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Quelques mois bien remplis
#9
[Le cercle de l'Olive (deuxième)]
Elle ne vit pas en arrivant qu'un nouveau bâtiment avait été construit, tout occupée qu'elle était à bavarder avec Sorbier, la si disgracieuse et pourtant si jolie petite NAD. L'inévitable question "tu vas rester maintenant" arriva bien plus vite qu'elle ne le prévoyait. Une brusque détermination traversa la jeune femme.
On sait que Sémirande Chalmak était un être plein de contradictions. Elle n'arrangea pas cela en décidant "comme çà" de précipiter l'explication qu'elle appréhendait tant ; elle la pilote de chasse capable d'attendre des heures voire des jours un ennemi, un évènement, un ordre qui n'arriveraient peut-être jamais.
Il n'était pas encore midi et les gens travaillaient. Il y eut néanmoins un comité d'accueil plutôt sympathique ; sans Doñia évidemment. "On se verra au déjeuner" Sémi opina du chef, touchée mais pressée d'abréger : ils auraient tout le temps de se parler.
Ces retrouvailles à peines achevées, elle ramena sa fille en classe et fonça sans préparation aucune, sans argumentaire en tête, au bureau de Diomède Dranson. Diomède, dont le vote valait celui d'un autre, qui n'avait théoriquement pas plus d'influence que le plus nouveau des nouveaux venus ; mais sans qui rien ne se décidait. C'était comme cela.
Elle n'avait pas prévenu, mais comme la porte de son labo s'ouvrit à son arrivée, on pouvait supposer qu'elle ne dérangeait pas.
  • "Diomède, Il faut que je te parle."
  • "Bien sur, Sémirande, mais crois-tu que la présence de tes valises soit indispensable, hummm ?"
lui répondit le grand costaud d'une laideur remarquable - et plutôt agréable. Car les bagages automatiques que la jeune femme avait achetés à bord du Nyarlapompète - des longfield en cuir naturel blanc dis donc - l'avaient suivis. Confuse, elle les renvoya les superbes logimecs (car c'en étaient) vers le deux-pièces qu'elle allait occuper avec Sorbier durant son séjour.
Elle s'assit toujours avec la même difficulté et Diomède fronça les sourcilles ; mais il ne dit rien.
"Voilà, je n'ai pas été très présente ces derniers temps. Il se trouve que..." Sémirande commença à conter quelques-unes de ses aventures et mésaventures. Au bout de quelques minutes, un petit logimec en forme de soucoupe s'approcha de Diomène Dranson. Il portait un câble. L'homme laid brancha une extrémité derrière sa tête, tandis que la petite soucoupe portait l'autre bout à la navyborg, qui fit de même. Ils ne prononcèrent plus un mot.
Le temps passa. Ils n'allèrent pas déjeuner, discutant à la vitesse de la pensée ; cela dit, ce fut Sémirande qui parla le plus. Elle se vida littéralement. Finalement, en fin d'après-midi, un silence s'installa. Une longue période de médiation commune, qui eut parue interminable à un observateur. Ce fut Diomède Dranson qui rompit cette sorte de communion :
"Bien. Tu vas proposer cela aux autres. Je t'appuierai."
Si elle avait eu encore un cœur, elle l'aurait senti bondir dans sa poitrine. Au lieu de cela, un faisceau complexe de rétroactions vint enrichir le plaisir intellectuel qu'elle éprouva. Elle n'avait pas perdu au change. "Merci, oh merci." Il venait de lui faire savoir qu'il la considérait toujours comme faisant partie du Cercle. En fait, elle gambergeait peut-être un peu trop côté pessimisme, allez savoir. Mais chaque être a ses petites angoisses.
Elle passa à l'atelier de robotique, afin de prendre un calmant pour ses douleurs dans le bassin. Elle tomba sur la toute jeune Idoora, qui l'informa du fait qu'elle était seule, et ne pouvait la satisfaire pour l'instant. "Tu peux attendre jusqu'après l'AG de ce soir où je les fais revenir ?" Sémi lui dit que cela pouvait bien attendre cinq heures de plus. "Je vais te faire faire un diag' alors. Au fait, qu'est-ce que tu veux nous annoncer ?" Sémirande le lui dit. Eh bien oui : Indoora était comme une jeune sœur. Qui en ouvrit des yeux ronds "Ah eh bien ça alors..."
Tout en continuant à discuter, la navyborg passa sous un grand portique et y resta cinq minutes, le temps que son corps soit scanné en profondeur. Puis elle s'assit près du petit génie qui avait redonné un long avenir à de vieux robots promis à la casse. Elle brancha les sept prises qui lui étaient tendues. Les deux pipelettes papotaient toujours.
Indoora vérifia les données collectées, et lbéra Sémi : "A toute..."
Sorbier et elle mangèrent. Sémi la coucha, lui lut l'histoire et partit sur la pointe des pieds à son Assemblée Générale, un DoudouMek veillant sur son précieux poussin.
La grande salle en gradins circulaire était déjà presque pleine quand elle entra, le ventre de nouveau mordu par l'angoisse d'être incomprise. On avait du penser à ce qu'elle éprouverait car la lumière baissa immédiatement, sauf autour d'elle, gladiatrice armée de mots perdue au milieu d'une arène high-tech.

"Voilà je..." miracle. Les mots se mirent à couler naturellement, et ses angoisses partirent avec eux.

Cela se passa comme cela se passa.

Deux heures plus tard, elle rentrait, épuisée, toujours voletante dans ce harnais qu'elle ne supportait plus. Presque arrivée devant son connapt, elle entendit une voix masculine venant de derrière elle, et qu'elle ne connaissait pas : "Eh, vous ! Vous ne comptiez pas rentrer tranquillement chez vous comme cela non ?"


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