rapports avec les autorités locales, pour lesquelles vos criminels pourraient bien être d'honorables citoyens. Là encore, le risque de compromettre ceux qui ont tant investi dans cette affaire est trop élevé."
Elle regarda Ser Kiikti droit dans les yeux "Je suis navrée tant pour votre sacerdoce que pour votre mission sacrée, mais vous ne les exercerez pas durant ce voyage. Je m'y opposerai. Ne m'en veuillez pas."
Puis elle se retourna vers l'assemblée et arbora un grand sourire :
"Mais foin de choses contrariantes. Mes chers compagnons d'équipage, mes conjoints bien aimés ; ma famille ; je vous présente... Lilith" La lumière baissa jusqu'à s'éteindre, laissant à toute l'assistance le sentiment de flotter soudain au milieu des étoiles. Et Lilith se matérialisa devant eux. Une grande aile et un aileron... Ou bien était-ce une queue ? Elle avait des allures d'oiseau de proie dont un peintre aurait figé le vol battu alors que ses ailes en étaient à leur point bas, venant de délivrer leur énergie propulsive avant que d'en acquérir encore. A l'arrière du corps une ouverture circulaire faisant penser à la tuyère d'un antique réacteur était en fait le point de chargement des marchandises, en même temps que l'accès aux véhicules secondaires.
"...le nouveau vaisseau de Lucifer Transports. Classe I. Coque Gyoshi. 1017 tonnes. VTL 13. 235 heures d'autonomie. Armée jusqu'aux dents et néanmoins capable de transporter 46 tonnes de marchandises et un Tracevide de servitude, que nous avons déjà d'ailleurs. Une belle bête. Ah, j'entends déjà mon cher Khrys et l'honorable Maxime Tucrainhain demander si cette esthétique n'est pas une dépense somptuaire. La réponse tient dans cette phrase de l'architecte Marcello Dattak" Elle fit apparaître de beaux caractères Galactique, et l'on pouvait lire :
Pour qu'un astronef soit efficace, il doit être beau.
Elle sourit, comme une enfant enthousiaste : "On ne tire rien de bon d'un cube tristounet."
Elle sourit encore, s'inclina devant l'assemblée des actionnaires puis l'assemblée et retourna s'asseoir près de ses copines.

1) Beuark


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