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Le Fin Fond du Souk
#11
[Balade dans le souk]
Le type qui avait conçu le souk d’Emporion Magna avait eu des idées bien arrêtées sur l’ordre et la place des choses. Aussi avait-il créé le Grand Marché, une suite de pavillons posés (je n’ose dire « alignés ») en sept ronds concentriques autour d’une place elle-même circulaire de 100 mètres de diamètre. Le tout occupait un cercle de 700 mètres de diamètre à proximité immédiate de l’astroport. Tout avait été pensé rationnellement non seulement en fonction des marchandises sensées être vendues en tel ou tel endroit (produits frais, mobilier, habillement…) mais également en fonction des races clientes. Sur l’écran de ses ordinateurs, cela devait fonctionner merveille. La réalisation effective d’un tel projet eût été une merveille d’ennui technocratique.

Fort heureusement, le naturel insensé des créatures douées de raison avait repris le dessus, et le Grand Marché était bien vite devenu ce que tout souk sachant « souker » doit être : un joyeux bordel, si vous voulez bien me passer cette expression quelque peu triviale. Ce marché s’était même tellement « normalisé » que le CA en avait rapidement déménagé les services administratifs. Ces derniers s’étaient implantés dans une grande bâtisse construite exactement à la limite de l’astroport et du marché, dans un bâtiment que tout le monde avait surnommé la « DMZ ».

C’était justement sur le toit du pavillon autrefois libéré par l’administration que la bulle louée par M. Daykard trouva miraculeusement une place. Car ce jour était à la fois un jour de paye et de congé sur tout Terra Formata. C’était l’anniversaire de la première « respiration », c'est-à-dire la première fois où un être humain (insistons sur cela) avait pu prendre une goulée d’air de Terra Formata sans protection ET sans dégobiller dans la minute qui suivait. C’était donc un jour chômé et l’occasion de diverses festivités. Certaines, fort innocentes, impliquaient scolaires, membres du CA, de la société civile et diverses associations. D’autres, beaucoup plus « viriles », et totalement informelles voire interdites, débuteraient en fin de journée. Et si l’on ajoutait à cela que le lendemain et le surlendemain étaient normalement des jours de repos, on peut imaginer l’ambiance dans le souk.

D’ailleurs, ledit Souk était pour l’heure anormalement policé. En effet, c’était une des seules fois de l’année où le citoyen lambda pouvait y mettre les pieds sans risque aucun : aux imposantes forces de la Police Syndicale s’ajoutaient diverses milices composées de franches crapules payées par les commerçants pour éviter tout débordement. Il était fort attendrissant de voir ces types « pas tibulaires, mais presque » arborer des sourires aimables et guider avec attention telle ou telle famille au grand complet, nourrissons compris, venue admirer les étals. Tout cela changerait bien en fin d’après-midi …

A vrai dire, on pouvait comprendre cet engouement. Les commerces, d’ordinaire déjà bien garnis, étaient particulièrement somptueux. Le moindre tas de ferraille rutilait. Tous ces gens avaient là l’occasion à la fois de voyager en rêve de toucher ces produits étranges. Des vocations naîtraient, ce jour et en ce lieu.

Les deux hommes se frayèrent difficilement un chemin parmi les groupes de badauds (M. Daykard en profita pour constater que si savoir éviter le regard d’un malfrat état difficile, ne pas se cogner dans des kyrielles de gamins hystériques n’était pas simple non plus).

Ils arrivèrent enfin chez Lamy, une boutique sans autre enseigne qu’un vieil exosquelette hors d’âge. En commerçant avisé, Lamy avait recruté des « extras » (manifestement des étudiants d’une école de commerce quelconque) pour s’occuper des visiteurs d’un jour. C’est donc un marchand totalement disponible qui analysa les deux personnages qui pénétraient dans sa boutique et agit en conséquence.

« Bonjour, Daykard. Quel bon vent t’amène ? »
Par notre sainte patronne Rosalia Goutte de pluie, je jure d'assurer la libre circulation des Etres, leur sécurité et leur confort et de les amener à bon astroport fût-ce au péril de mon vaisseau ou de ma vie.
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