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Sémirande Chalmak - pensées personnelles...
#44
O MJ (vénéré !) si tu n’es pas d’accord avec ce qui suit, marque le : j’éditerai.


[Spleen]
Le retour au quotidien de la base de la TSA fut peut-être le plus éprouvant de la triste aventure de LulaB. Dire de Sémirande qu'elle devint asociale serait totalement inexact, comme il serait inexact de dire qu'elle laissât transparaitre un quelconque sentiment d'accablement. Et pourtant, elle tendait un peu vers tout cela.

En fait, elle couvait une grosse déprime. Les causes en étaient multiples.
- Cela avait commencé avec l'incident de Robinson, et le sentiment que la croisière de la famille Malachite avait échoué là. Peut-être le lecteur jugera-t-il cela quelque peu trivial au vu de ce qui se passa ensuite, mais Sémi était avant tout Navyborg, et le mécontentement des passagers l'avait mise mal à l'aise.
- Puis il y eut l'épisode du Zion. La découverte de la semi-épave et de son lot de zombies puis la certitude qu'ils étaient atteints de la Langueur de la Spire avaient de quoi marquer son bonhomme (en l'occurrence : sa bonne femme). Mais la rémission de certains d'entre eux, et donc l'existence d'un probable traitement (fut-il malcommode à appliquer) ; CA, elle en avait été littéralement sonnée.
- Bon, et puis, les deux gamins, les quatre types qu'elle avait flambé comme des bûches ... Pas terrible pour son karma.

En sus de ces choses, elle avait le sentiment diffus que toutes les décisions qu’elle avait prises avec les meilleures intentions du monde, du rapport à sa Guilde à l’appel aux médias, en passant par l’erreur de la copie à la division Nova, avaient été des échecs retentissants ; comme avait été un échec sa manœuvre de mettre Bendala, Sonja et l’ineffable Pardang à l’abris. Elle avait tant risqué pour arriver à un résultat plus que nul. De quoi se tirer un coup de blaster dans le citron.

Mais le coup de grâce était venu d’Ariana Badlam. Sémirande, on l’aura compris, était homosexuelle, mais ne l’affichait pas particulièrement. Elle évitait d’ordinaire de mélanger les sentiments et le travail. Elle avait cependant fondu en face de cette femme fragile, blessée, dure à la tâche, compétente et rigoureuse. Et il fallait bien reconnaitre qu’elle s’était fait éconduire avec pas mal de finesse.

Sémirande avait donc commencé une bonne déprime. Elle était allée voir le médic de la TSA, lui avait dit ce qu’elle ressentait (mais pas pourquoi elle le ressentait), pris les patches qu’on lui avait tendu et était sortie sur un « merci docteur » laconique.

Depuis on la voyait travailler, encore travailler, toujours travailler, le visage fixe comme celui d’une poupée de porcelaine (impression peut-être accentuée par un léger point de maquillage), son regard quittant rarement sa tâche, et ne s’attardant à en croiser d’autres que le temps de régler un problème professionnel. Elle priait d’ailleurs les dieux que l’on ne lui confie pas la responsabilité de commander une équipe, du moins pas tout de suite.

Sa journée commençait avant le lever du soleil, par du travail administratif jusqu’à ce que l’astre du jour daigne pointer le bout de sa fusion H H  He. Elle prenait alors son arc, une merveille tout de bois, de corde et de vernis, fabriqué selon une technique plus de dix fois millénaire, et répondant au nom de « Lonbô » ou « Arklon ». Elle faisait en courant un parcours de 3 km en pleine nature qu’elle avait tracé elle-même. A 38 reprises, elle stoppait, attrapait une flèche dans son carquois et l’envoyait sur une cible robot située à des distances allant de trois à 90 mètres. N’allez pas croire que les premières étaient forcément plus faciles que les secondes. Puis elle faisait une seconde fois son parcours, en marchant, récupérant ses projectiles en même temps que son souffle.

Après une douche rapide et un Tidèje copieux, elle attaquait sa journée « officielle ». Evidemment, elle faisait d’abord ce que lui demandait son supérieur Au fait, qui est-ce ? Et sur un plan plus général, comment sommes-nous répartis à la TSA ? Quelles sont nos fonctions ? Nos horaires ?. Puis elle se concentrait sur la petite flotte de la Traveller Space Agency. Elle vérifiait un à un les vaisseaux, que ce soit techniquement ou administrativement. Combien y en a-t-il ? De quels modèles ? En quel état ?. Sauf déjeuner de travail, le repas de midi consistait en une ration dont la date de péremption approchait, accompagnée d’un jus de fruit dans le même état. L’après midi se déroulait comme la matinée, jusqu’à une heure ou deux après la cloche du soir. Après la seconde douche de la journée, elle se rendait à la cantine, espèrant y trouver le minimum de monde, mais sachant se montrer courtoise si ce n’était pas le cas. Courtoise mais distante, refusant toute invitation. Sauf contrainte de service, bien entendu.

Elle passait sa soirée à se cultiver dans ce domaine qu’elle connaissait fort mal : le tourisme, à lire ou à se promener son arc à la main, des fois que … Elle affectionnait le bord de mer où l’on pouvait la voir se promener jusqu’à ce que la fatigue se fasse sentir.

Bien sur, il y avait les congés légaux et obligatoires. Il n’est pas impossible que le responsable de Sémirande l’ait un matin attrapé par un coude et, après un bref rappel au règlement, renvoyé vers sa case. Alors, Sémi en était ressortie vite fait un petit sac à la main, avait sauté dans la première bulle en partance pour EM et après un « Bonjour, mademoiselle Badlam » neutrissime, s’était replongée dans ses lectures. A l’arrivée, elle avait lancé un « A tout à l’heure, mademoiselle Badlam » non moins neutre et s’était dirigée vers la providence de la femme déprimée : le salon de beauté de la Señiora Estankmoura, choisi après quelques recherches rapides mais efficaces. Dans cet endroit feutré, strictement réservé aux femelles, elle se faisait épiler, nettoyer la peau, baigner, coiffer, masser aux huiles rares (ou présentées comme telles), cocooner dans un berceau régressif, maquiller et j’en oublie surement. Pour les vilains curieux : oui, il y avait une séance de Tasp particulièrement soignée. A sa sortie, elle n'était pas exactement regonflée à bloc, mais cela allait mieux. Elle était allée faire quelques boutiques avant de reprendre sa bulle, attendant impatiemment la journée du lendemain. Dès lors, tels furent les repos obligatoires de Sémirande Chalmak.
Par notre sainte patronne Rosalia Goutte de pluie, je jure d'assurer la libre circulation des Etres, leur sécurité et leur confort et de les amener à bon astroport fût-ce au péril de mon vaisseau ou de ma vie.
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