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Des ennuis en perspective
Le maglev filait au sein de son champ de force à une vitesse supersonique. Le trajet était directe jusqu’à Camp Montous qui était le premier arrêt d’une ligne qui en comptait huit.

Avec la vitesse le paysage proche était flou pour un regard normal, gagnait en netteté grâce à la cybernétique. Les montagnes lointaines se rapprochaient insensiblement.

Ils finirent par les rejoindre et empruntèrent une série de tunnels qui reliait des vallées. Dans l’ombre de celles-ci ont pouvait apercevoir des habitations éparses.

Au bout d’une heure le maglev ralentit. Ils étaient encore loin de leur destination, mais s’approchaient des chutes du Destin.

Les chutes du Destin, un phénomène naturel étonnant, qui cumulait les superlatifs : plus haute chute d’eau des planètes habitées à 2000 années lumières de distance, le débit le plus important recensé sur Viala en cas d’orage. Le fleuve qui l’alimentait, le Rétone, transformait ici ses eaux rendues marronnasse par la terre arrachée sur son passage en une masse blanche féérique et inquiétante qui tombait sur plus de 1600 mètres d’une seule traite, en un grondement continu.

Le Maglev traversa en aval de la cascade qui les dominait de toute sa hauteur et par tradition ralentit presque au pas, pour laisser aux passagers le temps d’admirer la chose. Ce fut un tunnel qui mit fin à ce spectacle, tirant un rideau noir sur la scène qui leur avait été offerte. Le train reprit sa vitesse de croisière.

Une petite heure plus tard ils étaient arrivés.

Le train les déposa à la petite gare de Camp Montous. C’était une gare toute simple, une gare de campagne pourrait-on dire, organisée autour des deux monorails qui la traversaient. Elle était construite au flanc d’une falaise abrupte, ses bâtiments étant troglodytes.

Une jeune fille brune, vêtue d’un uniforme de ranger et qui faisait à peine ses dix huit ans, les accueillit. Elle leur expliqua les règles à respecter dans le parc : pas de technologie supérieure au NT4, certains communicateurs, les logimecs, les ceintures de vol, les combinaisons énergétiques étaient proscrites, sauf bien entendu en cas d’urgence médicale ou si votre état biologique le nécessitait.

Elle leur demanda de désactiver ces équipements et de la suivre. Leur groupe comptait une centaine de personne dont une famille de malachite dont les enfants se disputaient sous le regard de leurs ainés. Cela rappela des souvenirs à certaines et certains.

Elle les guida au sein de la gare jusqu’à un hall dans lequel attendait une petite navette ferrée : un long tunnel s’enfonçait au cœur de la montagne, éclairé de loin en loin par des puits de lumière.

Ils prirent place et le train les mena en une dizaine de minutes de l’autre coté de la muraille de pierre. Ils entraperçurent quelques places plus loin Jaral Van Molys il faisait mine de ne pas les voir et avait engagé la conversation avec un des ados malachites.

Ils émergèrent à la lumière et ceux qui avaient encore leurs yeux biologiques furent un instant éblouis. Devant eux un vaste lac s’étendait, ses eaux qui reflétaient sereinement le ciel étaient parcourues par des voiliers monocoques à l’ancienne et sur le pourtour de celui-ci s’étalaient de vastes installations hôtelières et de loisir.

L’ensemble dégageait une aura de sérénité et de tranquillité.

Le petit train électrique les déposa à la réception qui était tenue par des êtres biologiques, trois humains, un malachite et un karia. Ce dernier semblait emprunté dans les couleurs peintes sur sa carapace qui faisaient écho aux uniformes de ses collègues.

Ils donnèrent les noms convenus et furent guidé par un cheminement lumineux au sol vers leurs suites respectives. Celles-ci se situaient à deux cents mètres de la réception et il fallait emprunter une passerelle qui surplombait le lac pour s’y rendre. C’est la qu’ils perdirent Jaral Van Molys, qui prit une direction opposée.

Leurs suites étaient les unes à coté des autres et pouvaient communiquer.

C’était le luxe, un luxe vieillot certes, anachronique, mais un luxe quand même. Le lit était en mousse à mémoire de forme et tout ce qui était antigrav avait était banni. Chaque suite bénéficiait d’une vue magnifique sur le lac et sur le bar, un vrai bar, une bouteille de vin pétillant dans un seau à rafraichir les attendait avec une corbeille de fruit et un petit mot :

Le directeur de l’hôtel, Rid Card, vous invite à assister ce soir à 18h00 à la représentation de théâtre qui aura lieu dans le petit salon bleu. La carte était signée à l’ancienne.
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MdJ Wrote:Le directeur de l’hôtel, Rid Card, vous invite à assister ce soir à 18h00 à la représentation de théâtre qui aura lieu dans le petit salon bleu. La carte était signée à l’ancienne.

Khrys avait regardé avec émerveillement les paysages, et apparemment n'avait pas trouvé de contrat sur le réseau avant qu'il soit obligé de se déconnecter, et d'arrêter les appareils NT6.

A l'arrivée, il ausculta par réflexe professionnel les différents constituants de la pièces: draperies, matériaux utilisés, meubles, accessoires, etc...
Puis regarda la carte qu'on lui tendait.

Ils savent recevoir au moins, et comme distraction, ça peut être intéressant.
Tout à un prix, même les hommes ont le leur.
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[Agacement]
Mademoiselle Chalmak repensa à la façon dont elle s'était présentée à la réception. "Je suis mademoiselle Labouchère". Même le Karia l'avait regardé d'un air goguenard. Quand elle mettrait la main sur le pingouin qui... Elle hocha la tête. Rien. Elle ne lui dirait rien. A quoi bon ?

Elle regarda le matelas de mousse à mémoire, pensant à ses 120 kilos. Bon, 118,5. Elle eut un sourire. La douche utilisait de l'eau, évidemment. Elle y resta une bonne demi-heure, se lavant et se relavant, comme si les systèmes autonettoyants de son corps avaient laissé passer une poussière ou deux. Elle sortit, dégoulinante, enfila une sortie de bain puis de dirigea vers ses bagages. Fouillant dans son sac, elle sortit un petit bidon de micromachines baignant dans une solution de glycol. Il y avait aussi de petites billes d'alcool. C'est ainsi que mademoiselle Chalmak but l'équivalent d'un demi pression en regardant le lac, tandis que l'eau qui finissait de couler de son corps égrenait le temps qui les séparait l'apéro de Rid Card.

Elle qui détestait l'anis...
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[Pensive]
"Tout de même..." se dit-elle "...il faut que les baraques soient sacrément plus solides qu'elles n'en ont l'air pour résister aux tempêtes d'équinoxe qu'ils ont ici. J'aimerais en voir une, bien à l'abri derrière ma verrière, un verre à la main, un feu dans la cheminée, et..." C'est alors que mademoiselle Chalmak prit conscience de sa solitude.
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Gurvan examina avec curiosité l'antique douche à eau.

"Pas écologique, ce machin" songea-t-il en commençant à retirer sa combinaison de vol. Il n'y resta que quelques minutes, ce qui fut suffisant pour qu'il soit à deux doigts de s'ébouillanter, puis qu'il se prenne un jet d'eau glacé en plein visage, avant de réussir enfin à maîtriser le mitigeur tout en éructant un sonore "bord*l à c*l de p*tain de truc préhistorique" Confusedwear: que tous ses compagnons purent sans doute entendre malgré l'insonorisation de la suite.

Il sortit, se sécha rapidement, passa une tenue propre, puis alla attraper un verre dans le bar et se versa un peu de ce vin pétillant. Il but une gorgée, avisa le datapad sur le bureau, auquel il avait connecté son nanordi et fit la moue.

"Bon, ça suffit les cours..."

Il pianota sur le clavier de l'intercom, composa les numéros des suites de ses compagnons, et leur déclara :

"Vous êtes bien installés ? Bon, si vous vous ennuyez et que vous voulez discuter ou prendre un verre, la porte de mon appart' vous est ouverte. Il serait bon qu'on s'y retrouve tous une demie-heure avant la représentation, pour parler de la suite des événements. A plus."

Puis il plongea la main dans l'un de ses fourre-tout, et y prit un étui en cuir de dimensions moyennes, scellé par une simple fermeture-zip. Il en sortit un objet oblong, prolongé par un manche garni d'une suite de boutons allongés, apparemment fabriqué en plastibois, avec des éléments en plastique et d'autres en métal. Un oeil exercé aurait reconnu une sensovielle. Un instrument capable de produire des sons, mais aussi des images TriD et bien plus encore.

Gurvan alla s'asseoir sur le sofa avec son instrument, devant les grandes baies vitrées donnant sur le lac et les montagnes environnantes. Il plaça une main sur les touches du manche, une autre sur les plaques de l'inducteur de fragances, et apparia son plot vertébral au mini projecteur holographique. Il commença à déplacer ses doigts, faisant s'élever quelques notes cristallines moyennement mélodieuses, accompagnées d'une odeur anisée, tandis qu'il commandait avec son plot la génération d'une image des Chutes du Destin qu'ils avaient admirées plus tôt. Et puis l'anis devint vanille, un peu trop forte, et la chute d'eau une cascade de cheveux blonds pâles, mais pas tout à fait de la bonne couleur, et la musique se fit moins mélodieuse encore...

Peu satisfait de sa prestation, il refit un essai, puis deux, puis trois...
"Par notre sainte patronne Rosalia, je jure d'assurer à travers toute la Galaxie la libre circulation des Etres, leur sécurité et leur confort et de les amener à bon astroport fût-ce au péril de mon vaisseau ou de ma vie."
Serment Navyborg
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Nous devions être dans une sorte de communauté qui sacrifie son évolution technologique contre une tranquillité de l'âme ou quelque chose comme cela. Du NT4 sur un monde NT6, quel gâchis.

Khrys sonna poliment à la chambre de Gurvan. Il y entra sur son invitation.

Je commence un peu à m'habituer à ces types de confort d'un autre âge, mais d'ici à les apprécier, il y a encore de la marge.

Nous allons attendre les autres, la situation est des plus étranges...
Tout à un prix, même les hommes ont le leur.
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[Très douce, très courtoise]
"Je ne pense pas qu'on puisse discuter de quoique ce soit, commandant, on n'en sait pas assez encore. Tu m'excuseras auprès des autres : je vais me reposer un peu. Pardonne moi"

Le spleen n'a jamais fait bon ménage avec la convivialité.
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[A Sémirande]
"Comme tu veux. Repose-toi bien. A tout à l'heure dans le Petit Salon Bleu"

Khrys Wrote:Nous allons attendre les autres, la situation est des plus étranges...

"Miss Chalmak reste dans sa suite, elle se repose. En attendant les autres, fais comme chez toi, prends un peu de vin ou un fruit..."

Gurvan revint à ses exercices pratiques sur sa sensovielle, essayant en particulier de maîtriser l'inducteur d'odeurs, pour ne pas reproduire les effluves désagréables qu'avait explusé son instrument avant l'arrivée de Khrys et que le système d'aération avait eu grand mal à évacuer...
"Par notre sainte patronne Rosalia, je jure d'assurer à travers toute la Galaxie la libre circulation des Etres, leur sécurité et leur confort et de les amener à bon astroport fût-ce au péril de mon vaisseau ou de ma vie."
Serment Navyborg
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Décidément la sensozique c’est pas ton truc mon amour.

Gurvan reconnu avant même de se retourner les chaudes vibrations de contralto de mademoiselle Manouchka Kwolèk.

Elle avait profité de la politique de porte ouverte de Gurvan pour se glisser en silence dans la suite ; à l’attention de Khrys elle avait posé un index impératif sur ses lèvres en un « chut » qui ne souffrait pas de discussion.

Elle était la depuis quelques minutes, vêtue d’un simple maillot de bain et d’une serviette XXL, les cheveux encore humide d’un bain récent dans le lac.

Elle se rapprocha de lui et, toute dignité oubliée ; le souleva pour l’embrasser. Elle reprit après un long baiser.

Je suis désolée mon doux amour, ces couillons des services de sécurité m’ont imposé de ne pas te répondre, de ne pas m’impliquer. Ils ont même fait des cachoteries pour votre arrivée.

Elle fronça les sourcils :
Ces types ont élevé la paranoïa au degré de discipline mentale.

Je te guettais depuis mon bateau et quand je t’ai vu passer sur la passerelle, j’ai fini par me jeter à l’eau tour te rejoindre au plus vite.

Elle rit :

Mes compagnons ont été un peu surpris. Ils doivent me prendre pour une folle.

Elle lui caressa la joue d’un geste tendre : et toi tu vas bien malgré ces méchants ragots ?
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Khrys sentait que la chandelle devenait lourde :rofl:

humm... je peux repasser plus tard Gurvan. :mrgreen:
Tout à un prix, même les hommes ont le leur.
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