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Redwone
[Banzaï]
Sémirande Chalmak mit la bulle "nez en bas" et aperçut sa cible, un point qui frôlait la façade tarabiscotée aux multiples balcons maintenant éclairés. En une fraction de seconde, elle avait calculé les paramètres des deux trajectoires, et comptait percuter l'assassin de biais, pour lui laisser une chance.
Sémirande Chalmak était, comme à chaque fois qu'elle effectuait une acrobatie de ce genre, très concentrée. Même le tir de laser infructueux de monsieur Antillès ne put la distraire. C'était encore la tueuse qui était aux commandes.

La femme se retourna au dernier instant, et la vue améliorée de la navyborg perçut l'espace d'un instant dans son regard un éclair d'incrédulité et de panique. La cyborg effectua une infime correction de trajectoire. Et ce fut le désastre.

Ce fut toute seule que la reine des pilotes se flanqua contre un balcon dont les habitants avaient coupé le champ de force pour profiter de la toute relative fraicheur du couchant. Elle atomisa quelques plantes entretenues avec amour. Elle rata l'assassin de cinq bons mètres. Cela dit, gageons que cette femme eut une envie de pipi dans sa culotte assez difficilement maîtrisable.

L'engin de Sémirande partit en rotation, et laissa la moitié de son bloc moteur sur le toit d'un édifice en saillie sur la tour ; dont les journaux Tri-D ne manquèrent pas de mentionner plus tard qu'il s'agissait d'un centre de rééducation au pilotage destinés aux chauffards repentis.

Sémirande Chalmak n'en était pas là. Son engin se mit à tourner comme une toupie, tapa puis roula sur la façade de la tour qui s'incurvait pour rejoindre le sol à l'horizontale. Son fauteuil l'avait enserrée, une mousse oxygénée avait empli l'habitacle et une aiguille s'enfonça dans son bras pour lui injecter diverses substances destinées à prévenir le choc, l'hémorragie, et même les brûlures. La seringue se brisa contre le canon de ce blaster de 30 mm qui, décidément, servait bien peu.

Roulant follement comme une toupie, antigravs détruits, la bulle aurait fini sa course sur une sympathique pelouse si la poisse ne s'était pas acharnée sur la jeune femme.

Bigred était construite majoritairement en sous-sol. La ventilation de ces installations troglodytes était assurée de façon très classique par des cheminées munies de filtres à sable plutôt performants. Une heure auparavant, un de ces systèmes était tombé en panne. Les teknos du cru pestèrent : c'était la troisième de la journée et ils n'avaient plus de rechange. Un logimec volant vint donc chercher la tourelle cylindrique de 3 mètres de diamètre sur cinq de haut, et dès son envol le puits béant fut bouché par un disque de sécurité destiné à empêcher les accidents. C'était du bon matériel, qui pouvait résister au passage de moult piétons et même à l'atterrissage d'un véhicule normal. Or ce n'était pas un véhicule normal que ce truc roulant au sol chargé - au moins - d'une cinglée atteignant les 120 kgm ; et qui heurta le véhicule des services généraux de Bigred qui attendait pour décoller que sa conductrice ait fini de griller sa cigarette 20 mètres plus loin, s'en servit comme tremplin pour décoller à 15 mètres et tomba sur l'opercule. Et disparut.

Monsieur Antillès perdit la bulle à bord de laquelle se trouvait Sémirande de vue. Disparue. Envolée... Enfin peut-être pas envolée mais... évaporée ! Et Mathilda Orjenstern, Tekno grade 2 titulaire de l'engin en stationnement, et qui cherchait d'où venait le bruit de plastique charcuté qu'elle entendait depuis deux - trois secondes, sursauta en entendant un "Blarsh" suivi d'un "Crarc". Se retournant, elle s'aperçut que la hauteur de sa bulle avait été divisée par deux.

Et madame Chalmak dans tout çà ? Et bien son véhicule était entré pile poil dans le conduit descendant à la verticale, et qui s'incurvait progressivement. Il y avait une grande hélice de ventilation de secours, pour l'heure en drapeau, qui fit les frais de la dissipation de l'énergie cinétique de la bulle. Une solide grille située un peu plus loin arrêta l'engin infernal. Les admirables systèmes de sécurité de la bulle (de fabrication Cygnienne) patientèrent trois secondes et conclurent que c'était fini. La mousse se dissolut, le fauteuil passa à l'horizontal, la porte s'éjecta et madame Chalmak vit qu'elle était en route pour les Enfers, afin de subir le châtiment de ses turpitudes.

Elle était dans un conduit métallique éclairé de lumières rougeoyantes (normal : elle venait de péter un transformateur, et les lumières de secours conçues pour durer mille ans mettaient un peu de temps à chauffer).
[A voix haute]
"Les filles de Lilith sont en route. Je vais rencontrer leur Mère. Pauvre de m... Euh !" Devant elle, il y avait un gros panneau avec écrit en univerlang "Vers la coursive SS5". Bon. Autant pour les supplices éternels. Elle se mit debout, posa un pied au sol, faisant attention à ne pas dévisser (le tuyau était raide, et la grille plus guère solide). Elle atteignit la porte et l'ouvrit manuellement. Elle eût de la chance. L'installation était à l'arrêt, et les teknos de service en avaient profité pour anticiper une révision prévue deux ans plus tard. L'ouverture de la porte ne déclencha pas d'alarme. Elle referma derrière elle alors que le premier logimec envoyé pour voir ce qui avait pu atomiser tant d'équipements pointait le bout de son nez électronique par le conduit.

Sémirande Chalmak, complètement à l'ouest, marcha dans un étroit couloir, qui s'éclairait à son passage et s'éteignait après qu'elle se fut éloignée de quelques mètres. Elle arriva à un puits antigrav. Bien que sonnée, elle eut la présence d'esprit de l'éviter, et prit le grand escalier de secours. Elle monta, monta, monta, comme dans un rêve. Sa cuisse la lançait. Elle s'arrêta et examina la blessure, puis reprit son ascension. A un pallier, elle vit une inscription "Vers galeries marchandes Aluminium". Elle l'emprunta, arriva à une porte et stoppa in extrémis.

MdJ a écrit tantôt qu'il y avait un trou dans le kimono de soie. Eh bien non ! Le kimono était toujours relevé, jusqu'aux hanches. Elle défit le nœud et le tissu froufrouta en retombant, cachant de ce fait les dégâts occasionnés à sa cuisse. Elle s'arrangea du mieux qu'elle put, se recoiffa, sortit un de ses petits bidons "d'urgence" et but une longue lampée. Puis elle sortit.

La remarqua-t-on ? Elle ne le sut pas. Toujours est-il que trois minutes plus tard, elle marchait "tranquillement" dans les galeries en sous-sol, dans lesquelles le monde de la nuit commençait à arriver. Un type avec une espèce d'instrument de musique biscornu la siffla mais ne l'importuna pas. Elle entra avec soulagement dans les puits antigrav menant vers les sommets. Elle prit celui qu'elle avait emprunté... six minutes plus tôt. C'est alors que...
[In Petto]
"M.... ! Gurvan !"
[PV]
"Gurvan ? Je suis un peu en retard. Je vais directement à l'inauguration. Je prends un taxi."

Et c'est exactement ce qu'elle fit. Arrivée sur la terrasse, elle remit ses « ippon-ba geta » et monta dans le taxi qu'elle avait commandé en montant, et qui l'attendait sagement.
"Université de la Métallurgie, je vous prie." Puis elle laisa échapper un "Ouf !"
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