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En route vers l'espace Kiffish
Difficile de lire les expressions corporelles ou les modifications de la physionomie d’un Karia. Au fur et à mesure que Mayaul parlait il avait l’impression d’avoir mis le doigt dans un engrenage qui allait lui emporter le bras …

La créature insectoïde se tourna pesamment vers lui. La bordure des plaques chitineuse qui le couvraient s’était colorée d’un vert presque printanier.

Entendez vous que je suis par mon choix de carrière, une anormalité culturelle ? Mon espèce construisait des navires inter systèmes avant que la civilisation impériale ne nous rencontre et nos achèvements en terme d’habitations sous-terraines étaient supérieures à ce que bâtissait l’Empire à la même époque. De tout temps nous avons disposé de scientifiques, d’ingénieurs, de gardiens du savoir.

Le grondement cliquetant de la voix relayée par le voxtrad perdait en subtilité du fait de la traduction, mais Mayaul en avait la certitude il avait froissé le capitaine. Il préféra ne pas poursuivre et laisser la carapace de son interlocuteur reprendre une couleur normale.


Gurvan ne voyait pas grand-chose de l’extérieur : c’était un vol intra-système. La navette avait cessé son accélération et continuait maintenant sur sa lancée, dans les mains de Newton en espérant qu’ils n’allaient pas passer par celles de Darwin

La navette était blindée, renforcée, seules d’étroites ouvertures actuellement occultées permettaient de voir l’extérieur. Néanmoins il avait une assez bonne vue sur les instruments de pilotes et sur le nav-ordi tactique : ils étaient escortés par une petite nuée de chasseurs, invisibles à l’œil nu, qui créaient une bulle de sécurité autour de la navette.

Le vol ne dura guère. Le bourdonnement des varlets se fit de nouveau entendre, montant petit à petit dans les aigues alors que la navette ralentissait. Ils virent à travers la verrière des pilotes grossir un point qui s’avéra bientôt être un classe IV. Un drôle de navire : un cargo lourdement modifié, a la coque réparée à de multiples reprises, raccommodages que l’on avait tenté de masquer en couvrant l’ensemble du vaisseau de tags, de peintures agressives et criardes où le motif récurrent de têtes de mort, de symboles macabres, de larmes de sang semblaient prédominer.

La navette virevolta avec élégance, faisant disparaître la coque et n’offrant plus à leurs regards que l’infini de la nuit étoilée.

Les clamps d’amarrage se mirent en place, se verrouillant avec un bruit sourd qui résonna dans la coque. On leur distribua à chacun une combinaison énergétique et un bracelet qui flottait à la surface de cette dernière.

Le Karia leur expliqua brièvement de quoi il s’agissait : un détecteur. Si les motifs géométriques qui animent sa surface change c’est qu’il y a une source d’infestation qui l’a parasité.

Cette ultime précaution prise ils purent débarquer. Le vantail brindé s’abaissa sur un quai occupé par une petite troupe de soldats des commandos nova en une garde d’honneur dont le commandant, un capitaine, salua l’amirale avant de l’escorter à travers les couloirs du navire. A l’intérieur ressemblait à l’extérieur, rafistolé, presque low-teck par bine des aspects, décoré de bric et de broc, de parties récupérées à bord de navires alicans, des sas provenant de stations spatiales.

On avait transformé cet innocent navire en arme de guerre, ajoutant artificiellement des plaques de blindage, transformant des soutes en hangar pour chasseur, surchargeant la coque de fleurs de la mort dissimulées.

Ils pénétrèrent enfin dans une grande salle, une ancienne soute à marchandise que l’on avait transformée en … Une galerie d’art pour milliardaire Priman aimant le clinquant et le doré ? Un bordel de l’église la lumière intérieure particulièrement rococo ? le repaire d’une pie voleuse géante ? La boite à bijoux de l’Impératrice douairière Salisha IV ?

En tout cas on avait assemblé ici tout ce qui semblait avoir de la valeur : des statues de marbre vert de Mandrake, des tentures de soie sylvestre d’Estébois, des meubles qui auraient leur place dans des musées et des gadgets d’un goût plus que douteux. C’était une salle de repos, pouvant accueillir plusieurs dizaines de personnes sur des canapés, des poufs autour de tables basses qui avaient été pour l’instant repoussées le long des murs pour faire place à une longue table de conférence.

Mais personnes n’y était pour l’heure installés.

Dans un coin de la pièce, autour d’un buffet offrant toute une gamme de boissons il y avait le commodore Oligold, qu’ils connaissaient déjà, en grande discussion avec un colonel en grand uniforme de Garde Cygne, d’une civile en robe typiquement Tortugienne au maquillage qui la faisait ressembler à un acteur nô, un tolien confortablement installé en position verticale, appuyé sur sa queue arrière et dont les écaillent s’ornaient d’une peinture l’accréditant comme officier supérieur. Leur garde d’honneur se mis en position le long de la paroi alors que l’amirale s’excusait et prenait par le bras le commodore pour le prendre à part.

Je vous laisse faire connaissance, veuillez nous excuser un instant, il faut que je parle au commodore. Ils s’éloignèrent s’isolant au sein d’un champ de confidentialité que dispensait un diffuseur fixe.

Le Karia resté sur place fit les présentations de sa voix cliquetante, il commença par les présenter, puis continua : le colonel Kramer de la république du cygne, l’ambassadrice extraordinaire de Tortuga Alia Danes, Listaisa officier de liaison des forces de défense toliennes. Il sortit ensuite de son sac un emetteur holographique portatif et établit une liaison avec le Méphisto.

On avait demandé aux membres d’équipage encore présents à bord, les deux panzanopèdes, Khaadaric, de participer à la conférence, même virtuellement.

L’équipage du Méphisto était à nouveau réuni.
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