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En préparant la course
#55
Madame Chalmak longea donc les tribunes puis dût remonter la succession de paddocks avant d'atteindre l'extrémité de la ligne des stands et l'atelier qui avait été attribué à la Team Rocket. Les autres concurrents avaient déjà pu l'observer ces trois derniers jours tandis qu'elle faisait des débuts hésitants aux commandes de l'engin transformé par Djal. Ses quelques incursions sur l'anneau d'essai de cinq kilomètres avaient été plutôt pitoyables, à vrai dire.

Elle passa devant la baie numéro 3 occupée par l'Ecurie Lyncar, dont la machine aux grandes dérives à haubans et à la carrosserie écarlate venait d'être sortie et flottait à deux mètres du sol dans le bourdonnement de ses flotteurs antigrav. Ni le pilote casqué ni les mécanos, tous humains, ne lui accordèrent la moindre attention. Concentration extrême, ou indifférence, ou mélange des deux...

L'atelier suivant était celui de l'Ecurie Clydd, dont le pilote au nom imprononçable appartenait à une espèce ExoTique que Sémirande ne connaissait pas. Grand anthropoïde de 2m40, son crâne était couvert de plaque écailleuses brun-vert, une myriade de fines tentacules rosâtres s'agitaient là où auraient dû se trouver ses naseaux, sa bouche et son menton, et il suivit de ses grands yeux globuleux le passage de la cyborg. Son appareil avait un aspect massif et une carlingue tarabiscotée couverte de pointes et d'angles aigus.

Puis elle passa devant l'atelier du Stromboli Team. Encore une machine écarlate, à la silhouette racée couverte de sigles et de logos antédiluviens puisés dans des banques de données récupérées sur un mange-poussières. Ses deux réacteurs Mhyd étaient au point fixe, crachant une courte traînée de plasma bleuté. Le pilote s'appelait Ayrton Fangio et il releva sa verrière en voyant passer Sémirande. Un sourire goguenard apparut sur son visage chaussé de verres-miroirs et encadré d'une chevelure aile-de-corbeau aux ondulations soignées, et il l'interpella en utilisant le sifflement modulé utilisé depuis des milliers d'années par certains mâles humains pour attirer l'attention de la gent féminine.

Suivait le stand de l'Ecurie Orbitech. Des agrippins, originaires d'Alpha. Ils suivirent aussi Madame Chalmak du regard, sans y mettre ni défi, ni moquerie. La carrosserie immaculée de leur machine était couverte d'idéogrammes jaunes, et sa tuyère impressionnante émit un vrombissement (d'avertissement ?) comme la cyborg s'éloignait.

Elle fut accueillie par le même bruit assourdissant deux stands plus loin, devant l'atelier Halstend Racing. Un hoverjet bi-moteur rouge et noir y subissait les derniers réglages. L'équipe technique et la pilote humaine à l'allure de punkette la regardèrent passer, les premiers d'un air indifférent, la seconde en la fixant de ses yeux soulignés de fard noir dans un visage émacié et blafard surmonté d'une chevelure rouge hérissée en pointes.

Un autre bi-réacteur à la silhouette fuselée était en train de sortir lentement de l'atelier de l'Ecurie Talon lorsqu'elle passa devant. L'humain aux commandes de l'engin portant le numéro 88 était casqué, aussi Sémirande ne vit-elle pas s'il s'intéressait à elle.

Le stand juste avant celui de Bolt Racing était celui des karmairks de l'Ecurie Velox. L'engin avait une ligne étrange, moins agressive que celle de l'Ecurie Clydd mais tout aussi tarabiscotée. Le pilote à la silhouette dégingandée était en train d'en faire le tour, effectuant le contrôle visuel de l'appareil avec les gestes mécaniques d'un robot.

Sémirande parvint enfin devant l'atelier de Bolt Racing. Vanko Danjoum et ses trois logimecs étaient au travail sur la machine d'Aldar. L'hystrix n'était pas visible, pas plus que Cyrelle. Elle fit donc les quelques pas qui restaient jusqu'à l'atelier de la Team Rocket. L'appareil semblait prêt : deux nouveaux renflements sur l'intrados et l'extrados indiquaient que les gatlings gauss avaient été montées sur leurs gyro-supports. Et puis soudain, elle eut une sensation de déjà vu. Astroport d'Amarzèle, un grand hangar, des bobineuses à hyperfilaments en train de retisser la coque du Méphisto. Elle connaissait ce blouson en cuir posé sur cette chaise. Elle aperçut une grande silhouette en combinaison de vol navyborg allongée dans un sac de couchage au fond de l'atelier, dormant du sommeil du juste avec sa casquette à visière rabattue sur les yeux.

EDIT : pas de canons dans l'axe tout de suite...
"Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie."
(Troisième Loi de l'Architecte Clarke)


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