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Estébois
#96
Monsieur Baser termina son café. Vous avez tout essayé ? Pas moyen de soudoyer les autorités de la station je suppose ?

Il se ralluma une cigarette avec son mégot. Il se leva, alla jusqu’à la fenêtre panoramique de sa suite, annulant la projection holographique qu’il avait choisi pour sa nuit. Le paysage de montagnes nocturnes fit place à un croissant de planète, aux reflets verts et à l’épaisse couverture nuageuse. Il observa quelques seconde celle-ci et reprit la parole sans se retourner.

Bien. Nous n’avons guère le choix. Nous ne pouvons pas rester tanker ici en attendant que la situation s’améliore. Ce serait illusoire.

Vous avez mon accord capitaine.


Il resta ensuite silencieux. Toujours sans se retourner, il s’adressa une dernière fois à eux avant qu’ils ne quittent sa cabine.

Commissaire ? Si je dois accepter à bord, même pour une courte période un passager imprévu, je souhaite le rencontrer. Organisez ça quand il sera à bord. Merci.

Ils purent ensuite regagner la passerelle.

Gurvan se remit au travail, il s’assit à sa console de pilotage et entreprit de faire un check rapide.

Pendant qu’il vérifiait machinalement les points clefs et que doublait un diagnostique de classe I, il reçut la confirmation, un simple message texte authentifié, du lieutenant Tawnee. Leur accord tenait toujours : sauf impératif de service il leur laisserait réparer leur navire dans 72 heures.

Il consulta les consignes d’approche de l’astroport de Paraji : un simple radio guidage et une autorisation de vol libre jusqu’à 1000 km de la capitale. Navigation à vue ensuite. Il faudrait rester à au moins quatre mille mètres d’altitude ensuite et réduire sa vitesse à 800 km/h : il y avait des vols de dirigeable susceptibles de croiser leur route et l’onde de choc généré à haute vitesse par leur navire pouvait déchirer leur fragile enveloppe.

Le légat arriva sur ces entrefaites. Il monta à bord seul, laissant son secrétaire dans le sas d’entrée. L’entrevue qu’il eut avec Khrys fut brève : il portait une chemise de cuir remplie de papiers imprimés, portant sceau, coups de tampons et numéros et l’échangea contre le dernier « don » … Une pierre de plus changea de main.

Il semblait assez pressé, mal à l’aise dans les couloirs NT6 du Méphisto. Pas à sa place.

Après d’ultimes salutations d’usage, l’assurance qu’il restait à leur service, quelques explications complémentaires sur les papiers et leur utilité, il s’empressa de quitter leur bord avec son suivant.


Enfin …
Le Méphisto, blessé mais toujours opérationnel put reprendre son vol. Les crampons qui le relaient au navire kiffish furent libérés. Jouant doucement sur les verniers il s’écarta du navire …


Vol libre hein ? Gurvan contrôla les détecteurs : pas un navire dans le coin. Il n’avait fait çà qu’une fois à l’école navyborg.

A bonne distance de la station il lança une courte impulsion des varlets, le faisant bondir en avant. Il coupa ensuite, le laissant poursuivre sur ça lancée. Le transistel bascula dans le puits de gravité d’Estébois. Son horizon s’emplit de la planète.

Les gouvernes antigrav retrouvaient petit à petit de leur efficacité au fur et à mesure que la gravité augmentait.

Gurvan roula, reprenant à newton les commandes, inclinant la coque du Méphisto pour présenter sa surface la plus large à la rentrée en atmosphère. L’air surchauffé frottait contre le champ de force du navire, laissant une large trainée de flamme ionisée dernière lui … Un simple coup d’œil aux indicateurs le rassura : la consommation d’énergie était dans le vert, les circuits primaires et secondaire du champ opérationnels.

Il pilotait « en manuel », assisté par le navordi, touchant du bout de l’esprit les commandes, corrigeant imperceptiblement les dérives …27.000 km/h. Il commença à freiner doucement, utilisant le bouclier, changeant imperceptiblement de trajectoire, se lançant dans de larges lacets.

L’atmosphère se faisait plus dense maintenant. Sa vitesse continua de chuter. Le flux d’air dansait dans son esprit, chantant une chanson d’adrénaline et joie pure alors que son navire déchirait la couverture nuageuse. Il se permit un tonneau, jouant avec les pulseurs antigravs situés tout autour de la coque.

Les protestations irritées provenant de la salle des machines le ramenèrent à la réalité. Il coupa cours aux récriminations qui avaient pour thème les réparations provisoires, la fragilité de celles-ci.

Il avait vu le boulot des panzanopèdes : c’était du solide, bien mieux que pas mal de réparations faits par des chantiers de la bordure.

Néanmoins pour leur complaire il freina, descendant sous la vitesse maximale autorisée.

Il naviguait aux instruments maintenant, au sein des nuages qui l’enveloppaient étroitement. Il creva le plafond … il était à quelques centaines de mètres de la cime des arbres. Il survola des successions de collines boisées, d’épaisses forêts entrecoupées d’étangs, de lacs, avant de se retrouver au dessus de la mer intérieure.

Les signes de civilisation se multipliaient au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient.

Il survola un navire de pèche en bois. Un monocoque qui, voile ramenée avait entrepris de ramener à son bord un lourd filet. Les hommes à son bord relevèrent la tête. Quelques uns d’entre eux le saluèrent le la main. Il inclina le Méphisto d’un coté, puis de l’autre pour leur rendre la pareille.

Il passa au dessus d’un village aquatique. Un ensemble de bâtiments flottants, plats, amarrés les uns aux autres et tractés par des remorqueurs. Un grain menaçait. On l’amenait à l’abri dans une baie.

Une vingtaine de minutes après, un contact sur radio hertzienne lui demanda de réduire sa vitesse et lui donna un vecteur d’approche. Il approchait de la capitale.

Il survola enfin celle-ci, à faible vitesse.

C’était une ville sur pilotis, lacustre, construite dans le delta du fleuve. De larges canaux la parcouraient entrecoupés de ponts basculants.

De nombreux navires de toute taille, la plupart à voiles, y étaient amarrés sur des quais flottants. Les bâtiments de deux ou trois étages étaient construits à une dizaine de mètres de hauteur au dessus du niveau de l’eau, perchés sur des pilotis. Seuls les quais étaient flottants.

Il venait de pleuvoir, les tuiles de bois vernissées luisaient sous un rayon de soleil qui perçait les nuages. Il y avait du monde en bas. Les rues, les quais grouillaient d’activités.

Tout était construit en bois. Du bois peint, naturel ou vernis, sculptés la plupart du temps.

Seule exception notable une construction de pierre massive, située sur une ile en périphérie de la ville : l’astroport, une enceinte de pierre surmontée d’une large tour quasi gothique d’aspect dont le sommet se hérissait d’antennes et d’instruments de communications.

Il descendit doucement à la surface de l’enceinte sablonneuse d’une centaine de mètre de diamètre : ils étaient le seul navire, sauf si l’on comptait les capsules de rentrée atmosphérique à la coque noircie qui rangées, bâchées, attendaient une navette pour être ramené en orbite.

Gurvan se posa.

Les patins antigravs rentrèrent en contact avec le sable noir. Gurvan coupa les moteurs et éteignit à regret, les uns après les autres, les relais de vol mettant en sommeil le navire Estébois ! Terminus. Tout le monde descend et faites attention à la marche.

Que faites vous ?
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