Il faisait vraiment bien son boulot.
Il avait commencé par la grande cale mansardée, l'explorant minutieusement, dans les moindres recoins, s'attardant longuement sur chacun des objets qui y étaient entreposés : les caisses de monsieur Baser, les malles de l'équipage (même celle de Sémirande dont les scellés étaient une bien pauvre protection face à ses détecteurs ultra perfectionnés), les pièces de rechange, les métaux précieux de monsieur Edelman...
Il travaillait vite et bien. Il eut bientôt fini le pont passager transformé en camp d'entraînement, dont le seul avantage était d'occuper la troupe et de l'empêcher de trop penser à ce qui les attendait, là-bas. Mais cela, LUI y pensait.
Il n'était pas particulièrement intelligent, sans être totalement bête. Mais il avait des réactions instinctives voire primaires. Ces impulsions, la plupart du temps pertinentes ce qui faisaient de lui un très bon combattant, devaient être canalisées. Il faut ajouter à cela qu'il avait tendance à "gamberger", devenant de ce fait vulnérable aux faiblesses induites par une attente prolongée.
C'est pour toutes ces raisons que le lieutenant Kat'rin lui avait confié cette tâche pas très utile : détecter une infection dormante. Il ne discutait pas les ordres de sa hiérarchie. Ce qu'elle décidait était bon : point final. D'ailleurs, il ne pensait pas à autre chose qu'à son devoir quand il passa la renverse et commença à chercher au niveau du pont "équipage" ce que personne ne souhaitait trouver.
Il inspecta les coursives de bout en bout, et ce d'aussi près qu'il put s'approcher des "booby traps" posé plus tôt Puis il voulut commencer l'inspection des cabines. Il ne fut ni soulagé, ni dépité de constater qu'elles étaient fermées. Il en réfèrerait au lieutenant, c'est tout.
Il poussa posément la dernière porte de son inventaire : la cabine de feue la première pilote. Qui s'ouvrit, elle.
Sémirande portait encore "l'élégante" ( :? ) tenue qu'elle avait enfilée pour aller "discuter" avec les deux sombres incapables d'Estebois. Il faisait un froid de canard et son corps s'était couvert d'une fine couche de givre. Gurvan avait réglé l'éclairage de la pièce en veilleuse bleue, couleur du deuil.
Ceci créait une ambiance que l'on aurait cru tirée d'une holo à 2 crédits. Sauf que ce n'était pas une holo à deux crédits, mais la réalité. L'homme brut qu'était le soldat se réveilla, balaya les conditionnements fruits d'un terrible entraînement. Il entra, et ferma la porte derrière lui.
Il savait qu'elle était une cyborg intégrale. Pourtant, s'il y avait en elle une part de poupée, on y voyait également une femme faite en même temps qu'une enfant fragile. Tout ceci était très troublant. Indifférent aux conséquences de son geste, ou plutôt n'y pensant même pas, l'homme s'agenouilla au pied de cette objet de désir. Il ôta son gant, et d'une main habile dégrafa la fermeture de la combinaison. Il dénuda la poitrine de cette femme qui avait une aversion marquée envers la gent masculine. Il toucha ses seins et fut surpris de constater qu'il était incapable de faire la différence avec... une "vraie".
Quote:"Oui, je crois qu'il est temps que tu finisses de faire surface, ma grande"Se dit la belle au reboot longuet.
C'est à ce moment là que l'homme réalisa ce qu'il était en train de faire. Epouvanté il referma la combinaison, et s'apprêta à sortir sans demander son reste. C'est alors qu'il remarqua que ses attouchements avaient laissé des traces. Il avait balayé le givre déposé sur la poitrine de la jeune femme. Quiconque entrerait devinerait immédiatement ce qu'il avait fait. Que faire ? Suivant la première idée qui lui passa par la tête, il entreprit de balayer de la main tout le givre posé sur le corps immobile. Il dirait qu'il avait fait cela pour... pour... par total respect. Oui, il avait vu qu'elle était gelée, et... oh puis zut.
Quote:"Je vais te lui en coller une à celui-là..."Mais la prudence le lui déconseilla. D'ailleurs, elle ne savait pas si son corps suivrait.
L'homme acheva sa tâche, passa ses détecteurs dans la pièce et ressortit sans demander son reste.
[Autotest]
Que lui était-il arrivé ? Elle avait eu le temps d'y penser durant son sommeil. Elle ne s'attarda pas à l'hypothèse de l'éclair ravageur passant les protections d'un vaisseau NT6- et d'un cyborg NT6+
capable de digérer l'énergie de deux Varlets fonctionnant au ralenti. Non, il y avait eu autre chose. Quoi ?
Bah, il y avait plus urgent. Elle se concentra sur sa Perception et les vieux réflexes reprirent le dessus. Elle ne Perçut pas les petits "vaisseaux" cachés derrière les gros monstres, mais une autre partie d'elle-même avait repris contact avec "son" navire. Elle prit la mesure des changement qui avaient été effectués, sans les appréhender totalement. Prudemment, elle décida d'éviter de tenter une connexion avec les nouveaux systèmes. Elle n'en possédait pas les identifiants, et serait peut-être repérée ; de là à ce qu'on attribue ses tentatives de login à une attaque des raol'K'r, ces mataglapeurs fous, il n'y avait pas ds miles nautiques.
Un souvenir remonta à son esprit. Elle avait tenté de parler à Gurvan la veille (ou bien était-ce l'avant-veille ?). Elle avait utilisé un projecteur holo et n'avait manifestement pas été repérée. Donc...
Prudemment, elle explora les systèmes qu'elle avait passé tant de temps à étudier. Rien n'avait été modifié, et ses identifiants étaient encore bons. Elle hésita, pesa le pour et le contre.
- Si elle sortait, elle prendrait directement une boule de plasma dans la figure, c'était couru. La prudence lui commandait donc d'utiliser des moyens indirects pour aider "son" équipage.
- D'un autre côté, elle était la meilleure pilote à bord, et de loin.
Mais elle préféra jouer la prudence, dans un premier temps du moins.
La passerelle était "au rouge" : totalement transparente, éclairée par une faible lumière orangée qui, étonnamment, éclairait fort bien toutes les commandes dont avaient besoin les malheureux Etres normaux dépourvus de PV (Elle, elle ne s'en servait jamais de ces machins manuels). Une projection devrait donc...
Elle activa un des projecteurs TriD de la passerelle, montrant une image d'elle en robe du soir Loli. Coquetterie ? Eh bien non : c'était une tenue qu'elle avait longtemps travaillé, et la définition qu'elle offrait était égale à une véritable prise de vue "en direct".
Sur a passerelle, une forme se matérialisé doucement. Sémirande toute de dentelle et de croix retournées, la peau blanche ivoire, paisible mais attentive.
Quote:"Je n'avais pas vu les petits navires non plus Commandant. Cependant, ces trouées me paraissent trop belles pour des entités qui nous ont tendu un tel piège. Elles pourraient bien se refermer sur nous comme deux mâchoires. Je crois qu'il faut prendre le risque de passer sur le corps ce celui-là" dit-elle montrant un monstre lent, armé jusqu'aux dents, mais seul ! Cela dit, nous prenons un risque terrible, j'en suis d'accord.