2011-06-11, 10:06 AM
// ok, ok, j'enchaine :$
Tout le monde arriva petit à petit ... même les panzanopèdes. Tout le monde était équipé comme une escouade de la division intervention, avec un bonheur inégal. Autant Khaadaric était parfaitement à l'aise, fusil en bandoulière, l'oeil aux aguets, le rictus aux lèvres, certains des autres n'avaient visiblement pas l'habitude de tout cet attirail de mort.
Gurvan dégustait son jus, pomélo-govmaille tout en observant le paysage. Désolé. Khaadaric n'allait pas avoir affaire à beaucoup plus que des bactéries, des mousses, quelques lichens et, s'il avait de la chance quelques arbustes rachitiques poussant au creux de profondes crevasses.
Son oeil non loin s'arrêta sur la paroi toute proche, mise à nue par le vent. Dans une roche sédimentaire tranchant avec le granit un peu plus loin, il vit clairement un fossile, une sorte de coquillage de forme octogonale dont les circonvolutions géométriques ornaient pour l'éternité la pierre.
Il se retourna : tout le monde était là.
Il prit l'aiguille tendu par Khrys et l'enficha dans le lecteur au centre de la table. On lui demanda de valider son identité et ce fut ensuite au tour de Djal et Mayaul de faire de même.
L’enregistrement commença alors que la lumière baissait. L’image de Jilm Blaser se matérialisa sur le projecteur tri-di. Il était assis dans sa suite, presque affalé dans le canapé, un pied croisé sur la cuisse, une cigarette à la main.
Salut. J’espère que tout le monde est là en tout cas tous ceux qui ont survécus. Si vous voyez ça c’est que tout ne s’est pas passé comme je l’espérais. Il tira sur sa cigarette. C’est le moins qu’on puisse dire. J’espère aussi que je n’ai entrainé personne d’autre que moi dans ma chute. Il haussa les épaules.
Bon, par où vais-je commencer ? Par le début ? Nouvelle volute. Ses yeux se fermèrent un instant. Il les rouvrit, fixant la caméra.
Comme certains d’entre vous le savent, je suis, il se reprit, j’étais un officier du guet impérial. J’étais en poste à Tortuga, infiltré dans une organisation criminelle dont le but était de blanchir les marchandises, l’argent et la traite d’êtres humains provenant de la piraterie dans le secteur. Une activité brassant des dizaines de millions de crédits par semaine. J’étais un intermédiaire, je jouais le rôle d’un riche industriel ripou ayant fuit l’Empire avec des centaines de millions de crédits dans les poches et possédant toutes les connexions nécessaires pour écouler marchandises et blanchir une partie des sommes de l’organisation.
Il haussa les épaules.
C’est sans grande importance. Sans rapport direct avec ce qui nous a amené à Sima. Ca me laissait pas mal de temps. Mon rôle somme toute était celui d’un riche parasite aux goûts sybaritiques, un oisif. J’en ai profité pour donner libre cours à certains de mes vices … un infime sourire releva sa commissure … et surtout à mon gout pour la xéno-archéologie.
Tortuga brasse un nombre incroyable d’objets de toutes sortes, souvent provenant de fouilles sauvages ou de pillages en règle, voir même de vols dans des collections privées ou publiques.
Mes associés et mes sourcilleux supérieurs me passèrent ce caprice, et ce d’autant plus qu’ils cadraient avec ma couverture. J’ai ainsi financé plusieurs expéditions, de l’université de Byred bien entendu, mais aussi d’autres de l’A12S et de fondations indépendantes. Autant que cet argent sale serve à quelque chose d’un peu plus noble.
Au cours des deux années qui s’écoulèrent petit à petit j’ai réussi à reconstituer une sorte de puzzle, j’ai retrouvé d’infimes traces d’une civilisation perdue, d’une civilisation qui avait occupée et dominé un large secteur de cette zone galactique, il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Tout me laissait à penser que le centre de leur civilisation se trouvait au cœur de ce qui est aujourd’hui les territoires kiffish, le lieu aujourd’hui occupé par le trou noir de Charybde.
Difficile d’organiser une expédition là bas. J’ai essayé, mais je ne suis pas parvenu à un résultat probant. Même les kiffs sans clan, sans skiff n’en parlais pas. Visiblement les K’r’ll, avaient connus les kiffs, avaient participé à leur histoire. Sans doute avaient ils été les serviteurs des K’r’ll, des esclaves …
Les K’r’ll ne semblaient pas avoir été des gens très sympathiques. Ils ont dominé, créés des civilisations de toute pièce, des races de serviteurs. Ils ont connu des guerres aussi.
Nouveau haussement d’épaule.
Mais c’est le lot de presque toute civilisation, au moins de manière transitoire. Au cours de mes recherches j’ai fini par découvrir quelques bribes de leur langue, de leur écriture, de me faire une idée de leur technologie.
Ils ont connue une longue évolution, qui les a conduits peu à peu à abandonner la technologie telle que nous la connaissons pour passer à une technologie biologique tout à fait fascinante, sans jamais avoir maitrisé le voyage hyperlumérique. Puis … ils ont disparu.
J’ai acquis la certitude qu’ils ont connu une dernière guerre, alors qu’ils étaient déjà en voie d’extinction, contre une de leur création. Une guerre qu’ils ont gagnée, mais qui a détruit leur monde natal, le centre de leur civilisation et précipité leur disparition.
Tout ça concernait une civilisation disparue depuis des milliers d’années.
Ce qui a changé, c’est qu’il y a trois mois j’ai reçu des instructions de ma hiérarchie pour collecter et remonter tous les renseignements possibles sur les Kiffs. Des informations laissaient à penser qu’ils préparaient une invasion : les princes se ralliaient, les achats de navires, d’armements se multipliaient, avec une frénésie qui laissaient à penser que c’était imminent.
Mais rien ne vint.
Il écrasa sa cigarette et tout en continuant de parler se servit un verre de vin.
Mes supérieurs en vinrent à penser qu’il s’agissait d’une guerre civile sans merci qui les déchirait : des quantités de navires kiffish disparaissaient dans leur espace intérieur sans jamais reparaitre.
Mes propres renseignements me laissèrent à penser qu’ils faisaient erreur. J’ai d’abord pensé que les K’r’ll étaient de retour, mais j’ai finalement acquis la certitude qu’il s’agissait au contraire de leur mystérieux ennemi qui les avait détruits. J’ai fait un rapport dans ce sens, un rapport étayé par mes documents archéologique. Tout ce que j’ai réussi à faire c’est à les convaincre que j’étais devenu fou à lier. On m’a demandé de rentrer à Limbus pour évaluation.
Pour la première fois de ma carrière j’ai désobéi.
Il but une gorgée.
Je connaissais la localisation des dernières colonies de K’r’ll, j’avais d’ailleurs envoyé ici une expédition de fouille … Et je savais que Sima était une de leur dernière forteresse militaire, un de leur ultime centre de commandement dont j’avais la localisation précis.
L’objet, le bracelet que mon expédition a trouvé était, est, le symbole d’un grade d’officier, mais aussi un passe permettant de traverser les défenses de ce centre de commande dont j’espère qu’il est encore en état de nous offrir une solution technique contre ce qui semble s’étendre à une vitesse géométrique hors de l’espace kiffish. Des textes antiques K’r’ll me laissent à penser que c’est le cas, qu’ils avaient prévu une ultime solution contre leur ennemi, leur création.
Alors … J’ai non seulement désobéi, mais j’ai pris tout l’argent que je pouvais pour financer l’expédition. A mes « associés », mais aussi sur les comptes impériaux sur lesquels je pouvais mettre la main. J’avais brulé mes navires : il fallait que j’aille de l’avant.
J’avais besoin d’un transistel, rapide, avec un équipage qui n’allait pas fréquenter les forces de police de l’Empire, sans pour autant être des crapules qui allaient me balancer par-dessus bord à la première occasion.
Et vous êtes arrivé à Tortuga : vous remplissiez toutes les conditions.
Alors maintenant … vous avez les cartes en mains. J’ai échoué. A vous de continuer, d’essayer, de faire ce que vous pouvez afin que ce qui est arrivé à la Spatha ne se répande pas, que les navires noirs ne sèment pas la mort à travers la galaxie. C’est mon ultime demande.
C’est mon héritage.
Il fronça les sourcils.
Quand à mes biens, disons que vous pouvez vous les partager a part égale entre tous les gens à bord, y compris ceux qui seront tombés. Mais cela n’aura d’importance que si vous réussissez. Parce que sinon … la belle affaire.
Il leva son verre en leur direction dans un salut ironique et son image disparue …
Tout le monde arriva petit à petit ... même les panzanopèdes. Tout le monde était équipé comme une escouade de la division intervention, avec un bonheur inégal. Autant Khaadaric était parfaitement à l'aise, fusil en bandoulière, l'oeil aux aguets, le rictus aux lèvres, certains des autres n'avaient visiblement pas l'habitude de tout cet attirail de mort.
Gurvan dégustait son jus, pomélo-govmaille tout en observant le paysage. Désolé. Khaadaric n'allait pas avoir affaire à beaucoup plus que des bactéries, des mousses, quelques lichens et, s'il avait de la chance quelques arbustes rachitiques poussant au creux de profondes crevasses.
Son oeil non loin s'arrêta sur la paroi toute proche, mise à nue par le vent. Dans une roche sédimentaire tranchant avec le granit un peu plus loin, il vit clairement un fossile, une sorte de coquillage de forme octogonale dont les circonvolutions géométriques ornaient pour l'éternité la pierre.
Il se retourna : tout le monde était là.
Il prit l'aiguille tendu par Khrys et l'enficha dans le lecteur au centre de la table. On lui demanda de valider son identité et ce fut ensuite au tour de Djal et Mayaul de faire de même.
L’enregistrement commença alors que la lumière baissait. L’image de Jilm Blaser se matérialisa sur le projecteur tri-di. Il était assis dans sa suite, presque affalé dans le canapé, un pied croisé sur la cuisse, une cigarette à la main.
Salut. J’espère que tout le monde est là en tout cas tous ceux qui ont survécus. Si vous voyez ça c’est que tout ne s’est pas passé comme je l’espérais. Il tira sur sa cigarette. C’est le moins qu’on puisse dire. J’espère aussi que je n’ai entrainé personne d’autre que moi dans ma chute. Il haussa les épaules.
Bon, par où vais-je commencer ? Par le début ? Nouvelle volute. Ses yeux se fermèrent un instant. Il les rouvrit, fixant la caméra.
Comme certains d’entre vous le savent, je suis, il se reprit, j’étais un officier du guet impérial. J’étais en poste à Tortuga, infiltré dans une organisation criminelle dont le but était de blanchir les marchandises, l’argent et la traite d’êtres humains provenant de la piraterie dans le secteur. Une activité brassant des dizaines de millions de crédits par semaine. J’étais un intermédiaire, je jouais le rôle d’un riche industriel ripou ayant fuit l’Empire avec des centaines de millions de crédits dans les poches et possédant toutes les connexions nécessaires pour écouler marchandises et blanchir une partie des sommes de l’organisation.
Il haussa les épaules.
C’est sans grande importance. Sans rapport direct avec ce qui nous a amené à Sima. Ca me laissait pas mal de temps. Mon rôle somme toute était celui d’un riche parasite aux goûts sybaritiques, un oisif. J’en ai profité pour donner libre cours à certains de mes vices … un infime sourire releva sa commissure … et surtout à mon gout pour la xéno-archéologie.
Tortuga brasse un nombre incroyable d’objets de toutes sortes, souvent provenant de fouilles sauvages ou de pillages en règle, voir même de vols dans des collections privées ou publiques.
Mes associés et mes sourcilleux supérieurs me passèrent ce caprice, et ce d’autant plus qu’ils cadraient avec ma couverture. J’ai ainsi financé plusieurs expéditions, de l’université de Byred bien entendu, mais aussi d’autres de l’A12S et de fondations indépendantes. Autant que cet argent sale serve à quelque chose d’un peu plus noble.
Au cours des deux années qui s’écoulèrent petit à petit j’ai réussi à reconstituer une sorte de puzzle, j’ai retrouvé d’infimes traces d’une civilisation perdue, d’une civilisation qui avait occupée et dominé un large secteur de cette zone galactique, il y a plusieurs dizaines de milliers d’années. Tout me laissait à penser que le centre de leur civilisation se trouvait au cœur de ce qui est aujourd’hui les territoires kiffish, le lieu aujourd’hui occupé par le trou noir de Charybde.
Difficile d’organiser une expédition là bas. J’ai essayé, mais je ne suis pas parvenu à un résultat probant. Même les kiffs sans clan, sans skiff n’en parlais pas. Visiblement les K’r’ll, avaient connus les kiffs, avaient participé à leur histoire. Sans doute avaient ils été les serviteurs des K’r’ll, des esclaves …
Les K’r’ll ne semblaient pas avoir été des gens très sympathiques. Ils ont dominé, créés des civilisations de toute pièce, des races de serviteurs. Ils ont connu des guerres aussi.
Nouveau haussement d’épaule.
Mais c’est le lot de presque toute civilisation, au moins de manière transitoire. Au cours de mes recherches j’ai fini par découvrir quelques bribes de leur langue, de leur écriture, de me faire une idée de leur technologie.
Ils ont connue une longue évolution, qui les a conduits peu à peu à abandonner la technologie telle que nous la connaissons pour passer à une technologie biologique tout à fait fascinante, sans jamais avoir maitrisé le voyage hyperlumérique. Puis … ils ont disparu.
J’ai acquis la certitude qu’ils ont connu une dernière guerre, alors qu’ils étaient déjà en voie d’extinction, contre une de leur création. Une guerre qu’ils ont gagnée, mais qui a détruit leur monde natal, le centre de leur civilisation et précipité leur disparition.
Tout ça concernait une civilisation disparue depuis des milliers d’années.
Ce qui a changé, c’est qu’il y a trois mois j’ai reçu des instructions de ma hiérarchie pour collecter et remonter tous les renseignements possibles sur les Kiffs. Des informations laissaient à penser qu’ils préparaient une invasion : les princes se ralliaient, les achats de navires, d’armements se multipliaient, avec une frénésie qui laissaient à penser que c’était imminent.
Mais rien ne vint.
Il écrasa sa cigarette et tout en continuant de parler se servit un verre de vin.
Mes supérieurs en vinrent à penser qu’il s’agissait d’une guerre civile sans merci qui les déchirait : des quantités de navires kiffish disparaissaient dans leur espace intérieur sans jamais reparaitre.
Mes propres renseignements me laissèrent à penser qu’ils faisaient erreur. J’ai d’abord pensé que les K’r’ll étaient de retour, mais j’ai finalement acquis la certitude qu’il s’agissait au contraire de leur mystérieux ennemi qui les avait détruits. J’ai fait un rapport dans ce sens, un rapport étayé par mes documents archéologique. Tout ce que j’ai réussi à faire c’est à les convaincre que j’étais devenu fou à lier. On m’a demandé de rentrer à Limbus pour évaluation.
Pour la première fois de ma carrière j’ai désobéi.
Il but une gorgée.
Je connaissais la localisation des dernières colonies de K’r’ll, j’avais d’ailleurs envoyé ici une expédition de fouille … Et je savais que Sima était une de leur dernière forteresse militaire, un de leur ultime centre de commandement dont j’avais la localisation précis.
L’objet, le bracelet que mon expédition a trouvé était, est, le symbole d’un grade d’officier, mais aussi un passe permettant de traverser les défenses de ce centre de commande dont j’espère qu’il est encore en état de nous offrir une solution technique contre ce qui semble s’étendre à une vitesse géométrique hors de l’espace kiffish. Des textes antiques K’r’ll me laissent à penser que c’est le cas, qu’ils avaient prévu une ultime solution contre leur ennemi, leur création.
Alors … J’ai non seulement désobéi, mais j’ai pris tout l’argent que je pouvais pour financer l’expédition. A mes « associés », mais aussi sur les comptes impériaux sur lesquels je pouvais mettre la main. J’avais brulé mes navires : il fallait que j’aille de l’avant.
J’avais besoin d’un transistel, rapide, avec un équipage qui n’allait pas fréquenter les forces de police de l’Empire, sans pour autant être des crapules qui allaient me balancer par-dessus bord à la première occasion.
Et vous êtes arrivé à Tortuga : vous remplissiez toutes les conditions.
Alors maintenant … vous avez les cartes en mains. J’ai échoué. A vous de continuer, d’essayer, de faire ce que vous pouvez afin que ce qui est arrivé à la Spatha ne se répande pas, que les navires noirs ne sèment pas la mort à travers la galaxie. C’est mon ultime demande.
C’est mon héritage.
Il fronça les sourcils.
Quand à mes biens, disons que vous pouvez vous les partager a part égale entre tous les gens à bord, y compris ceux qui seront tombés. Mais cela n’aura d’importance que si vous réussissez. Parce que sinon … la belle affaire.
Il leva son verre en leur direction dans un salut ironique et son image disparue …