Le vaisseau

[Cédrante]

« Voilà, il n'y a plus qu'à attendre. Si vous connaissez une prière, c'est le moment. »

Tranquillement, le Révérend répliqua :

- "Frère-Camarade, je préfère garder mes prières pour plus tard. D'autre part, bien que notre Eglise fasse bien évidemment partie du Clergé, au sens de la Guilde, notre position est plus spritualisante, si vous me permettez ce néologisme, que divinisante.

En ce sens, la divinité est un stade latent vers lequel évolue tranquillerment l'Humain, et certainement aussi tous les autres Etres et organismes, à leur façon. Notre culte a pour objet de préserver dans tout état de choses, l'harmonie et le respect, sans lesquels cette marche vers la divinisation ne peut se faire sereinement. Nous remettons donc de l'Ordre dans les choses, en veillant tout particulièrement à ce que les Etres demeurent libres, égaux. Je ne peux permettre l'oppression. Un mouvement, une force provoquée par un Etre, souvent, ne peut être rééquilibré par l'Etre qui en est victime. Cela crée une perturbation du Grand Univers. Nous devons nous efforcer d'y remédier.

En réalité, Karl Marff Bodisttva n'a jamais souhaité qu'on lui voue un culte. Des reliques de son enveloppe terrestre ont bien entendu été conservées, malgré tout. Leur rôle est simplement de nous ramener vers Son enseignement. La majeure partie de l'aspect liturgique -c'est un secret, ne le répetez donc pas - n'est qu'une succession de Signes et de Symboles, qui rendent Son enseignement plus abordable, et plus tangible. C'est nécessaire...

Donc, pas de prière, Frère-Camarade... Ou alors, adressez cette prière à vous même, à votre divinité latente... ".

Le Révérend croisa ses jambes dans la quatorzième position de méditation (c'est-à-dire, tout simplement assis sur le sol, adossé contre la cloison du poste de pilotage), et se mit à regarder les torrents d'information et les colonnes de chiffres qui déilaient sur les afficheurs 3D de l'équipement radio embarqué...