2007-11-12, 08:33 PM
[Mandarina Della Notché]
« Bon. Je réveille Sémi. » La prêtresse passa derrière la Navyborg, et par un geste simple sur le cou de l’ex-commandante, la tira de sa bienheureuse rêverie. L’effet fut immédiat. Le sourire de Sémirande se figea, elle se rembrunit (1), regarda tout ses compagnons l’un après l’autre, soupira et s’appuya sur le dossier de sa chaise. Le retour à la réalité était difficile ...
« Passons au Sieur Aristide, à ses sbires et à son complice.
En préambule, je préfère vous avertir qu'une grande partie de ce que je vais vous révéler est hypothétique. Laïusse n'a pas été très disert, ce qui est un comble(2). Mais je pense que cela tient debout.
Aristide a construit son commerce autour de deux axes :
- le sexe
- le clonage illégal.
... et souvent il a mélangé les deux. Par exemple, on a demandé à un de mes amis d'examiner cette jolie femme-lapin, que Sandaahr a délivrée. Eh bien QI : 80, mais de nombreux implants tels que soumission, servitude, résignation face à la souffrance ; sans compter propreté et hygiène corporelle. Ca se vendait comme des petits pains. Il montait une « fabrique », faisait une petite série et laissait tomber pour en monter une autre. Ajoutez à cela une solide formation de juriste, une rouerie ahurissante, de nombreuses relations, et vous obteniez le cauchemar de Joseph Laïusse.
Un jour, un homme important est venu le voir, celui-là même qui vous a mis l'esprit en capilotade, monsieur Daykard. Quand était-ce ? Il y a quelques années, surement. Il lui a demandé quelque chose de très particulier. Une parenthèse.
Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les pouvoirs PSI étaient sommes toutes si limités ? Parce qu’ils deviennent incontrôlables. Vous savez, ou ignorez, qu’un rassemblement de personnes maîtrisant les pouvoirs PSI de télépathie au plus haut niveau peut détecter tout être pensant dans un rayon de 2000 km, et agir à 20 000 km. On appelle cela un Super-Gestalt. Mais qu’arrive-t-il quand des êtres naturellement télépathes se regroupent en Gestalt sans en être passé par un long et méticuleux apprentissage ? Ils peuvent détruire un monde, en même temps qu’eux-mêmes. Les « épidémies » qui ont ravagé habitants et écosystèmes de Klistra, Taomo, Malicorne pour ne citer qu’elles ; entrainant la mise en quarantaine de ces pauvres mondes, furent en fait des expériences de docteurs Mabuse qui pensèrent être plus malins que leurs prédécesseurs, et finirent comme eux. Fin de la parenthèse.
Qu’est-ce qui est passé par la tête de Talmipio Fusiquet ? Quel était son objectif ? Quel acte terroriste comptait-il perpétrer ? Contre qui ? Nous ne le saurons sans doute jamais exactement. Toujours est-il qu’il livra à Monsieur Aristide une « recette » permettant la naissance de créatures « naturellement » PSI. Inutile de vous dire que les Eglises, et la PsiPol, font de leur mieux pour dissimuler ce genre de « recette ». Mais voyez-vous, Talmipio Fusiquet appartenait à la PsiPol. C’était même mon supérieur hiérarchique direct. Bein oui.
Comment les premières « fabrications » se passèrent-elles ? Ce ne dut pas être brillant. Mais ils finirent par obtenir Cyclamen ; et rien que Cyclamen je pense. Autrement, ils ne l’auraient pas cloné encore et encore pour arriver à seize, qui est un seuil.
Ils les ont aussi conditionnés à ce qu’ils déchargent un jour leur ire sur des personnes nommées les « méchants » . Et ce fut leur tragique erreur. Fusiquet et Aristide ne se rendirent pas compte qu’en terrorisant leurs employés, envers lesquels les enfants éprouvaient quand même une sorte d’affection, ils devenaient des « méchants ». Ou peut-être le savaient-ils, mais comptaient-ils sur un savant dosage de psirest, une saépite permettant un endormissement contrôlé des pouvoirs PSI, pour éviter d’en être les cibles.
La catastrophe arriva quand ce finaud de Laïusse repéra le labo où avait lieu cet odieux élevage, et y fit une descente. Les enfants furent trouvés, et examinés. Et c’est là que l’habileté des deux misérables se retourna contre eux. Aristide se dédouana, protégea Fusiquet qui lui-même usa de ses pouvoirs pour altérer les dossiers, masquer les analyses, tout ça … »
Mandarina Della Notché fit une courte pause. Le temps pressait pour tous : pour la TSA qui devait honorer ses engagements, pour Sémi qui avait besoin du Triche-Lumière, pour ces enfants qui devaient quitter cette planète.
« L’intervention du légiste de l’A12S Ansèlme Loks fut pour eux une nouvelle tuile. Ils durent ruser comme de véritables malades pour faire mettre les enfants dans une pension de famille, alors qu’il était prévu qu’ils soient accueillis dans une propriété du Syndicat de terraformation. Aristide fit ensuite menacer le tenancier de cette maison pour qu’ils soient mis dehors. Il envoya un de ses complices jouer les faux capitaines Navyborg pour les escroquer, afin qu’ils se retrouvent à la rue. Tiens au fait » Mandarina posa une enveloppe sur la table. « De la part de Laïusse. Leur argent.
Ils voulaient les enlever le soir même où vous les avez sauvés. Pour trois raisons :
- les empêcher de parler
- les remettre sous psirest afin d’éviter les ennuis
- reprendre leur mystérieuse opération
Et la vie de ces misérables tourna au cauchemar. Bien à l’abris dans le Méphisto, les enfants catabolisaient leurs dernières traces de la saépite. Leurs pouvoirs se réveillaient. Et ils cherchèrent les méchants. Ils lancèrent leurs pseudopodes mentaux, en crochet. Ils les agrippèrent. Ils les tirèrent à eux , mètre par mètre, et pas moyen de leur échapper, sauf dans un chasseur Navyborg, peut-être. Fusiquet tenta de s’approcher du Méphisto par téléportation et sous invisibilité pour les tuer, mais échoua. Aristide voulut soudoyer le détective pour faire le sale travail. Mais il était trop tard. Fusiquet résista un moment grâce à sa télépathie, alors qu’Aristide commençait à pourrir vivant. Quand le Méphisto décolla, ce fut comme si des pêcheurs sadiques tiraient sur leurs cannes à pêche les hameçons plantés dans leurs chairs. Horrible. Horrible. Brrrr. Aristide tenta d’abattre l'astronef, sans l’ombre d’une chance évidemment. Laïusse vit là l’occasion de faire justice. Je sais, ce type est particulier. Par bonheur, ou par malheur c’est selon, la bulle résista. Les gardes et les … demoiselles, épouvantés, les abandonnèrent. Le faux capitaine Navybog fut tué, sans doute par Aristide dépité. Fusiquet préféra en finir, alors qu’Aristide demandait à monsieur Daykard de mettre fin à ses souffrances. Et dire que tout TF aurait pu y passer.
Reste la question suivante : pourquoi Sémirande a-t-elle été aussi cruellement blessée, alors que MM Jdruk’ll, Edelman, Lohnsöme et Qruze s’en sont si bien tirés ? »
La Dame reprend sa respiration, puis un verre d’eau.
« Deux raisons à cela.
- Les non-psi (MM Lohnsöme et Qruze) n’auraient été affectés que bien plus tard, après une longue exposition, dès lors que la puissance du Gestalt serait partie en exponentielle.
- Le Gestalt des enfants affectait la forme d’un diabolo de dix mètres de haut sous cinq mètres de diamètre à ses extrémités. Mais le « col » du diabolo restait circoncis à leur groupe. Donc, sauf à aller au milieu des petits, les gens du pont passagers n’auraient rien subi, mais seulement dans un premier temps, évidemment. MM Jdryk’ll et Edelman sont télépathes, leur écran les a protégés. Ma Sémi, par contre, est PSI. Mais pas télépathe. Et elle a pris. » Mandarina caresse la tête de son amie.
« J'en finis par, excusez-moi, un ordre. Vous allez donc emmener les enfants, et leur trouver un havre. Mais vous n'en laisserez que trois, non pas par planète, mais bel et bien par système stellaire. Faites-les adopter, qu'ils soient éduqués, qu'ils apprennent à maitriser leurs PSI ou se fassent repeindre au Saepens à la fin de leur adolescence, qu'ils grandissent loin de leur parentèle pour se "désaccorder" les uns des autres. Tout devrait s'arranger pour eux. Le Grand Univers y pourvoira. Il n'y a pas d'autre solution. ».
« Avez-vous des questions ? »
1) J'en suis contente, de celle-là
2) Et de celle-là donc !
« Bon. Je réveille Sémi. » La prêtresse passa derrière la Navyborg, et par un geste simple sur le cou de l’ex-commandante, la tira de sa bienheureuse rêverie. L’effet fut immédiat. Le sourire de Sémirande se figea, elle se rembrunit (1), regarda tout ses compagnons l’un après l’autre, soupira et s’appuya sur le dossier de sa chaise. Le retour à la réalité était difficile ...
« Passons au Sieur Aristide, à ses sbires et à son complice.
En préambule, je préfère vous avertir qu'une grande partie de ce que je vais vous révéler est hypothétique. Laïusse n'a pas été très disert, ce qui est un comble(2). Mais je pense que cela tient debout.
Aristide a construit son commerce autour de deux axes :
- le sexe
- le clonage illégal.
... et souvent il a mélangé les deux. Par exemple, on a demandé à un de mes amis d'examiner cette jolie femme-lapin, que Sandaahr a délivrée. Eh bien QI : 80, mais de nombreux implants tels que soumission, servitude, résignation face à la souffrance ; sans compter propreté et hygiène corporelle. Ca se vendait comme des petits pains. Il montait une « fabrique », faisait une petite série et laissait tomber pour en monter une autre. Ajoutez à cela une solide formation de juriste, une rouerie ahurissante, de nombreuses relations, et vous obteniez le cauchemar de Joseph Laïusse.
Un jour, un homme important est venu le voir, celui-là même qui vous a mis l'esprit en capilotade, monsieur Daykard. Quand était-ce ? Il y a quelques années, surement. Il lui a demandé quelque chose de très particulier. Une parenthèse.
Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les pouvoirs PSI étaient sommes toutes si limités ? Parce qu’ils deviennent incontrôlables. Vous savez, ou ignorez, qu’un rassemblement de personnes maîtrisant les pouvoirs PSI de télépathie au plus haut niveau peut détecter tout être pensant dans un rayon de 2000 km, et agir à 20 000 km. On appelle cela un Super-Gestalt. Mais qu’arrive-t-il quand des êtres naturellement télépathes se regroupent en Gestalt sans en être passé par un long et méticuleux apprentissage ? Ils peuvent détruire un monde, en même temps qu’eux-mêmes. Les « épidémies » qui ont ravagé habitants et écosystèmes de Klistra, Taomo, Malicorne pour ne citer qu’elles ; entrainant la mise en quarantaine de ces pauvres mondes, furent en fait des expériences de docteurs Mabuse qui pensèrent être plus malins que leurs prédécesseurs, et finirent comme eux. Fin de la parenthèse.
Qu’est-ce qui est passé par la tête de Talmipio Fusiquet ? Quel était son objectif ? Quel acte terroriste comptait-il perpétrer ? Contre qui ? Nous ne le saurons sans doute jamais exactement. Toujours est-il qu’il livra à Monsieur Aristide une « recette » permettant la naissance de créatures « naturellement » PSI. Inutile de vous dire que les Eglises, et la PsiPol, font de leur mieux pour dissimuler ce genre de « recette ». Mais voyez-vous, Talmipio Fusiquet appartenait à la PsiPol. C’était même mon supérieur hiérarchique direct. Bein oui.
Comment les premières « fabrications » se passèrent-elles ? Ce ne dut pas être brillant. Mais ils finirent par obtenir Cyclamen ; et rien que Cyclamen je pense. Autrement, ils ne l’auraient pas cloné encore et encore pour arriver à seize, qui est un seuil.
Ils les ont aussi conditionnés à ce qu’ils déchargent un jour leur ire sur des personnes nommées les « méchants » . Et ce fut leur tragique erreur. Fusiquet et Aristide ne se rendirent pas compte qu’en terrorisant leurs employés, envers lesquels les enfants éprouvaient quand même une sorte d’affection, ils devenaient des « méchants ». Ou peut-être le savaient-ils, mais comptaient-ils sur un savant dosage de psirest, une saépite permettant un endormissement contrôlé des pouvoirs PSI, pour éviter d’en être les cibles.
La catastrophe arriva quand ce finaud de Laïusse repéra le labo où avait lieu cet odieux élevage, et y fit une descente. Les enfants furent trouvés, et examinés. Et c’est là que l’habileté des deux misérables se retourna contre eux. Aristide se dédouana, protégea Fusiquet qui lui-même usa de ses pouvoirs pour altérer les dossiers, masquer les analyses, tout ça … »
Mandarina Della Notché fit une courte pause. Le temps pressait pour tous : pour la TSA qui devait honorer ses engagements, pour Sémi qui avait besoin du Triche-Lumière, pour ces enfants qui devaient quitter cette planète.
« L’intervention du légiste de l’A12S Ansèlme Loks fut pour eux une nouvelle tuile. Ils durent ruser comme de véritables malades pour faire mettre les enfants dans une pension de famille, alors qu’il était prévu qu’ils soient accueillis dans une propriété du Syndicat de terraformation. Aristide fit ensuite menacer le tenancier de cette maison pour qu’ils soient mis dehors. Il envoya un de ses complices jouer les faux capitaines Navyborg pour les escroquer, afin qu’ils se retrouvent à la rue. Tiens au fait » Mandarina posa une enveloppe sur la table. « De la part de Laïusse. Leur argent.
Ils voulaient les enlever le soir même où vous les avez sauvés. Pour trois raisons :
- les empêcher de parler
- les remettre sous psirest afin d’éviter les ennuis
- reprendre leur mystérieuse opération
Et la vie de ces misérables tourna au cauchemar. Bien à l’abris dans le Méphisto, les enfants catabolisaient leurs dernières traces de la saépite. Leurs pouvoirs se réveillaient. Et ils cherchèrent les méchants. Ils lancèrent leurs pseudopodes mentaux, en crochet. Ils les agrippèrent. Ils les tirèrent à eux , mètre par mètre, et pas moyen de leur échapper, sauf dans un chasseur Navyborg, peut-être. Fusiquet tenta de s’approcher du Méphisto par téléportation et sous invisibilité pour les tuer, mais échoua. Aristide voulut soudoyer le détective pour faire le sale travail. Mais il était trop tard. Fusiquet résista un moment grâce à sa télépathie, alors qu’Aristide commençait à pourrir vivant. Quand le Méphisto décolla, ce fut comme si des pêcheurs sadiques tiraient sur leurs cannes à pêche les hameçons plantés dans leurs chairs. Horrible. Horrible. Brrrr. Aristide tenta d’abattre l'astronef, sans l’ombre d’une chance évidemment. Laïusse vit là l’occasion de faire justice. Je sais, ce type est particulier. Par bonheur, ou par malheur c’est selon, la bulle résista. Les gardes et les … demoiselles, épouvantés, les abandonnèrent. Le faux capitaine Navybog fut tué, sans doute par Aristide dépité. Fusiquet préféra en finir, alors qu’Aristide demandait à monsieur Daykard de mettre fin à ses souffrances. Et dire que tout TF aurait pu y passer.
Reste la question suivante : pourquoi Sémirande a-t-elle été aussi cruellement blessée, alors que MM Jdruk’ll, Edelman, Lohnsöme et Qruze s’en sont si bien tirés ? »
La Dame reprend sa respiration, puis un verre d’eau.
« Deux raisons à cela.
- Les non-psi (MM Lohnsöme et Qruze) n’auraient été affectés que bien plus tard, après une longue exposition, dès lors que la puissance du Gestalt serait partie en exponentielle.
- Le Gestalt des enfants affectait la forme d’un diabolo de dix mètres de haut sous cinq mètres de diamètre à ses extrémités. Mais le « col » du diabolo restait circoncis à leur groupe. Donc, sauf à aller au milieu des petits, les gens du pont passagers n’auraient rien subi, mais seulement dans un premier temps, évidemment. MM Jdryk’ll et Edelman sont télépathes, leur écran les a protégés. Ma Sémi, par contre, est PSI. Mais pas télépathe. Et elle a pris. » Mandarina caresse la tête de son amie.
« J'en finis par, excusez-moi, un ordre. Vous allez donc emmener les enfants, et leur trouver un havre. Mais vous n'en laisserez que trois, non pas par planète, mais bel et bien par système stellaire. Faites-les adopter, qu'ils soient éduqués, qu'ils apprennent à maitriser leurs PSI ou se fassent repeindre au Saepens à la fin de leur adolescence, qu'ils grandissent loin de leur parentèle pour se "désaccorder" les uns des autres. Tout devrait s'arranger pour eux. Le Grand Univers y pourvoira. Il n'y a pas d'autre solution. ».
« Avez-vous des questions ? »
1) J'en suis contente, de celle-là
2) Et de celle-là donc !
Par notre sainte patronne Rosalia Goutte de pluie, je jure d'assurer la libre circulation des Etres, leur sécurité et leur confort et de les amener à bon astroport fût-ce au péril de mon vaisseau ou de ma vie.