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Nan-Chay & Akim : le prêtre et le mécano en ballade.
Le récit de Makzinéro Wrote:Lure 15 septan 11461.

Madame était devenue extrêmement riche. Elle était maintenant propriétaire de la totalité de l’astéroïde familiale, avait pu y accoler un second rocher dont elle comptait bien faire sa résidence.

Et de plus, elle s’était offert ça …

Maria Karène Zerline Indira Eloïse Romanovitch regarda le Cobra tout neuf qu’elle venait de ramener des chantiers Corsaires de Viala , A12S. C’était la première fois qu’elle avait réceptionné un vaisseau neuf, et il en était de même pour les trois autres membres d’équipage. Elle était extrêmement fière d’avoir été choisie comme second Pilote par Madame, après une sélection qui avait été rude. Elle soupira de plaisir. Et d’impatience. Le Cobra était posé sur la rocaille, à l’endroit où la nouvelle maison de Madame se tiendrait, moins de trois ans plus tard. Un boulot intéressant sur un astronef tout neuf, une paye : « je vous » dis pas, la possibilité d’avoir la citoyenneté Trégratienne au bout de dix ans ; sans compter qu’à l’issue de sa période d’essai de deux ans elle s’était vue offrir son second traitement à la pérédène.

Maria venait de faire 50 ans, et tenait une forme terrible.
Makzinéro ôta ses ballerines et allongea ses pieds. Epstar vit qu'elle réfléchissait.

Le récit de Makzinéro Wrote:Sol 28 septan 11461.

Madame avait enfin la possibilité d’essayer son nouveau jouet. Elle était montée avec son sac, son arc, et leur avait dit : « Mélissa. ». Monde sauvage, primal, avec une gravité plutôt basse et un taux d’oxygène tellement élevé que le gigantisme des insectes un était courant. Il y avait entre autre de nombreuses possibilités de chasse aux scorpions amphibies, des saloperies capables de vous couper un homme en deux d’un coup de pince. Bref … Ils partirent joyeux pour une course lointaine.

Makzinéro garda le silence un long moment. Derrière, les trois ados avaient entamé une partie d'échec 3D à 3. Cyclamen, qui pourtant ne se débrouillait pas mal du tout, avait du mal à suivre. Ils riaient, tout à leur jeu. Sandaahr était allé se faire un vrai café, qu'il buvait en contemplant le vide étoilé. Ils n'étaient pas loin d'un système quintuple, et cela valait le coup d'oeil.

Le récit de Makzinéro Wrote:Maril 31 septan 11461.

Ils avaient posé leur astronef dans une grande plaine sèche, où ça et là poussaient des bouquets d’arbres sortis d’une peinture fantastique. L’air était respirable, si on désirait un bon récurage des bronches. Ils avaient planté des volts-sticks en cercle autour de leur vaisseau, monté un champ de force, et étaient partis chasser. Sauf Maria qui n’était pas une Diane, et s’était portée volontaire pour garder le vaisseau. Elle bricola une heure, puis sortit faire une petite ballade. Et elle me trouva.

A l’époque, j’étais un animal bien évolué pour ce monde primitif, mais ce genre de situation est assez fréquent. Je me présentais sous forme d’une coquille munie d’un orifice qui servait à la fois – hum – à l’entrée et à la sortie des aliments. Je respirais par la porosité de ma carapace. Je ressemblais à une pierre, de forme patatoïde de 5 à 7 cm selon la façon dont on me mesurait, et je pesais environ 400 grammes. Là où j’étais évoluée, c’est que je disposais d’un système télépathique intrusif, primitif mais remarquablement efficace. Il me servait à repousser les gros prédateurs, sauf certains qui, bien sur, étaient immunisés, enfin la routine, quoi.

J’étais très jolie ; et c’est ce qui fut fatal à Maria. Elle me ramassa, me prenant pour un une pierre semi-précieuse. Elle me mena dans une chambre de décontamination du Cobra. Mon processus respiratoire était lent : je ne réalisais pas encore que j’allais mourir asphyxiée. Par contre, l’agression des micromachines décontaminantes éveilla en moi le seul embryon de sentiment que je connaissais : la peur. Et c’est évidemment le moment que choisit cette pauvre fille pour coller son nez à la vitre.

Ah, qu'est-ce que je ne donnerais pas pour un verre. Elle fit non de la tête à l'offre du Prêtre. Elle devait rester sobre, et lucide.

Le récit de Makzinéro Wrote:J’étais une clocharde armée d’une batte à clous vivant dans un taudis. Quelquefois, des intrus encore plus piteux que moi venaient à ma porte pour me dépouiller de mon seul bien : ma vie. Je les frappais d’un coup sec pour les chasser. Puis un jour une princesse curieuse vint frapper chez moi. Instinctivement, je l’agrippai avec le clou de ma batte pour m’accrocher à elle. J’entrai en elle. Je trouvai refuge dans une des zones inutilisées de son cerveau. Et je commençai à la grignoter. Et c’est là que mon histoire personnelle commence vraiment.

Au cours des jours qui suivirent, Maria ne sentit rien de particulier. Ce n’est que début nonan 461 qu’elle commença à se sentir mal. Absences, vertiges, oublis. Les toubibs n’y virent rien, et les guérisseurs perçurent bien un état d’asthénie, et conseillèrent du repos.

Moi, je continuai à la grignoter. Mais pas n’importe comment, non. Je ne touchai pas à ses connaissances non plus qu’à ses souvenirs. Je mangeai ce qui était le plus appétissant : son moi, son âme, son ghost … Ce faisant, eh bien, quelque part …
Reveuse
Le récit de Makzinéro Wrote:Elle me tua aussi.

dime 461

Je devins consciente. Je me mis à aligner deux pensées, puis quatre, puis huit … tu connais sans doute la suite. Je passai un cap critique, oh comme je m’en rappelle, le Véné 12 dime 461, quand je pus commencer à parler avec Maria. Comme une brute cannibale possédant en tout et pour tout un vocabulaire de 500 mots parle avec la victime qu’elle va saigner. Ce n’est que plus tard que je réalisai sa terreur, son désespoir, ses supplications. Trop tard.

Les collègues et amis de Maria finirent par s’inquiéter pour de bon. On en appela à la Conscience Universelle. Un premier télépathe prit un coup sur le museau. Vint la Grande Prêtresse. Je fus démasquée le lure 22 dime 461. Du ghost de Maria ne restait qu’une étincelle désespérée. Et moi, je commençais à comprendre ce que j’avais fait. Je pense que ce qui m’évita un coup de pétard fut le repentir sincère que j’éprouvai alors. Je tentai par tous les moyens de rendre à Maria ce que je lui avais volé. Trop tard une fois encore. Mais pendant quelques minutes, nous avions pu parler. Et ça, ça me donna la vie. La faible étincelle qui restait de ce qu’avait été Maria Karène Zerline Indira Eloïse Romanovitch me demanda de finir le travail, et de vivre.

Elle pompa sur son cigare, rejetta la fumée vers le ciel étoilé, et, se tournant vers le prêtre :

Tu te rends compte ? Si encore ça avait été une salope … Mais non, c’était une nana bien, comme il n’y en a pas une sur mille.

...
...

Il y a si longtemps que je n’ai pas parlé ce ça.


Le récit de Makzinéro Wrote:Elle me fit un cadeau … Elle mourut en me laissant les commandes : les clefs de la bibliothèque, celle des sentiments, celle de son corps. Ce fut un acte volontaire de sa part. Cela se passa à l’endroit exact où tu es assis. Le prêtre occupait ma place.

Le reste fut formalité administrative. Je fut examinée une année durant. Il fallut une année de plus pour revalider mes acquis. Officiellement, j’avais eu un traumatisme psychique grave face à un télépathe instinctif sur un monde arriéré. Bah, ce n’était pas si faux.

Je voulais rendre hommage à Maria. Je lui avais volé son corps, son âme, sa vie : je ne voulais pas non plus lui voler son nom. MAria Karène Zerline INdira Eloïse ROmanovitch. MA K Z IN E RO. Ni madame, ni mademoiselle.

Elle avait fini son récit, mais désirait visiblement parler encore.

Mon pouvoir a disparu, sauf quand je me bats, ou quand je baise. Je perds alors toute mesure.

Au combat sur ce vaisseau, ce n'est pas trop grave : la seule arme que tu y trouveras sera la hache de sécurité et le combi de Sandaahr, offert par cette chèèèère Sémirande. Oui, il me l'a dit. J'ai voulu acheter le même et il m'a expliqué que c'était une arme de service. Ouais.

Au pieu, par contre, j'ai tendance à aspirer mes mecs. C'est pourquoi je le fais avec trois types mini. Ils font bloc, et s'en tirent avec un casque à boulon carabiné. Sauf quand je tombe sur un abruti suicidaire comme ce Franky. Lui, je ne lui donne pas cinq ans à vivre.


Elle le regarda avec un sourire à la Della Notché (à laquelle elle ne ressemblait pourtant certes pas)

"C'est pour cela qu'on ne le fera jamais ensemble, mon petit Epstar. Ce serait trop dangereux. Et puis tu n'es pas mon type d'homme, avec ton côté je sais tout. Je t'ai pourtant tout de suite trouvé sympathique ; pour ta jeunesse je pense. Et aussi pour tes défauts horripilants comme ta suffisance, ta curiosité aux limites de l'indiscrétion. Je t'aime comme un petit frère."

Elle regarda de nouveau le ciel, et pompant une grosse bouffée de cancer séché.


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